Pr Viviane Ondoua Biwole : « Les femmes vivent un vrai coup d’Etat sexué »

L’enseignante des universités, entrepreneure et experte en questions de gouvernance, parle de la disparité homme-femme au moment où on parle d’égalité de genre.

La 37 ème édition de la journée internationale du droit des femmes a encore été placée sous le thème de l’égalité de genre. Est-ce finalement qu’un slogan compte tenu des disparités observées entre les hommes et les femmes sur le terrain ?

 La question de l’égalité se pose malheureusement toujours avec emphase. Les années qui passent bénéficient de quelques avancées mais aussi des reculades. C’est la raison pour laquelle les défenseurs des droits des femmes doivent rester vigilants. Le rapport de la Banque mondiale sur la question révèle que seuls 12 pays sur 190 ont atteint l’égalité de genre dans leurs différentes politiques.

Tous sont des pays de l’OCDE. En Afrique Subsaharienne, le Gabon est cité en exemple, le Bénin et l’Angola ont également fait des progrès. Vous comprenez donc qu’il ne s’agit pas d’un slogan puisque certains pays parviennent à l’égalité et d’autres non. Au moins, on devrait s’assurer que d’année en année des progrès sont réalisés. Hélas, chaque année, si je prends le cas du Cameroun, on se rend compte que cette préoccupation n’est pas au centre des priorités. Les indicateurs dans ce domaine avancent très lentement.

En 2010 au Cameroun, alors que le taux de chômage des hommes était de 3,1 %, celui des femmes s’élevait à 4,5 %. Comment justifier ce gap et comment y remédier ?

Vous savez la question de l’emploi est fortement marqué par la discrimination. Elle commence par le choix fait par certains parents (encore en 2022 !) de discriminer la fille à la faveur du garçon pour la scolarisation en cas de difficultés financières. Le cas de mariages précoces est encore à déplorer.

Des politiques publiques et des sensibilisations sont menées pour y remédier mais les résultats sont bien là ! La question de l’égalité face à l’emploi se pose également dans la pratique notamment pour les filles en âge de procréer. Il y a encore aujourd’hui des employeurs qui hésitent à faire confiance à ces jeunes filles (entre 25 et 35 ans) pour ne pas avoir à gérer leur indisponibilité du fait des maternités.

Le nombre de femmes au parlement en 2020 était de 61. Pourtant dans certains pays comme au Rwanda, le parlement est en majorité tenu par les femmes (plus de 60% de taux de représentativité). Cette disparité est observée tant dans les postes clés dans les administrations publiques, que dans les postes clés en entreprises. Que faut-il pour combler cette insuffisance ?

D’abord reprécisons les chiffres, vous êtes modeste quand vous ne prenez que cet exemple. En effet, les statistiques des femmes dans les sphères de pouvoir au sein des institutions publiques sont le reflet de la difficulté qu’ont les femmes camerounaises à s’épanouir professionnellement, malgré les discours et les bonnes intentions affichées par les décideurs publics, et malgré les dispositions juridiques non discriminantes. Ci-après quelques chiffres pour s’en convaincre :

  • Au plan administratif, 17% de femmes ministres (Aucune n’a encore connu plus d’un poste de ministre), 10% secrétaire de région et aucune gouverneure. Tandis que la chambre basse du parlement est constituée de 33 % de femmes, le Sénat ne compte que 26% de Sénatrices.
  • Au directoire des entreprises publiques[1], 22% de femmes sont présidentes de conseil d’administration, 16% directrices générales et 5% sont directrices générales adjointes (DGA).
  • En ce qui concerne la gouvernance territoriale, 9,11%de l’exécutif des CTD est féminin, et  aucune femme n’est présidente de région.

Peut-on espérer dans les prochaines années avoir au Cameroun un premier ministre femme ou même un ministre de la défense de sexe féminin comme nous voyons ailleurs (Togo par exemple)?

Je veux bien rêver avec vous !

Au Mfoundi, nous avions 2 femmes maires sur 7, elles ont été évincées. C’est très symbolique, nous sommes au siège des institutions. A Douala, capitale économique, 1 femme maire sur 6 !

Les femmes vivent un vrai coup d’Etat sexué…il est temps qu’elles en prennent consciences. La République nous a-t-elle tourné le dos ?

Deux arguments de poids me font tout de même espérer :

Argument 1 : la Constitution du Cameroun garantit le respect de l’égalité.

Nous sommes tous égaux en droits et en devoir

La république protège ces dits droits

La République protège uniquement les droits coutumiers conformes à la constitution

La constitution condamne les comportements dénigrants qui portent atteinte à l’intégrité des personnes

Argument 2 : Les engagements du Président de la République

 « Je m’engage à faire de l’égalité entre les droits de l’homme et des droits de la femme une réalité », (Biya, discours de campagne à l’élection de 1997).

 « L’amélioration de la condition féminine et en particulier une meilleure représentation de la femme dans nos institutions et notre administration resteront au premier plan de nos préoccupations », (Biya, Monatélé le 5 octobre 2004)

« Et je dois dire que je compte sur la participation de tous et de chacun, notamment des jeunes et des femmes, pour impulser la Nouvelle Dynamique dans tous les secteurs d’activités, pour mener à bien la mission qui m’a été confiée », (Biya, prestation de serment devant l’assemblée nationale, 3 novembre 2011).

