Cameroun: Le Prince René Douala Bell passe le flambeau

Par Prince Kum’a Ndumbe III, Prince Bele Bele

Moi, Prince Kum’a Ndumbe III, assis sur le trône de Lock Priso ou Kum’a Mbape, Roi des Bele Bele depuis l’antiquité, après trois jours et trois jours et trois jours, après neuf jours, je déclare solennellement: Le Prince René Douala Bell a passé le flambeau à son fils Jean-Yves Eboumbou Douala Bell sur le trône du Canton Bell à Douala. Le roi est allé rejoindre les ancêtres, vive le roi ! Je rends un hommage mérité parce que justifié à ce fils Bele qui avec dignité, courage et amour a su porter ses responsabilités tout au long de son règne. Quel est le lien entre le Prince Bele Bele Kum’a Ndumbe III et le Prince Bell René Douala Manga pour avoir qualité de faire la présente déclaration? Le Prince René Douala Bell était l’aîné par l’âge du Prince Kum’a Ndumbe III, mais son arrière petit fils dans la filiation des Bell. Voici comment s’articule la généalogie du Prince René Douala :Tout d’abord, Bell est une abréviation de Bele, roi fondateur de Bona Bele, Bonabedi ou Bonabéri. Les Bell qui règnent au Canton Bell à Bonanjo depuis l’antiquité sont des enfants originaires de Bonabéri. Pour éviter toute confusion dans l’appellation, on parle du trône des Bell à Bonanjo et du trône des Bele Bele à Bonabéri. Ils habitaient tous le plateau Bonanjo ou plateau Joss à l’époque de leur aïeul commun Doo la Makongo. Sur recommandation de ce roi aïeul Doo la Makongo qui pria son fils Bele de s’éloigner un peu du plateau Joss par crainte de conflits violents avec le fils ainé Priso, Bele traversa le fleuve, s’installa de l’autre côté et créa au fil du temps son propre royaume, Bona Bele, Hickory Town ou Bonabéri. En effet, Doo la Makongo n’entendait pas passer le trône plus tard à Priso l’aîné à cause de son caractère violent. Quand le moment de passer le flambeau vint, Doo la Makongo envoya appeler son fils Bele de l’autre côté du fleuve pour qu’il vienne s’asseoir sur le trône des Bona Doo la Makongo. Bele voyant qu’il avait déjà crée un royaume dont l’influence par alliances s’étendait jusque vers Kumba et Bimbia, il envoya son fils Bebe Bele chez son père Doo la Makongo qui installa Bebe, fils de Bele sur son trône des Doo. C’est ce Bebe qui engendra Lobe’a Bebe, King Bell de 1812 à 1856. Avant 1813, les Duala n’avaient qu’un seul roi, nommé King Bell. Ces fils de Bonabéri règnent depuis 1792 sans interruption sous l’appelation King Bell sur le plateau Joss à Douala jusqu’aujourd’hui. Après Bebe’a Bele et Lobe’a Bebe, suivirent : Ndumb’a Lobe 1858-1897 (signataire du Traité Germano-Camerounais en 1884), à l’opposé de son oncle Lock Priso ou Kum’a Mbape, de Hickory Town ou Bonabéri, qui refusa de signer ce Traité, ce qui déclencha la première guerre avec les Européens sur le territoire camerounais.

Comment René, un fils de Eithel Douala arrive-t-il au trône?
Le Prince René, 8è génération des Bele ou Bell, est le fils de Eithel Duala Manga Bell. Il va hériter de son oncle, le Prince Alexandre. Or celui-ci avait son propre fils José Emmanuel Duala Manga Bell qui tomba sous les balles de son propre père, le Prince Alexandre, le 15 septembre 1947 au Parc des Princes à Bali, lors d’une très violente altercation. René sera donc désigné dès 1947 par le Prince Alexandre comme son futur successeur, ce qui fut respecté en 1966. Comme nous le constatons, les Bona Bele au sein du Canton Bell à Bonanjo sont les détenteurs exclusifs du trône royal depuis l’ancêtre Doo la Makongo. Ce trône ne saurait revenir ni aux Bona Priso, Bona Doumbe, Bona Douma ou autres descendants du Canton Bell.

