Deux Camerounais lauréats des Prix jeunesse francophone 3535

Philippe Nkouaya et Vincent Onana Binyegui sont en lice pour la désignation du Super prix du jeune francophone de l’année qui sera dévoilé le 09 novembre 2018 à Abidjan.

Les 35 lauréats des Prix jeunesse francophone 3535, édition 2018 sont connus. Ils ont été sélectionnés parmi 290 jeunes postulants issus de 36 pays. Pour cette troisième édition, treize catégories ont été récompensées. Les camerounais Philippe Nkouaya et Vincent Onana Binyegui se sont démarqués dans les catégories Entrepreneuriat et Technologie.

Philippe Nkouaya, 27 ans, a créé une entreprise de consulting et d’intégration de systèmes appelée Philjohn Technologie. Celle-ci est spécialisée dans l’archivage numérique et la sécurisation des données. Avec un chiffre d’affaires excédant 100 millions de francs CFA et 30 collaborateurs, elle intervient également dans la transformation digitale, la gestion clientèle et des données.

Vincent Onana Binyegui, 30 ans, a créé la tablette éducative Teachmepad destinée particulièrement aux élèves des zones rurales. Elle comprend une dizaine d’applications avec un contenu bilingue et accessible sans connexion internet pour les apprenants allant du primaire à l’enseignement supérieur. Le contenu peut être modifié en fonction de chaque pays africain. Cette tablette a la particularité d’utiliser le solaire comme mode de rechargement alternatif.

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La cérémonie de récompense est prévue le 9 novembre prochain à Abidjan. Chaque lauréat recevra son prix. A cette même occasion, le super Prix du Jeune francophone de l’année sera désigné.

Philippe Nkouaya, l’entrepreneur qui veut «numériser» les archives du Cameroun

Avec sa start-up Phil John Technologies, il propose des solutions aux entreprises et aux administrations pour dématérialiser leurs documents.

C’est à l’âge de 27 ans que Philippe Nkouaya a fondé sa start-up Phil John Tecchnologies, une entreprise de services numériques, spécialisée en data management. Le déclic survient en 2017, lorsque le jeune Camerounais  rencontre des difficultés avec son assurance suite à un sinistre. « Ça a pris environ une année pour traiter mon dossier, pour la simple et bonne raison qu’ils n’arrivaient pas à retrouver mon dossier. C’est un gros problème au Cameroun, où 80 % des entreprises n’ont pas de système d’archivage », détaille-t-il.

Victime de ce retard technologique des entreprises et administrations camerounaises, le diplômé en systèmes d’information de gestion de l’Institut d’ingénierie informatique de Limoges  s’est alors mis en quête d’une solution permettant aux entreprises « d’avoir un système viable et rapide pour trouver un document en trois secondes ».

Il décide ainsi de lancer son propre business, en compagnie de quatre associés qui ont amené des fonds propres. Très vite, la jeune startup se fait remarquer et bénéficie d’une subvention de 3 millions de francs CFA de l’ambassade de France et de l’AFD, accordée dans le cadre d’un programme destiné aux Camerounais qui souhaitent rentrer au pays pour développer des projets. Le projet est sur les rails, les fruits ne tardent pas à germer.

Peu de temps après sa création, Phil John Technologies dépasse le cadre pour lequel il avait été conçu, à savoir le  Cameroun. L’entreprise offre, en effet, des solutions d’outsourcing à l’international. « Nous avons des clients en France, aux États-Unis. Nous sommes plus compétitifs car la main-d’œuvre est moins chère ici qu’en Europe » précise-t-il. 102 entreprises travaillent avec Phil John Technologies.

Au total, 35 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, qui s’élevait à 15 millions de francs CFA en 2017, a été réalisé à l’étranger. Les ventes, elles, ont atteint 20 millions de francs CFA au premier trimestre 2018, tandis que le nombre de collaborateurs est passé de 5 à 30. Et elle ne compte pas s’arrêter là.

« Nous souhaitons atteindre un chiffre d’affaires de 98 millions de francs CFA en 2018, et progresser de 40 % sur la période 2019-2020 », révèle Philippe Nkouaya. Au delà des entreprises, l’entrepreneur veut également toucher les administrations. Pour cela, il lui faudra mobiliser un financement de 327 millions de francs CFA. « Réalisée auprès d’investisseurs internationaux et camerounais, la levée de fonds avance bien », révèle-t-il.