Cameroun-Islam : début du mois de Ramadan fixé (officiel)

L’annonce est de la Commission nationale du croissant lunaire dans un communiqué en date du 21 mars 2023.

A compter du jeudi 23 mars 2023, les fidèles musulmans entrent dans le mois béni du Ramadan. L’information est connue depuis hier, le 21 mars. « Le croissant lunaire devant marquer le début de Ramadan 2023, n’a été aperçu nulle part sur l’étendue du territoire national ce 21 mars. Par conséquent, le mois de Châbane sera complété à 30 jours et le jeûne débutera, in cha Allah, le jeudi 23 mars 2023 », informe la Commission nationale du croissant lunaire via un communiqué.

L’instance dont le Pr Souley Mane est le porte-parole « souhaite à tous les musulmans un très bon début du jeûne et les invite à intensifier les prières durant tout le mois de Ramadan afin qu’Allah, le Très-Haut, consolide la paix, la santé et la prospérité au Cameroun et dans le monde », peut-on lire. Pendant les 30 prochains jours à compter du 23 mars, les fidèles musulmans vont vivre au rythme d’intenses prières, de privations diverses et de partage selon les prescriptions de l’Islam.

Cameroun : le milliardaire Patrice Motsepe offre plus de 230 millions de FCFA à deux confessions religieuses

Le président de la Confédération africaine de football (Caf) a fait deux dons successifs de 200 mille dollars à l’église catholique et à la communauté musulmane du Cameroun.

Patrice Motsepe fait parler son cœur en faveur des communautés religieuses au Cameroun. L’actuel président de la Caf présent au Cameroun depuis le 07 février participe à la Coupe d’Afrique des nations Cant Total Energies 2021. En marge de cette fête continentale qu’organise la Confédération africaine de football (Caf) dont il est le président depuis le 12 mars 2021, le Sud-africain accomplit deux actes de charité.

Le dernier en date est l’offre de 200 mille dollars américains (plus de 115 millions de francs CFA) aux communautés de confession musulmane au Cameroun. L’offre a été faite au nom de la Fondation Motsepe le 04 février 2022 à la mosquée centrale de la Briqueterie à Yaoundé. C’était au terme de la prière de vendredi.

Bien avant la communauté musulmane, c’est l’église catholique qui a reçu l’enveloppe au nom de la même fondation. Dimanche 16 janvier, une semaine après le coup d’envoi de la Can 2021, le milliardaire sud-africain a offert 200 000 dollars américains à la paroisse anglophone saint Joseph de Mvog-Ada à Yaoundé.

Ainsi, en l’espace de trois semaines, l’homme d’affaires âgé de 59 ans a fait don de 400 000  de dollars américains aux confessions religieuses, soit plus de 230 millions de francs Cfa.

Pour rappel, Patrice Motsepe est classé 10è plus grosse fortune d’Afrique. L’enfant de Soweto figure parmi les  trois Sud-africains les plus riches. Le magazine américain Forbes qui le classe ainsi estime son patrimoine à environ 2,5 milliards d’euros.

L’époux de Precious Makosi Moloi, tire ses revenus dans l’industrie minière et la finance.  Le philanthrope Motsepe est aussi le beau-frère du président Cyril Ramaphosa ; sa sœur Tshepo est  l’actuelle première dame sud-africaine. Le fondateur de l’entreprise African Rainbow Minerals Gold Limited a fait des études supérieures en droit minier, en affaire et en art. Père de trois garçons, Kgosi Motsepe, Thlopie Motsepe, Kabelo Motsepe, le donateur est fils de commerçants. Ses parents l’avaient inscrit dans une école privée catholique pour y suivre des études primaires.

Arts plastiques : Marc Padeu interroge les croyances religieuses et ancestrales

Dans son exposition en cours à Douala, baptisée « Credo In Umum Deum», l’artiste plasticien camerounais fait un rapprochement entre le christianisme et les cultes rituels traditionnels.

A lire le titre de l’exposition, «Credo In Umum Deum » (nous croyons en seul Dieu), on se croirait tout de suite plongé dans l’histoire de la vie de Jésus. Du moins, celle contée par l’église catholique. Que non ! A bien observer chacun des onze tableaux soigneusement disposés dans le centre d’art contemporain Doual’art, on y décèle des motifs qui renvoient aux coutumes africaines, aux rites ancestraux.

Marc Padeu, l’auteur de ces peintures, a visiblement réécris l’histoire de la vie de Christ en s’écartant de celle jusqu’ici contée et y associant des symboles rituels qui contrastent avec le religieux. Dans sa mise en scène à lui, il redistribue de nouveaux rôles à l’ange Gabriel, à Jésus, à Marie, au pape. A côté des armoiries de l’église, il y place des objets de culte.

On découvre par exemple un Jésus né adulte. Un autre tableau présente des disciples tenant une bougie, mais dont les visages sont cachés derrière des masques rituels parés de perles. Plus loin, une autre peinture illustre Marie, peinte en bleu, tenant à ses jambes un crâne humain, probablement celui de son fils après sa mort.

Toutes les peintures de « Credo In Umum Deum», fortement colorées et traversées par la lumière, font cette juxtaposition entre la croyance religieuse et les coutumes. Un rapprochement qui peut déranger, mais qui pousse aussi à questionner cette dualité présente dans la vie de nombreux africains attachés à la fois à leur croyance ancestrale et à la vie chrétienne. Et qui, tous les dimanches, récitent le « Credo In Umum Deum »  (Je crois en seul Dieu).

Dualité

Marc Padeu, l’auteur de ces tableaux, en est le prototype. Très jeune, il doit suivre maman très impliquée dans les affaires de l’église. Mais de l’autre côté, papa est notable et membre d’une société secrète à la chefferie traditionnelle. Une double influence qui va accompagner toute la jeunesse du peintre, aujourd’hui âgé de 28 ans.

La passion pour l’art va conduire Marc Padeu à s’inscrire à l’Institut des Beaux Arts de Nkongsamba. Une fois installé dans cette ville située dans le département du Moungo, le jeune artiste est très vite sollicité par des églises la localité pour y réaliser quelques peintures.

«Un jour, une femme est entrée à l’église et s’est prosternée devant une de mes peintures. Là, j’ai compris la force que pouvais avoir une image », indique Marc Padeu, émerveillé. Il sera plus tard appelé à visiter des cases patrimoniales et des musées des chefferies dans la région de l’Ouest du Cameroun. Depuis 2012, il réalise des peintures murales et sur toiles, à la commande des prêtres, de confréries catholiques, ainsi que pour des chefferies traditionnelles.

