Cameroun : des internautes répondent au ministre Célestine Ketcha Courtès

Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain en visite dans le Grand Nord a posé une question à l’assistance pour l’amener à apprécier les avancées observées. Mais, ses propos suscitent des réactions qui vont dans tous les sens.

Jamais une question aussi banale d’une haute personnalité de la République n’a suscité autant de réactions auprès de l’opinion, parmi les internautes en particulier. Ne demandez surtout pas « Il y avait quoi avant ? ». Eh bien il s’agit là de l’interrogation qui est reprise en boucle lors de la plupart des conversations sur la toile. Les internautes ont tôt laissé le contexte et l’espace dans lesquels le membre du gouvernement a posé cette question. Malgré ses explications et mise au point, une certaine opinion, constituée de jeunes talents, d’artistes de renom, de politiques et d’activistes, ceux qui s’opposent au régime, continuent de développer le sujet, tournant le discours ministériel en dérision.

Sur les plateformes digitales, les intervenants profitent de cette occasion pour faire le bilan du Renouveau, 41 ans après. Des archives sont brandies à tort et à travers. Elles ont pour but d’établir la comparaison de ce que le Grand Nord était avant. Désormais c’est dans tout le pays et tous les secteurs, BTP, aviations, commerce, énergies, sports. Avant 1982, au moment où le tout premier président du Cameroun indépendant était au pouvoir. D’autres comparent la situation du pays entier avant le changement de cap et celle d’aujourd’hui. Affichant une certaine volonté de dénoncer la régression, sans toutefois prendre précaution d’envenimer la situation. Des acteurs opportunistes se sont saisis de cette sortie, pour signer, à travers la récupération politique, la descente aux enfers du régime gouvernant.

Lui qui, tant bien que mal, s’efforce de maintenir l’équilibre et la cohésion malgré tous les coups reçus de manière surprise, le prix qu’ils coûtent et en dépit des erreurs commises. Lui qui tente de redonner à son image la clarté assombrie par des actes de corruption, de népotisme, de favoritisme, des projets non réalisés, mal réalisés ou réalisés à moitié, etc. Lui dont certaines actions même les plus bénéfiques pour la société entière, sont perçues par une certaine opinion comme un leurre, à cause de certains échecs. Il a à son compte autant de frasques que des actifs. Le pays a pourtant du grain à moudre. Son développement interpelle plus d’un.

Cameroun : Paul Biya totalise 41 ans de progrès et d’échecs

L’homme du 06 novembre fête ce lundi le 41è anniversaire de sa première prestation de serment en qualité de président de la République du Cameroun. Des succès et des manquements marquent sa gouvernance.

Paul Biya, 90 ans, président de la République, dirige le Cameroun depuis quatre décennies. Le 06 novembre 1982, le Premier ministre qu’il est, devient chef de l’Etat en conformité avec la constitution. Le nouveau président prête serment à l’Assemblée nationale, deux jours après la démission du tout premier président du Cameroun indépendant, Ahmadou Ahidjo. Du coup, il impulse une nouvelle vision pour le Cameroun.

A la place du parti unique, Paul Biya sème le pluralisme politique et la démocratie. Dès les années 1990, le pays connait une floraison de partis politiques. Aujourd’hui, 41 ans après, ils sont plus de 200 créés.  Certains, le MRC, le SDF, le PCRN, malgré l’interdiction de manifestations à la quelle ils font parfois face, s’expriment avec vigueur. D’autres, se sentant faibles, préfèrent se rapprocher du pouvoir derrière le Rdpc. Parti créé à Bamenda en 1985 des cendres de l’UNC, il est implanté partout dans les 10 régions et dans les 360 communes, majoritaire au Parlement et dans les exécutifs communaux et régionaux.

Son champion est vainqueur de la présidentielle de 1988 sous le parti unique, celle de 1992, celle de 1997, celle de 2004, celle de 2011, celle de 2018 sous le pluralisme. Les appels incessants des militants de cette formation politique montent en faveur de sa candidature en 2025.

Elections Cameroon, organe dit indépendant qui remplace ONEL en 2006, organise les élections depuis 2011.  Cependant, les partis politiques d’opposition crient à la fraude électorale de manière répétée et demandent la réforme du code électoral adopté en 2012.

Au lieu de la répression de la subversion, l’homme politique préfère la liberté. Les citoyens sont libres de s’exprimer, libres d’aller et venir, libre de penser, libres d’exercer le droit de vote, dans le cadre déterminé par les lois et règlements. Dans ce sillage, la multiplication des organes de presse est cité comme un exemple : plus d’une centaine de radio, près d’une cinquantaine de télévisions, plus de 300 titres de journaux. Mais, des menaces, intimidations, et certaine violence de la part des autorités sur les individus, partis politiques, corporations, atténuent cet élan.

A la place de la pauvreté et du sous-développement, l’homme du 06 novembre a pensé la prospérité. Elle va se matérialiser dans « les grands projets structurants » et d’autres projets sociaux. ce sera avec la construction des barrages, des ports, des infrastructures routières, hospitalières, des institutions universitaires, des centres de formation professionnelle, etc.

Mais, le niveau de pauvreté des Camerounais reste inquiétant. Et la vie est de plus en plus chère. Les anciennes rues des centres urbains se dégradent. Les projets d’autoroutes peinent à se matérialiser. De nombreux chantiers routiers sont inachevés ou abandonnés. Des accidents de la circulation tuent des milliers de citoyens chaque année. L’économie tourne sur endettement, tandis que des gouvernants pillent les caisses de l’Etat. Là-dessus, le chantier de la rigueur et de la moralisation doit plutôt commencer.

Cameroun : Magil rompt le contrat de construction du Complexe d’Olembé

C’est à travers une correspondance du Minsep adressée au SGPM datée du 3 janvier 2023 qu’on apprend que Magil a résilié son contrat avec l’Etat du Cameroun.

L’un des plus grands scandales financiers du Renouveau est donc officiel. Avec déjà plus de 150 milliards de f englouti et son bilan macabre de huit morts suite à une bousculade, le Complexe sportif d’Olembé n’est toujours pas achevé, cinq après le début des travaux. Il a été, aux forceps, le théâtre du match d’ouverture et de la finale de la CAN 2022 au Cameroun.

Si l’enceinte est désormais un peu fonctionnelle, le reste du complexe prévu au moment de la construction ne peut pas en dire autant. Et leur finalisation est loin d’être effective, à en croire le ministre des Sports du Cameroun.

Dans une correspondance adressée le 3 janvier 2023 au secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda, le patron du sport camerounais, Narcisse Mouelle Kombi, révèle que MAGIL Construction, en charge d’assurer la finalisation des travaux, a décidé de mettre un terme unilatéralement au contrat qui le liait à l’Etat du Cameroun.

Le ministre des Sports indique, par ailleurs, que le budget prévu pour l’achèvement des autres infrastructures connexes a pourtant été déjà mis à la disposition de Magil. M. Mouelle Kombi ajoute que Magil continuait à réclamer toujours plus de moyens financiers, sans faire avancer les travaux sur les autres infrastructures connexes malgré toutes les relances.

« Cette entreprise a mis en place des stratagèmes pour gonfler artificiellement ses prestations à travers le ralentissement des travaux, leur arrêt pur et simple, des surfacturations, des doubles facturations, la rémunération exponentielle du personnel expatrié », se désolé Narcisse Mouelle Kombi, dans son courrier. Le ministre ne compte toutefois pas en rester là et annonce « qu’à partir du 5 janvier 2023, l’affaire sera portée en arbitrage international. »

Depuis la reprise du contrat de construction, la société Magil aurait touché un montant avoisinant 42 milliards de FCFA, dont 38 milliards de FCFA issus du prêt-garanti contracté par le Cameroun auprès de la banque britannique Standard Chartered Bank.

Cameroun : les dates les plus marquantes du Renouveau

40 ans au pouvoir, 40 ans d’exercice, nous revenons sur les grands moments qui ont rythmé cette cadence au fil des ans.

Ø 4 novembre 1982 : démission du président Ahmadou Ahidjo pour « raisons de santé ». Paul Biya lui succède.

Ø Le 6 novembre 1982, le premier ministre Paul Biya succède au président Ahidjo, démissionnaire.

Ø  Juillet 1983 : Ahmadou Ahidjo est contraint à l’exil.

Ø  22 août 1983 : complot avorté contre l’Etat du Cameroun.

Ø  14 janvier 1984 : victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle.

Ø  21 janvier 1984 : le pays prend le nom de République du Cameroun.

Ø  28 février 1984 : accusé de complot, Ahmadou Ahidjo est condamné à mort par contumace.

Ø  6 avril 1984 : tentative de coup d’Etat de la Garde républicaine (70 morts).

Ø  24 mars 1985 : l’UNC est rebaptisée Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

Ø  21 août 1986 : éruption de gaz toxiques au lac Nyos (1746 morts).

 

Ø  24 avril 1988 : réélection de Paul Biya (2ème mandat).

Ø  30 novembre 1989 : décès de l’ancien président Ahmadou Ahidjo.

Ø  26 mai 1990 : création du Front social-démocrate (SDF).

Ø  5 décembre 1990 : instauration du multipartisme.

Ø  Avril-novembre 1991 : opération « Villes mortes » : la grève générale, les émeutes et les manifestations s’étendent à tout le pays.

Ø 11 octobre 1992 : victoire de Paul Biya lors des premières élections présidentielles multipartites (3ème mandat).

Ø  1994 : tension croissante entre le Cameroun et le Nigeria à propos de la souveraineté sur la péninsule de Bakassi, riche en pétrole.

Ø  12 janvier 1994 : dévaluation du franc CFA.

Ø  1er novembre 1995 : adhésion au Commonwealth.

Ø  Janvier-mai 1996 : affrontements entre le Cameroun et le Nigeria à propos de la péninsule de Bakassi. Les deux pays finissent par accepter une médiation de l’ONU.

 

Ø  12 octobre 1997 : victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle (4ème mandat) ; élection boycottée par les principaux partis de l’opposition.

Ø  1er octobre 2001 : manifestation des sécessionnistes anglophones dans le Nord-Ouest du pays (3 morts).

Ø 10 octobre 2002 : la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye accorde la souveraineté de la péninsule de Bakassi au Cameroun. Le Nigeria dénonce ce jugement.

Ø  11 octobre 2004 : victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle (5ème mandat).

Ø  21 février 2006 : début de l’opération Epervier visant à faire cesser la corruption.

Ø  12 juin 2006 : accord de Greentree entre le Nigeria et le Cameroun sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi.

Ø  17 juin 2006 : annulation par le Club de Paris de la quasi-totalité de la dette publique.

Ø  25-27 février 2008 : grève des transports dans plusieurs villes contre la hausse des prix de l’essence et des matières premières (« émeutes de la faim »).

Ø  10 avril 2008 : amendement de la Constitution levant la limitation du nombre de mandats présidentiels.

Ø  14 août 2008 : transfert de la souveraineté de la péninsule de Bakassi au Cameroun.

Ø 17 mars 2009 : visite du pape Benoît XVI.

Ø 17 janvier 2011 : 2eme comice agropastoral à Ebolowa

Ø 9 octobre 2011 : victoire du président Paul Biya à l’élection présidentielle (6e mandat).

Ø Le 27 mai 2014, l’armée commence à déployer d’importants renforts de troupes dans la région de l’Extrême-Nord, face à l’intensification des attaques de Boko Haram. Ce groupe djihadiste a été fondé en 2009 au Nigeria, avec lequel le Cameroun partage plus de 2.000 km de frontière.

Ø Le 4 février 2015, au lendemain d’une offensive des troupes tchadiennes au Cameroun contre Boko Haram, les djihadistes contre-attaquent à Fotokol (Extrême-Nord), tuant au moins une centaine de personnes dont 81 civils.

Ø 3 juillet 2015 : visite du président François Hollande à Yaoundé.

Ø Le 12 juillet 2015, deux femmes font subir au Cameroun la première d’une série d’attaques suicides.

Ø En novembre 2016 la ville anglophone de Bamenda (Nord-Ouest) devient l’épicentre d’une contestation de cette minorité dans un pays officiellement bilingue français-anglais. Enseignants, magistrats et avocats protestent contre ce qu’ils appellent la marginalisation des anglophones dans le partage des pouvoirs, des postes et des richesses.

Ø En décembre 2016, des manifestations en zone anglophone, réprimées par la police, se soldent par des morts civils. D’autres suivront lors de protestations, durement réprimées par les forces de l’ordre.

Ø Le 1er octobre 2017, anniversaire de la réunification du pays, les séparatistes anglophones proclament unilatéralement leur « indépendance ». Au moins 17 personnes sont tuées.

Ø Fin 2017, une frange radicale et séparatiste de la minorité anglophone prend les armes, s’en prenant aux forces de sécurité et aux symboles de l’administration et procédant à des enlèvements.

Ø 08 octobre 2018 : Son Excellence Paul Biya est réélu pour la 8e fois.

Ø En 2018, les combats entre soldats et séparatistes sont devenus quasi quotidiens, faisant 170 morts parmi les forces de sécurité et « au moins 400 civils », selon ICG. Environ 200.000 personnes ont fui.

Ø 01 er juin 2019 : explosion à la Sonara

Ø 30 septembre2019 début du Dialogue national

Sources : www.Cameroun-tribune.cm

Ambafrance.org ,  Wikipedia

Le Cameroun a soif sous l’ère du Renouveau

De 1982 à 2022 l’Etat n’arrive toujours pas à satisfaire sa population en matière d’eau potable ; ni en quantité ni en qualité.

