Cameroun: Queen Etemé, de l’arrière scène à l’avant scène

Repérée pour ses qualités vocales, son tempérament et sa générosité, Queen Etemé est devenue à son tour une grosse pointure musicale

Choriste exceptionnelle
De son véritable nom Delphine Etemé, Queen Etemé est l’aînée d’une famille de six enfants. Originaire d’Obala près de Yaoundé au Cameroun, Delphine est l’espoir de ses parents qui l’envoient poursuivre des études de droit ou de médecine en France Mes parents ont eu très peur. Ils considéraient que la musique n’était pas un métier. A raison d’ailleurs, parce qu’il y a très peu de musiciens qui vivent de leurs musiques. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Pour ma part, comme c’est une passion, je ne peux pas faire autrement, c’est ma raison de vivre et je ne peux tout simplement pas m’en passer. Il a tout de même fallu que j’aille au bout de mes études pour pouvoir convaincre mes parents que je pouvais enfin commencer à faire de la musique déclare Queen. Bercée depuis sa tendre enfance par les chants traditionnels de sa grand-mère au village Endinding et initiée par un père mélomane aux rythmes camerounais (bikutsi, magambeu, makossa) et aux musiques étrangères (jazz, bossa nova, blues, rumba..), Queen attrape le virus de la musique. A peine arrivée à Paris, elle rejoint une chorale de gospel comptant plus de cent choristes. Repérée par la chef de ch ur séduite par son timbre contralto, elle est très vite promue soliste au sein de l’ensemble. Grâce à son talent et à son travail, Queen Etemé collabore avec de nombreux artistes populaires. On la sollicite dans divers styles musicaux pour la « pose » des ch urs lors de l’enregistrement d’albums en studio comme pour les concerts live. Elle multiplie les expériences et sera amenée à travailler avec des artistes aussi divers qu’Ismaël Lo, Alpha Blondy, Papa Wemba, Gino Sitson…

Cantatrice de renom
L’année 1998 marque le début d’une série de rencontres magiques qui vont tout changer pour Queen Etemé. Elle croise la regrettée Carole Fredericks, qui la première va l’encourager de tenter une carrière solo. Ensuite Manu Dibango rencontré lors d’un concert au New Morning à Paris qui lui demande le soir même d’intégrer son orchestre. Cette collaboration lui donnera l’occasion d’affronter les plus grandes scènes et le public du monde entier. Par la suite c’est Richard Bona qui lui prédit une belle carrière à l’image de la sienne. Enfin, Eric Tavelli, célèbre professeur de chant tombe sous le charme de «sa contralto d’ébène » et c’est lui qui permettra à la diva de s’assumer, d’aller au bout de son talent vocal et de résolument croire en elle-même J’avais déjà une voix très développée, mais j’ai continué à la travailler avec un professeur de chant qui s’appelle Eric Tavelli (il a entre autres fait travailler les artistes françaises Laam, Zazie, Assia… ndlr). Cela nécessite beaucoup de travail. Il faut surtout savoir se servir de sa voix et maîtriser les techniques vocales. Ne serait-ce pour ne pas se faire mal parce-que c’est un instrument précieux dit-elle. Delphine se revendique panafricaine, ouverte sur le monde et imprégnée par toute la diversité qu’offre la culture musicale. En fin d’année 2003, elle sort son premier album « Soki » (qui signifie « et si. » En français) De la préparation à la réalisation, j’ai mis quatre ans. Pourquoi si longtemps ? Parce-qu’après toutes ces années d’expérience auprès de ceux que j’ai accompagnés, j’avais besoin de faire une synthèse pour pouvoir trouver mon propre style. Il fallait également que je trouve les bons partenaires et collaborateurs pour faire ce premier disque affirme Delphine. Grâce à Soki, la cantatrice de renom a imposé sa marque et une identité propre dans l’univers musical panafricain. Forte de ses expériences, elle produit « Lafi » qui arrive six ans plus tard (2008) qui connaît de nombreuses collaborations telles que : Krotal, Jacques Greg Belobo, Justin Bowen. Deux ans après (2010), elle sort le troisième album intitulé « Amazing Encounter ». Un album 100% gospel qui marque le retour de la reine à ses origines. C’est aussi un fruit d’une suite de rencontres : rencontre avec un nouveau producteur Martin Nya basé au Nigeria ; avec l’Afrique de l’Ouest à travers d’autres sonorités qui colorent cet album. Queen Etemé chante pour pouvoir assouvir sa passion et accomplir un rôle social c’est-à-dire aider les plus démunis et surtout les enfants, à travers une certaine notoriété artistique Je suis marraine de deux associations pour enfants. L’une qui s’appelle Launatho s’occupe des enfants handicapés à Dakar et l’autre qui se trouve à Ouidah au Bénin avec la famille Jah. Si je n’avais pas pu faire la musique je pense que j’aurais travaillé dans le domaine social, je serais par exemple éducatrice ou alors je me serais occupée d’enfants.