Est-ce l’origine du déclic pour la préparation de cette exposition ? On s’est tout juste que Marc Padeu a préparé cette grande première exposition individuelle assortie d’une installation pendant un an. Il a bénéficié du concours et de l’encouragement de camarades de promotion. L’exposition ouverte le 20 juillet 2018 dans la capitale économique s’achève le 15 septembre.

Les Camerounais au-dessus de la moyenne de tolérance

Selon le rapport Afrobaromètre publié le 01er mars 2016, les Camerounais sont tolérants à la présence des personnes issues d’autres ethnies, confessions réligieuses et celles souffrant de VIH-Sida

Qui est le voisin idéal ? Au Cameroun la question ne se pose presque pas. Et pour cause, les Camerounais sont tolérants. C’est ce qu’il ressort du round 6 d’Afrobaromètre, un sondage que le réseau de recherches indépendant effectue tous les deux ans dans les pays africains. Objectif, établir de nouvelles données sur les attitudes des africains envers la gouvernance, les conditions économiques et autres questions connexes à travers l’Afrique.

L’enquête d’Afrobaromètre qui s’étendait sur 33 pays d’Afrique a été réalisée au Cameroun entre janvier et février 2015 auprès de 54.000 personnes. Les questions retenues pour cette étude, 2e du genre, Sont centrées sur la tolérance envers des personnes qui sont différentes sur la base de l’appartenance ethnique, de la religion, de la nationalité, de l’affiliation politique ou de l’orientation sexuelle.

Pour chacun les groupes de personnes cités, les répondants devaient indiquer s’ils souhaiteraient les avoir pour voisins, s’ils n’aimeraient pas cela, ou si cela n’a pas d’importance pour eux.

Dans cette lancée, 52% des répondants ont affirmé que cela n’avait pas d’importance que leur voisin vienne d’une autre ethnie ; 25% ont indiqué aimer fortement cela et seuls 2% manifesté fortement leur gêne face à cette idée.

S’agissant de la tolérance envers les personnes appartenant à une autre confession réligieuse, les statistiques publiées Indiquent que 51% des Camerounais n’accordent pas d’importance à cela ; 22% aiment fortement cette différence et 4% sont réfractaires à cette idée.

Le même rapport indique que 52% des Camerounais n’accordent pas d’importance à ce que leur voisin soit un expatrié. 13% des répondants apprécient cette cohabitation et pour 6% des personnes interrogées, cela est un véritable problème.

Concernant les personnes vivant avec le VIH-Sida, 12% des répondants ne tolèrent pas leur proximité. Tandis que pour 53% des Camerounais, cela ne change rien. Les homosexuels représentent la catégorie de personnes qui ne sont pas tolérés dans le pays. Si 10% des personnes indiquent ne pas accorder d’importance à ce critère de distinction, 80% détesteraient fortement avoir un voisin homosexuels et 3% n’ont pas d’avis sur ce sujet.

De l’avis des spécialistes en sciences sociales qui ont mené les entretiens sur le terrain le dégré de tolérance le plus élevé s’est manifesté chez des jeunes âgés de 18-30 ans ; des citadins ; des personnes ayant accès aux médias, des chrétiens ; des hommes et des membres d’une population diversifiée.

Le Round 6 d’Afrobaromètre est entre autres réalisé sous la coordination du Centre pour le développement de la démocratie (CDD) au Ghana, l’Institut de justice et de la réconciliation (IJR) en Afrique du Sud, l’Institut des études de développement (IDS) à l’Université de Nairobi au Kenya.

L’Université d’Etat du Michigan et l’Université de Cape Town apportent une assistance technique au projet. Le soutien financier a été fourni par de nombreuses institutions à l’instar du Département britannique pour le développement international (DFID), la Fondation Mo Ibrahim, etc.

Capture d’écran
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39ème Conférence épiscopale nationale: l’Eglise dit «non» au divorce!

Comment sauver le mariage chrétien? La question est au c ur des échanges entre les évêques réunis à Batouri depuis lundi 11 janvier dans le cadre de cette rencontre annuelle

Rendu au deuxième jour du séminaire des évêques (mardi 12 janvier 2016, ndlr) qui se tient à Batouri, dans la région de l’Est au Cameroun, les prélats tentent d’apporter une solution pour sauver le mariage chrétien en crise. Les échanges sont principalement focalisés sur le malaise qui sévit dans les foyers chrétiens, causant ainsi des divorces.
Dans une interview accordée au quotidien national, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, pointe du doigt la pauvreté et le manque de dialogue. Pour le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, ce manque de dialogue « est souvent dû à l’influence des moyens de communication comme la télévision. Les conjoints n’ont plus le temps de s’entretenir normalement, d’être ensemble ».

Le manque de connaissance des enjeux du mariage sacramental et le déficit d’accompagnement des familles après les célébrations de l’union sont aussi évoquées comme causes d’échec du mariage chrétien.

Qualifié par Mgr Cornelius Esua, de « service après-vente du mariage », l’accompagnement des familles semble être une solution proposée par l’archevêque de Bamenda, à condition que le jeune couple le désire.

Toujours dans le chapitre des solutions qui se dégagent peu à peu des débats, Mgr Christophe Zoa et Mgr Athanase Balla suggèrent un retour aux pratiques culturelles ou ancestrales, à l’instar du Sixa. Bannis depuis longtemps, ces noviciats chargés de préparer les femmes au mariage n’ont plus été remplacés.

Les échanges se poursuivent néanmoins, pour égrainer le chapelet de solutions possibles. Les participants à ce séminaire ont jusqu’à samedi 16 janvier 2016, pour rendre la copie finale de leurs travaux.

Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun
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La religion comme norme de la résignation du peuple camerounais

Par Bapooh Lipot Robert

Au moment où le peuple camerounais dans son ensemble s’apprête à célébrer la fête de la nativité, une réflexion s’impose : quelle fonction joue la religion dans notre société
Aujourd’hui ?

En réalité, lorsqu’on s’approche de la vie des camerounais, on constate un fait majeur : parmi les maux qui menacent le Patrimoine Humain Camerounais, la religion se trouve au c ur de la distraction de notre peuple par rapport aux objectifs que l’Etat peut se fixer dans l’urgence du développement du Cameroun. Si l’on peut être porté à ne pas douter de l’existence de Dieu ou de l’apport que peut avoir la religion dans la culture morale et éthique d’une Nation, on a le devoir de reconnaitre que la prolifération des prophètes et des églises est une menace pour le développement du Cameroun.