La pléthore d’organisations (Snec, Camwater, Camerounaise des Eaux, ministère de l’Eau et de l’Energie…) dédiée à l’approvisionnement et la distribution de l’eau potable au Cameroun éprouve d’énormes difficultés.

Au compteur des freins, on dénombre entre autres les dysfonctionnements structurels, la démographie galopante des villes, l’étiage sévère et les casses, fuites et vols de réseaux causés par des brigands…ou les coupures d’électricité intempestives de la société qui fournit l’électricité.

Septentrion, le bassin du manque d’eau

Face à la maxime « l’eau c’est la vie », les populations du septentrion, pourtant, grand bassin électoral du RDPC répondront, « l’eau vaut la vie ». Pas une fois, pas deux fois seulement, plusieurs citoyens ont perdu la vie en allant à la quête de l’eau dans cette partie du pays.

« Moi, j’ai perdu deux enfants à cause de l’eau, les enfants m’ont quitté pour aller chercher de l’eau curieusement on m’appelle pour me dire que les enfants se sont noyés dans le puits et j’ai ramené seulement les deux corps à la maison », témoignait en 2019 une mère à Africanews. Des cas comme celui-ci, peuvent se citer en grand nombre.

Tokombere, Mokio, Takamsa et bien d’autres localités du septentrion Cameroun vivent le calvaire faute d’eau. Dans ces villages, des femmes sont obligées aussi de faire des kilomètres, ou de creuser des trous dans le sable afin de recueillir de l’eau. Une eau impropre à la consommation avec des risques de maladies hydriques.

Pourtant, une promesse présidentielle en 2011 prévoyait la construction de 3000 forages pour mettre à l’abri le septentrion.

La concrétisation de cette promesse de campagne datant de la présidentielle 2011, a été inscrite comme projet prioritaire dans le budget du ministère de l’Eau et de l’Energie pour la période 2023-2025. A cette date, le gouvernement doit encore aménager 1 431 forages pour les trois régions septentrionales.

Pourtant, en 2016, le ministère de l’Eau et de l’Energie avait indiqué que ce projet allait figurer dans le volet eau et énergie du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance économique, lancé en 2014 pour le triennat 2015-2017.

Paul Tasong ministre délégué auprès du ministère de l’Economie a expliqué face aux députés le mardi 22 juin 2022, qu’en 2020, la somme de 5 milliards de FCFA avait été injectée pour l’avancée de ce projet, qui jusqu’ici, n’a toujours pas abouti. Il reste néanmoins que 1 569 autres forages ont déjà été construits dans ces régions au cours des dix dernières années, dans le cadre de cette promesse du chef de l’Etat.

Si le Septentrion vous semble très loin, souvenez-vous que la perturbation en approvisionnement d’eau a élu domicile depuis plusieurs semaines, à Yaoundé, capitale politique même du pays.

Pour y remédier, les prêts…

Septembre 2022, l’État du Cameroun a sollicité un crédit de 35,16 millions de dollars, soit un peu plus de 23 milliards de FCFA, auprès d’Eximbank-Inde pour financer le projet de reconfiguration du réseau de distribution d’eau potable de la ville de Yaoundé. Le projet permettra la fourniture et la pose de 348 km de réseau tertiaire.

En dehors de la ville de Yaoundé, l’entreprise indienne WPIL a signé en 2018, un contrat pour la conception, la réhabilitation et la construction de systèmes d’approvisionnement en eau potable dans 20 villes camerounaises. Ce projet, qui doit être implémenté dans les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Sud, engloutira une enveloppe globale de 34 milliards FCFA, selon le ministère de l’Eau et de l’Énergie.

Cameroun – règne de Paul Biya : 39 ans et l’angoisse continue

A l’occasion de la célébration de l’anniversaire de l’accession du président de la République au pouvoir (le 6 novembre 1982), Georges Alain Boyomo, le Directeur de publication du quotidien Mutations a réédité pour la circonstance son éditorial publié l’an dernier.  Ci-dessous le texte paru dans l’édition de ce 8 novembre 2021. 
39 ans et l’angoisse continue
Par Georges Alain Boyomo
Le propre de la routine est qu’elle installe en nous le manque de motivation, la lassitude. Au moment d’écrire sur le 39e anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, même le journaliste au moral d’acier ne résiste pas à l’ennui que procure cet exercice. Du coup, c’est en traînant les pieds qu’on y va, en imaginant l’alchimie qui permettrait d’être intéressant pour les lecteurs.
Nous sommes donc allés puiser dans l’inspiration de trois artistes musiciens, dont les chansons résistent au temps. Sans doute, on se plaît et on se plaira à réécouter leurs œuvres musicales. Il s’agit de Ngalle Jojo dans «essimo na rigueur», Ndedi Eyango « Patou » et Petit pays «peur dans la cité».
Au lendemain de l’avènement de Paul Biya à la présidence de la République, le 6 novembre 1982, Ngalle Jojo est, aux côtés des artistes tels que feue Anne Marie Nzié, l’un des créateurs dont les chansons ont magnifié le changement que le peuple camerounais respirait alors. A pleins poumons. Son titre culte «essimo na rigueur» est une ode au Renouveau et à son promoteur, Paul Biya.
L’artiste y scande, «rigueur, rigueur, rigueur» et rappelle que lorsque le champion du Rdpc accède au pouvoir, «on [le peuple] en avait assez». De qui ? Ahmadou Ahidjo, qui avait démissionné quelques mois plus tôt, après près d’un quart de siècle de règne. «Tout le Cameroun derrière Paul Biya, soutien total, avec Paul Biya, c’est la justice, Paul Biya synonyme de paix, Paul Biya synonyme de progrès », égrène le chanteur.
39 ans après, Ngalle Jojo peut-il redire la même chose au sujet du successeur d’Ahmadou Ahidjo ? Cette question nous (re)plonge au cœur du bilan des années Biya. Après 25 ans d’Ahidjo, si le peuple «en avait déjà assez», que pense ce même peuple de M. Biya, qui totalise 39 ans au pouvoir ?
Il eût été judicieux que Ngalle Jojo fît lui-même le bilan de Paul Biya, 39 ans après. Sans doute le cours des choses lui aurait inspiré une autre tonalité.
Comme la nature a horreur du vide, d’autres artistes sont vent debout. Ainsi de Ndedi Eyango qui, en 1989, fait sensation avec le titre « Patou ». La chanson dépeint en de mots simples les maux dont souffre la société camerounaise. « Patou ooh, je me fais trop de soucis, ah Patou Patou, nous avons beaucoup de problèmes, abat le tribalisme, abat la corruption et l’injustice sociale, y compris le manque de respect…, pourquoi tant de mépris auprès des usagers, dans les hôpitaux, dans les ministères, dans les commissariats, dans tous les services publics, règne la corruption, règne le tribalisme, règne le mépris, règne la négligence…Chez nous tout le monde est patron, qui est le planton ? Chacun se dit grand, qui est donc petit ? Chacun arrive à son heure, il fait ce qu’il veut, menace à son tour, travaille à sa guise, décide comme il veut, quel remue-ménage !… Innocent en prison, coupable en liberté iyooh, diplômés au chômage, illettrés au boulot iyooh…». Un visage sombre mais fidèle de notre société, qui n’a pas pris de ride.
Courant novembre 2016, Petit pays en rajoute une louche. Le titre « peur dans la cité » est fort embarrassant pour le régime, même si malicieusement Effata déclare qu’il n’indexe personne particulièrement. L’hommage aux victimes de l’accident d’Eséka survenu le 21 octobre 2016, fait le procès de Paul Biya et du système qu’il incarne : «Tout le monde est castré, tu as castré tout le monde. Tu as utilisé et détruit ton entourage pour régner seul… beaucoup d’innocents sont en prison, ça c’est la trahison… tu laisses la rébellion comme patrimoine… tu as opté pour la peur… pour un rien tout le monde a peur de toi… nul n’a le droit de se prendre pour Dieu, Dieu ne supporte pas cela…Tôt ou tard, tu vas payer», dégaine-t-il.
Samedi 6 novembre 2021, le Renouveau a célébré ses 39 ans. Au-delà des flonflons de cet anniversaire, une question s’impose : Comment réenchanter un peuple qu’on gouverne depuis 39 ans, avec des hauts, mais surtout des bas ? Là est le principal défi qui interpelle Paul Biya.
Au stade actuel, on peut faire l’hypothèse qu’au vu des crises qui s’enchaînent à un rythme effréné, crise économique, crise sécuritaire, crise sanitaire, des batailles féroces de succession dans son entourage et de l’usure du pouvoir, il sera très difficile à « l’homme du 6 novembre » de donner au Cameroun la direction qui dépendrait de sa seule vision originelle du pays. Il est même fort à parier que le chef de l’Etat sera désormais à l’image de ce plombier réduit à boucher les fuites d’eau, de manière cyclique, avec un relatif bonheur.
*Edito revu et augmenté, publié dans Mutations n°5220 du 9 novembre 2020

Cameroun: libéralisme dites-vous?…mais quel libéralisme?

Par Hippolyte Nwal

Si on laissait un peu de cote le problème lie à l’origine même de sa fortune, l’un des malheurs de notre pays, dans le retard multiforme qu’il accuse, tient sans doute à la nature même de cette Néo-bourgeoisie, dite « compradore »! Il s’agit de fonctionnaires- anciens pauvres- devenus subitement riches à l’ombre de l’Administration, qui semblent eux-mêmes tellement surpris par leur fortune soudaine, qu’ils paraissent ne pas savoir quoi en faire, au-delà des somptueuses demeures, et train de vie, tant au pays qu’à l’étranger. Ils sont décrits aujourd’hui, être bien plus riches que les hommes d’affaires: ils en présentent en tout cas tous les signes extérieurs!

A l’observation, ils présentent les stéréotypes habituels de l’arriviste, qui agit plus par suivisme et par mimétisme, incapable tant de la moindre initiative originale, que de la moindre inventivité. Or il est bien difficile de faire bouger une société, de faire bouger une économie,.de faire bouger les lignes, sans ces deux facteurs; qu’ils soient pris isolément, ou ensemble, concomitamment.

Plutôt que de créer de la richesse, leur inclinaison naturelle est de se substituer à l’Etat au nom d’un libéralisme-alibi et de simple façade, s’emprisonnant de manière bornée dans cette logique née avec le renouveau, qui s’est appliquée à faire de l’administration le secteur le plus frugifère; à l’oppose du sacerdoce, qui devrait rester son principe fondateur. Un « libéralisme » en effet, qui a pour corollaire une désétatisation en trompe l’ il, car il s’agit en réalité de déshabiller Pierre, pour s’habiller soi-même: une véritable spoliation, en somme. Exit donc le nécessaire jeu de la concurrence pour le bénéfice du citoyen consommateur, qui doit pourtant rester à la base de tout libéralisme se voulant véritable.

Les exemples sont légion, dans tous les secteurs de l’économie:
Dans le transport en commun, ou on tue dans l’ uf toute initiative publique, pour faire exister a la place des compagnies privées de transport, qu’il s’agisse du secteur interurbain, ou pour assurer l’interconnexion entre les différentes villes du pays. Le transport ferroviaire, avec la fermeture de nombreuses lignes et gares ferroviaires, n’a pas connu meilleur sort. Et l’absence d’une volonté d’entretien des voies et équipements est venue parachever le tout, avec la catastrophe encore fraiche d’Eseka. Quand on voit l’essor que connaissent d’autres Compagnies nationales de transport aérien (Ethiopian Airways, Rwanda Airways, Nigeria Airways, Kenya Airways.), on comprend vite que Camair Co est entravée dans son développement, par des difficultés conflictuelles de même nature.

On pourrait citer aussi l’Education, ou l’Enseignement Public est en chute libre constante, contrastant avec l’essor des Ecoles, collèges et universités prives, dont les tarifs restent hors de la portée du commun des Camerounais, mais qui sont le fait de cette même Bourgeoisie. – Il en est de même pour la sante publique, ou les hôpitaux publics transformés en mouroirs déjà difficiles d’accès, au grand bénéfice de cliniques privées, en plein boom.

C’est également le cas dans l’Immobilier. Il s’agit ici de leur secteur de prédilection, pour son cote « Rente facile », ou tous les segments sont investis par eux, de l’Immobilier de standing aux mini-Cités pour Etudiants, avec une variante dans l’immobilier touristique et hôtelier. En y réfléchissant, on croit comprendre pourquoi aucun effort n’est fait en parallèle, pour créer les conditions et mettre en place une véritable politique de logement social, a même de résorber le déficit de logements, entrainer une baisse des prix selon la loi de l’offre et de la demande qui régit tout marche; mais aussi améliorer sensiblement ainsi que faciliter les conditions de logement de la majorité des Camerounais. Plutôt que cela, les Camerounais, absorbes par leurs galères incessantes, n’ont même plus la lucidité de se poser les bonnes questions devant le spectacle ubuesque d’une SIC transformée

En ectoplasme bureaucratique, pendant que des Groupes prives « Etrangers » viennent s’imposer comme leaders dans la construction de logements dits sociaux, comme il n’est pas courant de voir, sous des cieux ou la notion de logement social garde tout son sens! En détruisant l’existant, faute d’inventer, d’innover ou d’améliorer à partir de celui-ci, ces nouveaux riches créent davantage de la rareté. Ils ne créent, ni richesses, ni valeur ajoutée. La rareté est antinomique au libéralisme véritable, qui lui a ceci de particulier qu’il vise en permanence a améliorer la donne sur les différents segments de marche, par une amélioration du rapport qualité/prix, en cherchant la parfaite adéquation entre l’offre et la demande. Cette même rareté est par contre, le terreau le plus fertile, et de prédilection de toutes les mafias, ainsi qu’à toute économie mafieuse!

