L’éducation, le sésame de la jeunesse pour la vie !

Asmaou KARIM, spécialiste en finance d’entreprise, actuellement chef du département d’ingénierie financière et de financements structurés au Port Autonome de Douala, par ailleurs fondatrice de Rabaawah pose une analyse sur l’importance de l’éducation pour la jeunesse.

L’éducation est toujours en crise. D’après l’UNESCO, six enfants sur 10 ne savent pas lire, et à dix ans, ne peuvent pas comprendre un simple récit. De plus, 244 millions de jeunes ne sont toujours pas scolarisés.

Au Cameroun selon le BUCREP, sur 100 enfants de 6 à 14 ans, 75 seulement sont scolarisés, 11 ont été à l’école mais ne fréquentent plus, et 14 n’ont jamais été à l’école. Les filles sont moins scolarisées que les garçons et les régions de l’Est, Adamaoua, Nord et Extrême-nord sont les moins scolarisés.

La Journée Internationale de l’Education 2023 a été célébrée le 24 Janvier dernier sous le thème : « Investir dans l’humain, faire de l’éducation une priorité. » Afin de sensibiliser la population mondiale sur l’importance de l’éducation pour la paix et le développement, l’édition 2023 s’appuie sur l’élan mondial généré par le sommet sur la transformation de l’éducation en Septembre 2022, et a pour objectif de rappeler à tous les leaders mondiaux que l’éducation est la solution. Elle est en effet incontournable pour accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Au nombre de dix-sept (17), les ODD ont été adoptés en 2015 par l’ensemble des Etats membres de l’ONU : Un appel à l’action pour éliminer la pauvreté et améliorer le quotidien de l’ensemble de la population mondiale. Rendu à la moitié du parcours et sans occulter les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière d’éducation.

 L’éducation est un droit essentiel qui permet à chacun de recevoir une instruction. Elle contribue à l’épanouissement personnel en favorisant l’intégration sociale et professionnelle.

En cela, les Etats sont interpellés, car ils ont l’obligation de protéger, respecter et mettre en œuvre le droit à l’éducation. Sans faire ici un état des lieux de l’action du gouvernement camerounais sur cet ODD 4, nous dirons simplement que la situation a connu des progrès mais peut être meilleure, avec plus d’équité, d’inclusion et en garantissant une éducation de qualité. Il faut relever que les budgets alloués ont souvent été importants, mais ils gagneraient à être orientés vers plus de résultats immédiats, notamment en ce qui concerne les infrastructures, la prise en charge du corps enseignant et les différentes réformes nécessaires.

La mise à disposition d’enseignants de qualité et en quantité suffisante, répartis équitablement sur l’ensemble du territoire est aussi un défi majeur pour l’Etat, les jeunes enseignants de nos jours ont des réticences à occuper des postes dans les zones les plus reculées du pays. A cela s’ajoute les difficultés financières du fait, soit des retards administratifs à l’intégration dans la fonction publique, soit des retards de salaires du fait de l’abandon par l’Etat de certaines catégories d’enseignants, ayant entrainé un collectif d’enseignants de lycées à lancer en février 2022 ; un mouvement de grève dénonçant d’énormes arriérés de salaires.

L’éducation est un droit humain universel dont nous avons toutes et tous la responsabilité de promouvoir, d’accompagner en tant que parents, éducateurs et même éduqués.

Il est primordial pour la société dans laquelle nous vivons, que les parents ne démissionnent pas et s’impliquent davantage dans l’éducation des enfants, quelles que soient les circonstances ; que les jeunes retrouvent les repères sociaux perdus du fait des comportements déviants observés ici ou là ; que les nouvelles technologies de l’information et de la communication aient tous leurs effets positifs parce que nous saurions en tirer le meilleur parti ; et enfin, que nous sachions lever les barrières traditionnelles et religieuses qui constituent des freins non négligeables. Aucune religion n’interdit la quête de connaissance. Et nos sociétés traditionnelles ont toujours porté la transmission de la connaissance au cœur de tous les dispositifs de développement personnel. Seulement, les deux ont connu des écarts avec leurs propres fondamentaux, au point de créer des interprétations et des modèles qui ont créés des exclusions de tout ou partie de la société, à l’accès à l’éducation.

