Lettre ouverte à S. E. Paul Biya

Rosine Ebessa Nang, Présidente de l’association « Amour Pour Tous »

Excellence Monsieur le Président,

C’est avec beaucoup de respect que je viens m’adresser à vous par le biais de cette lettre pour parler de l’avenir du Cameroun au nom des membres de l’association « Amour Pour Tous ». Cette Association que je dirige depuis dix ans lutte pour le bien-être des personnes en détresse et des enfants déshérités. Vous comprenez de ce fait que notre action est principalement tournée vers l’aide et la protection des populations les plus fragiles.

Excellence Monsieur le Président, nous avons lu avec un plaisir immense, les multiples motions de soutien rédigées par les Camerounais de tous bords dans l’optique de vous inviter à présenter votre candidature à l’élection présidentielle 2011. Cependant nous restons dans l’expectative.

Nous sommes convaincus de l’amour profond que vous portez à ce pays, mais à la question de savoir si vous écouterez la voix ou mieux les supplications du peuple, personne ne peut y répondre avec exactitude si ce n’est vous-même. Cela donne lieu à quelque crainte. Nous ne souhaiterions pas que vous nous jouiez quelque mauvais tour en refusant de présenter votre candidature. Vous avez su préserver la paix dans notre pays. L’intégration nationale est désormais une réalité dans notre pays. Vous êtes parvenu à rassembler ces frères d’un genre particulier, qui n’ont ni la même langue, ni la même religion, ni les mêmes coutumes et pourtant qui se vouent un amour fraternel certain. Ce sont les frères d’une même nation, le Cameroun. Un pays qui nous est cher à tous. Malgré le contexte économique parfois très difficile sur le plan international (crise économique, dévaluation du Franc Cfa et récemment la crise financière internationale), vous avez continué à multiplier les efforts en vue de conduire le Cameroun vers un développement effectif. Nous avons espoir par ailleurs que la lutte contre la vie chère, l’une de vos grandes batailles du moment connaitra bientôt un dénouement qui nous sera favorable. Le bilan de vos réalisations est fortement impressionnant et nous ne saurions en aucun cas avoir la prétention de le réduire en quelques lignes.

Pour tout dire, j’ai été à deux doigts de présenter ma candidature à cette élection présidentielle. Les moyens financiers auraient peut-être fait défaut, mais pas véritablement, je suis par ailleurs Journaliste, consultante en communication et artiste-musicienne. Tout simplement, j’ai écouté la petite voix qui m’a dit de vous supplier de présenter votre candidature à travers cette missive. Je ne suis pas une illuminée, mais je puis dire que c’est la voix de Dieu qui m’a parlée. En ma qualité d’ancienne de l’église presbytérienne du Cameroun, j’ai pensé qu’au-delà des atouts intellectuels requis, je dispose des qualités humaines qui peuvent m’amener à pratiquer justice et équité vis-à-vis du peuple. Vous, Excellence, le faites si bien depuis des années. Vous avez un sentiment humain très développé. Vous êtes un homme juste avec son peuple. Comme un bon père de famille, vous accordez une importance égale à toutes les régions du Pays. Je suis originaire de l’arrondissement de Bengbis dans le département du Dja et Lobo, ce qui signifie que je suis de la même ethnie que vous ; cependant cela ne justifie nullement cet appel à candidature.

Vous n’êtes pas sans savoir que la ville de Bengbis ne dispose pas de route bitumée. Ces routes qu’on trouve aisément dans d’autres régions du Cameroun. Bengbis n’a ni Directeur Général de société, ni Ministre. Mais voir la majorité des régions qui ont été développées depuis votre accession au pouvoir est pour nous une grande satisfaction. Vous êtes un Président juste et intègre. Vous êtes le Président de tous les camerounais. Il est vrai que l’on compte encore des milliers de personnes qui vivent dans des conditions véritablement précaires et c’est du reste le cas dans tous les pays du monde ; Toutefois je reste convaincue que vous saurez trouver des solutions pour tout le monde. Dans l’un de vos discours vous disiez : « L’objectif ultime de mon action demeure le développement durable du Cameroun au profit des Camerounais. Il s’agit de donner à chaque Camerounais la possibilité de se nourrir, de se soigner, de se loger, d’élever ses enfants, d’assurer leur scolarité, d’aller et venir en toute saison et en toute sécurité, de bénéficier d’un emploi.» vous émettiez du reste le v u que vous puissiez voir cette grande ambition se transformer en réalité pour tous. Des actions remarquables ont été réalisées dans cette perspective et on peut noter des avancées dans divers secteurs.

