Violences xénophobes : le silence des chefs d’Etat africains étonne [Penda Moukoko]

Le président de la diaspora camerounaise au Kenya dénonce l’indifférence des chefs d’État africains face à la xénophobie galopante en Afrique du Sud.

Le Kenya, le Ghana, l’Éthiopie, la Zambie et le Botswana ont ouvertement condamné les violences contre les ressortissants africains en Afrique du Sud. Qu’attendent les autres pays africains pour condamner avec la dernière énergie les agressions faites par les Africains sur les Africains sur le sol africain ?

Faut-il attendre que le bilan s’aggrave pour interpeller l’Afrique du Sud sur les actes de ces citoyens qui humilient l’Afrique tout entière ? Le silence de la grande majorité des présidents des pays africains face à la montée des violences xénophobes en Afrique du Sud est étonnant.

Et ce n’est pas la première fois qu’on observe cette indifférence chez nos chefs d’Etat lorsque les ressortissants africains sont menacés. En 2008, 62  Africains avaient perdu leurs vies dans la même circonstance en Afrique du Sud. Aucune mesure conjointe d’envergure  n’avait été prise par les chefs d’Etat Africain contre l’Afrique du Sud pour ouvertement marquer la condamnation de cette haine galopante entre les frères d’un même continent.

En 2015, l’Afrique avait perdu sept de ses fils tués au cours des pillages visant  les commerces tenus par les étrangers à Johanesbourg et Durban. Au lieu d’une vraie campagne commune de dénonciation et de pression sur le gouvernement sud-africain, les chefs d’Etat  du continent noir avaient brillé par leur silence frisant l’indifférence.

Toute chose qui laisse penser que la superpuissance économique  de l’Afrique du sud lui donne le droit de piétiner les valeurs de solidarité  et d’unité africaine qui avaient soutenu l’action de Nelson Mandela pendant la lutte contre l’Apartheid. Le gouvernement sud-africain caresse les xénophobes au sens du poil.  L’impunité pour les crimes de xénophobie en Afrique du Sud  vient de produire  à nouveau des fruits : des morts parmi lesquels deux Camerounais, des commerces cassés et de nombreux blessés graves.

Il y a de quoi se lever contre ce pays, première puissance industrielle où le taux de chômage est élevé. On est en droit d’espérer une forte action conjointe des chefs d’Etat, élus des nations d’Afrique, pour sanctionner le gouvernement sud-africain et amener le président sud-africain à son tour à poser des actes forts, au lieu de se limiter aux discours politiques.

Au moment où les Africains réclament de l’unité africaine, l’ouverture des frontières, et l’avènement d’un passeport unique, on doit condamner tout gouvernement africain qui permet sur son territoire des actes xénophobes contre les ressortissants africains. Cette énergie négative doit être orientée vers la construction des grandes infrastructures pour offrir  l’emploi aux jeunes.