D’autres fils de Eithel ou autres frères de Rudolf pouvaient-ils prétendre au trône?
Le Prince Alexandre n’avait que deux enfants, José Manuel, le fils et Andréa Tuké Ekedi, la fille, issus de son mariage avec Andréa née Berroa. Le Prince Alexandre n’a pas eu d’enfants avec son épouse foulbé Addamary Fatoumata Bouli qu’il avait épousée le 25 octobre 1929 et avec laquelle il vécut jusqu’à sa mort en 1966. Le Prince Alexandre avait été envoyé en Allemagne à l’âge de quatre ans et demi en 1902 et ne reviendra au Cameroun qu’après la fin de la Première Guerre mondiale en 1919. Son père Duala Manga pendu par les Allemands en 1914, le fils Alexandre trouvera à son retour à Douala sur le trône un régent, Lobe Manga Henri, frère de Rudolf. Les démêlés du Prince Alexandre avec l’administration française qui perpétuera la confiscation des biens de Duala Manga Bell et lui rendront la vie très difficile ne connaîtront une détente que quand le 25 novembre 1951, sous la Présence du Haut Commissaire Soucadeaux, l’administration coloniale, par l’intermédiaire d’un procès verbal du conseil de famille de cette même date, rendit le trône au successeur légitime de Rudolf Duala Manga, son fils le Prince Alexandre Ndoumbe. On constate donc que le Prince Alexandre attendit 32 ans à Douala pour accéder au trône de son père Rudolf. Comme le Prince Alexandre depuis 1949 avait fait savoir que le Prince René serait son successeur au trône, il dit ceci à son frère, Eithel : « ce n’est pas à toi que je laisserai le trône, mais à ton fils René, exclusivement ». Pour qu’il n’y ait pas de confusion, le 13 novembre 1951, Eithel signe et légalise à la Délégation du Haut-Commissariat à Douala cette déclaration historique : «Je soussigné DOUALA-BELL, Eithel-Manga, déclare renoncer irrévocablement à la succession traditionnelle en faveur de mon fils René Douala Bell.» Le Prince Alexandre monte ainsi au trône après le procès-verbal du 25 novembre 1951, son successeur étant déjà désigné. « Il est traditionnel dans notre peuple que lorsqu’un Chef écarte de la succession l’un de ses fils, il en écarte également la descendance de ce dernier. La tradition est formelle, et là pourrait se clore la polémique » écriront les Chefs et notables Bele Bele à l’administrateur des colonies, Chef de la Région du Wouri, le 17 février 1945. Si Eithel-Manga a renoncé au trône par écrit, il a aussi renoncé pour tous ses descendants, excepté pour René, déjà désigné comme successeur.

Faut-il avoir résidé avant sur place pour régner chez les Bell?
Nous constatons que Rudolf Duala Manga est parti en Allemagne poursuivre ses études et ce n’est qu’en 1908, à la mort de son père qu’il vient prendre le pouvoir. Le Prince Alexandre lui-même n’est rentré d’Allemagne et de France à Douala que cinq ans après la pendaison de son père par les Allemands. Quant au Prince René, il vivait marié avec Delphine Bonny M’bedy Eboumbou à Paris quand après la mort du Prince Alexandre, le procès-verbal de famille réunie au domicile de Docteur Ekwe Bell à Bali confirma sa succession au trône le 8 octobre 1966.

