Cameroun – Pr Joseph Fometeu : « la propriété intellectuelle est l’un des vecteurs de la croissance »

Le cabinet de conseils juridiques, dénommé juriste d’affaires internationales «Juridaf», né à Libreville au Gabon vient d’ouvrir une filiale à Yaoundé. Le Pr Joseph Fometeu, expert en droit de la propriété intellectuelle et droit processuel, a été désigné à la tête de cette nouvelle société anonyme. A travers cette interview, il présente les opportunités de cette extension gabonaise en terre camerounaise.

 

Question: Il y a déjà au Cameroun plusieurs cabinets d’affaires. Vous allez donc évoluer dans un marché très concurrentiel.  Qu’est ce qui fait votre particularité par rapport aux concurrents ?

Réponse : C’est le caractère international de notre équipe. Notre équipe inclut plusieurs nationalités. La deuxième chose qui fait notre particularité, c’est qu’elle regroupe à la fois les universitaires et les gens qui sont sur le terrain.  Donc si vous voulez, notre équipe inclut les experts qui sont à la fois au niveau stratégique et au niveau opérationnel. Ça fait en sorte que nous ayons au sein de l’équipe une très grande complémentarité qui nous permet d’aborder toutes les questions juridiques qui nous sont posées avec à la fois le regard des stratèges que sont les universitaires en générale et le regard des opérationnels que sont les huissiers, les magistrats les avocats.

Donc voilà les deux grands éléments qui font la force de notre cabinet. Et je peux vous dire que malheureusement je ne peux pas citer  les références de manière express ici pour ne pas faire de publicité. Je peux vous dire que les opérateurs économiques qui ont sollicité les services de Juridaf Gabon qui a donné naissance à Juridaf Cameroun peuvent témoigner qu’effectivement avec Juridaf la complémentarité est le caractère international de l’équipe a permis de sauver pas mal de dossiers.

(Q) Comment vous est venue l’idée de créer une filiale au Cameroun ?  

(R) La création de Juridaf est née au Gabon et à la suite des résultats obtenus au Gabon, où nous avons accompagné des opérateurs économiques, ils se sont dit que les hommes d’affaires du Cameroun devraient avoir besoin de la même expertise et la même méthodologie du travail.  C’est pour ça qu’ils sont venus proposer une filiale exactement au Cameroun. Nous avons bon espoir de ne pas nous  arrêter  à ce niveau. Nous allons nous attaquer à d’autres pays de l’espace Ohada, espace Oapi, espace Cima, comme la Côte d’ivoire, les deux Congo etc.

(Q) Votre cabinet s’appuie sur deux pieds dans la propriété intellectuelle, est- ce que vous pouvez nous dire sur quoi est fait ce choix ?

(R) Vous avez raison de poser cette question. Le premier pied sur lequel est fait cette question, c’est le contentieux bancaire : nous nous sommes rendus compte qu’un très fort taux de créances non recouvré par les établissements bancaires sont dus probablement parce qu’au niveau stratégique, la conception de la stratégie de recouvrement de créance n’est pas forcément bien faite.  Naturellement comme vous le savez lorsqu’au niveau stratégique ce n’est pas bien conçu au niveau opérationnel ça ne marche pas.

Et donc nous nous sommes dits, si nous apportons notre concours déjà au niveau stratégique puis au niveau opérationnel on peut peut-être améliorer les taux de recouvrement.  Notamment,  dans les établissements bancaires et ça c’est d’un de deux points. On s’est également rendu compte que même dans la gestion du compte bancaire par les établissements de cette catégorie économique, même dans la gestion de leur contentieux évidemment le fait que les opérationnels qui gèrent les dossiers sur le terrain ne perçoivent pas forcément toutes les questions techniques stratégiques qui se posent. Finalement, on s’est rendu compte que l’appui des universitaires doit être important pour débloquer un certain nombre de choses.

Voilà pourquoi nous avons estimé qu’il était important de nous attaquer au contentieux bancaire maintenant pour  la propriété intellectuelle la raison est très simple. L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) et toutes les organisations internationales chargées de la propriété intellectuelle reconnaissent désormais que la propriété intellectuelle est l’un des vecteurs de la croissance.  En termes simples, ça veut dire que les entreprises qui gèrent la propriété intellectuelle sont celles qui résistent le mieux aux crises et au choc économiques.

Mieux, les entreprises qui ont un important portefeuille de propriété intellectuelle sont celles qui réussissent à résister le mieux aux crises et autres.  Nous nous sommes dit que si on pouvait avoir quelques-uns qui perçoivent cela, nous leur montrons comment elles peuvent utiliser leurs propriétés intellectuelles pour leur développement.  Ça pourrait les aider et à côté de cela, il y a les missions plus basiques comme celle de formation, de la sensibilisation à l’intérêt qu’on pourrait avoir pour la propriété intellectuelle.

(Q) Pourquoi le choix de Yaoundé pour implémenter votre siège alors qu’on sait que Douala est la capitale économique ?

(R) On n’a pas voulu être tellement dans le feu de l’action, je pense que Yaoundé est plus propice à la réflexion stratégique.  Je ne suis pas élitiste au niveau du choix de la clientèle.  Mais je suis élitiste par rapport au lieu d’où la réflexion doit partir.  La preuve c’est qu’au Gabon Juridaf est basé à Libreville.  C’est certes la plus grande ville mais comme vous le savez ce n’est pas la capitale économique du Gabon donc c’est un peu la même stratégie qu’on a voulu déployer ici et puis Yaoundé n’est pas assez éloigné de Douala.  C’est à 3h30 ou 4 h par voiture  donc s’il y a un besoin à Douala ce n’est pas compliqué pour s’y rendre.  Nous nous sommes dit que Yaoundé est plus approprié pour la réflexion stratégique et maintenant l’opérationnalisation peut se faire à Douala si on le souhaite.

Propos recueillis par : Emile Zola Ndé Tchoussi