Ayant les mêmes effets déstructurant que l’alcool, les églises nouvelles éloignent l’individu de son devoir citoyen et familial pour lui promettre une vie qui ne cadre pas toujours avec les exigences existentielles. Comme les adeptes vivent dans la société et non pas encore au paradis, ils deviennent une charge pour leurs familles et l’Etat. On peut alors assister à certains dysfonctionnements dans les familles, les clans, etc. c’est dans ce sillage qu’apparaissent les divorces, les scandales de pédophilie, des laboratoires d’homosexualité et des perversions diverses qui laissent dans les familles et les couples, des séquelles néfastes. Les enfants sont généralement victimes de cet élan moyenâgeux qui connait le paradoxe d’être généralement initié et organisé par ceux qu’on peut considérer à juste titre comme les phares de la société en se référant à leur excursion dans l’univers de la rationalité. Est-ce une preuve pour mieux nous permettre de déceler dans cette option, l’expression de la dictature du sophisme au moment où l’on procède à l’humiliation des sages ?

Il y a lieu de le constater. L’obscurantisme est devenu une menace pour notre pays. Les grandes décisions qui portent sur la modernité, c’est-à-dire le triomphe de l’analyse, de la rationalité et du savoir véritable, sont parfois scrutées par les bougies au lieu d’être éclairées par la lumière naturelle qu’est la raison. Les gourous sortent le personnel de l’Etat de ses fonctions essentielles pour en faire ici un groupe de prière, là une chorale, plus loin un laboratoire d’orgies où « les chauves-souris » rentrent dans les louanges qui nous rappellent l’univers d’Eborzel décrit par Bernard Nanga dans son uvre intitulée « Les Chauves-souris ». Il y a urgence de sortir l’Etat de ce processus « d’éborzélisation » pour donner à la science, c’est-à-dire au savoir critique et analytique l’occasion de permettre aux citoyens de penser, de travailler, de se prendre en charge afin de réaliser leur salut terrestre. C’est le prix du développement d’une Nation. Car, faudrait-il encore se le rappeler : l’obscurantisme qui est véhiculé dans les églises -élites ne peut donner naissance qu’à la promotion de la soumission, de la démission, de la corruption, de l’escroquerie morale, aux divorces et en dernier ressort, à l’anarchie et au renforcement des bases de sous-développement.

Lorsque les biens de l’Etat sont associés à une telle action pour louer à longueur de semaines, voire des mois, la virginité de Marie, on assiste à une violation de notre Constitution qui consacre le Cameroun comme un Etat laïc. Voilà pourquoi, il faut interpeller le gouvernement face à la prolifération des églises-élites. Il lui revient de mettre fin à cette imposture que constitue le règne des messies qui écument les villes et les campagnes camerounaises tout en détournant les camerounais de leurs devoirs civils et civiques. Le silence complice qui prévaut aujourd’hui à l’égard de ces congrégations d’endormissement des consciences montre à suffisance que le discours sur la modernité dans un univers où la bougie, l’écorce, la croix l’emportent sur la raison, n’est qu’une distraction qui ne peut que servir les intérêts de la ploutocratie. On ne va pas combattre la pauvreté endémique et le sous-développement, relever les défis de la mondialisation avec les prismes obscurantistes. Dès lors, la démystification de la détermination administrative et sociale s’impose au Cameroun afin d’amorcer le sursaut intellectuel qui va véritablement nous conduire vers le développement réel de notre Nation. Ce qui consacre la célébration du mérite et le travail tout en tournant le dos à la soumission aux gourous et à bien d’autres maîtres chanteurs. Car, loin d’être des personnes habitées par une véritable révélation divine, ces maîtres chanteurs, dames et Messiers sont effectivement des bonimenteurs.

C’est une nouvelle pensée sociale qu’il faudra promouvoir en lieu et place de la sociale-sophistique et de l’éthique magico-religieuse ambiante. Cette nouvelle pensée sociale qui puisera son énergie dans le Nouvel Esprit Politique, célébrera « la Beauté et la Vertu du Savoir », seule instance normative et législatrice du Développement Social et Humain. Il s’agit d’une uvre dont l’épicentre épousera les contours de l’avènement de notre siècle de lumières. Pour comprendre l’importance de cette recomposition de la Conscience Citoyenne par rapport à la science, un bref aperçu de la place des Lumières dans le développement de l’Occident nous guidera mieux.

A l’époque médiévale, l’Europe était gagnée par la mentalité magico-religieuse. Tout revêtait un caractère mythique et mystique. Le monde était sous le joug de la foi. Un tel univers s’est caractérisé par le règne de l’obscurantisme garantit par les régimes dictatoriaux et les monarchies. Le pouvoir venait de Dieu et des cercles mystiques. Le roi était le représentant de Dieu au sein de la société humaine et était vénéré comme tel. Sa volonté était l’expression de la volonté divine qui exigeait de ses sujets obéissance et soumission. Pour asseoir son pouvoir sur les bases solides, le politique cultivait l’allégeance, l’intrigue, la délation, la corruption des consciences, le crime, la prolifération des sectes et tous les prismes de négation de la conscience du Peuple. Pour maintenir le Peuple dans un statut de « militants convaincus » ou dévot, il fallait promouvoir le faux savoir tout en pourchassant tous ceux qui célébraient les vertus de la science, c’est-à-dire les disciples de l’esprit critique. C’est dans ce sillage que les sophistes élaborèrent des cantiques à la gloire de la dictature, de la négation du Savoir, de la mise entre parenthèses de la Liberté et de la Souveraineté du Peuple.

L’inquisition pouvait alors trouver son terrain de prédilection pour promouvoir l’ignorance et organiser les consciences par les mécanismes du lavage des cerveaux. C’est cet univers d’enfer qui a donné à l’Europe médiévale ses lettres de créance pour exercer sur le Peuple toutes les théories nécessaires à son abêtissement. D’où cette Europe et cette Méditerranée de guerres religieuses, d’obscurantisme, du pouvoir absolu, des épidémies et des misères qui ont rempli le moyen-âge. Il a fallu reconnaitre le pouvoir de l’esprit rationnel, pour sortir de ce processus de négation humaine.

La grande énergie de l’accès de l’Europe à l’émancipation se trouve entre autres dans la pensée de René Descartes. S’insurgeant contre le règne de l’obscurantisme et refusant de contempler le ciel pour se déterminer, René Descartes rentre en relation avec lui-même pour nous produire cette pensée restée célèbre :
« cogito ergo sum », « je pense donc je suis ».

