Cameroun: les francs-maçons parlent d’intolérance et de violence

Ces sujets ont été abordés lors des 24e Rencontres humanistes et fraternelles d’Afrique francophone et de Madagascar organisées par la loge le 05 et le 06 février 2016 à Douala

Les 24e Rencontres humanistes et fraternelles d’Afrique francophone et de Madagascar (Rehfram) se sont achevées samedi, 06 février 2016. Pendant deux jours, à Douala, au Cameroun, près de 350 francs-maçons d’Afrique, d’Europe et d’Amérique ont échangé, discuté et débattu. Un forum à huis clos qui permet notamment d’aborder des questions d’actualité. Cette année, les participants ont planché sur la montée de l’intolérance et de la violence.

Avant l’ouverture du Rehfram, les délégations ont été accueillies par le ministre camerounais de l’Enseignement supérieur. Elles sont hébergées dans un grand hôtel de Douala avec des tarifs préférentiels, négociés pour l’occasion.
Pendant deux jours, les réflexions se déroulent dans un cercle restreint. Il y a d’abord une assemblée, puis des travaux de groupe. Ces rencontres, une sorte de forum entre francs-maçons, sont notamment l’occasion de mieux divulguer les rites d’initiation maçonnique. Mais à côté de cela, les « frères » et « s urs » planchent chaque année sur une problématique. La question d’actualité est la suivante : « Face à l’intolérance et à la violence, quels sont les devoirs des francs-maçons » ?

Des paroles aux actes ?
Une réflexion qui donne lieu ensuite à une déclaration finale. Mais que deviennent donc ces appels de principes ? Parmi les participants, certains prônent le changement, l’action : « La maçonnerie africaine doit délivrer un message sur l’actualité mondiale », clame un des participants qui regrette le fait « les synthèses des précédentes éditions ne soient pas exploitées ».

Au sein du comité d’organisation, on note toutefois une évolution : « Les formations africaines commencent à s’assumer », constate un maçon camerounais. Avant de poursuivre : « Il est bien difficile de se faire entendre quand on est à l’écart ».

Des francs-maçons racontent leur expérience
Le prochain rendez-vous de la franc-maçonnerie africaine se tiendra dans un an, les 3 et 4 février, à Madagascar.

Des francs-maçons ont accepté de se dévoiler pour évoquer l’intérêt de ces rencontres qui se déroulent loin des regards du grand public.
C’est à l’origine par curiosité que Joseph Badila décide d’adhérer à une loge maçonnique. 34 ans plus tard, ce franc-maçon reste marqué par le jour de son initiation au Grand Orient de France. « On est impressionné par ce qu’on appelle le cabinet de réflexion. Quand vous êtes emmurés dans une chambre noire et on vous demande de répondre à un questionnaire sous forme de testament, tu te demandes ce qui va t’arriver ! On te demande de réfléchir sur ton passé, sur le présent et sur l’avenir », raconte-t-il.

En 1983, Joseph Badila crée une loge maçonnique à Brazzaville. Ce cadre lui permet d’échanger sur les valeurs morales et philosophiques avec ses « frères » et « s urs » actifs dans d’autres loges du continent. Notamment à l’occasion, chaque année, des Rehfram.
Mais pour Joseph Badila, la maçonnerie africaine a encore beaucoup à faire pour jouer un rôle dans la société. « Vous avez la corruption qui gangrène la société et donc la maçonnerie peut être cet outil essentiel pour qu’il y ait des hommes qui doivent absolument améliorer cette société », espère-t-il.

Encore faut-il que les déclarations finales de ces rencontres soient appliquées par leurs membres. Or ces dernières années, des maçons aguerris voient affluer un grand nombre d’initiés, parfois motivés par une bonne dose d’opportunisme. Comme l’explique Charles Mba, qui est aujourd’hui au 33e degré du rite écossais. « Est-ce qu’il y a de plus en plus de gens qui franchissent le pas, oui ? Est-ce qu’ils le franchissent bien, j’ai peur que non, souligne-t-il. Il y a effectivement l’idée reçue que la franc-maçonnerie peut ouvrir un certain nombre de portes ».

