Cameroun : l’inexplicable arrêt des travaux de construction de la pénétrante Est de Douala

Il y a un an, la construction de cette route avait bénéficié d’un financement de 88,8 milliards de F cfa. Mais, jusqu’ici, les travaux d’agrandissement de cette route piétinent.

Depuis des mois, les travaux de construction de la pénétrante Est de Douala, qui aurait dû être livrés avant la Can, sont à l’arrêt. Une situation qui préoccupe les usagers de cette route. Mais qu’est-ce qui est à l’origine de cet arrêt ?

L’on se souvient qu’il y a un an, le président de la République Paul Biya, avait habilité le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, à signer pour le compte du Cameroun, une convention de crédit d’un montant de 88,8 milliards de F CFA, avec Standard Chartered Bank Londres et UK Export Finance (Ukef).

Ce financement, précisait le décret présidentiel rendu public à cet effet, devait servir à la réalisation de la phase 2 du projet de réhabilitation de la pénétrante Est de la ville de Douala. Les travaux consistent en la poursuite de l’élargissement de la chaussée à l’entrée de la capitale économique camerounaise, avec pour conséquence la fluidification de la circulation pour les passagers partant de Yaoundé, la capitale, ou d’Edéa et Kribi.

En plus de permettre également la desserte du tout nouveau stade de Japoma, la pénétrante Est de Douala est un chaînon des corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui, sur lesquels transitent, par exemple, 55 milliards de F CFA de marchandises tchadiennes chaque année, selon la douane camerounaise.

Un mécanicien automobile, installé au bord de cette route, raconte : « c’est depuis plus de 3 ans qu’on a creusé et qu’on a abandonné. Ça nous bloque les activités. Rien ne marche plus en route. Il n’y a plus moyen qu’une voiture puisse passer pour que nous puissions travailler. En tant que mécanicien, ça bloqué mes activités. Depuis, nous sommes au chômage technique et à la maison on ne s’en sort plus avec la famille ».  

Il ajoute : « nous venons ici simplement pour inhaler la poussière qui est devenu notre quotidien ici conjugué aux embouteillages et autres accidents. Les routes ne sont pas délimitées et ça crée les accidents. Pis, ça fait un gros manque à gagner surtout à partir de Yassa ».

Les 9% des travaux réalisés sur la route Est dans sa phase 2 avaient pourtant donné à espérer aux populations. Celles-ci allaient pourtant vite après les terrassements, les déplacements des poteaux électriques et la construction des gallots. Mais après, les engins de l’entreprise adjudicataire vont disparaître de la circulation.

Au départ, les travaux avaient été confiés à l’entreprise chinoise WIETC/CRCC14 il y a trois ans. Mais l’accusant de lenteurs, le ministère des Travaux publics (Mintp) avait résilié le contrat avec cette entreprise, le 21 octobre 2019, pour confier le chantier au canadien de Magil, qui a achevé la construction de stade d’Olembé.

Le contrat commercial a été signé le 3 décembre 2019 entre le Mintp et Magil. La livraison des travaux a été fixée au 30 novembre 2020. Mais faute d’argent, les travaux ont depuis été suspendus. On ignore pour l’instant si la mobilisation des fonds souhaitée par le chef de l’Etat camerounais a été effectuée.

A Douala, Emmanuel Nganou Djoumessi examine les travaux sur la pénétrante Est

Cette visite de travail intervient après de nombreuses plaintes des usagers de la pénétrante Est, pour qui rallier le centre-ville à partir de Yassa ou inversement, est devenu un calvaire.

 

Leministre des Travaux publics Emmanuel Nganou Djoumessi est en visite de travail à Douala. Il est question pour lui d’évaluer le niveau d’avancement du chantier de réhabilitation de la route Nyalla-Logbaba, l’une des deux principales routes de la pénétrante Est de Douala.

Cette visite intervient à la suite des nombreuses plaintes des usagers du tronçon carrefour Yassa-Village (la seule route principale de cette pénétrante Est actuellement accessible), pour qui rallier le centre-ville à partir de Yassa ou inversement, est devenu un véritable parcours du combattant.

En effet, depuis quelques jours, il est courant de passer plus de trois heures de temps en voiture sur ce tronçon de moins de 10 Km. En cause, l’une les longues files d’embouteillages quasi interminables qui se créent sans cesse à cause de l’engorgement de cette entrée.

Au regard de cette situation, le ministre des Travaux Publics au cours de cette descente, accompagné de son secrétaire d’Etat chargé des routes, et du gouverneur de la région du littoral, ont tour à tour parcouru l’ensemble de l’itinéraire concerné par le projet en insistant sur certains endroits. Notamment le carrefour Yassa, le point kilométrique 16 entrée du stade Japoma et le point kilométrique 13+900 où le deuxième dalot est en voie d’implantation. Deux voies susceptibles de servir de déviation ont également été parcourues.

Au terme de cette appréciation des travaux, le ministre a relevé que les chantiers accusent un grand retard avec un taux de réalisation de 6% pour un délai consommé de 34%. Et a prescrit l’aménagement des voies secondaires pour fluidifier la circulation à l’entrée de la ville pendant la durée des travaux.

Pour rappel, ces travaux qui se chiffrent à 33, 14 milliards TTC financés par le BIP ont démarré le 19 octobre 2018. Ils concernent précisément la réhabilitation du tronçon de l’entrée Est de la ville de Douala qui part de point kilométrique 10+400 au point kilométrique 19+300 (pont sur la Dibamba).