Abdication, tradition Bele Bele
Dans la tradition de la famille Bele ou Bell, il est recommandé de présenter son successeur de son vivant ou de lui céder le trône encore de son vivant. C’est ce que Doo la Makongo a fait en installant de son vivant Bebe Bele sur le trône des Doo Doo. C’est ce que le Prince Alexandre fit en désignant le Prince René. Du côté de Bonabéri, Bele ba Doo installa son fils Mbape Bele (Bona Mbape) de son vivant, Mbape installa son fils Kum’a Mbape (Lock Priso) de son vivant. De son vivant, le Prince René a présenté son fils cadet, Jean-Yves Eboumbou Douala Bell comme successeur à plusieurs occasions dans la famille, lors du Ngondo ou à l’occasion de diverses manifestations publiques. Le fils aîné du Prince René, Alexandre Ndoumbe Douala Manga Bell a renoncé volontairement au trône. Le 7 août 2009, quand le Prince René, alors Président du Ngondo emmena le Ngondo au Canada, il laissa un document officiel avec tampon du Ngondo et de la Chefferie Supérieure du Canon Bell qui stipulait : «3. Si par malheur le Seigneur Tout Puissant ne daigne pas m’accorder la grâce de rentrer vivant au Cameroun, ce sera mon fils Jean-Yves Douala Bell qui me succédera à la Chefferie Supérieure du Canton Bell avec l’honneur de diriger la communauté Doo-Doo. » Comme nous l’attendions de lui dans la famille, il a abdiqué officiellement du trône, au profit de son fils Jean-Yves le 18 juin 2012. Respectant la tradition successorale dans la famille Bell, le document légalisé le 28 août 2012 par la Délégation Générale à la Sûreté Nationale, commissariat de Sécurité Publique du 1er Arrondissement, stipule : «Je, soussigné, Prince René Douala Manga Bell, sain de corps et d’esprit, renonce irrévocablement à la chefferie du Canton Bell et la transmets, à mon fils Jean-Yves Eboumbou Douala-Bell, comme le veut la tradition. Fait à Douala, le 18 juin 2012 pour servir et valoir ce que de droit.» Il ne s’agit pas de la succession d’un roi illégitime mais légalisé par une administration, à son fils légitime, mais du transfert de pouvoir d’un roi légitime à un successeur choisi, ayant ainsi accès à la porte des ancêtres. C’est fort de ces faits énumérés ci-dessus, et après les rituels des Bele Bele réunis avec les Bona Doo dans la nuit du 6 novembre 2012 que, moi, Prince Kum’a Ndumbe III, de la 5è génération des Bell, l’aîné des aînés, assis sur le trône de Lock Priso, je déclare solennellement : Le Prince René Douala Bell a passé le flambeau à son fils Jean-Yves Eboumbou Douala Bell sur le trône du Canton Bell à Douala. Le roi est allé rejoindre les ancêtres, vive le roi!

Prince René Douala Manga, me voici, Prince Kum’a Ndumbe III, j’ai été fidèle à nos engagements. J’ai parlé !

Fait à Douala, le 15 novembre 2012

Le prince René Douala Manga Bell dit René Bell est décédé le 06 novembre 2012

Douala: Le prince René Douala Manga Bell dit René Bell a été enterré

Décédé le 06 novembre dernier, il a été enterré le lendemain dans la plus stricte intimité. Les obsèques officielles sont attendues

Le chef supérieur du canton Bell décédé le 06 novembre 2012 à Douala a été enterré discrètement dans la nuit de mardi à mercredi, conformément à la tradition Duala. René Douala Manga Bell est décédé selon ses proches à 85 ans, des suites d’une longue maladie. C’est dans la stricte intimité que l’inhumation a eu lieu, pour préserver le mystère de ce rite. La famille du disparu a reçu une visite de réconfort de la plus haute autorité administrative de la région, le gouverneur du Littoral. « Il s’agissait pour moi d’apporter à cette famille éplorée, les condoléances du chef de l’Etat, les condoléances du gouvernement, ainsi que les miennes propres. Le défunt a été un grand chef traditionnel. Il a rendu d’éminents services à son peuple, ainsi qu’à toutes les composantes sociologiques de son canton. Il a également rendu de grands services, en tant qu’auxiliaire de l’administration », a confié Joseph Beti Assomo, selon des propos rapportés par le quotidien national Cameroon-tribune. Le responsable traditionnel était respecté et consulté par de nombreuses personnes vivant à Douala, pour qui sa mort et déjà son indisponibilité précédant le drame était une grande perte. Il débute son service de chef supérieur en 1966 lorsqu’ il succède à son oncle Alexandre Douala Manga Bell, à la tête du canton Bell. Sa liberté de ton, son franc-parler, sa convivialité et son humanisme l’on rapidement ont été ses atouts. Il a incarné pendant plusieurs années le Ngondo, la fête traditionnelle Sawa, dont il aura été le président jusqu’en 2010.

Né en 1927, il a combattu au Vietnam dans l’armée française de 1950 à 1953 et collaboré à Paris à la Radio Télévision Française, à Présence Africaine, à Eclair Journal entre autres. Il a publié aux Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue « Le Prince Alexandre » (essai historique & politique), « Cafouillis » (roman), « Quiproquo » (théâtre), « La Deuxième Régence Doo-Doo » (essai historique) et « Chapelle païenne » (recueil de poèmes). Le Prince René a été plusieurs fois Président du Ngondo jusqu’en décembre 2010. Dans les coulisses, on annonce déjà une succession difficile. En 2009 la communauté Douala a été animée par un débat sur le nom du présumé successeur du chef supérieur, un certain, Jean Yves Manga Bell. On conteste à ce choix, le fait que l’héritier présumé n’est pas le fils ainé de son père et aussi, qu’il n’a pas les faveurs du canton. « Le problème de la succession du prince René Manga Bell n’est plus simplement une question de la famille Manga, régnante, chez les Bell ; mais le débat s’est déporté aussi dans les trois grands villages (Bonadouma, Bonadoumbe et Bonapriso), mieux dans les douze grands quartiers du Canton. Ils estiment désormais avoir aussi droit au chapitre », explique Nathanaël Njog du journal Aurore plus à Douala. Avant d’ouvrir la bataille successorale, les doualas pleurent leur grand chef.