Queen Etemé
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Concert : Queen Eteme fait chanter Douala

Après Yaoundé, la diva a offert au public de Douala un concert digne de sa réputation pour marquer son retour au pays

Il n’y avait pas mieux pour ouvrir la série des activités prévue ce mois de mars au centre culturel français de Douala. Une femme, une diva, une reine, pour un concert unique. C’était le jeudi 03 mars dernier, dans une salle archicomble et au décor des grands jours. Dans une longue tunique blanche comme pour symboliser la pureté de la femme, Queen arrive sur la scène à un peu plus de 20 heures et 45 minutes. Ceux qui n’y croyaient pas sont désormais rassurés, elle est bien là. La scène avait été chauffée auparavant par le groupe ESSOKA, un groupe de jeunes chanteurs de gospel qui ont à l’occasion présenté quelques chansons de leur 1er album « Le secret » sorti en 2009. Trois titres auront suffit pour se faire remarquer. Avant que la bande à Queen n’envahisse la scène. Avec des musiciens de renoms: Gabriel Mayo à la guitare, Jean Paul Nintcheu à la basse, Thierry Sandio au clavier, Steve Ndzana à la batterie, Venant Tiomo aux percussions, Sanzy Viany, Henry Okala et Larissa Bahanag aux Ch urs.

Emotions assurées
Côté répertoire, l’artiste a passé en revue des titres de ses trois albums et notamment le dernier « Amazing Encounter », entièrement gospel, qui fait actuellement l’objet d’une tournée africaine. Mais le plus important aura été cette symbiose, cette facilité avec laquelle les échanges ce sont déroulés entre l’artiste et son public. Sur scène, les émotions se succèdent. Notamment à l’entame de « Kuna », la chanson qui l’avait révélée en 2003 dans l’album « Soki ». Le public répond en c ur, de même que sur « A tat » qu’elle interprète avec Henry Okala, une reprise de Georges Séba « qui est un modèle vocal pour nous » rappelle Queen Eteme. Quelques minutes après, en Master of ceremony, Queen introduit sa filleule Sanzy Viany. Les deux voix s’embrassent, s’unissent pour susciter un bonheur indescriptible sur le coup de la chanson « A nti » qui figure sur l’album de ce bout de soleil venu de la Lékié. Ensuite, le temps d’une chanson « Me teug », la salle s’embrase. La mère se met au ch ur et la fille est lead. « C’est ce qu’on appelle le passage de témoin » lance un mélomane. Mais c’est tôt fait que de le dire ainsi, car même si aujourd’hui elle sait donner leur chance aux jeunes, Queen n’est pas prête de s’arrêter.

Queen Eteme a enchanté son public à Douala
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Le pari de la relève
Queen Eteme croit dur comme fer en la jeunesse. « Il y a du talent chez nous, mais les jeunes n’ont pas toujours la chance de s’exprimer. Ils sont un peu en manque de repères ». Et c’est l’une de ses motivations, que de « donner la possibilité aux jeunes que je trouve talentueux de pouvoir montrer leur talent. Parce que c’est eux qui sont l’avenir de notre musique ». C’est le cas par exemple du groupe ESSOKA. « Quand je suis arrivé à Douala, un animateur d’une radio de la place m’a fait écouter ces jeunes, tout de suite je suis tombée sous le charme et j’ai dit pourquoi ne pas leur offrir la première partie de ma scène, un peu comme ce fût le cas pour le groupe Eding à Yaoundé » explique la chanteuse, qui reconnait par la même occasion que seul le talent ne suffit pas. « Les grands d’aujourd’hui sont ceux qui ont longtemps bossé aux côtés des plus grands. A côté du talent, il faut avoir l’humilité d’apprendre derrière ceux qui connaissent ». A ce jour, Queen Eteme compte par dizaine les jeunes qui sont sous ses ailes et qu’elle appelle avec fierté ses enfants. Les plus connus sont, au Cameroun d’abord, la talentueuse Sanzy Viany, avec déjà un album sur le marché, puis il y a la Togolaise Djeny Djella le Bénino-Togolais N’diboul Tossavi dont l’album se prépare à Cotonou le désormais fief de Queen et bien d’autres jeunes artistes « dont vous entendrez parler d’ici quelques années » confie-t-elle. Elle qui ambitionne pour les années à venir « de créer une fondation dans le genre du Village Ki Yi Mbog de Were Were Liking, pour encadrer les jeunes, les manager. Je pense que les aînés doivent s’impliquer davantage pour tenir la main aux jeunes et permettre leur épanouissement. Il n’existe pas de véritable politique culturelle chez nous, autant donc faire un peu si l’on veut donner un espoir à notre musique ».

