Cameroun : la flambée des prix alimentaires fait craindre le pire dans le Nord

La rareté de certaines denrées alimentaires, combinée à une très forte demande peuvent aggraver la faim dans la partie septentrionale du pays.

Les prix des denrées alimentaires n’ont jamais été aussi élevés dans la partie septentrionale du Cameroun. Selon l’indice de la FAO, les denrées de base ont augmenté de 30 % en un an. Combinée aux effets économiques de la crise sanitaire, cette inflation menace particulièrement un tiers de la population mondiale, déjà en insécurité alimentaire. Au Cameroun, la région du Nord semble être la plus affectée.

La forte demande, la rareté des denrées alimentaires, l’augmentation du prix du carburant et l’exportation des céréales sont entre autres raisons avancées par les commerçants et le délégué régional du Commerce pour expliquer les coûts élevés.

A en croire Datacameroon, le maïs et le mil, deux produits alimentaires de première nécessité valent de l’or dans la région du Nord. Ces denrées très prisées par la population locale ont atteint une cherté record à laquelle s’ajoute la rareté sur le marché. ‹‹ La tasse coûte 450 F CFA à Waté et on n’en trouve rarement ››, regrette Galdima, habitant de Heptilélé, localité située dans le département du Faro, région du Nord.

Ce mardi 29 août 2023, Marguerite Tina est surprise par les prix du maïs  sur le marché d’Ouro Labbo, un quartier de la ville de Garoua. Là-bas, selon la qualité du sac de 100 kg, les prix varient entre 33 000 F Cfa et 35 000 F Cfa. Idem pour le mil. Le sac du nouveau maïs coûte 27 000 F Cfa. « Par le passé, ces denrées n’ont jamais dépassé 21 000 F Cfa. La famine va nous tuer, il n’y a pas d’argent « , s’indigne Marguerite Tina. ・ ‏ « En juin-juillet dernier, le sac de maïs coûtait 22 000 F Cfa. Les prix ont augmenté en août-septembre, à cause de l’exportation du maïs hors de nos frontières dans des camions. Conséquence, on en trouve plus assez pour revendre « , explique Moussa, vendeur à Garoua.

A Guider, département du Mayo-Louti, la demande est aussi bien locale qu’à l’extérieure. Le prix du maïs a atteint des coûts jamais pratiqués jusqu’ici dans cette localité frontalière avec le Nigéria, qui est par ailleurs l’un des greniers de la région du Nord. ‹‹ Le sac de 100kg de maïs a atteint le prix de 43 000 F Cfa ici à Guider. Comme le nouveau maïs est dehors, ça a baissé. Le prix oscille entre 34 000 F Cfa et 36 000 F Cfa, et ça change à tout moment « , révèle Mohamadou Badjika, éleveur de vaches Montbéliardes qui nourrit ses bêtes avec du maïs. « J’achète le maïs, je décortique, je mélange avec le tourteau et on donne aux vaches, ça permet d’augmenter la production de lait », renseigne Mohamadou Badjika.

 

 

 

 

Cameroun : ce que cache la crise diplomatique avec le Tchad

Le Tchad a rappelé son ambassadeur au Cameroun. Niveau de crise diplomatique jamais atteint entre ces deux  » pays frères ».

Dans un communiqué de la présidence de la république tchadienne aux termes rageurs, il est question de  » La prétendue acquisition des actifs de l’ex-Esso par la nébuleuse Savannah Energy ». Dans ce même communiqué lu solennellement au journal télévisé du soir à la télévision officielle tchadienne,  on peut lire, avant la conclusion -qui est aussi la sanction-:  » Aussi, le Tchad, se trouve une fois de plus, dans l’obligation de défendre ses intérêts et sa respectabilité « ... Lorsque dans un face à face, une partie évoque sa  » respectabilité », elle accuse implicitement l’autre de non-respectabilité. En mots simples, de voyous.

Au-delà des explications complexes du monde pétrolier et des contours diplomatiques, l’affaire, en termes  compréhensibles, peut être ainsi résumée: le Pipe Line Tchad Cameroun est la propriété de trois entités : Exxon Mobile, l’Etat du Tchad, et l’Etat du Cameroun. Exxon Mobile décide de quitter l’affaire. Comme il est de coutume dans les associations de business, les acteurs pour l’acquisition de ces parts ce sont en priorité les associés.

Seulement, une entreprise dénommée Savannah Energy se présente, afin d’acquérir les parts désormais libérées. Sourcilleux, le gouvernement tchadien est réticent, car cette entreprise ne représente rien dans l’échiquier mondial des entreprises pétrolières. Les Tchadiens auraient voulu avoir à faire avec une autre  » Major  » du pétrole mondial. Sinon, pour leurs intérêts ils auraient repris pour eux-mêmes, ces parts de ce qui est après tout  » leur  » pétrole…

Le DG de la SNH, au centre, avec quelques collaborateurs et partenaires

Sur ces entrefaites, arrive à N’Djamena, par jet privé, courant septembre 2022, M. Frank Emmanuel Biya qui est reçu par le général Mahamat Itno Deby, président de la transition du Tchad. Le motif de la visite de M. Frank Biya est sans ambages: il plaide auprès du président tchadien, la cause de Savannah Energy. En toute politesse, entre  » fils de », les deux hommes se serrent la main et se séparent.

Mais l’un a à cœur les intérêts de son pays et l’autre fait le VRP pour des intérêts privés. Après cette visite, le Tchad freine des quatre fers sur le dossier. Du 21 au 30 novembre 2022, une délégation conduite par M. Elung Paul Che, secrétaire général adjoint à la présidence de la République du Cameroun séjourne à N’Djamena et mène des discussions avec les autorités compétentes du Tchad. Cette délégation appuie une fois de plus la transaction par l’entreprise Savannah Energy, que les Tchadiens jugent inapte pour l’opération.

Le dernier rebondissement, celui qui a provoqué l’ire des tchadiens, est lisible dans leur communiqué : le Cameroun, à l’insu de son partenaire tchadien, a subrepticement signé avec  » La nébuleuse Savannah Energy ». (20 mars 2023). Cette crise diplomatique, qui pourrait déboucher sur le pire – Le Tchad joue sa survie et son honneur- ne concerne point les intérêts du Cameroun et des Camerounais. Elle résulte de l’utilisation du sceau de l’Etat du Cameroun, au service d’intérêts privés…

Nous nous gardons de qualifier ce qui se passe. Les Camerounais, suite à cette affaire – gravissime- devraient comprendre à quel niveau se trouve leur pays, dont on ne sait plus qui est le véritable chef.