« Mieux que par le passé, nous devons accorder aux femmes et aux jeunes une juste place dans la société, non seulement au regard de leur poids démographique, mais aussi en considération de l’énergie dont ils sont porteurs. À cet effet, je m’engage à accélérer le processus d’institutionnalisation de la parité hommes-femmes … », (Biya, profession de foi élections présidentielles de 2011 réitérée en 2018).

Propos recueillis par Esther Fossi

Afrique : Microsoft va investir 500 millions de dollars dans 10 000 start-ups

En partenariat avec des investisseurs en capital-risque l’entreprise américaine veut permettre aux start-ups de se développer rapidement en utilisant des fonds d’investissement.

Microsoft annonce son intention de soutenir les startups africaines avec un financement potentiel de 500 millions de dollars en partenariat avec des investisseurs en capital-risque. Cela fait partie des nouvelles stratégies du nouveau Bureau de transformation de l’Afrique.

L’initiative vise à accélérer la croissance de 10 000 startups africaines au cours des cinq prochaines années. Cela comprend le lancement de Microsoft Startups Founders Hub en Afrique et de nouveaux partenariats avec des accélérateurs et des incubateurs pour fournir aux startups un accès aux marchés, des compétences techniques et des financements.

Lancé il y a quelques semaines par Microsoft, le Founders Hub sera désormais accessible à de nombreuses startups africaines via l’Africa Transformation Office (ATO). Le Founders Hub est un centre en libre-service qui fournit aux startups une très large palette de ressources, notamment d’accès à des formations spécifiques.

Microsoft estime que le marché des startups africaines est suffisamment mature pour devenir l’une des pierres angulaires de l’économie numérique du continent et fournir des solutions pertinentes face aux défis sociétaux en Afrique.

« Les investissements dans l’écosystème africain des startups se développent à un rythme incroyable. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il existe aujourd’hui plus de 640 hubs technologiques actifs à travers toute l’Afrique qui contribuent fortement à accélérer l’innovation et à créer de l’emploi, en particulier auprès des jeunes », explique Wael Elkabbany, Directeur général de Microsoft ATO.

Le Cameroun devient membre de l’OCDE

L’acte d’adhésion à cette convention a été signé mardi entre l’OCDE et le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey.

Le Cameroun est, depuis le 11 juillet, la 70e juridiction à se joindre à la Convention de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) visant à prévenir l’érosion de la base fiscale et le transfert de bénéfices. Le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, a signé l’acte y relatif à Paris, en présence du directeur du Centre de politique et d´administration fiscale de ladite organisation, Pascal Saint-Amans.

«L’OCDE permet fournit aux gouvernements des solutions pour fermer les brèches des règles internationales actuelles qui permettent à des entreprises de faire «disparaître» leurs bénéfices ou de les transférer artificiellement vers des destinations où ils ne sont pas imposés ou sont soumis à une imposition réduite, alors même que ces entreprises y réalisent des activités économiques limitées, voire inexistantes», est-il indiqué sur le site de la Convention.

Le pays s’engage ainsi à mettre en œuvre des réformes de grande envergure adoptées dans le cadre du Projet BEPS – lequel indique les standards minimums à mettre en œuvre pour prévenir les abus et les pratiques de chalandage fiscal (comparaison des conventions, Ndlr) – dans plus de 1 100 conventions  existantes.

Le Cameroun accepte par ailleurs de contribuer à transformer radicalement la façon dont les conventions fiscales sont modifiées, tout en évitant d´avoir à renégocier chacune de ses conventions bilatérales. Cette clause concerne notamment cinq conventions, notamment : celle signée avec la France «tendant à éviter les doubles impositions et à établir des règles d’assistance réciproque en matière d’impôts sur le revenu, d’impôts sur les successions, de droits d’enregistrement et de droits de timbre» ; et les engagements pris avec le Canada, la Tunisie, le Maroc et l’Afrique du Sud, visant à «éviter la double imposition» et à «prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu».

 

Violence sur les Baka du Cameroun: l’OCDE reçoit une plainte contre le WWE

L’OCDE a jugé recevable une plainte déposée contre le Fonds mondial pour la nature, accusé d’être impliqué dans des actes de violence et la spoliation des terres des pygmées

Les accusations de Survival international contre le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont trouvé un écho favorable auprès des experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Jeudi, 05 janvier 2017, ces derniers ont jugé recevable la plainte déposée en février 2016, par cette ONG de défense des peuples indigènes, pour «actes de violence» et «spoliation des terres des peules Baka» du Cameroun.

Selon Le Monde Afrique qui relaie l’information ce vendredi, le WWF sera amené à justifier de ses actes devant l’OCDE.

Survival International avait révélé que de graves abus étaient commis à l’encontre des peuples baka du sud-est du pays, aux mains des brigades anti-braconnage soutenues et financées par le WWF. Cette ONG accuse également le WWF, de soutenir la création des zones protégées (Lobeke, Boumba Beck et Nkié) sur les territoires des Baka et à leur insu. Lesquelles zones leur sont par ailleurs interdit d’accès.

« Malgré cela, l’organisation s’est contentée de faire des déclarations publiques pour contrecarrer les critiques, mais n’a pas mis fin à ces abus. Elle exhorte des entreprises à respecter les principes directeurs de l’OCDE alors même qu’elle les outrepasse constamment. Si le WWF ne peut pas empêcher les brigades anti-braconnage qu’il finance de porter atteinte aux Baka, alors peut-être devrait-il reconsidérer sa présence sur leurs territoires », avait déclaré le directeur de Survival International, Stephen Corry.


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