Message de Paul Eric Kingue au peuple camerounais

Par Paul Eric Kingue

Très chers parents, amis, frères et s urs, vous avez été très nombreux à vous intéresser, directement ou non, au feuilleton politique ouvert contre ma modeste personne le 28 février 2008, alors que les émeutes de la faim secouaient notre pays. Ce jour-là, une véritable cabale judiciaire venait d’être déclenchée contre moi, avec pour conséquence, mon arrestation sans mandat judiciaire, par 12 camions des forces armées, bondés de militaires, et six pick-ups de gendarmes, alors que je n’étais ni armé encore moins dangereux pour la république.

Je venais sans doute d’être accusé sans le savoir, parce que n’ayant jamais été notifié des faits qui m’étaient reprochés.
D’interrogatoires à interrogatoires, ma garde à vue et mon séjour à la prison de Nkongsamba n’avaient d’équivalent que l’enfer. Tout était programmé pour ma mort et arriva donc un vent d’espoir venant de vous, peuple Camerounais.

Vos soutiens multiformes m’ont redonné la force de tenir. Chaque fois que le désespoir frappait à la porte de ma cellule, je me sentais comme transporté et protégé par une force spirituelle qui n’était autre que vos prières. Je l’avoue, chers parents, amis, frères et s urs, la majorité écrasante d’entre vous a au moins une fois, demandé au seigneur tout puissant à travers les prières d’intervenir dans ces affaires qui devenaient interminables et qui choquaient la conscience nationale. Grâce à vous donc, les forces occultes, lâches et négatives qui manipulaient à volonté mes procédures ont fini par lâcher prise, consacrant ainsi la victoire de Dieu sur Satan, du bien sur le mal.

Le 16 juillet 2015, la Cour Suprême du Cameroun, statuant en dernier ressort a cassé et annulé l’ensemble des complots judiciaires malicieusement montés contre moi.

Je ne pouvais pas vivre ce dénouement plein d’émotions, sans vous témoigner ma profonde gratitude et vous dire mes sincères remerciements pour vos prières. Vingt millions de fois, merci à vous, peuple Camerounais.

A vous mes avocats conseils
Vous avez su par votre professionnalisme avéré, me défendre avec brio. La pertinence de votre défense ne pouvait que conduire au résultat obtenu. Trois procès ont étés engagés contre ma personne et trois fois vous les avez gagnés. Il n’est pas donné dans votre métier de faire le plein d’ uf, pourtant vous l’avez fait et le mérite vous revient. Mille fois merci.

A la presse camerounaise et internationale
À travers mes procédures j’ai découvert une autre dimension de vous; votre engagement humaniste. Comme des médecins, vous vous êtes unis pour sauver une vie et vous l’avez fait. Grâce à vous, les manipulateurs et mes bourreaux ont été dénoncés et mis à nus. Vous avez fait feu de tout bois pour barrer la route à l’injustice qui s’abattait sur moi. Les mots me manqueront à jamais pour vous dire merci. Milles fois merci, chers journalistes. Vous méritez mieux que ce que vous êtes aujourd’hui.

A mon comité de soutien et à la diaspora
Vous avez été très nombreux à dénoncer mais aussi à me soutenir moralement et quelques fois matériellement, pourtant vous êtes de nationalités différentes. Sous la houlette de monsieur Hubert Ducarme, à qui je réitère ma profonde reconnaissance, vous avez su m’apporter le support moral qu’il me fallait pour tenir pendant huit ans. Jamais, vous n’avez failli. Comment donc ne pas vous témoigner ma profonde gratitude? Vous êtes des hommes et femmes de c urs, Dieu seul saura vous le rendre. Mille fois merci.

A ma famille ou ce qui en reste
Je vous aime, malgré la modicité de vos moyens vous m’avez apporté l’amour dans l’union, mes larmes n’ont pas encore séché après le décès il y’a quelques jours de notre frère ainé qui n’attendait que de me voir sortir de cet enfer pour reprendre espoir. Mais, hélas le destin en a décidé autrement. Il restera gravé dans mon c ur. A Paul Eric Kingue Junior parti trop tôt, mon combat consistera à honorer sa mémoire dans un combat acharné pour le renforcement d’un état de droit au Cameroun. Cette lutte sera inébranlable. A vous ma famille, mille fois merci.