La situation qui prévaut aujourd’hui nous amène à nous poser de nombreuses questions essentielles. Les discours des hommes politiques c’est bien beau, mais quel crédit y accorder ? Faudrait-il risquer la stabilité, la paix et le développement de notre pays au nom du changement ? Quelles sont les motivations sécrètes des uns et des autres ? L’on a vu des hommes apparemment irréprochables, accéder à de hautes fonctions dans notre pays et faire pire que leurs prédécesseurs (tribalisme, pillage, détournements de fonds publics etc.). Sommes-nous sûrs que les autres candidats auront la crainte de l’Eternel ? Le Cameroun est un Pays béni et pour que ces bénédictions continuent d’affluer, il est important que notre chef d’Etat soit un fils de Dieu. Nous avons coutume de dire que l’Eternel est tout puissant, mais dès lors qu’il opère des miracles dans nos vies, nous n’acceptons plus que ce soit le fait de sa volonté, surtout en Afrique. Vous êtes Fils de catéchiste et sur vous pleuvent encore ces grâces et bénédictions que l’Eternel a déversées sur vos parents et leur postérité. Cet autre mandat pourrait vous permettre de vivre l’éclosion des grands projets structurants qui ont vu le jour sous votre houlette : Le port en Eau profonde de Kribi, la construction de dix mille logements sociaux, les nombreux chantiers en cours en vue de l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable dans notre pays etc.

Excellence, au cas où vous viendrez à répondre favorablement aux supplications des Camerounais, l’association « Amour Pour Tous » souhaiterait soumettre à votre appréciation quelques propositions allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie de tous, votre priorité :
Construction de dix mille logements sociaux par l’Etat camerounais tous les deux ou trois ans. Cela va entraîner une baisse des prix des logements d’une manière générale.
Prélèvement de 5% sur les salaires des agents du secteur public et parapublic percevant un salaire de base supérieur ou égal à deux cent mille FCFA. Nous savons que le secteur universitaire est l’un des points véritablement positifs de votre bilan au vu des actions menées. Nous estimons toutefois, qu’une partie de ces fonds pourra être reversée comme bourse tous les trimestres ou tous les semestres aux étudiants camerounais. L’autre partie pourra être allouée sous forme d’indemnité tous les mois aux adultes handicapés, ne justifiant pas d’autres ressources. Une telle action pourra contribuer à renforcer l’esprit de solidarité entre les citoyens camerounais pour lutter tous ensemble contre la pauvreté. Si cette proposition ne vous agrée pas, l’Etat pourrait créer un fonds national de solidarité. Les ressources proviendraient dès lors des subventions de l’Etat, des dons, des legs.

Envisager dans les années à venir l’indemnisation du chômage.
Notre Pays est en train d’avancer inéluctablement vers la voie du développement et une démocratie réelle. Nous sommes optimistes sur l’avenir du Cameroun. Par la grâce de Dieu, les supplications des uns et des autres seront peut-être entendues. Merci.

Rosine Azanmene: «Mon ambition était de devenir une grande journaliste»

Lauréate du prix international RFI du meilleur reportage radio cette année, elle a accepté de partager son émotion. Rencontre.

Qui est Rosine Nkonla Azanmene? Parlez-nous du côté de vous que vos collègues connaissent, celui que vos parents proches connaissent et celui que vos amis depuis de longue date connaissent
Je suis une jeune journaliste âgée de 28 ans. Titulaire d’un Brevet de Technicien Supérieur en Information et communication option journalisme obtenu en 2002 à l’Institut Siantou Supérieur, je débute ma carrière à Radio Equinoxe à Douala. J’y passe 3 années avant d’intégrer un projet de l’Organisation Mondiale pour la Santé à Bélabo. En 2007 et après l’expiration de mon contrat, je dépose mes valises à Yaoundé. Et aussitôt, je renoue avec ma passion, le journalisme. Je suis rapidement employée à Radio Tiemenie Siantou, la radio dans laquelle j’exerce jusqu’à ce jour. Dans toutes les structures où j’ai travaillé, mes collègues affirment en parlant de moi que je travaille avec abnégation et fierté. Ma disponibilité a souvent surpris en raison de mes responsabilités familiales cumulatives. Mon entourage me trouve maternelle, c’est ce qui me vaut certainement le pseudonyme de Mémé sur mon lieu de service. Mes proches parents et amis savent que je suis ambitieuse et ne sont en général pas surpris de certaine de mes réussites.

