Médias »: « L’Essentiel du Cameroun », un nouveau journal dans les kiosques

Le premier numéro de cette publication dirigée par Antoine W. Ahanda, ancien conseiller culturel de l’ambassade du Cameroun en France, est sorti le 16 septembre

Malgré la multiplicité des journaux paraissant au Cameroun – plus de 600 réguliers et non réguliers d’après les chiffres régulièrement communiqués par le ministère de la Communication à chaque célébration annuelle de la journée mondiale de la Liberté de la presse – et la « misère matérielle et morale » observée dans le secteur de la presse privée imprimée, de nouveaux entrepreneurs n’hésitent pas à se lancer dans le secteur. Les lecteurs peuvent ainsi voir dans les kiosques, depuis le 16 septembre dernier, le bi-hebdomadaire « L’Essentiel du Cameroun », une nouvelle publication dont le directeur n’est autre que celui qui fut conseiller culturel de l’ambassade du Cameroun en France, jusqu’à sa retraite en septembre 2015, Antoine Wongo Ahanda.

Professeur des universités et ancien enseignant dans les classes de journalisme à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la Communication (Esstic), de l’université de Yaoundé II, Antoine Wongo Ahanda se lance donc dans l’information des Camerounais, dont ceux de la diaspora, public pour lequel il a étudié la consommation des médias dans ses travaux.

L’Essentiel du Cameroun – dont le nom est probablement inspiré du magazine « L’Essentiel des relations internationales » – veut faire son chemin au milieu de la presse d’information générale camerounaise.

Dans l’éditorial du premier numéro, le directeur de la publication y écrit que le journal arrive dans un univers « peuplé de la presse camerounaise. En mettant en évidence les idées et les réalisations -il y’en a- d’un Cameroun en marche vers l’émergence. En servant de carrefour, sans parti pris, aux idées et courants favorables à la croissance, au développement, à la stabilité, au renforcement de la démocratie, à la paix et à la cohésion sociale de ce pays. »

On constate que certains termes employés ici: « émergence », « croissance », « développement », « stabilité », « renforcement de la démocratie » se rapprochent du vocabulaire utilisé par de nombreux membres du gouvernement. Influence du séjour du directeur de la publication à l’ambassade du Cameroun à Paris? la question peut être posée. Sur 8 titres présents à la Une du premier numéro, trois au moins ont trait au RDPC (parti au pouvoir), au chef de l’Etat, Paul Biya, et à son épouse, Chantal Biya.

La publication « franchit pour la première fois le portail camerounais de la presse, plein d’espoirs mais aussi d’appréhensions de trouver un public qui partage ses idées et ses choix d’information », lit-on dans l’éditorial du numéro 001.

Le rédacteur-en-chef de ce journal, Léger Ntiga, un ancien responsable de la rédaction du quotidien Mutations, doit avoir une nette idée du défi: lui qui a quitté ce quotidien en 2013 avant de créer la même année Références, un hebdomadaire d’informations générales qui n’a pas fait long feu.

Pas de quoi échauder Antoine Wongo Ahanda qui explique qu’il y a « une masse de faits sur lesquels les Camerounais souhaiteraient être informés ».

Le bi-hebdomadaire « l’Essentiel du Cameroun » est vendu en kiosque à 400 F CFA et disponible sur certains kiosques numériques comme ozipress.com et keyopress.com à 200 F CFA.

La Une du numéro 001 du bihebdomadaire « L’Essentiel du Cameroun », paru le 16 septembre 2016
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Médias: «L’agonie de la presse privée» touche Repères

L’un des principaux hebdomadaires du Cameroun est secoué par une grave crise interne qui menace son existence. Le personnel de la rédaction est en «arrêt de travail illimité» depuis le 1er juin

La rédaction de Repères, l’un des principaux hebdomadaires d’informations générales du Cameroun, est en «arrêt de travail illimité» depuis le 1er juin 2015 à cause de ce qu’elle appelle des «manquements du management» attribués à la directrice de la publication, Mme Régine Touna, veuve de Richard Touna, le fondateur du journal. Ils ont été consignés dans une lettre envoyée au propriétaire de ce périodique privé, le 30 mai dernier.

En termes de «manquements du management», ces journalistes dénoncent, entre autres: «l’absence de salaire depuis cinq mois»; «l’absence de couverture sociale»; «l’absence de contrat de travail pour de nombreux journalistes»; «la suppression sans états d’âme des frais de reportage», «la suppression de réunions entre la direction et le personnel employé», etc. L’ardoise des salaires s’élèverait actuellement à environ 4 millions de F CFA.

Les journalistes concernés par cet arrêt de travail illimité se recrutent du sommet à la base de ce journal paraissant le mercredi. La situation «dure depuis 10 jours», et il ne semble pas y avoir d’issue pour le moment avec la propriétaire, de l’avis de l’un des journalistes concernés. Ce dernier envisage même une probable «dislocation», un départ de l’essentiel des journalistes de cette rédaction, concernés par l’arrêt de travail, si la solution n’est pas apportée.

Il s’agit notamment du directeur de la rédaction, Parfait Nsiki; du rédacteur en chef, Dominique Mbassi; du secrétaire de la rédaction, Sylvain Andzongo; du chef de service «sports», Jean-Robert Fouda; des correspondants de Repères dans les régions, notamment les deux basés à Bertoua et Douala.

Seuls demeurent actuellement dans cette rédaction «deux stagiaires» et «le monteur» du journal, a appris Journalducameroun.com

Sollicitée ce jeudi après-midi, par téléphone, pour donner son point de vue sur cette situation, la propriétaire du journal n’a pas donné de suite à notre requête. Après lui avoir présenté l’objet de l’appel, le contact a été coupé. Au moment où nous clôturions notre article, nous n’avions pas réussi à la contacter de nouveau.

Les signataires de l’arrêt de travail estiment que la DP pourrait par exemple se rapprocher des banques pour solliciter «un prêt» en vue de réguler leur situation. Ces derniers parlent par ailleurs d’un «défaut de management» dans la gestion des finances du journal.

L’hebdomadaire Repères a été créé en janvier 2007 par Richard Touna, décédé malheureusement deux ans plus tard, en janvier 2009. Grâce à son travail et à celui d’autres pionniers de la rédaction, à l’instar de Parfait Nsiki et Dominique Mbassi, il s’est très vite créé une notoriété dans la presse privée camerounaise. Le journal est actuellement dirigé par Mme Régine Touna, la veuve de Richard Touna Ombé.

La question de la viabilité économique des entreprises de presse, ou des organes de presse, au Cameroun, n’est pas une question qui se pose seulement à Repères. Ironie du sort, le 06 mai dernier, le rédacteur en chef de ce journal publiait une enquête intitulée «l’agonie de la presse privée», enquête dans laquelle il présentait les problèmes rencontrés par certains titres du paysage médiatique camerounais. Il eut à évoquer notamment le cas d’un quotidien, où les employés accusaient à fin avril 2015: «19 mois d’arriérés de salaire». «Dans ces conditions, malheur à celui que le vieil âge trouvera dans la profession», écrivait Dominique Mbassi. Aucune des situations décrites par le journaliste n’avait cependant amené toute une rédaction, comme c’est le cas de Repères actuellement, à observer un «arrêt de travail illimité».

Ironie du sort, le 06 mai 2015, Repères a publié une enquête sur l' »agonie de la presse privée ». Ici, la « Une » de cette édition
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