A Marafa Hamidou Yaya, Bifouna Ndongo, Ntyame Ntyame Michel, Owono Owono, Remi Ze Meka, Assoumou, Kitio Edouard, Gambo Haman, Akoue Mengue Richard, Php, Spm, Caplain, Fako Rene, Ngoussoumo Blaise Et Ndjodo Luc
Vous êtes pardonnés. Dieu seul se chargera de vous juger et chacun de vous lui rendra compte du rôle joué dans cette machination qui s’achève ce jour. Milles fois merci à vous aussi.

Aux populations de Njombe-Penja Et Bouba
Au moment où vous me donniez vos suffrages, vos espoirs et vos attentes étaient grands. Vous rêviez donc de voir vos conditions de vie changer et vos progénitures encadrées. Comme un tsunami vos espoirs ont été nettoyés et lessivés par une horde de voyous et leurs complices, parlant au nom de l’Etat, dont le seul objectif était de préserver des prébendes tirées de votre sueur sous forme d’esclavagisme des temps modernes. Pendant huit ans vous êtes restées sans voix, sans guide et dans une misère inqualifiable. Vous avez défraichi et plusieurs d’entre vous sont décédés sans voir aboutir ce rêve que vous et moi avons commencé à bâtir ensemble. Mon combat pour vous reste et demeurera inébranlable jusqu’à ce que le changement tant voulu se matérialise. Votre présence massive à chacune de mes audiences et vos prières quotidiennes érigées dans chacun des domiciles de Njombe-Penja m’ont permis de tenir longtemps. Ce combat continuera sans faiblesse. Cent mille fois, merci.


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Message de Maurice Kamto à l’occasion de la fête nationale de l’Unité

Par le Pr. Maurice Kamto, président national du MRC

Mes chers compatriotes,

Au moment où notre nation souffle sur la 42ème bougie de célébration de l’Etat unitaire, permettez-moi, au nom du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, de vous souhaiter tous mes v ux d’unité dans la paix et la prospérité.

L’heure n’est peut-être pas au bilan mais, il me semble qu’il serait tout de même judicieux de jeter un coup d’ il dans le rétroviseur de ce processus historique à la fois souhaité, voulu et controversé. Oui, les Pères fondateurs, face aux menaces et dangers de l’époque, dans un élan patriotique, mus par l’instinct légitime de préservation de l’intégrité du territoire national, avaient alors engagé un processus de consolidation de notre unité et de renforcement de notre désir de vivre ensemble, afin de construire une nation forte, prospère et fière dans le concert des nations. Ce processus est passé par deux étapes fondamentales : celle d’abord de notre indépendance proclamée le 1er janvier 1960, suivie immédiatement de l’amputation territoriale du 11 février 1961; celle ensuite de la Réunification du 1er octobre 1961, ressentie comme une nécessité vitale, suivie de l’unification de 1972 dictée par notre commune volonté d’approfondir notre unité et d’assurer plus de cohésion entre la partie anglophone et la partie francophone du pays afin de garantir l’indivisibilité de notre Nation.

Quarante deux ans plus tard, on peut, à défaut d’Etats généraux de l’Unité, légitimement interroger l’efficacité du cadre unitaire non seulement à assurer l’intégrité du territoire, mais également sa capacité à améliorer notre vivre ensemble. Je le ferai brièvement à travers les prismes politique, économique et sécuritaire.