Cette appréhension de son existence par le biais de la pensée est capitale dans le développement humain. C’est elle qui va jeter les bases d’un processus dont le Siècle des Lumières marquera l’apothéose. « Je pense donc je suis », est une autre manière de dire, « je refuse d’être un militant convaincu. Je me dois de penser par moi-même ». Il s’agit de l’acte de penser pour panser sa détermination sociale. Ce qui exige une soumission à l’analyse, à la critique, à la décomposition et au tri de tout ce qui relève du domaine de Dieu, de la politique, des croyances, des mythes, des mystères, des sectes etc. D’où la nécessité de négation de tout suivisme et la promotion de l’autodétermination et l’autogouvernement de l’homme. En systématisant le règne de la Raison comme pôle référentiel de la détermination sociale et politique, option qui sera couronnée par l’avènement des Républiques et de la Démocratie, le siècle de Lumières a préparé le terrain à la Révolution Industrielle et, partant, a jeté les bases du développement de l’Europe. On peut alors affirmer avec conviction que sans la promotion de la Liberté et de la Raison comme seules instances normatives et législatrices du comportement social et politique, l’Europe n’aurait jamais accédé au développement, constituant pour ainsi dire un modèle pour le reste du monde. Quelles sont les leçons que nous pouvons tirer de cette expérience européenne pour le Cameroun en particulier et pour l’Afrique en général ?

Si nous dégageons les points de convergence historique entre le Cameroun et l’Europe, nous pouvons facilement identifier notre position. Dans un Cameroun où les phénomènes sont généralement analysés par les prismes magico-religieux, le politique s’éclairant des mystères des loges et de la sophistique, l’honnêteté intellectuelle exige de nous que, nous reconnaissions l’ère du moyen-âge dans lequel nous vivons.

Ce qui est paradoxal, c’est le discours d’aspiration au développement que nous tenons au c ur de ce gouffre obscurantiste, cette caverne où les images se confondent avec la réalité, les feymens endimanchés qui côtoient les sophistes pour narguer les disciples de la Science ; les disciples de Satan et autres cercles ésotériques qui prient avec ceux de Jésus et de Mahomet. Cet univers chaotique où il y a de la honte à croire aux pouvoirs de la Liberté et de la Raison ou célébrer la Beauté, la Vertu du Savoir véritable et son opérationnalité ; cet univers où les bougies, les totems, les écorces norment le politique et la science, témoigne à juste titre de notre appartenance au moyen-âge. On peut alors constater, sans verser dans le fatalisme idéologique que le sous-développement au Cameroun en particulier et même en Afrique en général, n’est pas une fatalité encore moins une punition des dieux ou comme il se dit généralement dans les cercles de l’escroquerie morale, une simple volonté de l’occident de maintenir l’Afrique dans la misère et la pauvreté. Il émane du triomphe de l’obscurantisme sur les Lumières, c’est-à-dire le règne des mythes, des mystères, de la religion, des sectes et de la sophistique.

Célébrons la nativité sous l’angle de la quête du règne de la Raison et de la Vérité. Tourner le dos à cette exigence qui se déploie en évidence pour chercher le paradis et Jérusalem, c’est véritablement faire allégeance à l’obscurantisme, aux prophètes des églises-élites généralement serviteurs de la ploutocratie. Maintenir tout un peuple sous la coupole médiévale au moment où les flots de la misère gagnent son âme, n’est rien d’autre qu’un crime contre l’humanité.
Joyeux Noel au Peuple Camerounais.


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Partis politiques et confessions religieuses prolifèrent au Cameroun (enquête)

Le Cameroun comptait 298 partis politiques légalisés en fin 2014 contre 291 en 2013, selon l’annuaire statistique que vient de publier le Minatd

Le Cameroun comptait 298 partis politiques légalisés en fin 2014 contre 291 en 2013, 282 en 2012, 274 en 2011 et 254 en 2010, selon l’Annuaire statistique que vient de publier le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd).

En termes de représentation du genre, 14 de ces formations, pour un pays de quelque 22 millions d’âmes, étaient dirigées par des femmes dont deux étaient candidates sur 23 prétendants à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 : Edith Kabang Walla (Cameroon People’s Party, 34.639 suffrages favorables, 6ème au classement) et Esther Dang (Bloc pour la reconstruction et l’indépendance économique du Cameroun, 15.775 suffrages favorables, 11ème au classement).

Au Sénat, elles sont 21 sur 100 sièges par ailleurs majoritairement occupés par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir, 64) suivi par le Front social démocratique (Sdf, 12), l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp), le Front pour le salut national (Fsnc) et l’Union démocratique du Cameroun (Udc), 1 siège chacun.

A l’Assemblée nationale où siègent 56 femmes pour 180 élus, le leadership est assuré par le Rdpc (148) suivi du Sdf (18), l’Undp (5), l’Udc (4), l’Union des populations du Cameroun (Upc, 3), le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et le Mouvement pour la défense de la République (Mdr), 1 siège chacun.

Dans les conseils municipaux, 31 femmes occupent le poste de maire pour les 360 municipalités que compte le Cameroun.

S’agissant des confessions religieuses, le tableau du Minatd en dénombre 47 comme un an auparavant.

L’on note toutefois que, en fin juin 2014, une enquête du même département avait permis de décompter la présence de 688 églises à travers le pays et que ce chiffre, selon d’autres sources, serait bien plus important si l’on considère la prolifération des confessions dites «réveillées» au même titre que les nouveaux prophètes, qui exercent parfois dans des domiciles privés.

Le chef de ce département ministériel, René Emmanuel Sadi, interpellé à l’Assemblée nationale, avait alors invoqué un sujet «délicat», expliquant cette tolérance administrative et juridique par le souci des pouvoirs publics de concilier la liberté de culte à la règlementation en vigueur.

«L’exploitation des résultats de notre enquête devrait aboutir à des mesures et propositions adéquates allant dans le sens de l’assainissement et de la régulation, a-t-il expliqué. L’approche de mon département aura à privilégier la transparence, la responsabilisation, l’information et la sensibilisation à l’endroit des promoteurs et de leurs ouailles.»

Aussitôt, certaines autorités préfectorales, notamment dans les régions du Centre et du Littoral, avaient alors entrepris la fermeture de quelques temples mis à l’index avant d’être stoppés dans leur élan par la hiérarchie.


