Cameroun: Début de la phase judiciaire dans l’affaire Rio Del Rey

La commission d’enquête censée rétablir la vérité sur la mort d’un des accusé n’a pas encore rendu sa décision

Evocation d’une nouvelle qualification des faits
L’information judiciaire qui s’est ouverte le 8 juillet concerne deux journalistes de la presse privée incarcérés depuis mars à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé la capitale camerounaise. La procédure visait Serge Sabouang, directeur de publication du bimensuel La Nation, et Robert Mintya, du journal à la périodicité aléatoire Le Devoir. L’ouverture de cette instruction qui a été rendue publique de source médiatique n’a pas encore été confirmée par les autorités camerounaises. Elle pourrait durer plus d’un an, selon la législation pénale camerounaise. Sabouang et Mintya avaient été enfermés en même temps que Ngota Ngota Germain dit Bibi Ngota, directeur de publication de l’hebdomadaire privé Cameroun Express, qui est décédé en détention le 22 avril dernier. Avant d’être placés sous mandat de dépôt, les trois hommes avaient été inculpés de faux et usage de faux. Les autorités les accusaient d’avoir imité la signature du secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, sur des documents dont ils se servaient pour (lui) faire du chantage. Récemment, certains médias ont évoqué l’éventualité d’une requalification des accusations à leur encontre. Actuellement, il s’agirait de coaction de contrefaçon de marque et signature. Plus qu’un jeu de mots, cela devrait avoir un impact sur l’issue du procès et aussi des intérêts en jeu.

La commission d’enquête mise en veilleuse?
L’ouverture de cette instruction judiciaire surprend de nombreux observateurs qui s’interrogent sur la commission d’enquête mise sur pied à propos de cette affaire par le président camerounais Paul Biya. Selon des déclarations faites plusieurs fois par le ministre Issa Tchiroma de la communication et porte-parole du gouvernement, Bibi Ngota dont le décès en prison avait soulevé l’indignation de la communauté internationale, n’était pas mort dans le cadre de l’exercice ou en raison de son statut de journaliste. Le 14 avril 2010 dernier, une lettre d’excuse écrite à Laurent Esso le secrétaire général à la présidence de la république, avait été évoquée et à attribuée à Robert Mintya. Selon une information rapportée par le quotidien le messager, il aurait reconnu avoir rédigé cette lettre d’excuse. Une lettre dans laquelle il affirmerait aussi que Bibi Ngota n’avait rien à voir avec la production de ce faux document. Tous les protagonistes de cette affaire auraient été trompés. Dans ces condition, Bibi Ngota serait mort pour rien et simplement parce qu’il était journaliste. Les échanges de l’instruction n’ont pas été rendus publics. De même qu’il est difficile de savoir si le rapport de la commission d’enquête servira dans le cadre du procès. De toute évidence non, vu que l’instruction ne concerne pour le moment que les accusés.

Bibi Ngota victime collatérale?
A l’origine de l’affaire aujourd’hui présentée comme celle de Bibi Ngota, un bâtiment (bateau hôtel) récemment mis à la disposition du Bir Delta, un document qui aujourd’hui on le sait était un faux, attribué au Secrétaire général de la présidence de la république en date du 20 juin 2009. Le document laissait croire que Laurent Esso, de par sa position avait exercé des pressions sur l’administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) pour payer des commissions d’un montant global d’un milliard trois cent millions de FCFA à un dénommé Antoine Bikoro Alo’o, de même qu’à Dayas Mounoune le directeur du port autonome de douala (PAD), et Doh Collins un opérateur économique. La vérité dans les faits est aujourd’hui que le bateau Rio Del Rey existe. Mais pour les commissions autant Laurent Esso que Dayas et Doh Collins ne se reconnaissait pas dans les prétentions des journalistes. Aujourd’hui plusieurs questions restent sans réponse. Elles concernent le rôle effectif de Bibi Ngota, qui a laissé sa vie dans cette affaire, l’origine du faux document, les raisons de sa production et surtout qui en veut à ce point au secrétaire général de la présidence, au point de créer une affaire aussi grave. Enfin si Bibi Ngota n’a été qu’une victime collatérale d’une affaire dont il ignorait les tenants et les aboutissants, comment le gouvernement comptera-t-il réparer ce qui est aujourd’hui une réelle injustice. Un quatrième journaliste, Simon Nko’o, présenté par les autorités comme « le cerveau des faussaires », est en fuite.

Marche organisée lors de la mort de Biby Ngota
Journalducameroun.com)/n