Premièrement, au-delà d’indéniables acquis tels que le brassage culturel de nos peuples et la mise en commun des ressources du sol et de sous-sol, il persiste un certain nombre de points de tension susceptibles de remettre en question cette unité, si ce n’est tout simplement de la rompre. Les velléités sécessionnistes de certains groupuscules dans la zone anglophone du pays montrent clairement qu’il y a des choses à parfaire. Le cours de l’évolution de notre pays a créé au passage des frustrations, longtemps inhibées par le régime de l’époque. Ces frustrations refont surface et s’amplifient en tirant partie des fissures démocratiques qui se sont fait jour sur l’édifice autoritaire et de la révolution dans les moyens de communications modernes. Ainsi, le phénomène du tribalisme que l’on croyait désormais loin derrière nous ressurgit avec une rare violence, en cette période de transition politique annoncée et attendue. Le MRC dans sa Vision pour la société camerounaise aborde cette question dans le premier pilier de son action. Il s’agit du Pacte républicain, qui s’énonce da la manière suivante : Les communautés existent dans notre pays. Il faut les respecter. Mais notre mère à nous tous est la République. Il faut la protéger et la défendre dans ses valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, de citoyenneté, de justice sociale et de solidarité. Un citoyen est un homme libre et non pas un être enchaîné à un groupe quel qu’il soit.

Dans les relations entre les citoyens, nous voulons travailler à bâtir la confiance à trois niveaux:
– confiance entre le citoyen et les institutions sur la base d’un contrat de citoyenneté républicaine;
– confiance entre l’élite dirigeante et les populations, tant il est crucial que celles-ci se reconnaissent dans les décisions et les actions des dirigeants;
– confiance enfin entre notre pays et les partenaires au développement à la faveur de l’instauration d’une gouvernance exemplaire.

Ce Pacte républicain doit créer entre les Camerounais une fraternité nouvelle fondée sur une communauté d’idées et de valeurs et non sur un lien de sang ou l’attachement aveugle à une ethnie. C’est cela la fraternité républicaine. Celle qui permet de réaliser un vivre ensemble apaisé, fondé sur le respect mutuel. Le Pacte républicain sera bâti sur le socle d’un pays réconcilié. C’est pourquoi nous n’épargnerons aucun effort pour trouver avec toutes les composantes de la nation, en particulier avec la communauté anglophone, les réponses appropriées à leurs attentes.

Ce pacte républicain est un pacte pour la paix si chère à notre peuple. Mais il ne peut s’agir d’une paix proclamée, imposée par la violence et dans l’injustice. Notre conception de la paix repose sur l’observation objective et notre conviction profonde que toute paix véritable et durable a son siège dans le c ur des hommes et des femmes et ne se réalise que par la justice.

Deuxièmement, le chemin parcouru dans la construction de l’unité de notre Nation repose également sur la situation économique du pays. Le Cameroun est confronté à une grave crise sans précédent du chômage des jeunes aggravée par la très forte dépendance extérieure de notre économie. Cette dépendance qui, selon les statistiques est supérieure à 80% se reflète sur notre balance commerciale; celle-ci affiche année après année un déficit chronique et explosif, passant de près de 70 milliards en 2007 à près de 1350 milliards en 2013. D’après les experts, une telle situation n’est pas de nature à attirer des investisseurs étrangers sérieux dans notre pays. Par ailleurs, le système productif, hérité des années 1970, a été démantelé dans les années 90 à travers d’imprudentes politiques de privatisations et de liquidations des entreprises publiques et parapubliques, sans une politique volontariste d’accompagnement du secteur privé afin que le vide créé par le désengagement de l’Etat du secteur productif soit efficacement comblé. Parallèlement, l’on a vu naître une bureaucratie corrompue, improductive et prédatrice, sans culture du résultat.

Cette bureaucratie n’assume pas l’échec de ses actions, lequel se répercute de façon dramatique sur les citoyens. Il en résulte d’une part, un modèle économique où tout est importé, jusqu’aux cure-dents, et qui favorise de la sorte une hémorragie des devises, et d’autre part, un environnement administratif, juridique et fiscal hostile qui paralyse toutes les tentatives de dynamisation des investissements dans notre pays. Faire face à la situation économique peu reluisante du Cameroun exige avant tout un diagnostic sérieux, suivi de politiques publiques ambitieuses, assises sur des réformes courageuses, difficiles mais salutaires.

