Conseil National de la Jeunesse: Historique, missions et problème actuel

Treize mois seulement après sa mise en place, le CNJC fait face à l’une des premières crises de son histoire

Né de la volonté des pouvoirs publics de mettre en synergie les organisations de jeunesse afin d’accroître la créativité des jeunes et d’optimiser leur potentiel d’action et de participation au développement, le Conseil National de la Jeunesse du Cameroun (CNJC) a pour ambition de jouer le rôle d’interface entre les organisations de jeunesse d’une part ; les pouvoirs publics et les institutions internationales agissant sur les sujets relatifs à la jeunesse, d’autre part. Elle a également pour ambition de préparer et assurer la représentation des organisations de jeunesse aux concertations locales, nationales et internationales. Au regard des statuts actuels, le CNJC est «une plateforme nationale de concertation, d’expression, de coordination, de consultation et d’action des organisations de jeunesse du Cameroun ». En ce sens, il regroupe toutes les organisations de jeunesse légales : GIC, associations, ONG, société civile, quels que soient leurs champs d’activités. Elles avoisineraient selon le Ministère de la jeunesse 3000 associations.

Tout est parti du décret présidentiel de 2005 organisant le Ministère de la Jeunesse (MINJEUN). Dans ce décret, l’une des missions du MINJEUN était d’organiser les mouvements de jeunesse afin d’impulser et de soutenir la solidarité nationale et internationale par et pour les jeunes. Conformément à ces instructions du Président de la République, le CNJC voit effectivement le jour le 19 décembre 2009 avec l’élection du tout premier bureau au nivea national. Ce Bureau dirigé par M. Abdoulaye Abdoulrazack a été installé le 27 janvier 2010 par le Ministre de la jeunesse Adoum Garoua. D’après les textes, le MINJEUN est la tutelle du CNJC. Certaines organisations de jeunesses telles que la fondation conseil jeunes estiment que le MINJEUN a la mainmise pratiquement sur tout depuis l’élection des dirigeants des organes de cette institution jusqu’au fonctionnement. Selon le code électoral du CNJC, le ministère de la jeunesse organise les élections, publie les résultats et gère le contentieux électoral. Dans les statuts et le règlement intérieur, il est dit que le ministère a deux représentants à l’assemblée générale. Il exerce le contrôle administratif du CNJC. En plus Le ministre de la jeunesse peut convoquer une l’assemblée générale, et même dissoudre le CNJC.

Pour le Directeur de la Vie Associative et des Loisirs (DVAL) au MINJEUN, Akedjol Selema, la présence du MINJEUN eu sein du CNJC s’explique par le type de conseil choisi par le Cameroun, à savoir le type mixte: gouvernement et jeunes. « Il ya des CNJ mis en place par les jeunes, il y a des CNJ mixtes et il y en a qui sont mis en place par le gouvernement. Nous avons fait une l’étude comparative de l’une ou l’autre forme et les partenaires au développement, le ministère et les jeunes réunis au sein du comité de pilotage ont choisi la forme mixte » explique le DVAL. Le comité de pilotage dont il est question ici, est composé de 44 membres : 13 associations de jeunes ; 9 représentants des organismes internationaux ; 14 représentants du MINJEUN et 8 représentants des autres ministères concernés par les questions de jeunesse. A l’observation, on se rend bien compte que la voix des jeunes est minoritaire au sien de ce comité.

Logo du Conseil National de la Jeunesse du Cameroun
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Pomme de discorde
Que se soit du côté de l’administration ou des associations de jeunes, tous disent travailler pour l’intérêt collectif. Mais en arrière plan, il faut aussi voir une bataille pour le contrôle des financements extérieurs. Le chômage aidant, certains jeunes ont fait de leurs associations leurs principales sources de revenu. Ces jeunes craignent en effet qu’en se regroupant tous au sein d’une plateforme, que celle-ci, ne devienne le seul interlocuteur des organismes internationaux qui financent les associations. Gestion opaque, monarchique, d’aucuns ont tôt fait de parler de la déchirure et des batailles de positionnement au sein du CNJC. Selon le 3e vice-président du CNJC,M. Aboubakar Saidou, « Ceux qui parlent de bataille de positionnement ont raison dans la mesure où ils ne sont pas au sein du bureau pour vivre la réalité des faits. Il s’agit du rejet d’un comportement anti-républicain dans le CNJC. En tout cas, nous, les 09 membres qui avons signés la décision de suspension avons raisonnablement fait notre travail : celui de dire que ça ne va pas du seul fait d’un individu qui pense que le CNJC est sa propriété pour que le moment venu, qu’on ne nous attribue pas également la responsabilité de son échec ». De son côté, le Président du CNJC, Abdoulaye Abdoulrazack est serein et ne manque pas de dire à qui veut l’entendre « qu’il n’ y a pas le feu dans la maison ». Affaire à suivre…