Le comportement de ces nouveaux riches se rapproche plus à celui de parfaits parasites. Or le libéralisme, c’est tout, sauf du parasitisme. Libéralisme ne saurait être dissocie d’inventivité, et d’innovation. Le libéralisme véritable dans tous les cas, ne saurait avoir pour effet de faire reculer un tissu économique, comme c’est le cas chez nous actuellement, avec une nette tendance à l’ensauvagement. Que leur argent soit le fruit de vols répètes et autres actes de prévarication à l’endroit de la fortune publique ne saurait, a lui seul, expliquer une telle indigence dans la réflexion et l’imagination!


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Cameroun: 34 ans d’immobilisme, d’occasions manquées et d’illusions perdues

Par Evarist Mohbeu

6 novembre 1982 – 6 novembre 2016, déjà 34 ans. Un âge auquel certains font des bilans sur leur avenir. Celui que l’on peut faire en 34 ans du chef de l’Etat camerounais tient en une phrase: A échoué dans tous les plans. Il va sans dire que la fête battra son plein comme d’habitude toute cette journée au comité central, dans les sections et sous sections du RDPC… sans oublier les ambassades du Cameroun à l’étranger transformées en véritables représentations du RDPC à l’étranger.

C’est le 6 novembre 1982 que Paul Biya prête serment après la démission du président Ahidjo. Le président Paul Biya qui venait de monter au pouvoir, marquait par cet acte les premières empreintes de sa vision chaotique du Cameroun. Dans son discours de politique générale, le 22 mars 1985, le nouveau président affirmait déjà qu’il n’est plus nécessaire, pour exprimer ses opinions, de prendre le maquis, de vivre en exil ou de quitter sa famille.

34 ans après, le Cameroun a reculé de 50 ans en arrière
La « Rigueur et la moralisation » prônée par l’homme Lion n’aura donc servi qu’à s’éterniser au pouvoir. Le renouveau politique que le pouvoir de 1982 était censé incarner et dont curieusement plus personne ne parle se conjugue lui, toujours au conditionnel.

L’on a aujourd’hui vécu 34 ans d’immobilisme, d’occasions manquées et d’illusions perdues. Repoussant toujours la nécessaire modernisation des institutions, le parti-Etat a gardé les vieux réflexes hérités du temps du monolithisme politique. Incapable d’anticiper les changements pourtant inévitables et prévisibles qui allaient traverser la société camerounaise, avec le vent démocratique venu des pays de l’Est, le pouvoir RDPC s’est converti, malgré lui, au pluralisme politique. Prenant quelques libertés avec le suffrage universel, il n’hésitera pas à confisquer certaines victoires de l’opposition.

Le pouvoir en place va en 34 ans pratiquer la satellisation et la balkanisation de la classe politique nationale : le pouvoir à tout prix. Passage obligé pour accéder aux hautes fonctions de l’Etat (ministres, ambassadeurs, directeurs de sociétés publiques.), contribuant ainsi à maintenir la quasi-totalité du peuple dans une pauvreté et une dépendance financière certaine.

Paul Biya et ses sbires resteront à jamais associés aux années noires du Cameroun. Eux qui auront été aux commandes du pays depuis plus de trois décennies.

Faute de vision prospective et de bonne gestion des ressources, le Cameroun est passé de Pays à revenus intermédiaires (PRI) il y a un quart de siècle à Pays pauvres très endettés (PPTE), deux décennies plus tard. La corruption, le détournement des deniers publics, la fraude ont plombé le développement économique du pays, d’où un chômage endémique que des études concordantes situent à près de 40%.

En 34 ans, le pouvoir du renouveau a fabriqué une classe de malhonnêtes et de hauts brigands au fil des ans
En 34 ans, Paul Biya aura réussi au Cameroun à constituer une bande d’homme politique tous des détourneurs des fonds publics. Le RDPC et ses dirigeants resteront à jamais associés à la décadence du Cameroun. Il n’est pas exclu que dans quelques années en dehors des prisonniers (anciens ministres et cadres) que tous les autres militants gonflent les rangs de réfugiés à l’étranger. Il est donc temps pour eux de choisir leurs camps.

En 34 ans la crise est profonde au Cameroun, même si au RDPC on refuse de le reconnaître. D’aucuns parlent de la paix. De quelle paix parlons-nous quand on ne parvient pas à se soigner décemment quand on est malade ? De quelle paix parlons-nous quand les jeunes diplômés ne peuvent pas trouver du travail ? De quelle paix parlons-nous quand chaque jour, homme, femme, enfant, jeunes, vieux, chacun ne songe plus qu’à quitter le pays ? De quelle paix parlons-nous quand on vole désormais les enfants dans nos hôpitaux ?

A 34 ans, les jeunes font plus que songer à leur avenir. Le pouvoir de Yaoundé a raté le coche et le virage démocratiques. Mais pour combien de temps encore? Au peuple conscient de son avenir de préparer l’avenir, si elle le peut, et de combler le vide laissé par un parti plus préoccupé par le pouvoir que par le bien-être des citoyens.

Avant de fêter le 34e anniversaire de l’accession de Paul Biya à la tête de l’Etat camerounais, il serait souhaitable que les membres de son parti le RDPC, aussi bien ceux des comités de bases dans nos prisons que ceux de l’extérieure regardent d’un il critique les enfants qu’ils ont forgés en 34 ans.

Comme j’ai l’habitude de le dire haut et fort, ceux qui soutiennent Paul Biya et son RDPC le font au mépris du peuple camerounais qu’ils veulent voir offert en holocauste sur l’autel d’un nationalisme irrationnel, violent et saignant. A travers des raisonnements ambigus qui relèvent soit d’une piètre masturbation intellectualiste, soit d’une déviance intellectuelle ostracisante et dangereuse pour l’avenir du Cameroun. Ce qui se passe au Cameroun n’est pas seulement surréaliste. C’est aussi pathétique et révoltant. Du moins pour tous ceux qui pensent à une meilleure image du Cameroun, à un meilleur destin des Africains.


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En 34 ans de pouvoir, il aura négativement marqué le c ur des Camerounais

Par Brice G. Ndoumen

La longévité au pouvoir n’a jamais été une bonne leçon à apprendre à la jeune génération ou encore un legs à laisser à la postérité. A quand Paul Biya, arrivé fortuitement au pouvoir au Cameroun en 1982, payera le prix de son entêtement à résister au temps et à mourir au pouvoir.

A son arrivée au pouvoir, Paul Biya était porteur d’espoirs. Il avait succédé, dans un « coup d’Etat médical » à peine déguisé, à Ahmadou Ahidjo, le « père de la nation » à l’ancienne. Biya, ancien séminariste, avait des allures de « moderniste » et beaucoup d’intellectuels et cadres camerounais ont cru en lui.

Trente-quatre ans plus tard, le moderniste s’est transformé en ectoplasme, président qui préside à peine, réunissant rarement son Conseil des ministres, enchaînant les longs voyages de plaisir à l’étranger, et s’inscrivant dans une longue tradition de chefs d’Etat pour qui « l’Etat, c’est moi », avec des entourages transformés en prédateurs par la longévité aux affaires.

Depuis 34 ans, le Cameroun a reculé car, plongé dans une profonde léthargie, en total décalage avec son énorme potentiel économique. Plus de 40% de la population vit avec moins de 500 frs Cfa par jour.

Manipulateur
Le régime de Biya a instrumentalisé les identités ethniques pour casser l’opposition dans les années 90. Il utilise aussi la justice et la force : en février 2008, la police et l’armée ont tiré à balles réelles sur des jeunes qui manifestaient contre son projet de révision constitutionnelle et la vie chère. Bilan : des centaines de morts, au moins 139 selon des ONG.

Aussi longtemps que la raison jaillira de l’esprit des êtres humains que nous sommes, nous condamnerons les conditions et les fins pour lesquelles Paul Biya refuse de tourner la veste depuis près de 34 ans. La leçon à tirer des 34 ans de la gouvernance de Paul Biya, c’est que l’Afrique comme les autres continents de la planète n’ont plus besoin de cette attitude.

Même si un Etat ne renferme qu’une famille, les lois de la Nature veulent qu’une seule et même personne ne gouverne pas ad vitam aeternam. Tous les citoyens qui tiennent des propos sensés sont censés devenir un jour président. Pourvu qu’ils en remplissent les conditions.

A l’opposé de la plupart des dirigeants que renferme l’Afrique, Biya aura eu à offrir tout à son peuple sauf la démocratie. Les grands projets de développement… il faut attendre 2035 quand il ne sera plus certainement en vie, les autoroutes, il faudra attendre 2035, l’électricité et l’eau potable sont devenus du luxe. L’insécurité au Cameroun est de taille…

Paul Biya apparaît depuis ces derniers mois rongé par la longévité au pouvoir. Au nom de la boulimie de la gouvernance étatique, ce dernier a mis entre parenthèse ses séjours au Cameroun pour des voyages récurrents en Suisse où il a fait depuis 34 ans du 6ième étage de l’Hôtel Intercontinental de Genève, la présidence de la République du Cameroun en territoire étrangers.

En tout cas, la vérité biologique aura raison de lui.
Vivement, que cette génération de dirigeants similaire à Biya disparaisse sur le continent noir.

Le régime Biya sera sans aucun doute le dernier plus long régime présidentiel au Cameroun. Paul Barthélemy Biya est l’un des hommes politiques qui aura négativement marqué le c ur de nombreux camerounais

Parlant du Renouveau
Nombre de Camerounais n’ont connu que Paul Biya, octogénaire, 34 ans à la tête du pays ce 4 novembre 2016.

A son arrivée au pouvoir, en 1982, ce pays d’Afrique centrale comptait parmi les plus riches du continent. Aujourd’hui, il ne ressemble plus à rien. A tel point que beaucoup de ses 20 millions de citoyens n’aspirent qu’à le quitter. « Il existe peu d’Etats africains comme le Cameroun, où les habitants ont une aussi mauvaise image de leur pays et d’eux-mêmes ».

En 34 ans, la rigueur et la moralisation ont foutu le camp.


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Quelqu’un peut-il souffler au couple Biya que Anne-Marie Nzié est morte?

Par Abdelaziz Mounde

Ni message de condoléances du président, de son épouse, ni communiqué officiel sur le site de la Présidence comme on le voit ailleurs en Afrique. To lambo, zéro !

A quoi a-t-il servi à notre virtuose nationale d’être la mascotte de l’homme du Renouveau ? Le Cameroun doit sortir de cette instrumentalisation et de ce mépris des artistes.

Et pourtant ! Juin 2011, la présidentielle se profile à l’horizon. Charters d’artistes et collectifs de soutien sont de mise. Le reporter de Cameroon Tribune, Jean Francis Belibi, envoyé spécial à Meyomessala, l’arrondissement de naissance du chef de l’Etat, rend compte de la  » ferveur » des artistes autour des appels à la candidature de l’homme du 06 novembre :  » Après la standing ovation, raconte-t-il, qu’elle a suscitée en l’honneur de la doyenne Anne Marie Nzié mardi au Centre commercial dans le cadre de leur appel à la candidature du président Paul Biya pour la prochaine élection présidentielle, la première dame n’a eu de cesse d’encourager tous les artistes qui se sont par la suite succédé sur l’immense podium monté pour la circonstance. De K-Tino à François Nkotti qui a fait vibrer l’assistance sur un air de Black Styl, en passant par Majoie. Ayi, Beko Sadey ou encore Guy Watson l’auteur de « Mignoncité » « .

Voix d’or ou de diamant au sens de Manu Dibango, Anne-Marie Nzié, figure immense, reconnue et pionnière de la musique camerounaise et africaine moderne, guest star de cet évènement d’alors, ponctuation du folklore politique du landerneau Rdpc, n’a jamais dissimulé son soutien au président. Faut-il se souvenir du cinglant camouflet adressé aux militants de l’opposition en 1990, quand ceux-ci avaient choisi sa chanson épique  » Liberté  » comme hymne lors de leurs manifestations ?  » Je tiens à dire que je l’ai faite pour Paul Biya « , avait-elle vertement répliqué sur les ondes de la radio et les antennes de la Crtv.

Malgré ce coup de bambou et le froid jeté dans l’opinion, l’aura de la diva et l’affection qu’on lui porte n’ont pas terni. Son oeuvre d’exception, sa place dans l’imaginaire collectif et un attachement à sa personne ont eu raison des polémiques et ranc urs.

En 2008, une cérémonie d’hommage a été organisée en son honneur en présence de membres de premier rang du Gouvernement. Elle n’avait toutefois de cesse de réclamer un statut officiel, des moyens et une reconnaissance plus explicite. L’un des gestes attendus étant celui du chef de l’Etat pour lequel, comme dit le sens populaire, elle s’est  » mouillée « .

Deux jours, après le décès de l’illustre icone Papa Wemba, face aux interpellations et à l’élan international suscité par son départ, Paul Biya a adressé une lettre de condoléances à son homologue congolais, terre de naissance de la star de la rumba. Joseph Kabila, dans une démarche exemplaire, a alors organisé avec un rare engagement trois journées de deuil national, saluées de toute la planète en son honneur.

Au pays des ancêtres d’Anne-Marie Nzié, tout cela ressemble à un impossible miracle. Jusqu’ici, aucune figure de notre culture et de notre musique n’a bénéficié d’un tel hommage et à minima d’un simple message de condoléances du chef de l’Etat lu sur les antennes ou disponible sur le site officiel de la Présidence.

