Cameroun: les leaders séparatistes extradés du Nigeria apparaissent en pleine forme

Les leaders de l’Etat imaginaire d’Ambazonie étaient à la Cour d’appel du centre ce jeudi. Ils y ont été vus pour la première fois depuis leur extradition du Nigéria en janvier dernier.

Sissiku Ayuk Tabe et neuf autres membres du premier gouvernement intérimaire de l’Ambazonie sont arrivés au Palais de justice jeudi, à bord d’un bus de 32 places. Ils arboraient des survêtements de couleurs vert citron et orange. Sissiku Ayuk Tabe est sorti le dernier du véhicule qui les transportait. Ils étaient en pleine forme physique.

Cette sortie est la première à laquelle ils ont eu droit depuis leur extradition du Nigeria le 29 janvier 2018. Ils y avaient été arrêtés quelques jours plus tôt, alors qu’ils se préparaient à tenir une réunion sur l’Etat fictif d’Ambazonie. Personne ne les avait plus vus depuis cette période là, exception faite de trois avocats avocats camerounais dirigés par le bâtonnier Bernard Muna.

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Un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour encadrer l’arrivée des inculpés. Le cordon de sécurité formé par des membres de corps d’élite de la gendarmerie suffisait à impressionner les personnes présentes au Palais de justice ce jour. On en voyait qui hésitaient à passer à proximité du bâtiment principal de la Cour d’appel et personne n’avait le droit d’y manipuler son téléphone.

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La présence de Sissiku Ayuk Tabe et ses compagnons d’infortune à la Cour d’appel ce jour est une exigence de leurs avocats. Ceux-ci avaient refusé de plaider devant le juge le 11 octobre dernier, parce que leurs clients n’avaient pas été extraits de leur cellules au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Ils comparaissent en justice dans le cadre d’une procédure en Habéas corpus. Laquelle stipule que le corps du délit soit présenté ou que les inculpés soient immédiatement relâchés.

« Aujourd’hui est un grand jour parce que tous les détenus ont venus au Tribunal. Nous avons tout fait pour les amener. C’était un long combat. La Cour ne voulait pas nous autoriser à les amener mais, après trois reports, nous avons insisté  sur la procédure en vigueur et nous avons pu les avoir ici », a expliqué l’avocat Fru John Soh.

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La deuxième audience s’est tenue à huis clos dans le bureau du juge. Impossible de connaitre l’objet des débats, le conseil de la défense n’en laisse pas échapper un mot. Le verdict sera  prononcé le 15 novembre.

Après plus de deux heures d’échanges en aparté, les dix séparatistes réapparaissent dans la cour. Ils rentrent dans le véhicule réservé pour leurs déplacements et là, les membres de leurs familles, tenus à l’écart des débats, exultent de joie. Ils font de grands signes de leurs mains pour attirer l’attention des inculpés. Ceux-ci les aperçoivent et répondent à leurs tours. La joie est grande. Et même s’il est impossible pour ces sœurs et cousines d’aller à la rencontre de leurs parents, elles lancent des mots d’encouragement auxquels l’on répond par de larges sourires, de l’autre côté de la ligne formée par les forces de sécurité.

 

Après l’attaque de la prison de Muyuka, les forces de sécurité traquent les évadés

Ils ont pris la fuite mercredi dernier, après un assaut mené par de présumés sécessionnistes.

Mercredi 30 mai 2018. Des hommes armés non identifiés attaquent la prison de Bavenga, située dans l’arrondissement de Muyuka (région du Sud-Ouest). Au cours de l’assaut, des prisonniers prennent la fuite. Difficile de déterminer le nombre de détenus ayant quitté l’institution carcérale à l’issue de l’attaque. Mais, les autorités sécuritaires de la ville ont investi les quartiers pour retrouver tous les évadés.

Les assaillants seraient des combattants des forces de défense de l’Ambazonie. Ils auraient fait irruption dans la prison en plein jour et auraient pris le dessus sur les gardiens en faction.

L’attaque de la prison de Bavenga a créé la panique au sein de la population, celle-ci craignant que les forces de sécurité procèdent à des interpellations arbitraires. L’incident du 30 mai dernier rappelle l’attaque du commissariat de police de Muyuka survenue le jeudi 10 mai. Des individus armés et non identifiés ont fait irruption dans les locaux dudit commissariat, saccagé les locaux, volé des armes et libéré quatre gardés à vue.