Il incombe à chacun d’entre nous de prendre ses responsabilités ; Pouvoirs publics, à travers l’Etat et le corps professionnel de l’éducation ; Parents, via la prise de conscience de l’importance vitale de la bonne éducation de la jeunesse ; Enfants, pilier essentiel du dispositif et bénéficiaires des actions mises en œuvre.

Mais aussi, la Société dans son ensemble, à travers les composantes sociales (autorités traditionnelles et religieuses, société civile, organisations sociales, etc …) qui constituent le quatrième pilier du système éducatif, car quand bien même les trois premiers seraient en ordre de marche vers l’atteinte de cet Objectif de Développement Durable, les freins sociaux (et donc mentaux, comportementaux, etc …) sont encore plus difficiles à lever comme barrières à l’éducation pour toutes et tous.

Rabaawah agit pour l’avenir des jeunes

Conscients de ce que chaque citoyen doit pouvoir apporter sa contribution pour construire notre avenir en commun et interpellés par la situation de l’éducation, plus particulièrement en zones rurales et dans les régions du septentrion, à travers notre organisation Rabaawah qui veut dire partage en langue Haoussa, nous avons pris l’engagement d’apporter notre pierre à la construction d’une meilleure éducation des jeunes filles, car comme le disait Nelson MANDELA « L’éducation doit redevenir une des valeurs essentielles de notre monde. Elle doit rayonner de nouveau, elle doit s’imposer comme une force de bonheur, d’épanouissement, d’espérance ». C’est la raison pour laquelle, notre action vise à promouvoir l’éducation de la jeune fille et à favoriser son autonomisation. Il s’agit de se mobiliser pour renverser la tendance, apporter une contribution à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable 1 (éradication de la pauvreté), 4 (éducation de qualité), 5 (égalité entre les sexes), 10 (réduction des inégalités), sans lesquelles nous ne pourrions aboutir à une société plus juste et inclusive, en cohérence avec l’agenda 2063 de l’Union Africaine et le document Stratégie Nationale de Développement 2020-2030.

Notre programme signature « Et si nous les accompagnions ? » concerne la Jeune fille, issue d’un milieu défavorisé et en difficulté scolaire. Il vise à promouvoir l’autonomisation par l’éducation entre autres, l’amélioration de l’instruction et l’octroi de moyens et d’outils à la Jeune fille, afin qu’elle assume pleinement son rôle au sein de la société à laquelle elle est partie prenante. D’ici à 2025, ce sont 500 Jeunes filles que nous souhaitons accompagner et suivre ainsi que 2000 au moins qui seront sensibilisées. La sensibilisation des parents est également incluse dans ce suivi. Notre cible concernera dans un premier temps les régions désignées Zones d’Education Prioritaire.

Parce que nos actions parlent plus que nos intentions, Rabaawah a pris l’engagement de participer à la bataille de l’éducation pour toutes et tous, en se mettant en ordre de marche avec toutes les bonnes volontés,

–        Unissons nos connaissances, expertises et intelligences ;

–        Mettons notre humanité, nos mains et nos cœurs à l’ouvrage pour la réalisation des rêves de chaque jeune fille et de chaque jeune garçon.

Petite biographie de l’auteure :

Asmaou Karim est spécialiste en finance d’entreprise, diplômée de l’ESSEC de Douala. Elle dirige actuellement le département d’ingénierie financière et de financements structurés au Port Autonome de Douala. Engagée sur les questions de justice et de transformation sociale, elle est fondatrice de *Rabaawah*, organisation qui œuvre pour la promotion de l’éducation et une meilleure vie pour toutes et tous. Attachée à la promotion d’un leadership porté par des valeurs éthiques et morales fortes, telles que la solidarité et la dignité, sa devise est : « Faire de notre société un cadre de vie idéal dans lequel les femmes auront toute leur place dans la construction d’une nation forte, digne et prospère ».