Ni Francis Bebey, chantre des musiques du monde et de la valorisation du patrimoine musical camerounais et africain, ni Epeme Theodore Zanzibar, leader des Têtes Brulées, ce groupe qui a internationalisé le bikutsi, ni Jean Bikoko Aladin père de l’Assiko, ni Gedeon Mpando, sculpteur et concepteur du monument de la réunification, ni Bebe Manga, ni Nelle Eyoum, père du makossa, ce rythme qui a conquis la planète, ni Mongo Beti et les grands écrivains partis vers les Cieux, Eboa Lotin, ni personne n’ont eu la grâce de ces choses simples qui renseignent et témoignent de la place et du rôle de la culture dans une société.

Je sais et j’espère qu’à Genève, devenue seconde capitale du Cameroun, où Anne-Marie Nzié donna un concert en mars 1959 aux côtés de Gilbert Bécaud, l’écho de cette éternelle supplique parviendra au couple Biya. Changeons nos disques rayés

Anne-Marie-Nzié avec Paul (à côté) et Chantal (derrière) Biya.
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Cameroun: nous ne sommes pas des moutons de Panurge

Par Jean-Bosco Talla, Journaliste, Directeur de la publication « Germinal »

Ö rage, ô désespoir. À quelques encablures de la présidentielle de 2018, certaine, mais lointaine, le Cameroun de Paul Biya et le Renouveau sont en passe de décrocher le titre très peu envié de démocrature ignominieuse la plus bête du monde, hors catégorie.

Non contents de bénéficier de la totalité des pouvoirs et de leurs médias enrégimentés qui ont une fâcheuse inclination à confondre propagande et information, nos gouvernants ont l’habileté de se poser en victimes pour mieux écraser ceux qui ne voient pas les choses de la même façon qu’eux. Ils considèrent tous les rapports dressés par les organisations de la société civile, toute discussion, tout point de vue opposé comme une agression contre eux. À telle enseigne qu’une moindre critique, une petite étincelle suffisent pour enflammer leur paillote intellectuelle.

L’auteur n’est pas jugé sur ce qu’il dit, mais sur ce que l’on déduit de lui. Des croix rouges sont vite tracées sur sa porte et sur les murs de sa masure, accompagnées d’écriteaux qui ne laissent aucun doute sur les intentions de leurs auteurs: À détruire. À démolir. Sans ménagement. En même temps, dans les espaces publics, ils utilisent les autorités administratives, membres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), pour museler toute pensée divergente et se poser en uniques défenseurs de l’intérêt général. Sans oublier d’étaler au grand jour dans leurs médias leurs réalisations qu’ils exhibent comme des trophées de chasse remportés à l’issue d’âpres batailles épiques qui ont transformé le Cameroun en un véritable champ de ruines. Leurs ambitions pour le Cameroun sont grandes, mais leurs réalisations sont si petites qu’ils sont obligés d’envoyer le Grand Malade aux urgences où il recevra des traitements-chocs selon des protocoles ou plans d’urgence élaborés avec une hâte si excessive qu’il est loisible à chacun d’imager le sort à Lui réservé: la mort cérébrale subite. L’enfer, selon un aphorisme, est pavé de bonnes intentions.

Nul, les médias indépendants surtout, ne doit évoquer les grands cataclysmes qui se sont abattus sur le Cameroun depuis le 6 novembre 1982 du fait, notamment, d’une gouvernance horriblement régressive sur le plan des droits humains, mis au service d’un immoralisme philosophique viscéralement choquant pour des démocrates. C’est à ses risques et périls, si quelqu’un s’aventure sur ce terrain. Le quotidien Mutations a payé les frais de son outrecuidance. Lui qui, après avoir diagnostiqué «les 10 plaies du Renouveau» dans l’une de ses éditions (1), a, à tort, reçu une volée de bois vert de la part du directeur adjoint du cabinet si vil, Joseph Anderson Le (2), pour ne pas le nommer, cet ex-journaliste à qui on aurait dû attribuer le prix Pulitzer, le prix Nobel, pourquoi pas, pour ses faits d’armes journalistiques sublimes relativement à l’émission à succès, « Province à la Une », qu’il présentait avec maestria.

Fort heureusement, les grands cataclysmes ne sont pas seulement des stimulateurs de la réflexion. Ils sont révélateurs de la diversité des opinions, des discordes politiques, de la capacité de résilience et du courage d’un peuple, mais aussi du confort et du nanisme intellectuels de certains esprits.

Cette sortie d’Anderson Le est, pour ainsi dire, révélatrice de la conception que des sangsues, des membres de l’oligarchie gloutonne au pouvoir se font du rôle des médias. Nous avons déjà stigmatisé, en d’autres temps et en d’autres lieux, ces comportements insupportables. Ses semblables et lui, qui ont une conception moyenâgeuse du rôle des médias, ne nous empêcheront pas d’hurler avec les loups. Fondant leur prise de position sur une conception désuète du débat démocratique, les thuriféraires du monarque présidentiel confondent injures et arguments. Suivant les pas de leur bonimenteur-créateur, champion de la péroraison creuse, ils nous font comprendre que dans leur esprit, la presse n’a qu’une seule et unique fonction: faire l’éloge, des courbettes et de la pommade, cirer leurs chaussures, flatter, jouer et faire le jeu du système en place comme savent si bien le faire la Cameroon Radio Television (Crtv), Cameroon Tribune, notre Pravda nationale et une bonne partie de la presse écrite financée dans l’ombre par le régime et ses partisans (3).

Pour eux, le vrai journaliste, le journaliste professionnel digne est celui qui se contente des faits divers, des choses inutiles, du vide. Normal, puisqu’ils savent pertinemment que les faits divers font diversion et que l’importance de ces choses futiles, de ces chiens écrasés, est, surtout et avant tout, de cacher les choses précieuses et de priver les citoyens d’informations pertinentes qu’ils devraient posséder pour exercer leurs droits démocratiques (4).

Les politiques et Saigneurs du Renouveau se trompent lorsqu’ils tentent malhabilement de limiter ou d’uniformiser la pensée des journalistes en particulier ou des Camerounais en général. Ils ont pourtant le devoir, c’est un impératif catégorique, de tout mettre en uvre pour favoriser l’esprit critique et la diversité d’opinion. Et les Camerounais, qui ont payé cher et continuent de payer très cher le prix de plusieurs décennies de mutisme et d’unanimisme imposés par des goinfres au pouvoir, doivent l’exiger.

Curieusement, ils ne se rendent même pas compte qu’ils commettent une erreur et qu’ils se sont trompés d’époque. Une sagesse latine juge diabolique la persévérance dans l’erreur – Errare humanum est, perseverare diabolicum – et estime qu’elle fonctionne comme une fatalité antique.

À leur place, nous aurions suivi les conseils de Voltaire qui montre dans Candide que face au mal – à la mal gouvernance et aux souffrances infligées aux populations camerounaises par un homme, Paul Biya, chef d’un clan (le Rdpc), d’un régime et d’un système réifiés ayant patrimonialisé le bien commun – l’on ferait mieux parfois aussi de se taire et de ne pas chercher à trouver une raison et une justification à tout, sous peine d’être ridicule.

Le paradoxe, dans cette histoire, est que les confrères de Mutations ont minoré l’ensemble des plaies du Renouveau, cette calamité qui s’est abattue sur le Cameroun il y a 34 ans. Il n’y a pourtant rien de bien nouveau sous le soleil de la délinquance et du crime. Les secrets des tenants temporaires du pouvoir d’État se réduisent à un petit tas de choses sordides, toujours les mêmes. Dans un pays comme le nôtre « où tout se sait et rien ne se tait », nul besoin de se faire détective, de s’en aller remuer des tonnes de boue nauséabonde pour flairer l’imposture, le vol, le meurtre, l’anthropophagie avec leurs rituels compliqués et cruels ou cocasses et bouffons.

Décidément, quelque chose ne tourne pas rond. Achille Mbembé met le doigt dans la plaie: «On a l’impression que quelque chose de très profond s’est cassé ici au cours des trente-quatre dernières années de gouvernement par la négligence et l’abandon, et que ce pays a fait l’objet d’un grave déraillement. Depuis 1982, nous ne tournons pas seulement en rond, englués dans la fange, nous faisons du sur place, les jambes en air et la tête en bas (.) Le bilan est donc calamiteux, le gâchis énorme et il faudrait des décennies pour nettoyer les écuries. Tant d’années d’incurie et de brutalité ont fini par produire une classe politique sourde (.) Le terme qui caractérise le mieux ce mode de «gouvernement par la négligence» est la satrapie. Plus la satrapie est rattrapée par le poids de l’âge et la loi de la mortalité, plus il s’agrippe au pouvoir et se recroqueville sur les jouissances privées. C’est parce que les gérontocrates ont peur du trépas. Ils ne veulent pas passer la main. Ils veulent pouvoir régner outre-tombe(5)».

Visiblement, Paul Biya est assis dans son fauteuil, comme un cavalier sur la selle de son cheval, dont la prouesse est de se cramponner et d’y rester le plus longtemps possible, en gardant un équilibre instable aux prix du rétablissement permanent de déséquilibres continuels. On ne peut et ne doit pas lui demander de jouer à la flûte, de rendre compte de sa gestion laxiste du patrimoine commun, de résoudre des équations à plusieurs inconnues. Son unique vision et projet de société est de ne jamais se faire renverser et de battre le record mondial de longévité ou de durée assis dans le même siège de pouvoir, pour parler comme Fabien Eboussi Boulaga.

Comment ne pas donner raison à Marafa Hamidou Yaya, Jean Marie Atangana Mebera, Polycarpe Abah Abah, Urbain Olanguena Owono, prisonniers politiques, cela va de soi, n’en déplaise au ministre des points de presse, Issa Tchiroma Bakary, qui sont aujourd’hui injustement maintenus dans les affres de la douleur et de l’humiliation et croupissent dans des goulags appelés prisons?

Urbain Olanguena écrit à juste titre: «On connaît la vérité sur la situation du Cameroun d’aujourd’hui, très proche de celle de «lame duck», c’est-à-dire de canard boiteux, bien loin du statut de leader que le pays aurait naturellement ambitionné dans sa sphère sous régionale à tout le moins. Le pays s’enfonce dans une profonde crise de gouvernance, s’enferme dans l’immobilisme avec l’inertie pour principe et pour mesure le refus du changement. C’est le règne de l’argent devenu «l’idéal collectif dominant», et l’argent de la corruption. L’absence de boussole morale, des repères éthiques et la mise à l’écart des lois de la République sont devenus les principes de fonctionnement d’un État failli et en déliquescence. Un climat de fin de règne est fortement marqué par la violence de la guerre de succession comme dans la fable du vieux lion malade, en bout de course, et des lionceaux qui se battent férocement pour capter l’héritage»(6).

Pendant que des observateurs avertis font ce constat poignant, ici et maintenant, il y a toujours des créatures, des esclaves, des ventriloques, des bien-pensants, en réalité des rien-pensants pour seriner les fables du Renouveau, emboucher les trompettes de la flagornerie abjecte et claironner sur toutes les tribunes, avec de pathétiques contorsions sémantiques, que le Cameroun se porte mieux, et que sans l’Immortel Paul Biya, c’est le chaos. Leurs armes de prédilection sont désormais connues et à combattre: la désinformation, l’intimidation, la répression et la peur.

(…)

C’est dire aussi que l’histoire du Cameroun, sous la houlette du Renouveau, est celle d’un avion sans pilote qui plonge tout droit vers l’océan, avec une vitesse initiale. Un avion dans lequel chacun des passagers prétend vouloir être pilote. Pendant que le premier actionne la gouverne de direction, le deuxième joue sur la gouverne de profondeur, tandis que le troisième actionne le manche à balai, qu’un quatrième baisse les volets ou « flaps » pour accroitre la partance, etc. Avec pareil attelage, la seule probabilité de ne pas se fracasser sur l’océan…c’est de ne même pas parvenir jusqu’à lui.

C’est dire enfin que le Renouveau, c’est trop peu dire, est un vaste malentendu, une erreur originelle, un mythe pour idiots – même si tous les partisans de Paul Biya ne le sont pas, idiot étant pris ici sous sa double acception, moderne (un esprit stupide) et ancienne (un esprit imbu de sa particularité) – un dieu que tous les courtisans évoquent, mais auquel personne, même celui qui l’incarne, ne voue un culte.

À coup sûr, notre prise de position déclenchera, chez les cerbères et sicaires de Paul Biya, une poussée d’adrénaline. Ce n’est pas juste; ce n’est pas digne d’un journaliste; il fait de la psychologie à un franc CFA dévalué, de la polémique à bas étage; son emphase rhétorique est ridicule; ce sont des raccourcis d’éditorialiste, des polémiques d’opposants, rouspéteront-ils. Peut-être. Mais, des réalités prégnantes et très préoccupantes auxquelles toute la communication du monde, tous les points de presse du sinistre de la communication n’y peuvent rien.

Le lecteur peut aisément deviner pourquoi certaines portes nous sont ou seront définitivement fermées. C’est parce que nous disons et écrivons ce que nous pensons et non ce que nous avons intérêt à dire ou à écrire. Conscients du fait que celui qui ne pense plus est condamné à la mort, à la défaite, nous refusons que l’on contraigne notre pensée à ce qu’on nous dit de penser.

