« La récente grève des enseignants a révélé la force numérique »

Grève des enseignants et maitrise de la masse salariale du Cameroun: un plan d’urgence de la gestion des ressources humaines de l’état s’impose !

La récente grève des enseignants a révélé la force numérique et donc de négociation que représentent les enseignants. Il ne s’agit pas seulement d’un assemblage de supplément d’âmes mais d’une véritable arme de négociation. Bien qu’utile et pertinente cette importance numérique pose néanmoins la question de la maîtrise de l’effectif de la fonction publique et par voie de conséquence de la masse salariale.

Il apparaît que de 2006 à 2021 soit 15 ans, la masse salariale a plus que doublé (soit environ 2,5 fois). Et pourtant, le taux d’encadrement administratif global est très bas (agents publics/population globale) soit 344 982 /24 348 251 (1,41%) et inégalement réparti dans différents secteurs. L’éducation représente 45,8%, la défense et sécurité 25,8%, l’administration générale et financière 9,5%. Les autres secteurs représentent moins de 5,1% (santé, 5,1%, secteur rural, 3,1%, infrastructures productives, 3,1%, le développement Social et Emploi, 1,7%).

Cette réalité révèle une faible maîtrise de la masse salariale d’une part et questionne la qualité des recrutements d’autre part, au regard des priorités de la stratégie de développement du Cameroun. C’est ce qui peut justifier le retard dans l’exécution des projets structurants, la faible opérationnalisation des décisions stratégiques et la faible intermédiation entre l’État et les acteurs des différents secteurs.

 La présente réflexion établit une évolution inquiétante de la masse salariale et une répartition disproportionnée des effectifs dans différents secteurs. Elle suggère de mener des réformes structurelles courageuses et de réorganiser les recrutements pour assurer une cohérence avec les ambitions de la stratégie de développement du Cameroun. La question des ressources humaines ne devrait pas seulement être abordée en termes budgétaires, le personnel de l’État n’est pas une charge mais bel et bien une ressource, c’est-à-dire un actif utile à la performance.

 Plus spécifiquement, il est suggéré de mener une analyse stratégique afin de déterminer la qualité et quantité des ressources humaines de l’État à recruter par secteur pour accompagner efficacement les politiques publiques. La cartographie actuelle des ressources humaines de l’État ne peut pas garantir l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035. Cette réflexion doit combiner à la fois les préoccupations de la décentralisation (avec la fonction publique locale) et la prise en compte du caractère spécial des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Il est urgent d’agir ! Nous suggérons la mise en place d’un plan d’urgence chargé de rationaliser la gestion des ressources humaines de l’Etat.