Cameroun : un député français critique le boycott des élections du 9 février

En visite au Cameroun cette semaine, le député Rodrigue Kokuendo a relevé l’inefficacité du boycott des législatives et municipales observé par des partis de l’opposition.

Il n’y a plus de retour possible, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ne participera pas à l’élection législative et municipales du 9 février 2020. La formation politique qui mène des campagnes d’explications sur le sujet a fait jeudi l’objet de critiques de la part du député Rodrigue Kokuendo pour ses positions.

L’élu de la nation regrette le boycott observé par l’opposition, en l’occurrence le MRC, seul parti engagé dans cette fronde. « La politique de la chaise vide n’a jamais rien résolu », a déclaré Rodrigue Kokuendo sans allusion directe au MRC.

Les députés Rodrigue Kokuendo et Didier Quentin séjournent au Cameroun depuis le 14 janvier dernier. Ils y effectuent une mission parlementaire sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest afin de faire un rapport qui pourra éclairer les avis du Parlement français.

Ce vendredi, ils rencontrent les leaders des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale du Cameroun, parmi lesquels le MRC. Cette formation politique ne prendra pas part au scrutin du fait de nombreuses récriminations, notamment : les défaillances du système électoral et le manque d’engagement du gouvernement à sortir de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

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Crise anglophone : ce que font des députés français au Cameroun

Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo recueillent des informations sur la situation en zone anglophone du Cameroun. Mais pour certains observateurs, cette mission semble n’avoir pour seul but que de réconcilier les membres du Parlement français sur la question.

La mission parlementaire des députés Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo suit son cours. Ces élus français sont au Cameroun pour s’enquérir de l’évolution de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

« Tous ces derniers mois en France, il n’a été question que du Cameroun. La guerre de Boko Haram, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont retenu l’attention. Il y a eu certaines déclarations, y compris par certains de nos collègues de l’Assemblée nationale, qui ont entretenu une certaine confusion dans les esprits sur ce qu’était la situation réelle du Cameroun. Le fait d’être venus sur le terrain nous a apporté des informations nouvelles », a expliqué ce jeudi Didier Quentin du parti politique gaulliste et libéral-conservateur Les Républicains.

Un rapport sera rédigé au terme de la mission parlementaire française qui servira à éclairer les membres de l’Assemblée nationale française.

A l’observation, ladite mission a été initiée en réaction aux critiques prononcées le 16 décembre dernier par le député français Sébastien Nadot. Ce dernier s’insurgeait contre les positions ambigües de la France face aux violations des droits humains dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

L’élu de la nation avait appelé la France à œuvrer auprès des Nations unies pour l’envoi d’experts dans les régions anglophones pour évaluer l’ampleur des conflits.

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« Les déclarations faites par notre collègue Sébastien ont constitué un sujet dont nous avons longuement discuté. Il a fait ces déclarations sur la base d’informations qui lui avaient été données mais est-ce qu’elles réflétaient réellement la situation sur le terrain ou pas? C’est la raison pour laquelle le ministère des  Affaires étrangères a estimé qu’il fallait qu’on aille sur place pour voir un peu comment les choses se présentent », souligne Didier Quentin.

La position de la France peut-elle évoluer ?

A en croire, les déclarations de Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo, leur venue sur le territoire national vise, entre autres, à montrer que la France ne « se désintéresse pas des évènements en cours  au Cameroun ». Il n’est pas prioritairement question de fournir des informations pour faire progresser les positions du gouvernement français sur la crise, ce, même si cette option n’est pas à exclure.

« Au vu des informations qui sont transmises par d’autres voies, effectivement nous suivons cette évolution. C’est au peuple camerounais de décider. Ce n’est pas à la France de dire il faut prendre telle solution. Aujourd’hui la solution c’est de rapprocher toutes les décisions plus près des populations, c’est l’une des recommandations du dialogue national. Tout le monde souhaite que vous puissiez aller jusqu’au bout de ce processus. C’est dans ce sens que nous alerterons notre gouvernement en disant que si ce processus doit aller jusqu’au bout, il faudra aider notre partenaire, le Cameroun, et lui donner tous les moyens nécessaires », explique le Franco-Centrafricain Rodrigue Kokuendo.

Les positions actuelles de la France transparaissent dans les derniers actes posés par ses officiels. Notamment : les espoirs portés par ceux-ci après le dialogue national, la dotation d’une enveloppe de 40 milliards de FCFA pour la reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’appui à la décentralisation, etc.

Les députés Rodrigue Kokuendo et Didier Quentin rencontrent vendredi les responsables des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Ils prendront ensuite la route pour le Sud-Ouest afin de rencontrer à Buea, le cardinal Christian Tumi et les autorités locales.