Que nos contempteurs se le tiennent pour dit! Nous ne sommes pas des moutons de Panurge. Nous prenons position non par intérêt, mais par conviction. Nous ne sommes prisonniers ni d’un clan, ni d’une tribu ou d’une ethnie, encore moins d’un lobby ou d’une confrérie mystico-religieuse. Nous avons été façonnés par des épreuves. Nous n’avons pas peur. Nous avons la capacité de résister aux pressions. Nous ne monnayons pas nos écrits, nos paroles, notre notoriété en échange de récompenses matérielles ou morales. Nous n’hésiterons pas à aller contre les vents dominants, les consensus politico-médiatiques factices fabriqués, pour des raisons inavouées, dans des officines de propagande, si cela correspond à l’idée de ce qui est juste et/ou à celle que nous nous faisons de la République, de la Démocratie et d’un État de droit. Il est par conséquent vain de penser que l’on peut nous contraindre ad vitam aeternam au silence, nous qui avons mis notre personnalité au service de nos convictions et dont l’éthique de conviction est la règle de vie.

Faut-il le rappeler, notre cap a déjà été fixé au début de notre aventure éditoriale (Cf. Germinal n°001). Notre ambition demeure la même: faire comprendre. Dans le flot et la confusion des événements, des paroles, des offres et des prétentions, nous ferons saisir les logiques, les mécanismes sur fond des systèmes qui les soutiennent, leur donnent des sens et de la portée. Nous inviterons à mesurer l’impact des décisions prises sur les vies d’individus ordinaires et du plus grand nombre d’entre eux. Notre héros demeure l’homme en guenilles privé du minimum vital, d’eau et d’électricité, qui éprouve la pénibilité, tombe malade et meurt dans des mouroirs appelés hôpitaux, respire la crasse, vit dans le stupre, tousse et crache du sang, marche sur les ordures puantes qui ont envahi des routes poussiéreuses jonchées de trous ou nids de poule, le regard vide, les yeux dans le vide, le ventre vide.

Quoi qu’on dise de nous, quoi qu’on pense de nos écrits, quoi qu’il advienne, nous n’aurons qu’une passion, celle de la lumière, au nom de nos lecteurs, du peuple camerounais et de l’humanité qui ont tant souffert, qui continuent de souffrir, et qui ont droit au bonheur, pour parler comme Émile Zola.

Tremblez, fripouilles! Tremblez, imposteurs! Tremblez, voleurs d’État! Tremblez, voyous de la République! Nous sommes de retour. Rien ne se fera plus jamais sans nous, à notre manière.

Jean-Bosco Talla
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Lettre aux citoyens du pays de Charleroi pour un Cameroun prospère

Par Jean-Marie Moukam

Chers concitoyens du pays de Charleroi, Depuis plus de trente ans, notre pays est plongé dans un tunnel de crises économiques dont le bout, sans cesse annoncé par le pouvoir en place n’a jamais été atteint et ne le sera jamais.

Comme conséquences, le chômage y a connu une croissance exponentielle avec un taux de sous-emploi estimé à 75,8%. Les données de l’institut national de la statistique nous enseignent que 04 millions de Camerounais vivent avec moins d’un dollar par jour, que nos universités produisent plus de 65% des chômeurs, que 09 millions de Camerounais exercent dans le secteur informel sur une population active estimée à 10 millions et gagnent moins de 40€ par mois, que notre balance commerciale est aujourd’hui à -1200 milliards de fcfa, que notre dette publique se chiffre aujourd’hui à 3800 milliards de fcfa et croit d’à peu près 10% chaque année.

Le corolaire d’une telle performance économique c’est la montée vertigineuse de l’insécurité et l’accroissement du taux de mortalité.

Le Cameroun possède le deuxième bassin hydrographique de l’Afrique mais paradoxalement, les Camerounais meurent de soif.
Comment expliquer qu’un pays comme le Cameroun qui dispose d’une diversité des sources d’énergie ne soit pas suffisamment électrifié ?

Sur le plan politique,
« La Démocratie apaisée » de Monsieur Biya s’est limitée à un empilement de mandats du même homme à la tête du pays. Le processus démocratique s’est arrêté net entrainant même un effondrement des acquis obtenus jusqu’à présent.
J’en veux pour preuve, les brutalités policières constantes sur les cadres du MRC, du CPP et de l’UPC DES FIDELES parce qu’ils réclament l’eau, l’électricité et la santé pour le peuple Camerounais.

En effet, la gouvernance de Monsieur Biya se résume à ses discours ronflants et pleins de promesses aussi belles les unes que les autres sans qu’une seule d’elles ne soit tenue un seul instant.

Le « Renouveau National » est passé maître dans la gouvernance par les discours pompeux et mensongers, pondus par une élite corrompue et démissionnaire de son rôle d’éveilleur de conscience.
Face à ce bilan macabre du « Renouveau National », il nous faut un autre projet pour un autre Cameroun.

Il nous faut un projet crédible d’alternance politique et surtout d’alternatives politiques qui pense à bâtir un Cameroun unit et prospère au-delà du « Renouveau National ».
Ce projet qui se veut fédérateur et ambitieux pour le Cameroun est aujourd’hui porté par le Professeur Maurice Kamto ; Président National du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun.

Celui-ci se décline sous cinq piliers majeurs que sont :
1- La modernisation de nos institutions pour les rendre plus solides et plus efficaces.
2- La modernisation de notre économie pour la rendre plus saine et plus performante.
3- La réforme de notre système éducatif pour l’arrimer au marché de l’emploi.
4- Le développement de notre secteur culturel pour en faire un instrument de production de richesses et de rayonnement national.
5- Le repositionnement de notre diplomatie et surtout de la diaspora Camerounaise pour en faire un acteur majeur du développement national.

Mes chers Compatriotes, Citoyens du pays de Charleroi,
Souvenez- vous du rôle joué par les immigrés Italiens de Wallonie dans la reconstruction de leur pays au sortir de la seconde guerre mondiale.

Fuyant la misère, ils arrivaient par charter pour travailler dans les mines de Wallonie. Au fil du temps, ils se sont attachés à leur pays d’adoption. Leurs enfants et leurs petits enfants sont nés en Belgique. Mais ils ont gardé un attachement profond à leurs origines, leur histoire, leur musique et même la cuisine de leurs aïeuls.

Ils se sont organisés pour participer à la reconstruction de leur pays et le résultat est là aujourd’hui.

M’inspirant de cette fabuleuse histoire, je lance un vibrant appel à vous ; médecins, qui vous déployez chaque jour pour garantir l’efficacité du système de santé Belge ;

Vous, infirmière qui travaillez d’arrache-pied tous les jours pour prodiguer des soins aux malades ;

Vous, femmes de ménage qui parcourez des kilomètres chaque jour pour nettoyer et lustrer les domiciles des particuliers et les édifices publics ;

Vous, chefs d’entreprises qui avez réussi dans un contexte pas aussi évident à créer des activités génératrices de revenus ;

Vous, ouvriers qui la plupart du temps n’avez que votre force de travail pour faire valoir vos compétences ;

Vous, enseignants grâce à qui, les apprenants viennent s’abreuver à la source de votre savoir ;

Vous, étudiants dont le parcours n’est pas toujours évident.
Je vous exhorte à rejoindre le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun. Le cinquième pilier du MRC vous est consacré.

Rejoignez-nous pour une première rencontre ce samedi 14 Mai 2016 à 14 heures très précises à l’adresse suivante : Avenue du Chili, 6/01 à 6001 Marcinelle.

Nous aurons une causerie citoyenne sur le projet du MRC pour le peuple Camerounais et nous nous appesantirons particulièrement sur ce cinquième pilier.

Ensemble nous examinerons :
1- La problématique du regroupement familial.
2- La question de la double nationalité.
3- Le statut des étudiants.
4- Le problème d’emploi des Camerounais de la diaspora.
5- L’entreprenariat et l’accès aux financements de la diaspora.

En marge de notre prochaine rencontre, je vous exhorte également à vous rendre à l’ambassade du Cameroun à Bruxelles et à vous inscrire massivement sur les listes électorales ouvertes auprès de notre représentation diplomatique.

Le pouvoir que vous avez sur « l’homme lion », c’est votre bulletin de vote. Ce n’est que par ce moyen que vous l’enverrez à la retraite

N’oubliez jamais chers compatriotes, que c’est ensemble que nous allons rebâtir notre pays. Nous le ferons parce que nous savons d’où nous venons et qu’il est de notre devoir d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire de notre pays.

Vive la diaspora Camerounaise de Charleroi, Vive le Cameroun.


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06 Novembre 1982-06 novembre 2015: le bilan économique positif du renouveau

Par Patrice Roland Talla, économiste

Arrivé à la présidence de la République, le 06 novembre 1982, dans un contexte économique chancelant, dont il fut le premier à cerner les dérives incubées, Paul Biya eut tôt fait de tirer sur la sonnette d’alarme en prescrivant deux items transformés en leitmotivs, à force de répétitions: Rigueur et moralisation. En fait, ces deux mots résument à eux-seuls, tous les maux de la société camerounaise dont l’ancien Premier ministre, Paul Biya, connaissait les tares: la corruption, les détournements de deniers publics, le favoritisme, le clientélisme, le tribalisme. Avec ce lot de calamités, la crise économique mondiale ne pouvait pas louper le Cameroun. Et pourtant! Paul Biya a vu venir le mal de loin. Et pourtant, il a tracé le chemin de sa praxis politique pour tirer le navire Cameroun des flots, au risque de lui coûter la vie, au capitaine du Renouveau. La tentative d’assassinat d’août 1983 et le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 ont vite fait de disperser l’objectif unique de Paul Biya à remettre de l’ordre dans la maison, au seul intérêt de la croissance économique du Cameroun.

Le livre qu’il publie en 1987 égrène les détails du combat économique à venir: Pour le libéralisme communautaire avertit des dangers d’un capitalisme aveugle, tout autant qu’il prescrit la régulation de l’Etat comme l’unique garantit de la redistribution des fruits de la croissance. Mais, hélas! Paul Biya est seul à cerner les contours d’un discours que peu de gens comprennent et assimilent le moins. En 1989, la crise économique atteint et frappe la Cameroun, de plein fouet, à cause de l’imprévision, ou plutôt, simplement parce que personne n’a rien compris aux avertissements du chef de l’Etat, depuis le premier discours d’investiture prononcé le 6 novembre 1982, à l’Assemblée nationale. Plus tard, la conséquence coule de source. La crise économique est là. Inévitable Elle est fulgurante, galopante.

En peu de temps, le système bancaire commercial s’écroule. La gabegie condamnée par Paul Biya est passée par là. Plusieurs banques ferment boutique. La crise économique est aggravée par le spectre de la crise politique qui englue le Cameroun dans les péripéties du multipartisme, en 1990. Les «Villes mortes» de 1991 paralysent le port de Douala et Yaoundé, Bafoussam et d’autres villes du pays, et font perdre plus de 100 milliards FCFA de recettes publiques à l’Etat. En 1994, le Cameroun et les pays de la zone CFA voient leur monnaie être dévaluée de 50 % de sa parité avec le Franc français. Le président Paul Biya doit se montrer ingénieux pour sortir son pays du marasme économique qui l’étreint.

La valse des réformes
Devant la grave crise économique, il a fallu beaucoup de courage pour éviter le chaos. Dans certains pays voisins, l’Etat était à genou et affichaient onze à quinze mois de salaires impayés. Au Cameroun, il a fallu être ingénieux: baisser les salaires afin d’honorer les engagements mensuels de l’Etat, convertir la dette intérieure en titres, déflater les effectifs de la Fonction publique afin d’alléger la masse salariale de l’Etat, et pour constituer des réserves financières et continuer d’assurer les investissements publics, tout en s’acquittant de la dette extérieure, et des conditionnalités de la Banque mondiale et du FMI, pour espérer passer l’examen du Point d’achèvement de l’initiative PPTE, et bénéficier de la manne d’allègement du stock de la dette bilatérale et multilatérale.

Parallèlement à ces mesures drastiques, le chef de l’Etat, Paul Biya, prescrit le retour à l’agriculture, en prêchant lui-même par l’exemple par des investissements champêtres dans son Mvomeka’a natal. En filigrane, les Comices agropastoraux reviennent à la mode, pour la compétitivité et l’usine à tracteurs d’Akak trace les sillons de l’agriculture de seconde génération. Le pays tient le cap. En 1998, les banques se relèvent. À partir de l’an 2000, le chômage est combattu avec âpreté. Et les institutions de financements des projets en faveur des femmes et des jeunes ne manquent pas à l’appel des innovations : la banque des Pme, le Pajer- U, le Piaasi sont autant de repères pour lutter contre le chômage, dans le cadre du DSCE, en marge des recrutements massifs des jeunes à la Fonction publique (pas moins de 300 000 emplois offerts depuis la dernière de la décennie).

Les projets structurants, malgré la guerre contre Boko Haram
Outre le redressement économique direct qui a permis de mettre en place le DSCE et sur pieds le Plan d’urgence triennal, les plus grands chantiers de développement permettant d’assurer la navigation du Cameroun vers l’émergence proviennent des projets structurants. Méthodique, Paul Biya est passé des «Grandes ambitions», au cours du septennat 2007-2011, à la politique économique des «Grandes réalisations», depuis 2011. Quatre ans plus tard, le Cameroun de Paul Biya s’illumine. Le pays est un vaste chantier de projets structurants. Les fronts sont divers et multiples. L’énergie trône sur le piédestal des investissements, en vue de l’industrialisation du pays. Le gouvernement en a fait sa priorité. Paul Biya tient à construire la fondation de l’émergence par un approvisionnement efficient en électricité. Combattre les délestages est un défi. Les pénuries d’électricité sont en baisse. En dehors de l’apport en énergie de la centrale à gaz de Kribi et les centrales thermique de Yassa, la mise en eau partielle du barrage réservoir de Lom-Pangar est un indice expressif de la victoire énergétique progressive du Renouveau national.