Prince réné Bell, chef supérieur du canton Bell est décédé des suites de maladie
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Raymond Tchakounté II: Un chef traditionnel des temps modernes

Roi des Fetba dans l’Ouest Cameroun, il envisage d’écrire un livre sur sa vie!

Le 12 février prochain sera diffusé au Centre Culturel Français Villon de Yaoundé, le documentaire intitulé : « Cameroun. Fetba. Renaissance d’un village». Il s’agit de l’histoire d’un village de l’arrondissement de Bazou, dans le département du Ndé (Ouest Cameroun) Parti d’une situation de pauvreté ambiante, ce village a retrouvé l’espoir de se développer grâce à des projets d’électrification, d’adduction d’eau potable et de création de centre de santé, des projets communautaires en somme. et tout cela, grâce au dynamisme de son chef. C’est d’ailleurs ce dernier qui est à l’origine du film sorti en 2005 et qui a rencontré un vif succès. Après la présentation du film ce 12 février, l’auteur procédera à des dédicaces du Dvd vendu 10 000 CFA. Le documentaire a également été diffusé à la Crtv, à Canal 2, TV5 Monde et sur plusieurs autres chaînes de télévisions dans le monde. Il est même utilisé comme support de cours dans certaines universités occidentales.

Le destin d’un chef traditionnel

C’est un homme fier mais préoccupé que nous rencontrons ce vendredi 23 janvier 2009 à Yaoundé. Assis, le regard au loin et un doctorat en sciences économiques en poche, Raymond Tchakounté II, chef traditionnel du village Fetba, pense déjà à son prochain ouvrage : « l’incroyable destin d’un prince qui ne voulait pas être roi ». Ce livre va retracer la vie du jeune homme dont le destin avait été scellé, à la mort de son père en 1992. Il avait tenté de repousser l’héritage en s’échappant, car il envisageait sa vie autrement et ne comprenait pas pourquoi un tel choix s’était porté sur lui au lieu d’ un de ses frères.Son destin l’avait rattrapé un an plus tard dans un quartier de Yaoundé, lorsque des notables l’ont retrouvé un matin au réveil. Ce sera donc l’histoire d’un chef de village qui a su rester traditionel tout en étant porté sur la modernité. Une qualité qui a fait énormément profité à sa localité.
En même temps, cet illustre universitaire prépare la sortie de son livre. Il réfléchit déjà sur son prochain film documentaire qui portera sur : « « Le quotidien dans nos campagnes », mais les sites de tournage restent encore à déterminer « . précise t-il.

J’ai réorganisé le pouvoir dans la chefferie de sorte que les notables puissent me représenter en mon absence. Et le peuple est plutôt fier de cet état de chose parce qu’à chaque retour, je rapporte des projets de développement qui vont améliorer ses conditions de vie.
Raymond Tchakounté II

Tous ces projets font de Tchakounté Raymond II un chef traditionnel des temps modernes. Lui qui semblait destiné à la vie de campagne à la mort de son père en 1992, a repris ses études universitaires au niveau le plus élevé. Il a soutenu avec mention très honorable, sa thèse de doctorat dont le thème est : « Epargne, tontines et crédits informels en milieu rural africain. Cas de Fetba et de trois villages avoisinants dans l’Ouest Cameroun ». La soutenance a eu lieu le 08 juillet 2008 à l’université de Clermont Ferrand en France. A la question de savoir comment il procède pour diriger son peuple malgré son éloignement, le roi répond : «J’ai réorganisé le pouvoir dans la chefferie de sorte que les notables puissent me représenter en mon absence. Et le peuple est plutôt fier de cet état de chose parce qu’à chaque retour , je rapporte des projets de développement qui vont améliorer ses conditions de vie ». Agé de 53 ans, marié de plusieurs femmes et père de nombreux enfants, Raymond Tchakounté II entend poursuivre la recherche, malgré les obligations de la Cour. En attendant, il enseigne déjà dans certaines universités du pays.


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