Quelques jeunes défilant le 11 février

Interview de Aboubakar Saidou, 3e vice président du CNJ

Il a accepté de donner son avis sur le thème et évoquer la crise qui secoue le conseil

Ce 11 Février 2011, le Cameroun célèbre la 45ème édition de la fête nationale de la jeunesse. Que pensez-vous du thème de cette année?
Personnellement, je pense qu’il a été bien choisi puisque que la fête de la jeunesse coïncide cette année avec la commémoration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun. Ce qui nous renvoie inévitablement au 11 Février 1961 jour où un seul évènement a donné lieu à deux situations distinctes. La première est triste puisque c’est de la consultation de ce jour que la Northerm British Cameroon va s’intégrer au Nigéria. La seconde, plus gaie et c’est elle qui est à l’origine de la réunification du 1er Octobre 1961, n’est rien d’autre que la volonté de la Southerm British Cameroon de se rattacher à ce qui était avant l’indépendance de 1960, le Cameroun sous administration française. En tout état de cause ce thème est interpellateur et nous invite à copier et pérenniser les bons points des actions de la jeunesse des années 60.

Vous parlez des acquis de la réunification. Selon vous, quels sont ces acquis?
Les acquis de la réunification sont nombreux et il sera difficile pour moi de les citer tous. Commençons par l’unité nationale qui devient même ce que nous appelons intégration nationale. Ce qui fait qu’il ya deux types de sentiments qui animent les camerounais du nord au sud et de l’est à l’ouest. D’une part, je peux parler du sentiment de joie qui se lie sur toutes les faces lorsque notre équipe nationale « Les lions Indomptables » gagne, idem pour les sorties médiatiques de S.E PAUL BIYA ou l’exécution de l’hymne national et bien d’autres. D’autre part, il faut relever que les camerounais se soutiennent mutuellement en cas d’évènements malheureux. Je me souviens de la forte mobilisation en faveur des sinistrés du Lac Nyos, de Nsam, de Pouss. Il y a également comme acquis de la réunification, le pullulement des Universités au Cameroun, des établissements scolaires, la volonté de vivre ensemble qui fait que les camerounais n’ont pas de complexe de vivre partout sur le territoire national. Je n’oublierai pas le biculturalisme qui fait du camerounais un parfait bilingue. Et cette réalité au niveau national donne à notre pays une place de choix dans le concert des Nations. Ainsi, le Cameroun est l’un des rarissimes Etats membres à la fois du Commonwealth et de la Francophonie. Ce qui nous fait glaner des positions importantes que ce soit aux Nations Unies ou à UA. Vous comprenez que ce n’est pas un fait du hasard que nous ayons eu deux SG à l’OUA, que le rapporteur de l’AG de l’ONU soit camerounais, que le Président de la Caf soit camerounais.

Tout récemment, les médias ont fait état d’une déchirure au sein du CNJC. Vous confirmez cette information?
Oui je confirme qu’il y a malheureusement une sérieuse déchirure au sein du bureau national du CNJC.