Comment vous décidez-vous à faire de la communication et principalement du journalisme?
Ma passion pour le journalisme a commencé très tôt. Lorsqu’à travers la télévision, je regardais et écoutais Denise Epoté, Alain Bélibi ou Sally Messio à Bédiong, j’étais fascinée. Alors la grande question qui me trottait à l’esprit chaque fois, était comment ils font pour rentrer dans le petit écran ou dans le poste récepteur pour séduire autant?. Lorsque j’arrive en classe de 4ème au lycée de Penka Michel, je décide donc d’intégrer le club journal encouragée par un aîné Rosin Dongmo et je commence à mettre ma petite plume au service du journal mural du lycée. A l’occasion de la fête de la jeunesse, des journaux parlés étaient organisés et c’est là que mon proviseur de l’époque M. Tchouamani découvre que j’ai un talent exceptionnel. Il propose à mes parents de me permettre de m’inscrire dans une école de journalisme. Après mon baccalauréat, ils vont donc m’inscrire avec mon accord, à l’institut Siantou Supérieur. 2 ans plus tard, je sors nantie d’un BTS en Information et communication, option journalisme. C’est sur le terrain en réalité que je vais mieux me bâtir et Radio Equinoxe a été la fondation de ma carrière.

Lorsque vous vous décidez à faire ce métier, est-ce que vous pensiez un jour avoir un prix international?
Lorsque je décide de faire le journalisme, évidemment mon objectif n’est pas spécifiquement de remporter un prix international. Mon ambition est plutôt d’être bonne journaliste, professionnelle, en me disant bien que le reste suivra. Outre cela, je m’évertue chaque jour à intégrer la maxime de Martin Luther King selon laquelle Celui qui est appelé à être balayeur des rues, doit balayer comme Michel-Ange peignait ou comme Beethoven composait ou comme Shakespeare écrivait. Il doit balayer les rues si parfaitement que les hôtes des cieux et de la terre s’arrêteront pour dire: Ici vécut un grand balayeur de rues qui fit bien son travail.

Comment se passe vos journées dans un quotidien normal?
Je me réveille en général à 5h30. Après ma méditation, je prépare mes gosses pour l’école. Pendant ce temps, j’écoute la radio: RFI – CRTV – RTS et quelques fois BBC Afrique. Je regarde aussi parfois la revue de la presse de Canal 2 Internationale ou celle d’Equinoxe télévision. Dès 7h15, je me prépare pour le travail pour être en conférence de rédaction à 8h 30. Après la conférence et en fonction de ma programmation, je descends sur le terrain ou je présente le journal. Après le travail, je retrouve ma petite famille. Quand je n’ai pas un travail intellectuel précis, j’aide les enfants à faire leurs devoirs, parfois je cuisine (en cas d’indisponibilité de la dame de ménage), puis je regarde la télévision.

Qu’est-ce qui est le plus important pour vous dans le cadre professionnel?
Le plus important pour moi dans la profession, c’est de donner la bonne information au public. Vous savez, nous journalistes, avons un pouvoir qu’on ne réalise pas ou qu’on utilise mal. La bonne information (lorsqu’on y a accès) et lorsqu’elle est bien gérée, peut changer les habitudes, peut permettre une réorientation des politiques et peut préserver l’intégrité d’un pays.

Féministe ou tout simplement femme?
Je suis membre de l’Association JAFEC, Journaliste d’Action Femmes de C ur et cette association ne défend pas les causes féministes. Nous sommes des femmes et nous souhaitons de meilleures conditions pour les femmes journalistes sans pour autant être féministes. Je suis une femme accomplie, je suis mariée, mère de 3enfants et je pense être utile aujourd’hui pour la société camerounaise, même si j’aspire au meilleur. Je ne défens pas les causes qui n’en valent pas la peine (selon moi).

