Profusion de sujets polémiques à la Une de la presse camerounaise

Les titres des journaux camerounais parus mercredi ont une forte teneur polémique sur des sujets sociopolitiques

Le Jour, qui revient sur le drame survenu le 24 septembre dernier lors du pèlerinage à La Mecque, affirme que ce sont en réalité 104 Camerounais, et non les 76 officiellement déclarés par le président de la République Paul Biya, qui ont perdu la vie pendant la gigantesque bousculade.

«Ce drame a été vécu à la fois comme un accident malheureux et meurtrier, mais aussi comme le sacrifice des pèlerins décédés en priant Dieu et en confessant leur foi en Dieu dans ce lieu saint», explique, dans le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, l’archevêque métropolitain de la capitale, Yaoundé, Jean Mbarga.

Interrogé au terme d’une prière interreligieuse en mémoire des disparus, organisée la veille, il affirme que «ceux qui meurent dans la foi, leur foi sera à la fois grande devant Dieu et devant les hommes. Ils sont morts en héros de la foi. Ils n’ont pas tué quelqu’un pour aller au paradis. Leur mort accidentelle est survenue alors qu’ils rendaient honneur à Dieu».

Au registre des sujets qui fâchent, une révélation du Quotidien de l’Economie indique que l’ex-délégué général à la Sûreté nationale, aujourd’hui ministre des Transports après avoir transité par la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o, a longuement enquêté sur son homologue des Finances de l’époque, Essimi Menye dont certains annoncent l’arrestation imminente.

En 2008, le «corbeau» avait ainsi chargé l’ancien ministre des Finances auprès de Paul Biya au sujet de la gestion de la liquidation de l’ex-Office national de commercialisation des produits de base, l’ex-Office national des ports du Cameroun et l’ancienne Régie nationale des chemins de fer du Cameroun.

L’ancien ministre de l’Agriculture, peut-on y lire, interné dans un hôpital depuis une dizaine de jours et désormais interdit de sortie du territoire camerounais, n’a peut-être pas encore la pleine mesure des dossiers à charge contre lui et l’ampleur des adversités latentes ou patentes qu’il doit maintenant affronter, lui qui va devoir découvrir qu’il est plus facile d’évoluer dans le monde de la finance à Washington, où il était installé avant son arrivée aux affaires, que dans le marigot politique camerounais.

«Sérail: ces malades qui nous gouvernent», titre de son côté Mutations qui constate que des ministres sont évacués à l’étranger «à un rythme inquiétant», ces dernières semaines: ils font régulièrement, aux frais du contribuable, la navette entre l’Europe et le Cameroun pour se faire soigner, même lorsque les hôpitaux locaux de référence peuvent les prendre en charge.

Le Jour, sur un tout autre sujet, se fait l’écho des «questions» que soulève l’arrivée récente de 300 soldats américains au Cameroun dans le cadre de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, une démarche entreprise par le gouvernement sans avoir consulté le Parlement ni les Nations Unies, et alors que le calendrier de leur déploiement n’est pas clair.

Le désordre sécuritaire dans le golfe de Guinée, répond en écho l’hebdomadaire The Spark, généralement proche des cercles du pouvoir, menace directement la sécurité nationale des Etats-Unis dont un des pans demeure la sécurité énergétique, une situation qui pousse à la reconsidération des logiques sécuritaires de la part de chaque acteur étatique.

«L’arrivée au Cameroun du contingent américain marque un tournant décisif dans la coopération militaire entre nos deux pays. Le Cameroun et les États-Unis comprennent que les efforts militaires représentent seulement une petite partie de la solution totale dans la construction de nations et de sociétés fortes.»

Le manque de transparence s’invite également dans les colonnes d’Emergence, qui alerte que les financements illégaux font rage dans les opérations de renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), nombre de candidats au poste de président de section n’hésitant pas à puiser dans les caisses publiques pour financer leur campagne, au mépris des instructions du président national de la formation, Paul Biya.

Ces opérations se passent dans la plus grande fébrilité, confirme l’hebdomadaire repères qui voit des dignitaires du régime prêts à tout, même à travers des pratiques immorales, pour tenir la base.


Droits réservés)/n