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Les enjeux de la visite du pape François en Afrique

Ce mercredi 25 novembre au matin le pape François s’envole pour l’Afrique. Pendant six jours, il fera étape au Kenya, en Ouganda et enfin en République centrafricaine

Ce mercredi 25 novembre au matin le pape François s’envole pour l’Afrique. Pendant six jours, il fera étape au Kenya, en Ouganda et enfin en République centrafricaine. Un voyage aux multiples enjeux et qui intervient notamment dans un contexte où les églises protestantes ont le vent en poupe sur le continent.

Si le premier geste fort de son pontificat a été de se rendre sur l’île italienne de Lampedusa pour jeter un regard vers une Afrique qui y fait symboliquement naufrage, jamais François, même avant d’être élu pape, ne s’est encore rendu sur le continent africain, rappelle notre correspondant au Vatican, Antoine-Marie Izoard.

De Nairobi à Bangui en passant par Kampala, durant six jours, il entend prêcher la paix, le dialogue entre religions et la lutte contre l’exclusion. S’il encouragera l’Eglise du continent, les jeunes catholiques en particulier, le pape effectuera également plusieurs visites symboliques, comme celle d’un immense bidonville au Kenya, d’un dispensaire en Ouganda, ou encore d’un camp de déplacés et d’une mosquée à Bangui, la capitale centrafricaine.

A Nairobi, le pape doit aussi visiter le quartier général des Nations unies où il devrait à la fois évoquer la protection de la planète et la lutte contre l’exclusion. En Ouganda, il devrait mettre en avant le témoignage de foi des martyrs, catholiques et anglicans, tués à la fin du 19e siècle.

« Messager de paix »
En République centrafricaine, si les conditions de sécurité le permettent, il doit encourager au dialogue et à la réconciliation, sur fond de tensions intercommunautaires. « Je souhaite de tout c ur que ma visite puisse contribuer d’une manière ou d’une autre à panser vos blessures et à ouvrir un avenir plus serein pour la Centrafrique et tous ses habitants », a-t-il déclaré à l’adresse des Centrafricains, au micro de Radio Vatican.

« C’est en messager de paix que je me rends chez vous, a-t-il ajouté. J’aurai à c ur de soutenir le dialogue interreligieux pour encourager la cohabitation pacifique dans votre pays. Je sais que cela est possible. » Reste que cette dernière étape risque de connaître quelques modifications, tant pour la sécurité du pape que pour celle des fidèles catholiques venus à sa rencontre.

Le succès des églises protestantes
Mais la visite du pape François en Afrique intervient aussi dans un contexte plus général de concurrence entre les mouvements catholiques et protestants en Afrique. Deux sensibilités chrétiennes qui cohabitent, coopèrent souvent, mais rivalisent également pour attirer les fidèles.

En 1910, selon le Pew Forum, un institut de recherche américain, la chrétienté était aux 2/3 européenne. Un siècle plus tard, aucun continent ne peut plus être considéré comme le centre de cette chrétienté. Il y a plusieurs pôles. Et l’Afrique est l’un des plus dynamiques. Le nombre de chrétiens a été multiplié par 57 en un siècle, selon Pew Forum. Un quart de l’ensemble des chrétiens de la planète est situé sur le continent.

Au sein de ce monde chrétien africain, ce sont cependant les églises protestantes, et notamment les églises dites du réveil qui ont le plus le vent en poupe : 57% des chrétiens africains sont protestants, 34% sont catholiques. L’enjeu est donc de taille. Une Afrique qui peut être moteur pour l’Eglise catholique. Mais où l’Eglise fait face à une concurrence d’autres sensibilités chrétiennes.

Le Kenya se prépare à la visite du pape
Le voyage du pape François au Kenya s’inscrit dans un contexte tendu avec les récents attentats de Paris et la prise d’otages de l’hôtel de Bamako. Mais plus encore, le Kenya, qui fournit un contingent militaire à la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), est une cible privilégiée des islamistes shebabs qui ont déjà frappé à plusieurs reprises Nairobi.

Les autorités kenyanes en sont conscientes. Elles ont déployé 10 000 policiers rien que dans cette ville, chargés « d’assurer la sécurité sur toutes les routes que va emprunter François et dans les lieux où il se rendra », explique le chef de la police kenyane, Joseph Boinett.

Et ils ne vont pas chômer. Contrairement à [a2 http://www.rfi.fr/afrique/20150727-barack-obama-kenya-shebabs-terrorisme-investissements-homosexuels la visite du président américain Barack Obama en juillet, où l’on avait invité les habitants de Nairobi à rester chez eux, cette fois, c’est le contraire. Le gouvernement encourage les gens à venir accueillir le Saint-Père, des centaines de milliers de personnes sont attendues dans les rues mercredi après-midi, à son arrivée.

Enfin, le pape François va enchaîner durant trois jours les messes, les discours et les visites sur terrain. Très attendu, son passage dans le grand bidonville de Kangemi dans le nord-ouest de la capitale, avec un message fort contre l’inégalité et la corruption, qui gangrène le continent africain.

A quelques heures de l’arrivée du pape, certains croisent des doigts, les chrétiens, eux, prient pour que les pluies, particulièrement abondantes en cette saison, ne viennent pas gâcher la fête.

Le pape François lors de la Liturgie de la Parole pour la Journée mondiale de prière pour la Sauvegarde de la Création, dans la Basilique Saint-Pierre, au Vatican, le 1er septembre 2015.
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L’étendard flottant d’un Cameroun debout à jamais

Par Vincent Sosthène Fouda, président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie (MCPSD)

Le Cameroun n’est pas insignifiant, les peuples du Cameroun quel que soit le bout par lequel vous les prenez disposent d’un héritage magnifique. C’est le berceau des peuples bantous présents ici dès le premier millénaire avant J-C. C’est donc là au pied du rhizome camerounais qu’est planté le cordon ombilical de ces hommes et femmes bantous qui peuplent le monde entier aujourd’hui et l’illuminent de leur inventivité.

Il n’existe pas une langue camerounaise mais le parler camerounais est présent dans la philosophie de la vie des peuples du Cameroun forts de 256 tribus et ethnies.

Le royaume Bamoun se dressa ici comme une pyramide noire des pharaons noirs d’Egypte, mélange de Tikar et de Bamaléké, dès le XVIème siècle. Ici se dresse les royaumes bamiléké, Bafoum, Bacham, Mangwa, Tikar dont les arts sont les plus importants du continent.