Doit-on dire que vous êtes une journaliste engagée ou une journaliste qui veut être utile pour sa société?
Mon rêve c’est de voir les camerounais moins ignorants, plus civilisés et moins attirés par les cancers sociaux tels que la corruption, la tricherie, l’amour de la facilité et la dépravation des m urs. J’aimerai tant voir reculer la mal-gouvernance, la violation des droits de l’homme et des libertés, le mépris de la profession. C’est pour toutes ces raisons que chaque fois que j’écris, j’ai espoir qu’à travers ma modeste contribution, demain sera meilleur. Le reportage qui m’a fait gagner le prix RFI, du prix francophone de la liberté de la presse a renforcé mes élans et m’a confortée dans l’idée que lorsque nous journalistes écrivons, des oreilles nous entendent. Pour être plus précise, le hangar que je décris dans mon reportage sur l’alimentation des détenus à la prison centrale de Yaoundé Kodengui a été détruit après la diffusion de mon reportage et j’ai le plaisir de vous dire qu’à la place, une cuisine en dure est entrain d’être construite. N’est-ce pas là une victoire pour le journalisme?

Rosine Azanmene et son prix RFI 2010
Journalducameroun.com)/n

Parlez-nous de vous petite déjà, jeune ensuite et adolescente après
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis réservée par nature. J’ai beaucoup de camarades mais pas beaucoup d’amis. Sans doute à cause de mes nombreuses déceptions. Je m’attache difficilement aux gens de prime abord et mon excès de méfiance et la peur des déceptions finissent parfois par me causer des torts. Mon meilleur ami c’est mon mari. Mais au-delà de tout, j’essaye d’être sympa envers mon entourage et beaucoup me trouvent maternelle.

Vous sentez-vous aujourd’hui investie d’une mission?
Oui, je me sens aujourd’hui investie d’une lourde mission, celle de continuer à regarder autour moi pour attirer l’attention sur les injustices et autres disparités sociales. Aujourd’hui les défis sont plus grands étant donné que tous les projecteurs sont désormais braqués sur moi.

Comment vous voyez-vous dans 10 ans?
Dans 10 ans? Mon souhait c’est de m’investir dans le journalisme d’investigation mais aussi de connaître d’autres expériences ailleurs. Aujourd’hui je suis à Radio Tiemenie Siantou, comme j’ai été à Radio Equinoxe, mais j’aspire à une carrière à l’internationale.

Quel est votre plus grand regret
Mon plus grand regret c’est que notre profession est truffée de charlatans et cela ne semble ébranler personne. La précarité a atteint les plus hauts sommets et ils sont très peu les journalistes qui vivent de la profession, sans emprunter les voies de la compromission. Les patrons des entreprises de presse sont assez égoïstes.

Quelle est la plus grosse anecdote de votre vie?
La plus grosse anecdote de ma vie, c’est que j’ai épousé un jumeau. Son frère et lui se ressemblent comme une goute d’eau. La première fois que nous nous sommes rencontrés tous les 3, je ne savais plus qui était l’élu de mon c ur. Ils ont les mêmes tics, la même démarche, la même voix, les mêmes réactions, très humbles et affables, altruistes aussi. J’étais complètement perdue la première fois, au point de paniquer. Ils avaient réussi leur coup!

Quelle est votre plus grosse bêtise
Ma plus grosse bêtise? J’en ai commis beaucoup! Je ne me souviens pas de la plus grosse, mais je sais que depuis que j’ai connu le Seigneur, mes pêchés ont été pardonnés. Aujourd’hui je sais que les choses anciennes sont passées et que nous sommes dans la nouvelle ère. C’est Dieu qui me donne tout et je lui rends grâce pour cela. C’est à lui que je dois mon ascension, c’est à lui que je dois l’air que je respire. Ce prix que je viens de recevoir, c’est l’Eternel qui l’a permis. Il est mon alpha et mon oméga et a encore pour moi des projets de paix et de bonheur. Je lui dois tout! Absolument tout!

RTS midi magazine
Journalducameroun.com)/n