Certaines sources font état de ce que les membres du bureau national ont signé une pétition pour faire partir le Président de cette structure. De quoi s’agit-il exactement?
Il ne s’agit pas d’une pétition pour faire partir le Président. L’exclusion d’un membre est de la compétence de l’AG aux termes de l’article 11 des statuts. Il s’agit plutôt d’une suspension de Monsieur ABDOULAY ABDOULRAZACK de ses fonctions de Président du CNJC. Et pour votre gouverne, je vous fais lire l’article 19 des statuts du CNJC. Article qui prévoit entre autres attributions du bureau exécutif « la suspension d’un membre en cas de force majeure, jusqu’à la prochaine assemblée générale ». Et l’article 1er du texte de suspension qui date du 03 Décembre 2010 précise clairement que M. ABDOULAY ABDOULRAZACK « est suspendu à compter de la signature de la présente décision pour cas de force majeure, jusqu’à la tenue de la prochaine assemblée générale ».

D’aucuns parlent plutôt d’une bataille de positionnement. Quelles sont les mobiles de votre action?
Ceux qui parlent de bataille de positionnement ont raison dans la mesure où ils ne sont pas au sein du bureau pour vivre la réalité des faits. Il s’agit du rejet d’un comportement anti républicain dans le CNJC. En tout cas, nous, les 09 membres qui avons signé la décision de suspension avons raisonnablement fait notre travail : celui de dire que ça ne va pas du seul fait d’un individu qui pense que le CNJC est sa propriété pour que le moment venu, qu’on ne nous attribue pas également la responsabilité de son échec.Pour ce qui est des faits, je souhaiterai vous en parlez dans les détails à l’occasion de la prochaine AG. Mais cela n’empêche que globalement, je vous informe qu’il est question de la gestion opaque, monarchique ou royale du CNJC par M. RAZACK.

Quelle est l’issue qui a été réservée à votre démarche?
A notre niveau, nous avons voulu organiser conformément aux statuts, une AG en fin décembre pour régler le problème et traiter d’autres sujets. Mais, cela n’a pas été possible puisque le MINJEUN a choisi la fin du mois de décembre pour convoquer à la va vite une réunion de crise. Réunion au cours de laquelle plusieurs résolutions ont été prises et qui n’ont malheureusement pas été respectées par M.RAZACK. Mais vous devez savoir qu’après la fête de la jeunesse, nous allons tenir l’AG avec ou sans le MINJEUN qui contribue à noyer dans l’ uf un problème aussi sérieux que celui de que connait le CNJC en ces moments de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics. Et comme je l’ai déclaré dans d’autres occasions, le sort de M. RAZACK sera connu après les prochaines assises de l’AG. Pour le moment, il est suspendu et tout est possible.

Cela arrive malheureusement 12 mois seulement après la mise sur pied du CNJC. Vous pensez qu’on peut vraiment faire confiance à la jeunesse camerounaise dans la gestion des affaires publiques?
Je pense que ce qui se passe au CNJC est purement et simplement la manifestation de la réalité que le Cameroun peut compter sur sa jeunesse dans la gestion de la chose publique. Je rappelle qu’en décembre 2009, personne ne nous a imposé de choisir M.RAZACK comme tête de notre liste. Maintenant qu’il nous trahit, nous avons le droit de le lui dire. Le Cameroun est dans cette soit disant opération épervier parce que des dispositions n’ont pas été prises à temps pour mettre fin à cette hémorragie où le camerounais modèle et le plus vanté est celui qui avait plus détourné nos fonds ou mal géré telle ou telle autre institution. Nous les jeunes d’aujourd’hui n’allons pas laisser pourrir la situation avant de la dénoncer. Voilà pourquoi nous tirons le tocsin dès maintenant. Cela devrait plutôt être gage d’une garantie que le combat de l’heure du Président PAUL BIYA est suivi et soutenu par la couche juvénile. Bref, notre action devrait rassurer que de faire peur. Il me semble qu’elle fait peur à ceux qui veulent continuer à diriger le Cameroun comme une épicerie. Et c’est peut être la raison pour laquelle ceux là continuent de nous traiter comme des orphelins ne sachant pas qu’ils sont entrain de ridiculiser le Chef de l’Etat qui les a nommé. Oui, je parle du Chef de l’Etat puisque c’est lui qui a voulu que le CNJC naisse ; il a parlé de cette structure dans tous ses discours à la jeunesse depuis 2008. Bref, je vous promets une interview plus parlante après la prochaine AG.

Aboubakar Saidou
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