En amont des chantiers énergétiques, les travaux de construction des barrages hydro-électriques de Mekin et Memve’ele, se poursuivent et ont dépassé le cap de réalisation global de 60 %. En aval, en plus, des barrages en chantiers, ceux d’Edea et Song-Loulou continuent d’améliorer l’offre actuelle. Une entreprise de transport de l’électricité, la SONATREL vient d’être créée pour faciliter l’accès dans des zones rurales et les sites d’exploitation minières de l’Est où vont bientôt s’extraire le fer de Mballam, le Cobalt et le Nickel, le diamant de Mobilong. La construction d’infrastructures figure sur le tableau de bord des réalisations du Renouveau. De nombreuses routes ont été construites à l’instar de l’axe reliant Ngaoundéré à Garoua-Boulai, la Ring-road reliant Bamenda-Mamfe-Ekok ou l’axe Kumba-Mamfe. Le volet santé est en pôle position: l’hôpital de référence de Sangmelima, l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala et le Centre des urgences de Yaoundé sont opérationnels.

Dans le même sillage des investissements, le port en eau profonde de Kribi est réalisé à plus de 93 %, le deuxième pont sur le Wouri prend de plus en plus forme. Tout à côté, les CAN 2016 et 2019 sont de gros investissement et constituent de précieux raccourcis vers l’émergence claironnée en 2035. Les infrastructures sportives sont d’ores et déjà en chantier. Les stades de Bafoussam et de Limbe sont pratiquement achevés. Comme on peut le constater, le Cameroun avance, n’en déplaise aux terroristes de Boko Haram qui ont imposé au Cameroun une guerre inopinée et coûteuse, on peut s’en satisfaire, la guerre contre Boko Haram n’a pas fait changer de priorité au président Paul Biya. L’émergence du Cameroun, à l’horizon 2035, reste au centre du pari économique du Renouveau.


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33 ans de règne de Paul Biya: réaction de Jean Michel Nintcheu

Par Jean Michel Nintcheu, député du Social Democratic Front

Le 04 novembre 1982, dans son discours de démission, le Président Ahmadou Ahidjo dressait son bilan ainsi qu’il suit : « Notre pays dispose d’atouts importants. L’unité nationale consolidée, des ressources nombreuses, variées et complémentaires, une économie en expansion continue, des finances saines, une population laborieuse et une jeunesse dynamique, de solides et fructueuses relations d’amitié et de coopération en Afrique et dans le monde ». Quand on regarde ce qu’est devenu le Cameroun après 33 ans de règne sans partage de M. Biya, tout le monde s’accorde à dire que la promotion de M. Biya au poste de Président de la République a été un très mauvais casting. La politique de M. Biya a été un échec cuisant et complet.

Une unité nationale de façade où, en plus des memoranda et surtout du tribalisme exacerbé dans les sphères de décision au sommet de l’Etat, on constate que nos compatriotes anglophones sont marginalisés dans les promotions au sein de l’appareil étatique. Ceux d’entre eux qui occupent une position apparente en sont réduits à inaugurer les chrysanthèmes quand ils ne sont pas tout simplement méprisés ou moqués par leurs collègues. La palme d’or de la condescendance revient à M. Biya qui, en plus d’avoir par simple décret transformé la République unie du Cameroun en République du Cameroun, n’a jamais jugé utile de célébrer le 1er octobre 1961, date de la réunification du Cameroun oriental et du Cameroun occidental. Il a hérité d’un pays en paix. Le Cameroun est actuellement en guerre. Une guerre qu’il a unilatéralement engagée sans rien expliquer au peuple souverain encore moins au Parlement comme le stipule l’article 14 alinéa 2 de la Constitution.

Le bilan social de M. Biya est négatif. Un taux de pauvreté de 40%. Un chômage record qui frappe plus de 90% de la population active. Une progression exponentielle de la précarité avec un SMIG à 28.200 FCFA par jour et un taux de sous-emploi de 75%. Une régression du pouvoir d’achat du fait de la double coupe des salaires, de la suppression massive des emplois et de la cherté de la vie. Une population qui croupit dans la misère et qui est tombé dans le désespoir au point de croire que le salut social réside dans la feymania. Un Indice de développement humain parmi les plus faibles du continent. Absence d’hôpitaux dignes de ce nom. Carence de plateaux techniques dans les hôpitaux qui existent. Insuffisance du personnel soignant (médecins, infirmiers). Inexistence de médicaments gratuits et d’appareils de dialyse dans la quasi-totalité formations sanitaires et même dans des hôpitaux de référence. Faible couverture en eau et en énergie électrique. Déficit d’infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Recrudescence des accidents routiers du fait surtout de l’étroitesse et du mauvais état des routes.

Le bilan économique de M. Biya est désastreux. Des entreprises qui jadis faisaient la fierté de notre Nation ont mis la clé sous le paillasson : Crédit agricole, ONCPB, Banque camerounaise de développement, Fonader, Amacam etc. Celles qui ont pu résister ont, sous le couvert de la privatisation, été bradées sur fond de rétrocommissions. Un environnement des affaires répulsif à cause de la corruption endémique qui a hissé notre pays deux fois consécutives au rang de pays le plus corrompu du monde. Le récent classement de Doing Business en est la parfaite illustration. Une absence de soutien au secteur privé. Un sous-investissement dans les secteurs productifs tels que l’agriculture, l’agro-industrie, les NTIC. Un refus inexpliqué de procéder à la transformation sur place de nos ressources minières qui sont par ailleurs pillées par des mafias endogènes et exogènes. Braderie des centaines de milliers d’hectares de nos terres arables aux prédateurs fonciers. Une balance commerciale déficitaire. Une masse salariale de l’Etat qui constitue une véritable serpent de mer et un gouffre à sous entretenu.

Le bilan éducatif de M. Biya est catastrophique. Une jeunesse sans avenir qui a été victime d’un génocide intellectuel programmé: instauration de la scolarité payante et suppression la même année des bourses dans les universités et grandes écoles, précarisation des étudiants. Des écoles primaires construites avec des branchages et des feuilles d’arbustes dans certains arrondissements du pays. Des enseignants du primaire et du secondaire clochardisés.

M. Biya agit sur tout. Il est TOUT. Il instrumentalise la justice à des fins politiques. L’opération dite Epervier s’est transformée en une opération piteuse d’épuration politique. Les institutions contenues dans la Constitution sont créées au gré de ses humeurs (non application de l’article 66 sur la déclaration des biens, absence du Conseil constitutionnel). Celles qui existent sont taillées à sa mesure. Pour avoir effectué 35 remaniements et utilisé sans succès plus de 300 ministres en 33 ans de règne sans partage, il est sans nul doute le plus mauvais Directeur des ressources humaines qu’un pays ait connu.

Le bilan politique de M. Biya est calamiteux. La liberté d’expression est à géométrie variable. Les manifestations des partis politiques de l’opposition ainsi que des Organisations de la société civile sont systématiquement interdites. Des opposants politiques à l’instar de GUERANDI MBARA au régime ont fait l’objet d’enlèvements, de torture et d’assassinats. Le découpage électoral est inique en ce sens qu’il ne garantit aucunement l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel. Les chiffres de la démographie ont été diminués dans des zones favorables à l’opposition. Du tout début des années 90 où on a assisté à une timide ouverture démocratique obtenue au forceps par le peuple jusqu’à ce jour, M. Biya n’a jamais gagné une élection crédible. Il n’a jamais gagné une élection à la loyale. Les achats de conscience, le bourrage des urnes et la falsification des PV ont toujours été sa marque de fabrique. Son bilan a toujours été indéfendable. Son unique stratégie de campagne a toujours été de mentir et tricher, avec le vide idéologique de ses discours.

Ses promesses aux camerounais n’ont été rien d’autre que de l’escroquerie et de la fumisterie revendues par des valets sans morale et autres guetteurs d’avenir qui, quoiqu’étant à la périphérie du pouvoir, écument les plateaux de télévision et de radio pour justifier l’injustifiable. Il est conscient que sa personne est profondément rejetée et que son parti n’existe que plus que par la peur de perdre le pouvoir. Comme si cela ne suffisait pas, il s’est permis, dans une dérive totalitaire, d’inaugurer en 2008 le cycle funeste des modifications des Constitutions en Afrique pour s’éterniser au pouvoir en massacrant des centaines de camerounais. Ces crimes contre l’humanité qui sont par ailleurs imprescriptibles, resteront dans la conscience nationale comme le plus gros point noir de son long règne imposé au peuple.

On aurait pu penser que le mandat de 2011 était juste un baroud d’honneur propre au monarque autiste. Tous les indicateurs montrent qu’en dépit de ses capacités physiques et psychiques approximatives et chancelantes du fait de son âge très avancé, M. Biya veut à tout prix et à tous les prix se représenter. La poursuite du calvaire dicté à la Nation sera neutralisée en empêchant, par tous les moyens légitimes, le dictateur Biya de se représenter en 2018, comme il en caresse le rêve.

L’Histoire de notre pays retiendra que le 6 novembre 1982 est le jour où la malédiction s’est abattue sur notre pays. Cette malédiction ne saurait perdurer au-delà de 2018. Le peuple en a assez. Trop c’est trop !!!

Douala, le 05 novembre 2015.


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Le Renouveau a 32 ans

L’actualité politique est marquée ce jeudi au Cameroun par les manifestations marquant la célébration des trente-deux ans de l’arrivée de Paul Biya à la magistrature suprême

L’actualité politique est marquée ce jeudi au Cameroun, par les manifestations marquant la célébration des trente-deux ans de l’arrivée de Paul Biya à la magistrature suprême.

La journée est ponctuée par les meetings politiques à travers le pays, sous les auspices du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti au pouvoir) dont Paul Biya reste et demeure le président national depuis la création du parti en 1985.

Les manifestations qui se déroulent cette année sous le thème central « Tous derrière Paul Biya pour lutter contre l’insécurité », notamment la secte nigériane Boko Haram coupable des attaques terroristes au Cameroun, sont également l’occasion pour les « Camerounais, de réitérer leur indéfectible soutien au Président de la République pour sa politiques des grandes réalisations », a indiqué le secrétariat général du Comité central dans un communiqué.

Ancien Premier ministre de 1975 à 1982, Paul Biya alors « successeur constitutionnel » a remplacé Ahmadou Ahidjo, démissionnaire avoir assumé les fonctions de chef de l’exécutif depuis l’accession du Cameroun à l’indépendance le 1er janvier 1960.

Avec la restauration du multipartisme au début des années 1990, Paul Biya a été plusieurs fois réélu à la tête du pays et la dernière qui lui octroie un mandat de sept ans remonte en 2011.

Paul Biya, président de la République du Cameroun
DR)/n

Le RDPC prépare le 32e anniversaire de Paul Biya au pouvoir

L’événement sera célébré le 06 novembre prochain sous le thème de la sécurité et de la lutte contre Boko Haram

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) prépare le 32e anniversaire de Paul Biya à la tête de l’Etat. L’événement sera célébré le 06 novembre prochain, date anniversaire rappelant le transfert de pouvoir effectué le 06 novembre 1982 par Ahmadou Ahidjo à celui qui était Premier ministre de la République unie du Cameroun. A son arrivée au pouvoir, Paul Biya avait placé son projet de société sous le sceau du Renouveau.

Le thème choisi pour le 32ème anniversaire de ce Renouveau est: «Tous derrière le président Paul Biya dans la bataille contre l’insécurité, pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale, la préservation de la paix et la consolidation de l’unité nationale», informe le secrétaire général du RDPC, Jean Nkuete, dans une circulaire adressée aux militants de ce parti, le 28 octobre 2014.

«Le trente-deuxième anniversaire du Renouveau national marquant l’accession à la magistrature suprême de S.E. Paul Biya se célèbre cette année dans un contexte, hélas, fortement marqué par les velléités de déstabilisation de notre pays, avec la guerre qui nous est imposée aux frontières septentrionales et les agressions récurrentes subies par les populations aux frontières orientales du Cameroun», explique Jean Nkuete pour justifier le thème retenu cette année. Le Sg du Comité central du RDPC mentionne nommément la secte Boko Haram contre laquelle le Cameroun est en guerre depuis l’annonce faite à Paris le 17 mai 2014 par le chef de l’Etat.

Le président de la République, aujourd’hui âgé de 81 ans, cumule avec la fonction de président national du RDPC depuis la création de ce parti, le 24 mars 1985, sous les cendres de l’ancien parti unique, l’Union nationale camerounaise (UNC).

Des militants du RDPC
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Lettre ouverte: Le Président du front des Jeunes du Renouveau écrit à Paul Biya

la tribune de Louis David Lobè, Président du Front des Jeunes du Renouveau, publiée dans le journal camerounais Le Soir

Monsieur le Président,

Le discours que vous avez adressé à vos jeunes compatriotes est bienvenu. Mieux qu’un rituel républicain, il est un moment particulier d’assurance de cette composante de notre pays qui est en proie à l’âpreté du quotidien. Nous vous écoutons toujours avec cette attention soutenue qui ex rime la grande admiration que les jeunes vous portent. A Cameroun, conformément aux dispositions de la polit que nationale de la jeunesse, la jeunesse se situe dans les tranches d’âge allant de 15 à 35 ans. Cette précision est essentielle dans un environnement où les plus âgés, les adultes vieillissants, s’agrippent scandaleusement à cette tranche. C’est donc à nous que vous avez parlé le 10 février 2014.

La rudesse de la vie nous confine dans un chômage avilissant. Nous sommes à la merci de toutes les dépravations. Les étiquettes les plus viles nous sont affublées. Nous sommes sujets à la mésestime.

