Les musulmans camerounais s’apprêtent à célébrer l’Aid El Kebir

La communauté musulmane du Cameroun se prépare à commémorer jeudi, 24 septembre, la fête du mouton, selon l’apparition de la lune, après la célébration marquant la fin du jeûne du ramadan

La date de la fête du sacrifice (fête du mouton) pour le compte de l’année 2015 est désormais fixée. «D’après l’apparition de la lune, la Tabaski aura lieu le jeudi, 24 septembre 2015 au Cameroun», indique le secrétaire exécutif de la Commission nationale du croissant lunaire du Cameroun, Cheikh Banoufe Hamadou, dans une interview accordée au quotidien national et publiée mardi.

Selon Cheikh Banoufe Hamadou, parmi toutes les fêtes instaurées par le prophète Mohamed, «celle du mouton est spécifique parce qu’elle s’effectue le lendemain du jour de Arafat. Ce jour est, en effet, consacré à la prière. Ceux qui sont en pèlerinage à la Mecque se rassemblent généralement autour d’une colline appelée Mont Arafat pour prier intensément et invoquer le Seigneur afin qu’il purifie tous leurs péchés. Ainsi, Allah accorde le pardon à tous les pèlerins qui sont sincèrement allés effectuer ce pèlerinage et ceux qui n’ont pas pu, doivent jeûner toute la journée. A ces derniers, Allah pardonne leurs péchés de l’année dernière et ceux de l’année prochaine. Comme c’est une fête, le prophète a recommandé qu’on puisse immoler une bête en guise de sacrifice».

La Tabaski symbolise «la soumission d’Abraham face à Dieu», explique l’imam, ajoutant que «c’est un moment de partage, de sacrifice et de visite aux membres de la communauté. A cette occasion, chaque famille musulmane, dans la mesure de ses moyens financiers, doit sacrifier un animal (brebis, chèvre, mouton, vache ou chameau)»

Pour les fidèles musulmans, chaque année, la date change, mais la fête se prépare dans les mêmes conditions. Le sacrifice doit se faire selon la tradition musulmane. Il faut par exemple égorger l’animal «couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque. Une partie de la chair de ce sacrifice sera offerte aux plus démunis, affermissant ainsi la solidarité et l’assistance mutuelle telle que prescrite par Allah. A cet effet, les fidèles musulmans doivent penser à la paix, à la cohabitation sociale et ne jamais faire du mal à autrui», détaille Cheikh Banoufe Hamadou, qui invite tous les musulmans à être «à l’heure pour la prière à la mosquée», jeudi prochain.

Les fidèles musulmans seront nombreux à la prière matinale de jeudi, à l’occasion de la Tabaski.
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Cameroun: Les héros oubliés de la nation

Aout 1914, sacrifice des héros de la nation camerounaise. 95 ans après c’est presque l’oubli

Le mois d’août est un mois des plus normaux au Cameroun. Les jeunes le vivent dans l’insouciance. 95 ans auparavant, deux leaders tribaux du futur Cameroun sous colonie allemande ont trouvé la mort en raison des idées qu’ils avaient pour leurs zones d’influences géographique.

Douala Manga Bell, pour une juste répartition des terres
Rudolf Douala Manga Bell, né en 1873, est le fils aîné du roi Manga Ndoumbe. Après ses études primaires à Douala, il entre dans un lycée en Allemagne et étudie le droit à l’université de BONN, avant de rentrer au Cameroun en 1896. D’abord fonctionnaire, il devient chef supérieur à la mort de son père, le 02 septembre 1908. Ses relations avec l’administration allemande se refroidissent au sujet de l’expropriation des terres. En 1910, l’administration vient occuper le plateau Joss, à Douala, pour y installer les services officiels et le quartier résidentiel européen. Les Douala, ayant à leur tête le chef Rudolf Douala Manga, protestent à plusieurs reprises contre cette mesure qui les prive de leur terrain. Ils invoquent le traité signé en 1884 avec Edouard Woermann qui stipulait que les terrains cultivés par nous, et les emplacements sur lesquels se trouvent des villages, doivent rester des propriétés des possesseurs actuels et leurs descendant. Le chef Douala est destitué le 4 août 1913 à titre provisoire alors que débute la guerre de 1914. L’administration allemande l’accuse de haute trahison envers le gouvernement allemand et l’arrête le 08 août 1914, vers cinq heures du soir. Il est pendu avec un de ses parents, Ngosso Din.

Martin Paul Samba, le guerrier Boulou
Le même jour à Ebolowa, Mebenga M’Ebono, dit Martin Paul Samba est fusillé par le allemands. Né au village d’Akok (arrondissement de Kribi) vers 1870, Samba fait ses études d’officier en Allemagne. Revenu au Cameroun, il revient au Cameroun en 1895 avec le grade de capitaine dans l’administration allemande. Il va par la suite se révolter contre les pratiques de l’administration allemande du Cameroun. Lors de la déclaration de la guerre entre l’Allemagne et la France, Martin Paul Samba aurait cherché à entrer en contact avec les troupes françaises basées à Brazzaville en république démocratique du Congo et avec les Anglais installés au Nigéria. Malheureusement pour lui, sa lettre va tomber entre les mains d’un officier allemand. Martin Paul Samba est arrêté, condamné pour haute trahison et fusillé à la veille de l’éclatement de la première guerre mondiale le 08 août 1914.

Aujourd’hui ces leaders camerounais sont presque tombés dans l’oubli. En dehors d’un rappel dans le cadre de certains programmes d’histoire, peu de choses sont faites pour le maintien de leurs mémoires. Il en est de même du Grand Batanga, où le chef Madola, accusé d’avoir envoyé une pirogue contacter un bateau ennemi en mer, déporté et exécuté à son tour. Dans le Nord Cameroun, quelques jours plus tard, les lamido de Kalfu et de Mindif et cinq dignitaires de Maroua seront également tués. Morts pour une cause aujourd’hui oubliée. Heureusement que restent des statuts dans certaines villes du pays.

Martin Paul Samba, à Ebolowa (région du sud Cameroun)
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