Trésor public: l’Etat dément la faillite

Le Directeur général du Trésor public rassure que «la signature de l’Etat camerounais est crédible», au lendemain d’opinions émises dans la presse sur une probable cessation de paiement

Le Directeur général du Trésor, de la Coopération financière et monétaire au ministère des Finances, Moh Tangongho Sylvester, vient de réagir, 24h après la parution de trois articles dans le quotidien privé camerounais Le Jour, faisant état de tensions de trésorerie au Cameroun, avec pour illustration de longs délais accumulés par les prestataires de services pour recouvrer leurs engagements. Selon le directeur général du trésor, que le Jour indiquait, dans son édition du 09 avril 2014, n’avoir pas pu contacter, mais qui a toutefois pu être interrogé dans les colonnes du quotidien public «Cameroon Tribune» ce 10 avril : « Nous sommes à 60 jours pour le délai de paiement et nous respectons ce délai depuis deux ans [.] notre objectif c’est d’améliorer davantage cette performance, bien que la réglementation de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, ndlr] donne jusqu’à 90 jours pour payer les prestataires », assure-t-il.

Sur le plan de la situation des finances publiques, le directeur général du trésor explique que les recettes au 31 mars, marquant la fin du premier trimestre 2014, sont de 673 milliards de F, « soit un taux de recouvrement de plus de 95% ». Par rapport aux 594 milliards de F prévus en cash, détaille Moh Tangongho Sylvester, il y a ainsi un excédent de 79 milliards de F CFA.

D’après Joseph-Marie Eloundou, analyste économique approché par le quotidien Le Jour, dans son édition d’hier, pour étayer la thèse sur les difficultés de trésorerie : « nous sommes en train de repartir vers un ajustement structurel plus grave que celui de 1987 ». Joseph Marie Eloundou en voulait pour preuve le déficit du Cameroun dans sa balance commerciale : « Lorsqu’on regarde notre balance commerciale de 2007 à 2014, on remarque que son déficit est passé de 70 milliards à 1350 milliards de F CFA. Normalement nous devons être en cessation de paiement. Au regard d’une telle balance, aucun investisseur sérieux ne peux mettre ses capitaux au Cameroun », affirmait alors l’analyste économique.

Le directeur général du Trésor se veut serein face à ces constats en expliquant, dans l’interview accordée à Cameroon Tribune ce jour, que l’Etat emprunte pour l’instant sur le marché national à un taux de 2% alors qu’il a la possibilité de faire des tirages auprès de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac). « Si l’Etat était en difficulté, poursuit le DG du Trésor, il allait plutôt choisir d’aller tirer de l’argent sur ces avances statutaires de la Beac, qui ont un taux d’intérêt de 3%. Pour conclure, la signature de l’Etat camerounais est crédible». Moh Tangongo Sylvester va plus loin dans ses arguments afin de démontrer la « crédibilité » de l’Etat auprès des financiers. « Quand nous demandons 10 milliards de F, les établissements bancaires sont prêts à nous donner même 30 milliards de F. Mais nous ne retenons que les 10 milliards de F qui correspondent à ce que nous voulons », ajoute le Dg du Trésor. Le budget de l’Etat camerounais pour l’exercice 2014 est de 3312 milliards de F CFA contre 3236 milliards pour l’année 2013.

Le siège du ministère des Finances à Yaoundé
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