Le texte organisant la loge Franc-maçonnique
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Cameroun: Le cacao au centre des réflexions entre les professionnels

Le Conseil international du cacao, instance suprême de l’Organisation internationale du cacao se réunit depuis le 22 mars à Yaoundé

Réfléchir sur les problèmes du cacao africain
Les assises de Yaoundé, les premières en Afrique depuis la création de l’Organisation internationale du cacao en 1973 seront l’occasion de discussions sur un nouvel accord en négociation, et la désignation d’un nouveau Directeur exécutif pour cette organisation. Lors d’une conférence de presse sur le sujet le 16 mars dernier, le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana du commerce qui annonçait officiellement l’évènement a présenté les enjeux. S’agissant du nouvel accord international sur le cacao, les pays producteurs et les pays consommateurs de ce produit de base ne s’accordent pas sur des données telles que la définition du contenu de la notion de durabilité liée à l’écologie et la préservation de l’environnement. Un autre sujet de discussion concernera l’admission des ONG au sein de l’organisation. Nous pensons que Yaoundé servira de consensus pour que ces deux points puissent faire avancer les choses, relevait Luc Magloire Mbarga. La situation urge, le nouvel accord devra être adopté lors d’une réunion de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) le 24 avril à Genève en Suisse.

Un contexte de légère crise qualitative au Cameroun
Le Cameroun accueille ces assises dans un contexte où le gouvernement se réjouit de l’amélioration de la qualité et de la quantité du cacao produit au Cameroun, lors de la dernière campagne. Mais de nombreux observateurs et même le gouvernement reconnaissent que l’exigence qualitative reste un défi permanent. Le séchage des fèves est la principale difficulté des planteurs. Des producteurs sèchent encore le cacao aux abords des grands axes goudronnés, ce qui en affecte la consommation. Parfois aussi, le produit est vendu alors qu’il n’a pas été bien séché.

Dans la région du Nord-Ouest, le séchage s’effectue à l’ancienne, dans des greniers au-dessus des cuisines traditionnelles. La conséquence est la forte odeur de fumée qui s’y dégage. Un phénomène déploré sur le marché international. Michael Ndoping, le Directeur général de l’Office national de développement du cacao et du café, (ONCC), qui s’exprimait au cours de la conférence de presse du 16 mars conjointement avec le ministre, a annoncé un projet financé par l’Union Européenne visant à améliorer la qualité du séchage. Mais pour de nombreux observateurs, le véritable problème du caco en Afrique reste sa filière. Introduit par les puissances coloniales, le cacao qui est produit à 70% en Afrique n’y est presque pas consommé.

La place du cacao africain dans le monde
L’Organisation internationale du cacao (ICCO) est une organisation intergouvernementale créée par la CNUCED pour assurer le respect des accords internationaux sur le cacao. L’ICCO assure la transparence des marchés par la collecte, le traitement et la publication des statistiques du produit. Elle se présente comme la source la plus autorisée en matière de statistiques sur le cacao au niveau mondial. L’organisation regroupe 44 pays membres, parmi lesquels 13 pays producteurs et 29 pays consommateurs. Le cacao occupe la troisième place après le sucre et le café dans le marché mondial des matières premières. La culture du cacao représente une source de revenus importante pour un grand nombre de petits agriculteurs. Les plantations sont encore des exploitations familiales de 2 à 10 hectares. Traditionnellement, le cacao est cultivé dans les pays producteurs et vendus à l’export sous forme de fèves. La transformation du cacao pour la fabrication de produits finis ou semi-finis (beurre de cacao, liqueur de cacao, cacao en poudre, chocolat, etc.) s’effectue dans les pays importateurs. Cependant, certains pays producteurs tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Brésil se lancent eux aussi depuis quelques années dans le broyage local de leur production afin de bénéficier d’une plus-value à l’exportation. La rencontre internationale de Yaoundé prend fin le 24 mars prochain.

Une cabosse et des fèves de cacao