Le Cameroun c’est le lieu de rencontre entre les trois grandes religions monothéistes et où les religions traditionnelles camerounaises séculaires ici leurs ouvrent les bras. Les plus grandes cathédrales du monde témoignent du niveau d’excellence atteint par les peintures de l’historien Engelberg Mveng.

Le Cameroun, c’est le pays d’Abram (Abraham) Petrovitch Hanibal général en chef d’armée dans le royaume de Russie en 1759. C’est le pays, d’Elo Zambo Ottou qui fut le premier africain à intégrer l’armée du Kaiser Wilhelm II d’Allemagne dès 1903. C’est le pays des belles lettres en bamoun, en bulu avec le beau roman Nnanga Kon de Njemba Medou en 1932.

Le Cameroun c’est un peuple fier, qui a laissé ses enfants partir au loin non sans s’être battu Bimbia en porte des marques ; des stigmates. C’est le pays qui a su dire avec énergie non à la colonisation sous toutes ses formes, avec Martin Paul Samba, Nguelé Mendouga, Douala Manga Bell, Bangwa Asongayi, Lock Priso de Hichory Town (Bonabéri).

C’est le pays des diplomates Charles Atangana, du roi Galega de Bali. Oui, notre pays poussé dans ses derniers retranchements ne sait se redresser qu’en s’inscrivant dans sa grandeur jadis, celles des chefferies de Bana, celle de Bandoumkassa, Bankondji, les chefs Babouté de Ngima, Gomtsé, Neyong, Lima (1890-1906).

Souvenons-nous de nos plus grands résistants, les Lamibés Bouba Ndjida de Rey Bouba, Moham de Tibati, Oumarou de Banyo, d’Ovamg sur la route de l’Est, de Nguélé-Mendouga.

Le Cameroun, c’est le pays des grands écrivains, Mongo Beti, Ferdinand Oyono, Calixte Beyala. Les universités du monde entier accueillent le déploiement du rayonnement intellectuel camerounais avec Achille Mbembe. La naissance et le rayonnement intellectuel de l’Afrique prennent racine ici.


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Boko Haram: cette guerre imposée par les autres

Par Zachée Betché, essayiste

Dans Histoire des animaux, Aristote explique que la guerre dépend essentiellement de deux facteurs : la nourriture et le mode de vie. Les animaux se font la guerre quand ils occupent les mêmes espaces. Cependant, quand il y a abondance de nourriture, ils vivent les uns avec les autres. A l’évidence, il n’existe pas de fond cohérent à cette guerre lancée par Boko Haram contre les Etats et les populations des pays concernés. Si seulement la guerre a été une fois déclarée par la nébuleuse ! L’on voit se déployer les forces du mal qu’une religion, quelle qu’elle soit, ne saurait durablement supporter. La hargne d’une telle destruction, qui fait couler le sang, la présence avérée de combattants non-musulmans dans les rangs du groupe terroriste, etc. invalident ce confinement religieux du conflit. Certes tout fondamentalisme peut se décliner en barbarie. Mais tout porte à croire que Boko Haram cache une machination terriblement scandaleuse : la guerre est-elle vraiment celle des Africains eux-mêmes ? Et si des prédateurs tapis dans l’ombre uvraient avec agilité pour se moquer une fois de plus de ces Africains que l’histoire contemporaine s’obstine à mettre à sa remorque ?

Personne ne comprend comment un groupe, quoique dopé par la possession d’armes diverses et confiné, il y a à peine une décennie dans les réseaux locaux, puisse faire trembler quatre pays aux stabilités politico-administratives différentes certes, mais appréciables ? Comment sort-on de modestes écoles coraniques de Maïduguri et d’autres villes nigérianes que l’on comptait seulement des doigts d’une seule main pour secouer des Etats structurés ?

L’opinion dans les pays rudement touchés par le terrorisme de Boko Haram a manifestement évolué. Les élucubrations grotesques inhérentes à ce contexte tentent de se tasser pour laisser émerger des discours qui s’efforcent d’être proches de la vérité. Des scènes se sont répétées au point d’alerter les plus sceptiques sur une vigilance plus accrue marquée du sceau de la responsabilité. Des arrestations ostentatoires d’individus dont la ressemblance avec les jeunes de l’ethnie Kanuri, massivement instrumentalisés, ne relèvent que de l’impossible. Deux individus européens munis d’arsenal de guerre ont été appréhendés en plein c ur de Yaoundé, le 25 juillet 2015, sous le regard troublé de nombreux badauds. La scène est passée quasi-inaperçue parce que d’une évidence massacrante. La curiosité a cédé à la peur. La suite est restée lettre morte. L’usage du conditionnel a permis de refouler cette peur d’une menace imminente. Les médias occidentaux ne s’en sont pas régalés.

Cameroun, un Boko Haram national ou étranger ?
Bien sûr que l’opinion des populations est plurielle ; ceci au gré des informations reçues, suivies et interprétés selon l’intelligence de chacun. Cependant, seuls quelques individus isolés, distants et moins exposés aux bruits et cris inhérents aux explosions de bombes peuvent encore se berner à considérer que les armées du Nigeria, du Cameroun, du Niger et du Tchad combattent des élèves d’écoles coraniques djihadistes. Certes, c’est le visage qui perce l’écran des fours médiatiques, mais il faut beaucoup de foi pour écarter la thèse d’une internationalisation dépassant les seuls horizons bleutés du Lac Tchad. Les médias occidentaux dominants sont démunis en ce qui concerne les conflits lointains, si ce n’est qu’ils sont réduits aux lignes éditoriales prescrites. Les médias d’Etat dans les pays touchés par l’irruption de la gangrène terroriste sont hautement politisés et soumis à de sérieux devoirs de réserve. La presse ainsi que les télévisions privées recherchent la vérité de ce sombre conflit et osent des hypothèses tenaces. Hélas, peut-être que la massivité des déclarations, le verbe militant et le ton souvent exalté affaiblissent la force de persuasion du discours.

Au Cameroun, la question ne consiste plus à savoir s’il existe un Boko Haram national ou étranger. Le niveau le plus basique de l’intelligence voudrait que l’on conclue à l’existence de toutes sortes de relais possibles. Le conflit est déterritorialisé et ses segments peuvent se retrouver à tout bout de champ. Les services secrets d’Etat le savent mieux que quiconque.