Loin de nous l’idée de nous dédouaner, relatons les faits afin d’identifier les responsabilités: un jaillissement vertigineux des lieux de débauche autour des sanctuaires du savoir que sont, nos universités, nos lycées, nos écoles, « l’imbécilisation » de nos cadets à travers l’admission à des classes supérieures avec des notes médiocres, promotions collectives’ le silence complice des forces de main¬tien de l’ordre devant les lieux de distributions, de commercialisations, et de consommations des stupéfiants.

La promotion des jeux de hasard comme tremplin vers la félicité. A y voir de près, nous ne sommes pas si coupables. Devant les difficultés nombreuses et multiformes que nous connaissons, vous avez constitué plusieurs départements ministériels pour l’émancipation des jeunes. Ainsi, les ministères en charge des questions d’éducation, le ministère de la Jeunesse et de l’Education Civique, le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat.., nous sont dédiés. Plusieurs organismes de résorption du chômage ont été salués avec une rare frénésie, mais n’ont pas su mériter ni votre haute confiance, ni l’estime folle des jeunes qui y trouvaient des raisons d’espérer.

Il y a un gap entre ces dirigeants froids et les aspirations des jeunes, et nous le disons très respectueusement, nous n’en voulons plus! Nous sommes motivés. Votre adresse nous rappelant que la construction des infrastructures routières, sanitaires, scolaires sera notre tâche, nous interpelle. Vous nous mettez au c ur de nos responsabilités devant la République du Cameroun, devant l’histoire. Cette motivation sera accrue si vous daignez vous appesantir sur ces deux suppliques: la création de l’Observatoire National du profil Administratif qui viendrait émonder l’administration publique de ces resquilleurs, mais surtout veiller à la régularité des concours d’admission dans les grandes écoles, car malgré ce qui est dit, le doute persiste.

Nous souhaitons voir éclore des ministres jeunes au sens propre du terme. Quel bonheur, que de voir un jeune aux côtés de cet illustre compatriote dont la côte d’estime est rayonnante auprès des jeunes! Le retour des valeurs essentielles passe aussi par la refonte des partis politiques. Ils doivent cesser d’être des étals commerciaux qui génèrent des prébendes et garantissent des ascensions sociales à quelques sombres personnes, pour redevenir des lieux d’initiation à l’action militante, d’appropriation d’idées fécondes et concurrentielles dans le sens de la construction du Cameroun.

Dans ce cafouillis tourbillonnant, nous avons choisi le Renouveau. Oui Mr le président, nous sommes les chantres du Renouveau! ce modèle de référence indispensable à la construction d’un Cameroun prospère et fort, véritable prophylaxie devant les errements qui enlaidissent notre quotidien dont le pan visible est une administration publique dans laquelle la corruption, l’absentéisme, la délation se sont sédimentés. Un espace public où intolérance, injures et outrances diverses tiennent lieux de projet politique; où les valeurs normatives se sont galvaudées avec un rare cynisme. Le renouveau que vous inspirez est la rigueur dans la gestion des affaires publiques, la moralisation des comportements, la libéralisation de notre économie, la démocratisation de notre espace publique.

A y voir de près, rien de grand ne se fera sans l’infusion des règles-préceptes du Renouveau dans nos vies.

Tout en vous réitérant notre déférence et notre soutien infaillible, veuillez agréer Monsieur le Président, les salutations des jeunes authentiques.

An 30 de la présidence de Paul Biya: Un souvenir à deux vitesses

De nombreuses manifestations du parti au pouvoir ont eu lieu dans le pays, mais la réunion publique du Sdf a été interdite à Douala

La célébration des trente ans au pouvoir de Paul Biya donné lieu à des actions à deux vitesses. Au sein du parti au pouvoir, c’était l’extase complète, la grande communion. Dans la capitale Yaoundé, le parti a organisé une marche pour réaffirmer son soutien à son leader. Dans les rangs, tous les acteurs du régime en marché serrée. La soirée s’est achevée avec la tenue d’un grand concert au palais des congrès de Yaoundé. Les échos qui viennent des zones reculées sont identiques. A Obala la fête a pris des allures de mobilisation pour une inscription massive sur les listes électorales. A Ngoumou toujours dans la région du centre, on a magnifié la paix et la stabilité, acquis reconnu et revendiqué des 30 ans. À Monatélé, on a choisi de renouveler le pacte de confiance. Enfin à Garoua et dans une perspective non exhaustive, on a parlé d’une exaltation du renouveau. Dans certaines localités, on a plutôt choisi de célébrer l’émergence. Toutes les régions du pays ont vu arriver des délégations du comité central venues communier et partager en réflexion le thème retenu « Cap sur l’émergence », mais aussi le gateau d’anniversaire des 30 ans du renouveau. Et à l’étranger, les échos sont venus de Brazzaville en république du Congo, où l’ambassade s’est transformée en salle de meeting politique. Une chose marque cependant, le président Biya n’a été vu nulle part dans ces activités de célébration. Les pontes du parti ont à chaque fois représenté le Président.

Ils sont nombreux les camerounais qui ont vécu le 30ème anniversaire de la présidence Biya de très mauvaise humeur. Dans les administrations, les principaux responsables avaient déserté les lieux, mis en mission par le parti pour aller réchauffer les masses dans les zones reculées. « Je veux bien qu’on célèbre l’anniversaire de qui on veut mais là j’avais des documents à retirer au ministère des enseignements secondaires, il n’y avait personne dans les services où j’entrai. C’est franchement terrible surtout que rien ni personne ne vous informe que ce jour-là sera férié dans l’administration », s’est plaint un usager visiblement décontenancé. Pour certains autres acteurs politiques, la célébration ou alors la contre célébration de ce 30ème anniversaire a fait l’objet d’une solide répression. Le Social Democratic Front (SDF) de l’opposant historique John Fru Ndi en a payé les frais. « En date du 05 Novembre 2012, M. Ekoa Mbarga Jean Marc, Sous-Préfet de Douala 1er a signé une décision portant interdiction de la tenue d’une manifestation publique dans l’arrondissement de Douala 1er. Cette décision porte interdiction du Grand Meeting Public et Pacifique que se propose d’organiser le SDF Littoral ce jour 06 Novembre 2012 à la Salle des Fêtes d’Akwa dès 12H00 sous la présidence de l’Hon. Jean Michel Nintcheu, son Président. Malgré toutes les garanties présentées par le SDF Littoral et toute l’assurance visant à préserver l’ordre publique et à garantir la sécurité des hommes et des biens, M. Ekoa Mbarga Jean Marc justifie sa décision : « en raison des risques graves d’affrontement entre militants de formations politiques diverses », peut-on lire dans un communiqué de ce parti. De fait ses militants ont essayé de marcher, une initiative stoppée net. Mais grande est la majorité de personnes qui n’ont pas eu souvenir d’une quelconque fête. « Je sais pas de quoi tu parles mon frère. Moi je suis là pour me débrouiller et je ne vois pas en quoi la fête dont vous parlez là m’intéresse. S’il a fait 30 ans au pouvoir c’est bien. Moi je suis encore en train de me chercher donc on n’a pas les mêmes soucis », s’exprime Frank un vendeur à la sauvette à l’avenue Kennedy à Yaoundé la capitale du pays. « En tout cas si on me dit qu’il y a le vin quelque part, je ne fabrique pas l’autre, je fonce et je vais boire, c’est toujours ça de gagné », enchaîne son voisin lui aussi vendeur à la sauvette. A Garoua, de nombreux tracts demandant le départ de Paul Biya ont circulé dans la ville au cours de cette journée. Donnant à cette célébration dans la ville, deux teintes différentes.

La Une de Cameroon Truibune de ce 07 novembre illustre bien la célébration pour le parti au pouvoir
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30 ans de renouveau en politique: Entre verrous et gâchis

Le régime actuel au pouvoir au Cameroun est passé maître dans l’art de manipuler les concepts, les individus et au besoin les urnes pour se maintenir

En ce 06 novembre, Paul Biya 79 ans célèbre ses trente ans de pouvoir à la tête du Cameroun. L’ancien président Ahmadou Ahidjo lui laisse un pays qu’il a gouverné d’une main de fer et dans lequel la participation et le droit à la contestation du et pour le peuple, sont fortement réglementés. Dès la prise de pouvoir de Paul Biya, « la liberté d’expression est effective, le Cameroun compte plusieurs partis politique et les gens peuvent librement adhérer aux formations politiques de leurs choix, la séparation des pouvoirs est effective, donc nous pouvons dire que la démocratie est effective au Cameroun », affirmait Jacques Fame Ndongo lors d’un débat télévisé avant les élections présidentielles de 2011. Le président Paul Biya lui-même ne tarît pas d’éloges sur son action au profit de la démocratie :« Mon devoir, en tant que chef de l’Etat est de mettre en place et de renforcer les institutions qui permettent à la démocratie camerounaise de s’enraciner dans nos comportements. Les mécanismes de fonctionnement de cette démocratie sont prévus dans la Constitution, que ce soit en ce qui concerne l’élection du président de la République ou la succession à la tête de l’Etat en cas de vacance du pouvoir. Nous comptons sur la maturité des Camerounais – et ils en ont fait preuve lorsque nécessaire – pour respecter l’esprit et la lettre de nos institutions», a-t-il déclaré lors d’une interview accordée au magazine panafricain LesAfriques, à la veille du sommet de la francophonie de Genève en 2010.

Tant pis pour le peuple…
Paul Biya et son équipe, ne doutent donc pas de leur apport sur l’évolution de la démocratie, en 30 ans de pouvoir. Au sein de l’opinion publique, la perception est toute autre. De nombreux acteurs estiment que si la démocratie existe bel bien au Cameroun, les mécanismes qui en permettent un fonctionnement optimal ont été complètement verrouillés. De nombreux observateurs expriment souvent l’idée selon laquelle, ils ne comprennent pas comment une démocratie peut permettre à des chefs d’Etat de faire 30 ans au pouvoir. « Lorsque je raconte cela à des amis aux Etats unis, ils n’en reviennent pas. Ils me disent soit ce peuple-là aime trop son chef, soit il y a d’autres types de problèmes. C’est difficile à comprendre », s’est exprimé un jour un responsable de l’ambassade américaine, dans le cadre d’une formation donnée à des journalistes camerounais. Un retour en arrière permet de faire une précision, la démocratie au Cameroun, ne doit rien au régime Biya. Dans les faits ce sont les acteurs du renouveau qui ont implanté la pratique et c’est justement là le problème pour des analystes. La démocratie au Cameroun n’a jamais été une adhésion aux aspirations du peuple, mais une manière pour un gouvernement incapable de mettre en place un cadre macro-économique productif, de ne pas perdre la manne de l’aide au développement. En 1989, un rapport de la Banque Mondiale, le Rapport Berg, fixe comme conditions, les réformes institutionnelles et l’assainissement des économies auxquelles devaient s’astreindre les pays en voie de développement, s’ils voulaient continuer à compter sur les financements de cette institution. Un an plus tard, François Mitterrand l’ancien président Français, dans son fameux discours de la Baule, posait comme condition de l’octroi de l’Aide au développement, la démocratisation politique des pays africains. C’est dans ce contexte qu’advient en Afrique francophone et donc au Cameroun, une démocratie avec comme base le pluralisme des partis politiques.

. Tant qu’on pille sans problème le pays
En 30 ans, Paul Biya a vu passer quatre présidents en Chine, pourtant un régime à parti unique, 5 présidents américains, 4 présidents français, dont certains ont passé entre 12 et 14 ans au pouvoir, 4 Premiers ministres britanniques. Plusieurs observateurs s’accordent à dire aujourd’hui, que d’une manière ou d’une autre, cet échec de la démocratie au Cameroun a été favorisé par la présence d’une opposition moribonde, et d’une certaine société « Si vile ». En 1992 et 1994, cette opposition avait le pouvoir de faire changer les choses ne fût-ce qu’au parlement, mais elle n’a pas pu. Aujourd’hui la dispute politique que propose l’opposition indique clairement qu’elle a du mal à définir une véritable stratégie d’alternance et des alternatives, pour sortir le Cameroun du joug Rdpc/Biya. La société camerounaise semble diffuse dans la construction politique des opposants. À chaque fois, ils critiquent les systèmes de compétition politique par les urnes, mais ne crachent pas devant les 30 millions de la campagne électorale. Dans un de ses livres, intitulé « Le Président de la République du Cameroun (1982-1996) » l’intellectuel camerounais Luc Sindjoun aujourd’hui conseiller du président a posé un problème de fond pour la démocratie au Cameroun. « L’alternance néo-patrimoniale de novembre 1982 par laquelle Paul Biya remplace Ahmadou Ahidjo à la tête de l’Etat d’une part, la « libéralisation politique » d’autre part, permettent de faire un retour réflexif sur le rôle de président de la République. Rôle institutionnel qui survit aux acteurs, qui offre des ressources dont les usages sont au fondement de la régulation de la crise de succession présidentielle. Bien qu’éprouvé par la crise de légitimité du régime politique camerounais consécutive à la relative libéralisation politique, le rôle de président de la République conserve son importance à travers la fascination exercée sur la classe politique et l’avantage compétitif conféré à l’actuel faisant fonction », peut-on y lire en résumé.