Queen et sa filleule Sanzy Viany
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Queen Eteme: «Ma relation avec Dieu»

La diva camerounaise désormais basée au Bénin nous parle de son nouvel album «Amazing Encounter», qu’elle présente comme le plus important de sa carrière. Entretien.

Deux ans après «Lafi», vous revenez avec un nouvel album 100% gospel, peut-on dire que c’est là l’affirmation de votre propre personnalité quand on sait que vous avez toujours été très proche de cette tendance?
Je n’ai pas seulement toujours été proche de cette tendance mais le gospel est la base de mon identité artistique et faire un album 100% gospel c’est juste revenir à la source de mon inspiration et satisfaire une partie de mon public qui attendait un album de gospel depuis des années.

A peine l’album est sorti qu’on vous voit déjà sur tellement de scènes, quel retour avez-vous de cet opus?
Cet album est le plus important de ma carrière car il marque clairement la rupture par rapport aux autres à plusieurs titres: C’est le premier que je réalise entièrement sur le sol africain depuis mon retour avec des musiciens qui sont tous basés sur le continent et c’est une première pour moi depuis le début de ma carrière! Aussi, c’est le premier qui parle clairement de ma relation avec Dieu, qui dévoile ma rencontre avec lui et tout ce qu’il a fait dans ma vie. Cet album est aussi l’occasion pour moi de sortir de ma longue absence scénique et c’est peut être pour cela que les promoteurs, les médias et les mélomanes sont enthousiastes depuis qu’il est sur le marché. J’ai donc un bon feed back de l’album car tous les mélomanes se retrouvent.

Il y a dans cet album de nombreuses collaborations dont celle avec René Lokua, le frère de l’autre, chanteur de gospel qui est intervenu dans «Ca va aller», le titre phare, quel a été son apport dans ce projet?
René Lokua est un artiste que j’aime beaucoup et avec lequel je collabore scéniquement depuis un moment. C’est un artiste immense qui chante et glorifie Dieu d’une manière extraordinaire, avec une perfection et une exigence exceptionnelles. Il n’est pas seulement un excellent chanteur mais aussi un compositeur incroyable avec un sens de la mélodie et du texte d’une qualité rare dans le gospel francophone africain. C’est un grand cadeau qu’il m’a offert à travers cette chanson et c’est un privilège pour moi de la chanter et de la mettre en avant pour que les mélomanes découvrent d’avantage ce talent d’Afrique qui mérite d’être plus connu.

Sont aussi présents aux ch urs vos filleuls, la togolaise Djeny Djella et le bénino-togolais N’diboul Tossavi, des jeunes sur qui vous avez complètement misé!
Oui! Ça été pour moi une grâce divine d’avoir la présence aux ch urs de mes enfants Djeny et N’diboul pour communier avec qu’eux sur cet opus et chanter Dieu avec eux, c’est quelque chose que nous faisons déjà tout le temps pour célébrer sa bonté dans nos carrières et sa fidélité dans tout ce que nous faisons ensemble.

C’est un album comme on l’a présenté 100% gospel, mais au-delà de cela que doit-on en retenir?
On doit retenir que cet album est une vraie bouffée d’oxygène en ces temps de fêtes de fin d’année car non seulement il s’adresse à tous les mélomanes sans distinction d’âge ou de religion pour leur apporter des messages qui réchauffent les c urs et les âmes, mais qu’il marque aussi mon émergence sur le marché anglophone (Nigéria, Ghana, etc.) et ce n’est pas rien car c’est un marché de plus de 150 millions d’habitants.

Vous êtes annoncée chez vous au Cameroun en décembre pour de nombreux concerts, peut-on avoir les détails de ce programme?
Oui! Le Cameroun, mon pays natal est une étape importante de ma tournée promotionnelle car mes fans m’y attendent aussi et je compte bien faire des concerts pour le public camerounais qui attend mes concerts depuis des années. J’ai une bonne nouvelle pour mes fans: C’est que je vais enfin donner des concerts au pays début d’année 2011 après les fêtes au Centre culturel français de Yaoundé et de Douala juste le temps de mettre tout cela en place. Les dates seront communiquées ultérieurement pendant ma promo dès que j’y serai et je sais que le seigneur est au contrôle et que tout se passera bien. La rencontre avec mon public aura lieu.

Une tournée africaine de présentation de cet album est également prévue!
Oui, tournée qui commencera donc par le Cameroun, ensuite le Togo et la Côte d’Ivoire dès que tout s’arrangera là-bas.

Doit-on s’attendre à ce que les futurs albums de Queen Eteme ne soient que gospel?
Je laisse le seigneur me guider comme il l’a toujours fait. Pour ma part je suivrai sa direction et la sienne seule.

Album gospel de Queen Eteme
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