Il faut être à la fois inconscient et dépourvu de tout sens d’humanité pour ne pas s’inquiéter du fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres dans notre pays, et ses conséquences potentielles sur la paix, la stabilité et l’unité du Cameroun. Nous devons travailler à la restauration sans délai de la dignité de nos populations les plus vulnérables ainsi que de la justice sociale si indispensable à l’harmonie de notre société. Le Cameroun pour lequel je me suis engagé en politique, c’est celui dans lequel il est possible, en une décennie, de faire de la pauvreté une histoire du passé.

Le MRC entend relever ce défi par le Pacte productif qui constitue le troisième pilier de notre projet de société. Il repose d’une part, sur un Etat à la fois stratège et inventif qui libère les énergies créatrices de nos populations et d’autre part, sur notre détermination à remettre le Cameroun au travail en agissant notamment sur les leviers de création et de compétitivité des entreprises. Ce Cameroun-là va se bâtir également sur la solidarité et le partage. Mais il n’y a pas de partage s’il n’y a rien à partager. Le Cameroun doit produire plus et mieux dans tous les secteurs. Cela passe par une politique des filières clairement identifiées et organisées; par les incitations compétitives à l’investissement national et étranger; l’innovation et l’acquisition des technologies dont nos filières industrielles ont besoin. Il faut, pour ce faire, développer une stratégie d’alliance avec des partenaires stratégiques capables de nous ouvrir l’accès à la fois aux technologies et aux marchés mondiaux. Nous avons, à cet égard, devant nous, les expériences instructives de divers pays dits « émergents ». Mais pour y réussir, il faut faire confiance aux nationaux dans le cadre d’une véritable alliance stratégique entre l’Etat et le secteur privé. Il faut également articuler filières de production et filières de recherche et d’innovation. Tout programme de recherche devra être un maillon d’une chaîne devant déboucher dans un délai connu sur un résultat concret transformable en produit utilisable et/ou commercialisable. L’objectif ultime est de bâtir un pays moderne, espace d’attraction des investissements et de prospérité commune.

Troisièmement, notre pays traverse des moments très difficiles en matière de sécurité. La République s ur de Centrafrique, ravagée par une effroyable guerre civile qui a complètement démantelé les fondements de l’Etat dans ce pays, constitue un point névralgique qui met en péril la paix et la sécurité dans la Région de l’Est, avec bien sûr des répercutions sur la stabilité de l’ensemble du pays, tant sur le plan politique qu’économique. Des groupes armés ne cessent de faire des incursions dans notre territoire, se livrant à des actes d’une rare violence. A côté de cette menace plus conventionnelle, se profile une autre, moins précise, moins cernable sous l’appellation de «BOKO HARAM», désormais identifiée par la communauté internationale comme un mouvement terroriste. Caractérisée dans un premier temps par des enlèvements et des demandes de rançons, les actions menées par cette nébuleuse sont désormais d’une barbarie insoutenable et commencent à installer une véritable psychose au sein de la population. Face à cette situation, le MRC convoque le cinquième pilier de son action qui est le Pacte de solidarité. Solidarité entre les Régions en particulier en cas de crise, qu’elle soit alimentaire, sanitaire, le fait d’une catastrophe naturelle ou de l’insécurité. Dans le cas d’espèce, nous devons être solidaires avec nos frères des régions septentrionales du pays, taire nos querelles partisanes voire idéologiques pour nous mobiliser à travers une vigilance citoyenne de tous les instants, comme un peuple uni, une Nation au destin commun.

Tout en demandant au gouvernement de la République d’assumer sa mission régalienne de défense de l’intégrité de notre territoire et de la sécurité de nos peuples, nous devons rester soudés dans notre patriotisme inébranlable et étaler à la face du monde la puissance de notre fraternité républicaine.
Bonne fête du 20 mai, fête de la Nation unie dans sa riche diversité!

Vive le MRC.

Vive le Cameroun.

Pr. Maurice Kamto
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