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30 ans de renouveau en économie: L’éternelle promesse des années Biya

Il avait fait des promesses en 1982, il a fallu 30 ans pour débuter les réalisations dans un Cameroun qui avait entamé sa construction

Pour plusieurs camerounais, les années Biya sur le plan économique donnent lieu à des avis divers : Le vide pour ceux qui ont vécu durant les 25 ans du régime Ahidjo. Un régime qui a connu la construction d’une économie en développement. En face il y a la misère progressive pour les 30 ans des années Biya qui donne rendez-vous en 2035 pour accéder à l’émergence. Dans la plupart de ses discours, le président, au contraire de ses collaborateurs, ne rejette pas cette contre-performance en matière économique. C’est fort de cela qu’il a annoncé son mandat actuel, le sixième depuis 1982, sous le signe de grandes réalisations et du chemin vers l’émergence. Aujourd’hui la moindre infrastructure construite ou à construire fait l’objet de grandes annonces à l’adresse d’une population qui dénonce des conditions de vie difficiles dans l’un des Etats les plus corrompus au monde. Plus de 60 des collaborateurs de Paul Biya, dont certains les plus proches, sont en prison pour avoir officiellement détourné de l’argent public. Lorsqu’il arrivait en 1982, Paul Biya avait placé sa présidence sous le règne de la rigueur et de la moralisation. Il promettait de mettre en place un cadre transparent de la dépense publique. Entre 1982 et 1994, la dette publique a atteint les 110% de la richesse globale produite. Officiellement on invoque la détérioration des termes de l’échange, c’est-à-dire la baisse des cours des matières premières qui avait ponctionné les ressources de l’Etat. De nombreux observateurs estiment pourtant que les difficultés de conjoncture qui étaient inévitables, sont devenues des catastrophes du fait de l’imprécision et des choix macroéconomiques peu pertinents, dans lesquelles se mêlaient politiques et intérêts de rente.

Absence de prévision…
Les choses n’ont pas beaucoup changé et aujourd’hui les liens entre la classe des affaires et celle de la politique sont encore marqués par des compromis et des alliances, qui détruisent les fondements même de l’économie moderne comme l’égalité devant la compétition. Les difficultés économiques sont si nombreuses et si complexes, qu’on a du mal à s’y retrouver. Quelques points permettront d’aborder la question. Le gouvernement se dit fier du succès de la réforme du secteur bancaire. Or aujourd’hui 3 banques se partagent 86% du marché et les établissements de micro finance sont aussi nombreuses qu’incompétentes. Autre succès présenté, la réforme fiscalo-douanière à travers la mise en place d’un guichet unique et le succès du service des douanes. La vérité est que le Guichet Unique en 10 ans n’a pas encore amorcé son véritable rôle, réduire les délais de passage au port de Douala et on note des améliorations dans le secteur des Douanes. La lutte contre la corruption est l’un des objectifs les plus controversés et les plus critiqués des années Biya. Le gouvernement a multiplié la création des organismes et autres sigles de luttes contre la corruption en lieu et place d’une réelle réflexion sur les facteurs d’alimentation de cette gangrène. De phénomène sociologique, elle s’est transformée en pratique naturelle dans un environnement où les gens refusent de changer. Dans ce panier on retrouve, l’insolence de la richesse de quelques-uns et le profond incivisme des fonctionnaires convaincus d’obtenir juste rétribution de leurs services en lieu et place de charges afférentes à leur mission de service public.

. Et débrouillardise
En 2011, s’appuyant sur le rapport Doing Business, le gouvernement ne manquait pas de mettre à l’actif de son bilan l’amélioration du climat des investissements. Le dernier rapport de référence est moins encourageant. La pression fiscale demeure un problème, l’accès au crédit est très limité, l’import et l’export très contraignants et la création de nouveaux emplois reste limitée. Les défenseurs du gouvernement refusent pourtant toute critique. Or, rien qu’en 2011, les importations ont dépassé les exportations de 1079 milliards de FCFA. Preuve que face à une population qui a des besoins, le tissu économique local a du mal à satisfaire la demande tant en quantité qu’en qualité. En matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les chiffres sont aussi alarmants. Le taux de pauvreté monétaire est de 39,9% de la population et l’indice de développement humain indique que nous avons 10 millions de personnes qui vivent avec moins de 500 FCFA par jour. En matière agricole, le gouvernement affirme qu’en 2010, soit 28 ans après qu’il ait pris le pouvoir en pleine révolution verte, le secteur a contribué en 19% de la richesse du pays. Une aberration pour les économistes. Car 79% de la main d’ uvre y est consacrée. Ce qui veut dire que le segment le plus actifs de l’économie, produit le moins de richesse.

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30 ans de renouveau en sport: Le triomphe de l’amateurisme

Les autorités camerounaises grugent des fans sevrés de victoires alors que le potentiel ne fait point défaut, donnant au Renouveau un visage décadent

Lorsque le président Biya prend les rennes du pouvoir, l’état des deux principales infrastructures sportives à savoir les stades omnisports de Douala et de Yaoundé nécessitent déjà qu’on se penche sur leur entretien qui pourrait en appeler la construction d’autres. Dans le même temps, un paradoxe travaille les fans sans visiblement préoccuper le gouvernement : le football de club est aux avant-postes, dans la foulée de la victoire pionnière d’Oryx Club de Douala, sur la scène africaine alors que les sélections nationales traversent une mauvaise passe depuis la réception de la seule Coupe d’Afrique des nations jamais organisée au Cameroun avec la déculottée subie face au Congo en demi-finale. On en est donc là au moment de l’installation du Renouveau qui connaîtra lui aussi un contraste. Cette fois-ci, les clubs passent le relais aux sélections qui vont aligner des victoires respectables. Montrant au passage que ces victoires ne sont rien d’autre qu’un arbre qui cache une forêt où le manque de vision stratégique apparaît tel un gros bouton d’acné sur un visage juvénile. Grisés par les victoires et le talent qui n’a jamais quitté le Cameroun sportif, les autorités gouvernementales successives croisent les bras. Pis, ils se parent des atours de ces victoires comme instrument de propagande. Ce qui peut se comprendre, sauf que personne ne travaille sur le long terme. C’est l’ouverture d’une boîte de Pandore qui verra ainsi s’échapper la décrépitude des infrastructures, l’amateurisme dans la gestion sportive, l’oubli de l’utilisation des sports comme instrument pour booster l’économie, etc.

Le Renouveau sportif s’en ira ainsi au petit bonheur la chance, guettant la victoire que personne ne travaille à faire advenir. Certes la crise économique et les programmes d’ajustement structurel (Pas) et autres Initiative des pays pauvres et très endettés (Ippte) constitueront plus que des pesanteurs, mais qui auraient pu être retournées favorablement pour peu qu’une prévision ait été faite ou que la volonté politique ait été claire et forte. Au lieu de cela, on continuera à parier sur le hasard, l’illusion et la chance. Cruellement. A tel point que depuis que le Cameroun a dans ses rangs l’un des plus grands footballeurs de son temps, on ne gagne plus rien. Pis on peut même se passer de deux non qualifications à la Can sans que cela ne soulève le courroux du gouvernement ou les aménagements nécessaires qui auraient été décidés partout ailleurs, sauf au Cameroun donc. Et dire que les Camerounais ont été perçus sur la scène sportive mondiale comme des sorciers. Cela dans plusieurs disciplines d’ailleurs du fait des victoires qui n’ont pas manqué ! Dans d’autres pays pourtant, et pour ne rester que sur le continent, l’on a travaillé à rattraper l’ogre Cameroun, jusqu’à le dépasser ; lui qui s’est complu dans une ankylose incompréhensible. Surtout depuis que la corruption est devenu un phénomène public aux dévastations inimaginables. Groggys, les autorités en charge de la question sportive n’en sont pourtant pas au stade de leur mea culpa que les fans désabusés demandent de tous leurs v ux. Question d’exorciser une situation qui n’a que trop duré et qui continue de profiter seulement aux flibustiers et autres margoulins qui ont pris le sport national en otage. Dévoyant au passage les rêves d’une jeunesse talentueuse qui ne demande qu’à s’exprimer et à hisser à nouveau le drapeau national sur le toit du monde. Mais à dire vrai, ce qui se passe dans le sport est-il différent de ce qui se passe dans les autres secteurs de la vie nationale ?

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Les sportifs camerounais aux Jeux Olympiques à Londres
JP Esso/Okabol.com)/n

Cameroun: Lettre du président Paul Biya aux militants du RDPC

A l’occasion du 27 ème anniversaire du Renouveau National

Mes Chers Compatriotes,
Chers militants et militantes du RDPC,
En ce 27ème anniversaire du Renouveau National, je suis très heureux de m’adresser à vous,par le biais de cette lettre, pour vous parler de l’avenir du Cameroun. Cet avenir, il est entre les mains de chacune et de chacun d’entre nous. Il est de notre responsabilité individuelle et collective.
Chacun, à sa place, et tous ensemble, nous devons uvrer activement à son édification. Il sera le fruit de nos efforts communs. Il sera ce que tous nous voudrons qu’il soit.
Pour ma part, je tiens à redire que je ne faillirai point, ainsi que j’en avais pris l’engagement, vous vous en souvenez, dès mon entrée en fonction comme Président de la République.
Comme vous le savez, nous nous attelons patiemment à bâtir notre pays sur des bases solides. En observant le monde qui nous entoure, nous apprécions mieux nos options et nos actions, nous comprenons mieux encore, j’en suis sûr, la nécessité de veiller spécialement et jalousement au renforcement de la paix, au raffermissement de la démocratie et à la consolidation de l’unité qui demeurent les piliers de la construction nationale ainsi que les garants du développement, du progrès et de notre avenir commun. La paix, l’unité et la démocratie sont des valeurs sûres que je n’ai de cesse de prôner et que nous devons sans cesse renforcer. Elles n’ont pas de prix mais elles restent fragiles. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, à cette occasion, je vous renouvelle mon appel à la vigilance permanente pour ne pas compromettre nos précieux acquis dans ces domaines. Pour moi, l’idéal, c’est que demain, ces valeurs soient fermement et définitivement ancrées dans les m urs, les habitudes et les comportements.
Bien évidemment, malgré leur importance, elles ne sauraient constituer des fins en soi.
La paix, la démocratie et l’unité n’ont de sens que si elles concourent à l’épanouissement global de l’individu qui est au c ur du projet de société humaniste proposé dès l’origine par le Renouveau au peuple camerounais. Je maintiens toujours la même vision des choses. L’objectif ultime de mon action demeure le développement durable du Cameroun au profit des Camerounais. Il s’agit de donner à chaque Camerounais la possibilité de se nourrir, de se soigner, de se loger, d’élever ses enfants et d’assurer leur scolarité, d’aller et venir en toute saison et en toute sécurité, de bénéficier d’un emploi. C’est une grande ambition, la plus grande des ambitions qui sont les miennes et que je veux voir se transformer en réalité pour tous.
En examinant le chemin parcouru, vous constaterez que d’importants progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines, malgré les obstacles de toute nature, notamment les crises à répétition qui réduisent substantiellement nos ressources, ainsi que nos propres insuffisances, en particulier l’inertie, la corruption et le détournement des biens publics qui affectent l’image de notre pays et nous privent de tant de satisfactions, notamment de centres de santé, de routes, de salles de classes pour ne citer que ces quelques priorités.
Fort de nos acquis mais aussi conscient de l’immensité des besoins et attentes, je poursuivrai plus ardemment la bataille pour l’amélioration des conditions de vie, la justice sociale et la lutte contre la pauvreté. Je le ferai avec d’autant plus de détermination que je sais pouvoir compter sur votre soutien qui ne m’a jamais manqué, surtout aux moments les plus difficiles. Je veillerai de plus près à la mise en uvre des grands chantiers identifiés et dont les effets bénéfiques aideront à l’édification du Cameroun des années à venir.
J’irai jusqu’au bout dans la recherche des solutions au douloureux problème de l’emploi des jeunes qui constitue, à mes yeux, l’une des principales préoccupations d’aujourd’hui et de demain. J’irai jusqu’au bout dans la moralisation des comportements, la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics. J’irai jusqu’au bout parce que j’ai confiance en vous.
A ce propos, je voudrais vous dire que j’entends les appels et les motions de soutien que vous ne cessez de m’adresser depuis peu. Je tiens à vous en remercier très sincèrement. Ils comptent parmi les meilleures marques d’encouragement qui me parviennent dans la conduite de mes responsabilités à la tête de l’Etat.
Enfin, je voudrais vous faire une confidence si vous le voulez bien. Lorsqu’il m’arrive de m’interroger sur nos enjeux nationaux et notre destin commun, comme c’est certainement le cas pour chacun d’entre vous, je pense aux Lions Indomptables qui ne sont jamais aussi forts qu’en période de doute et qui savent se relever à chaque fois de chaque faux pas perpétré.
C’est ce que j’appelle «â€,l’esprit des Lionsâ€,» autrement dit «â€,the fighting Lions spiritâ€,». Nous devrions nous en inspirer en toutes circonstances pour déjouer toutes les man uvres funestes, éviter les nombreux pièges qui nous sont tendus, en particulier ceux du découragement et de la démobilisation, mais surtout pour relever les multiples défis qui nous sont lancés. Comme nous, Camerounais, aimons à le direâ€,: rien ne nous est impossible. Les victoires et les progrès sont à notre portée. Ne nous laissons pas distraire par des prophéties de mauvais aloi qui n’ont d’autre but que de semer le doute, la peur, voire le désespoir. Demeurons confiants en l’avenir. Redoublons d’ardeur au travail, redoublons de volonté, redoublons de détermination.
A cette condition, nous réussirons ensemble, et le Cameroun continuera sa marche en avant dans la paix, l’ordre et la stabilité.
Yaoundé, le 3 novembre 2009

Paul Biya
Journalducameroun.com)/n