Pour la première fois, les autorités de la région ont demandé aux populations de ne plus consommer la viande de porc
Une infection très résistante
Dans un communiqué rendu public le jeudi 24 juin 2010, le préfet du département du Diamaré dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun et dont la principale ville est Maroua, a demandé à la population de ne plus manger la viande de porc. Une décision qui fait suite à une épidémie sans précèdent de peste porcine africaine(PPA) dans cette partie du pays. Le 02 juin, Nasseri Paul Béa avait officiellement confirmé la présence de cette maladie du bétail. Les autorités en charge de l’élevage au Cameroun ont commencé à décimer les porcs. L’abattage et la vente des porcs ont aussi été interdits la localité. Selon des informations recueillies auprès des autorités vétérinaires, le premier cas cette année serait partie de Yaoundé, la capitale camerounaise. Difficile à croire, dans la mesure où le principal foyer de propagation de la maladie reste confiné dans la région du nord du pays. La peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale fortement contagieuse et habituellement mortelle pour les animaux dans la famille du porc. Le virus de la PPA est assez robuste et a été autrefois classifié comme iridovirus: c’est un grand virus qui survivra jusqu’à 15 semaines dans le sang pourri, 70 jours dans le sang sur les bois, 11 jours en résidus en température ambiante, 3 heures à 50 degrés Celsius, 18 mois dans le sang de porc à 4 degrés Celsius, 150 jours en viande désossée à 39 degrés Celsius, et 140 jours en jambons secs salés. Seulement les espèces de la famille du porc sont prédisposées à l’infection, avec les porcs domestiques habituellement et mortellement infectés. La transmission de l’infection se fait par le contact direct entre les animaux malades et sains ou indirectement par l’ingestion des ordures.
Le gouvernement a pris des mesures
La peste porcine africaine (PPA) est en principe rare dans cette partie du Pays. Elle s’est produite pour la 1ère fois au Cameroun en 1982 tuant plus de 80% de la population des porcs qui était à ce moment-là d’environ 1,6 million. Ce fut une tâche vraiment difficile de rétablir l’industrie du porc depuis lors. Quelques fermiers ont essayé de réapprovisionner leurs fermes, mais ont malheureusement perdu leurs animaux face à cette infection dévastatrice. Cependant, les éleveurs qui ont suivi strictement les conseils de santé animale des vétérinaires du ministère de l’élevage, des pêches et des industries d’animales et le ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, ont réussi en grande partie à protéger leur bétail. La région de l’extrême Nord est un grand secteur de production de porc qui a très rarement eu des manifestations de la PPA. La plupart des manifestations au Cameroun se sont produites dans la partie sud du pays. Aucun risque de contamination à l’homme n’a encore été établi jusqu’aujourd’hui. Mais la chair des animaux contaminés par ce virus n’est pas conseillée à la consommation.
Catastrophe économique en perspectives
La présence de cette épidémie risque d’entrainer des conséquences énormes sur les petites économies des éleveurs de porcs. Certains iront jusqu’à perdre tout un élevage. L’exploitation se passant généralement dans des cadres informels, les élevages ne sont pas assurés et l’Etat n’apporte pas toujours une subvention économique complète en cas de survenance d’un désastre comme celui-ci. Avec taux mortalité de près de 100% lorsqu’elle s’empare des troupeaux, l’impact économique de cette maladie pour les éleveurs et l’ensemble du secteur de l’élevage porcin risque d’être dramatique. Le renforcement des mesures de biosécurité dans les élevages s’avère donc essentiel. En aval de la filière, les structures d’abattage, de contrôle sanitaire et de transformation de la viande demeurent insuffisantes. La qualité des viandes ainsi que l’hygiène à l’abattage sont faibles. Déjà le préfet du Diamaré a tranché. Les mesures suivantes sont prises en vue de circonscrire et éradiquer l’épizootie; interdiction totale de divagation des porcs dans tout le département; interdiction de vente et d’abattage de porcs; interdiction de mouvements des porcs hors du département ainsi que dans le sens inverse; abattage systématique des porcs dans les villages infectés, peut-on lire dans un arrêté qu’il a signé. Selon ce même arrêté, ces mesures de précaution ne seront levées que, 40 jours après la disparition du dernier cas et désinfection des locaux et objets infectés.