Le flou s’est réellement installé. Qui est Boko Haram ? Nous n’avons pas la prétention d’y répondre de manière définitive tant il manque encore des pièces au puzzle. La guerre par contre est une réalité : des affrontements continuent, des attentats-suicides prolifèrent. Les armées nationales sont à l’ uvre et accomplissent courageusement leurs délicates missions. La déclaration de Paul Biya sur le perron de l’Elysée, à défaut d’avoir été une divine maladresse, n’était pas moins une exaltation du mythe de Gribouille qui, pour se protéger contre la pluie, se jette dans l’eau. C’est sous l’emprise du réalisme que le Cameroun s’était définitivement extériorisé dans un conflit asymétrique qu’on lui a imposé. Le but est de repousser, sinon d’anéantir, la fougue tristement déstabilisatrice à multiples facettes.

Venus recoloniser notre patrie via un islamo-fascisme de façade
L’arrivée forte médiatisée de l’armée américaine au Nord du Cameroun montre aisément que cette guerre n’est pas la nôtre. Autrement dit, la moindre des vérités c’est qu’elle n’est pas exclusivement nôtre. Peur et méfiance se sont emparées une fois de plus des Camerounais dont les représentants – Assemblée nationale et sénat – n’ont pas été consultés pour l’accueil ou non sur leur sol de trois cents militaires étrangers. On objectera que l’armée tchadienne aussi s’est installée au Cameroun. Cependant, toutes proportions gardées, la symbolique de cette présence états-unienne au Cameroun est incommensurable. Des justifications fusent mais l’autorité de l’Etat paraît impuissante.

L’obscurité grandit et peut-être qu’un jour cette centralisation du pouvoir montrera enfin ses limites et que chaque parcelle du territoire pourra faire entendre sa voix à Yaoundé. Le peuple aura grandi et exigera de tout savoir. Car, à force d’entretenir le flou, l’on accélère le délabrement institutionnel conduisant la base à douter des pouvoirs établis. Et si c’était le but caché de ceux qui sont venus via un islamo-fascisme de façade, recoloniser notre patrie ? N’y a-t-il pas abondance de nourriture pour que ces bêtes sauvages d’une ère nouvelle – postcoloniale – puissent se la partager en évitant de massacrer les peuples ? Les peuples d’Afrique doivent s’imposer en se donnant toutes sortes de moyens pour tracer les sillons de leur propre histoire en revendiquant le pourquoi de leur présence au monde. Boko Haram n’est pas la natte que nous tissons, elle est celle que les autres viennent tisser dans notre cour en notre nom.


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L’impact des cultures occidentales sur les valeurs africaines vu par Samuel Mbozo’o

A travers «Christianisme et acculturation en Afrique noire», le professeur d’histoire de nationalité camerounaise renvoi les Africains à leur origine

«Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme», aimait citer le journaliste camerounais Alain Foka dans son émission «Archives d’Afrique» sur RFI.

La volonté du journaliste de faire connaître aux Africains leur véritable histoire motive également son compatriote le Camerounais Samuel Efoua Mbozo’o, auteur de quatre uvres officiellement soumises à la critique des pairs le 29 octobre 2015 à l’Université de Douala.

À travers «Christianisme et acculturation en Afrique noire», le professeur d’histoire est revenu sur l’impact des cultures occidentales sur les valeurs africaines surtout dans le domaine religieux.

Le Recteur de l’Université de Douala, François Xavier Etoa, a partagé avec l’assistance, sa propre expérience, confirmant ainsi les écrits de l’auteur.

«Je me suis rendu compte en le lisant que bien qu’étant patriarche Beti qui a franchi les étapes de l’initiation nécessaire à ce statut, je suis moi-même victime des pesanteurs culturelles de la religion (chrétienne) transmises depuis ma tendre enfance», a-t-il déclaré.

Les trois autres ouvres présentées par Samuel Efoua Mbozo’o sont «La tutelle internationale des Nations unies sur le Cameroun: principes, forces en présence et enjeux (1946-1960).», «Le contrôle parlementaire de l’action gouvernementale» et «Les élections des représentants camerounais au sein des assemblées métropolitaines françaises de 1945 à 1958)».


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Nigeria: Les violences de Boko Haram ciblent les chrétiens

Après les églises, les magasins des chrétiens ont été incendiés dans le nord-est du pays, faisant un total de 40 morts

Au lendemain des sanglants attentats qui ont notamment visé deux églises, les chrétiens du Nigéria continuent de vivre l’Apocalypse. Ces actes revendiqués par la secte islamiste Boko Haram qui promet de poursuivre son offensive, se sont poursuivis hier lundi 26 décembre 2011. Une trentaine de commerces gérés par des chrétiens ont été brûlés à Potiskum (nord-est), selon la police et des témoins, faisant craindre une nouvelle vague de violences sectaires au Nigeria. Un supermarché a aussi été incendié de même que le domicile d’un dirigeant chrétien local, selon un habitant. A Madalla, près de la capitale Abuja, des centaines de chrétiens ont assisté à une messe célébrée dans une église visée la veille par un attentat qui a fait 35 morts, l’assaut le plus meurtrier parmi la vague d’attentats qui a secoué le Nigeria le jour de Noël. Des tâches de sang maculaient le mur extérieur de l’église Ste Theresa et des secouristes ramassaient encore hier lundi des restes humains jonchant le sol devant l’édifice.

L’explosion a retenti alors que les fidèles sortaient de l’édifice. Certains ont brûlé dans leurs voitures et d’autres, blessés, se sont précipités vers un prêtre pour demander l’extrême onction. L’archevêque Martin Uzoukwu, en célébrant la messe en souvenir des victimes, a appelé les fidèles à ne pas avoir recours à la violence. Ce dont nous avons besoin, c’est de vos prières a-t-il dit. A Damaturu (nord-est), par centaines, des habitants étaient rassemblés, lundi 26 décembre matin, devant des stations de taxis et arrêts de bus pour fuir la ville en proie à un nouveau cycle de violences et théâtre d’un attentat suicide dimanche. C’est calme aujourd’hui mais rien ne garantit qu’il en ira ainsi dans les prochaines heures, lance un homme devant un arrêt de bus. Des gens ont été tués et je pourrais être la prochaine victime.

Boko Haram à l’origine de ces troubles veut instaurer un Etat islamique au Nigeria. L’année dernière à la même période, ce même groupe avait revendiqué des attentats qui avaient tué plus de 80 personnes. La secte Boko Haram, dont le nom signifie en langue africaine haoussa que l’éducation occidentale est impure, a été créée en 2003 par Mohamed Yusuf. Elle a pour but l’instauration de la charia, la loi islamique, au Nigeria, un grand pays sub-saharien à la population également partagée entre musulmans et chrétiens. Le groupe s’inspire du mouvement des talibans afghans: ses partisans, qui portent de longues barbes et des foulards rouges ou noirs, utilisent la peur pour imposer leur idéologie. Boko Haram a revendiqué des dizaines d’attentats et de fusillades dans son fief du nord du pays, notamment à Maiduguri, Kano et Sokoto.

