Des ONG soumettent des questions que le Comité des Nations unies contre la Torture devrait poser au Cameroun

Le Cameroun doit présenter cette année son 6e rapport périodique au Comité contre la torture du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme

 

La Fédération internationale des actions des chrétiens pour l’abolition de la torture (Fiacat) et la section camerounaise de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat Cameroun) ont rendu public, le 23 juin, un rapport alternatif des deux ONG pour l’adoption d’une liste de points à traiter avant soumission du 6e rapport périodique du Cameroun.

Le Cameroun – qui a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants – doit soumettre cette année un rapport périodique au Comité contre la torture du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (OHCHR). 

Pour la Fiacat, qui dispose d’un statut consultatif auprès des Nations unies, la pratique de la torture au Cameroun “est plus courante dans les lieux de privation de liberté des unités de police et de gendarmerie. Les interrogatoires sont régulièrement accompagnés par des bastonnades de la plante des pieds à l’aide de machette (chaque salle d’interrogatoire est dotée d’une machette posée au coin de la salle), des intimidations, de la brutalité, etc. Les auteurs jouissent d’une impunité du fait du silence, la peur et parfois l’ignorance des victimes.”

L’organisation parle d’actes de “corruption et de torture lors des gardes-à-vues”. Elle énumère des cas de “détention provisoire abusive”, suggérant au Comité contre la torture de demander au gouvernement ce qui est fait pour réduire la proportion de détenus en attente de jugement dans les prisons camerounaises et atténuer la surpopulation carcérale.

Dans le même sens, la Fiacat et l’Acat souhaitent que le Cameroun puisse présenter les actions prises dans le droit national pour interdire la torture, réduire les délais de garde-à-vues, encourager les victimes de torture à porter plainte. L’abolition de la peine de mort, même si elle n’est plus appliquée, est également évoquée dans le document.

Les enquêtes et la traduction en justice des auteurs de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires (cas de Ngarbuh et des femmes et enfants tués par des militaires à l’Extrême-Nord) ne sont pas en reste.

Pour la Fiacat et l’ACAT, le Comité contre la torture des Nations unies devrait aussi s’intéresser aux mesures prises pour garantir la liberté de réunion et de manifestation – tenant compte de l’arrestation de militants du MRC -, la liberté d’expression (cas de Paul Chouta aux arrêts depuis le 28 mai 2019 sur une plainte de l’écrivaine Calixthe Beyala).

Les deux organisations suggèrent par ailleurs au Comité de s’enquérir, auprès du gouvernement, de la situation de la nouvelle Commission des droits de l’Homme (mise en place par la loi du 19 juillet 2019), qui devrait agir comme mécanisme national de prévention de la torture.

Le Comité contre la torture est un organe qui surveille l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants par les États parties.

Selon l’agenda visible ce 27 juin sur le site web de l’OHCHR, les 69e et 70e sessions du Comité contre la torture sont respectivement prévues du 13 au 24 juillet et du 09 novembre au 04 décembre 2020. Un Sous-comité sur la prévention de la torture doit quant à lui se réunir, pour sa 42e session, du 09 au 13 novembre 2020.

Cameroun: la mesure de suspension des classes à cause du Covid-19 n’était pas « proportionnelle » (ONU)

Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme prend en compte le fait que les villes, départements et communes du pays ne vivent pas les mêmes réalités; et que certains enfants n’ont pas par ailleurs accès à des moyens alternatifs d’enseignement en zones rurales et reculées

 

La décision gouvernementale de suspendre les classes, pour les différents ordres d’enseignement entre le 17 mars et le 01er juin, avait “quelque chose de non proportionnel”, a expliqué à JournalduCameroun.com le 22 juin à Douala une source autorisée du Centre sous-régional des Nations unies pour les droits de l’Homme et la Démocratie (CNUDHD) en Afrique centrale.

La mesure avait été prise par le gouvernement pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Dans les villages “au fond du pays”, qui n’étaient pas touchés par le Covid-19, les enseignements auraient pu se poursuivre, a expliqué notre source; ajoutant qu’il faut aussi tenir compte du fait que les enfants vivant dans de nombreuses localités situées en zones rurales et reculées n’ont pas accès à des “moyens alternatifs d’enseignement” (accès à Internet et à la télévision pour les cours organisés à distance).

Au Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (OHCHR), dont relève le CNUDHD, on estime que les mesures des gouvernements pour protéger les populations en situation d’urgence doivent respecter les “principes fondamentaux” de “légalité”, “nécessité” et “proportionnalité”

La décision de suspendre les enseignements, “nécessaire” selon le responsable du CNUDHD, ne respectait pas le principe de la “proportionnalité”, a-t-il soutenu. Son application dans “les grandes villes” comme Yaoundé et Douala ne posait cependant pas de problèmes.

La Banque africaine de développement (BAD) estime, dans le rapport d’évaluation du Programme d’appui budgétaire en réponse à la crise du Covid-19 au Cameroun (PABRC), que “les enfants issus des ménages les plus vulnérables subiront le plus les contrecoups” de la crise sanitaire, sociale et économique occasionnée par la pandémie du Covid-19.

“La crise du Covid-19 est une crise des droits de l’enfant”, abonde le responsable Communication de l’Unicef au Cameroun, Salomon Marie Joseph Beguel.

Le Centre sous-régional des Nations unies pour les droits de l’Homme en Afrique centrale et Unicef Cameroun ont soutenu l’organisation à Douala, du 22 au 23 juin, d’un atelier à l’intention des journalistes pour les doter de compétences en matière des droits de l’Homme dans la couverture de l’actualité autour du coronavirus.

Cameroun/Prisons: 10 109 bénéficiaires du décret présidentiel du 15 avril 2020

[Info JournalduCameroun.com] Il s’agit des chiffres transmis par le gouvernement camerounais à l’ONU. Parmi ces prévenus et détenus bénéficiaires du décret du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines, 7 230 ont été “libérés d’office” et les autres le seront progressivement

 

Le décret signé par Paul Biya le 15 avril 2020, portant commutation et remise de peines, a bénéficié à un peu plus d’un tiers (35,5%) de la population carcérale, selon les estimations faites par le ministère de la Justice et transmises à l’Organisation des Nations unies.

Avant le décret, l’effectif des prévenus (personnes en détention provisoire sans condamnation définitive) et des autres détenus était évalué à 28 487 individus à travers le territoire. En appliquant le décret, le nombre de bénéficiaires se situe à 10 109 à travers les pénitenciers des 10 régions: Adamaoua (809 bénéficiaires sur un effectif total de 1 742), Centre (2 455 sur 7 634), Est (815 sur 2 048), Extrême-Nord (1 293 sur 3 370), Littoral (1 374 sur 4 771), Nord (1 183 sur 2914), Nord-Ouest (341 sur 527), Ouest (930 sur 2 446), Sud (402 sur 1 235) et Sud-Ouest (507 sur 1 800). 

Sur les bénéficiaires potentiels, 7 230 ont été “libérés d’office”, selon le gouvernement. Les autres le seront progressivement

Ces statistiques, auxquelles JournalduCameroun.com a eu accès, ont été communiquées, par lettre, au Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (OHCHR) – à la demande de l’institution – le 02 juin, par les soins de la Mission permanente de la République du Cameroun auprès de l’Office des Nations unies et des autres organisations internationales à Genève.