Les réactions dans le monde face à ce drame ont aussitôt retenti. Le pape Benoît XVI a fait part lundi 26 décembre de sa profonde tristesse et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à la fin des violences au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 160 millions d’habitants également répartis entre musulmans, majoritaires dans le nord, et chrétiens, plus nombreux dans le sud. La chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton s’est dite profondément choquée. Quant au président nigérian Goodluck Jonathan, il a promis que tout serait fait pour que les coupables soient jugés mais les autorités ont jusqu’à présent échoué à empêcher la secte de multiplier ses attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.


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Cameroun : visite papale, léger désaccord sous cape

Le pape Benoît XVI a abordé entre autres thèmes le sida, en campant sur la position de l’Eglise catholique contre l’usage du préservatif.

Accueilli à sa descente d’avion par le président camerounais Paul Biya,le pape a souligné les maux dont souffre l’Afrique et en bon rang desquels figurent la violence,la pauvreté,la faim,la corruption,l’abus de pouvoir.Le président Biya a salué l’intérêt manifesté par Benoît XVI pour ceux qui souffrent de la guerre,de la misère,de la maladie ou de l’oppression.Il rajoutera par la suite à l’attention du pape que sa seule présence est porteuse d’espoir et de confiance en l’avenir.A coté de ces belles politesses,on a vu des milliers de camerounais parfois par familles entières ou par groupes religieux et traditionnels se masser en haie sur l’itinéraire menant de l’aéroport à la nonciature apostolique, lieu de logement du saint père.
Derrière ces convenances de bon enfant,il existe de légers points de désaccords lorsque le pape parle de l’Afrique comme d’un continent en proie à la corruption et l’abus de pouvoir.Mais le pont de contradiction le plus clairement exprimé porte sur la position de l’église face à l’usage du préservatif.Le Cameroun face à la montée de la pandémie a favorisé comme moyen de prévention et de lutte la vulgarisation du port du préservatif.Cette option est tellement ancrée qu’aujourd’hui le préservatif est la solution pour de nombreux couples où l’un des membres est séropositif,l’autre saint. Dans l’avion qui le menait pourtant au Cameroun,le pape aurait donné sa vision du problème.D’après l’agence France presse qui a rapporté l’information,le pape aurait estimé que l’on ne pouvait pas régler le problème du sida pandémie dévastatrice en Afrique,avec la distribution des préservatifs.Au contraire leur utilisation aggrave le problème,a-t-il affirmé.Ceci n’est pas une nouvelle position. Le Vatican s’est toujours opposé à toute forme de contraception autre que l’abstinence et réprouve l’usage du préservatif, même pour des motifs de prévention des maladies.Même si cela n’a pas été soulevé par beaucoup de media locaux qui ont choisi de se pencher sur les travers de l’église au Cameroun,cette position du saint père a connu la désapprobation des associations locales et internationales de lutte contre le Sida, d’autant plus que le Pape Benoit 16 aurait rajouté que la solution passait par « un réveil spirituel et humain » et l' »amitié pour les souffrants ».La réitération de ce message, dont son prédécesseur ne s’est jamais éloigné,est envoyée à un continent ravagé par le sida.L’Onusida décompte 22 millions de séropositifs dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, soit les deux tiers du total mondial,1,5 million en sont morts. Une jeune femme sur trois est contaminée au Botswana, une sur quatre au Zimbabwe et en Afrique du sud.Le refus tragique de certains gouvernements à la reconnaître a retardé la lutte contre la pandémie.De nombreux acteurs sociaux, y compris appartenant à l’Église catholique,déplorent ce dogme alors qu’ils ont déjà bien du mal à lutter contre certaines traditions qui favorisent la dissémination des antivirus.

Paul et Chantal Biya, en concertation avec Benoît XVI
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La protestation la plus ouverte et officielle serait venue de la ministre belge de la santé.D’après l’Agence France Presse qui a rapporté l’information,un communiqué du ministère Belge de la santé stipule que « C’est avec stupéfaction que la ministre de la Santé publique,Laurette Onkelinx,a pris connaissance des propos tenus par le pape Benoît XVI à l’occasion de son voyage à Yaoundé.Pour la ministre belge, de telles déclarations seraient susceptibles d’anéantir des années de prévention et de sensibilisation et mettre en danger de nombreuses vies humaines.Mais mis à part cette tache de discorde,le pape profitera de sa visite en Afrique pour laisser derrière lui le profond malaise du Vatican qui est né de la polémique suscitée par la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste. Il dira dans son discours à ce propos qu’il ne se sentait pas seul,mais entouré d’amis.De même,il a évoqué les conflits régionaux qui dévastent l’Afrique,le trafic des enfants, nouvelle forme d’esclavage,ainsi que la pénurie de produits alimentaires,la crise financière ou les désordres du changement climatique qui affectent le continent de façon disproportionnée. Il a toutefois précisé que l’Eglise ne vient pas proposer aux Africains de nouvelles formes d’oppression économique ou politique. Elle ne cherche pas non plus à attiser des rivalités interethniques ou interreligieuses mais offre la paix et la joie du royaume de Dieu. Benoît XVI,en Afrique en général et au Cameroun en particulier qui va à la rencontre d’une Eglise particulièrement dynamique,a dit en avoir une opinion positive,soulignant qu’elle était proche de ceux qui souffrent et ont besoin d’aide.Selon les statistiques de l’Eglise catholique,le nombre de fidèles en Afrique a encore progressé de 3% en 2007 alors qu’il est resté stable sur l’ensemble de la planète.Admettant néanmoins que le péché existe aussi dans l’Eglise,Benoît XVI a affirmé qu’il appellerait ses responsables à un examen de conscience.
L’Eglise africaine à la rencontre de laquelle va le pape doit également affronter de nombreux problèmes,dont les relations parfois conflictuelles avec l’islam.Le pape a aussi annoncé que son voyage serait l’occasion d’aborder des thèmes comme la lutte contre la corruption et l’ouverture aux autres religions, estimant que les relations entre catholiques et musulmans étaient bonnes.Un quart environ des Camerounais est catholique,à égalité avec les religions traditionnelles.22% sont musulmans et un peu plus de 17% protestants.

Le message du pagne papal
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