Allégations de Viols en RCA: la justice française sans preuves

L’enquête ordonnée par des juges n’a débouché sur aucune mise en examen. Il appartient désormais au parquet de Paris de prendre ses réquisitions. Mais faute de preuve, un non-lieu pourrait être dit

La justice française peine à trouver des preuves des viols dont sont suspectés des militaires français de l’opération Sangaris, déployée fin 2013 dans le chaos centrafricain, jusqu’à fin octobre 2016. On a appris mardi, 03 janvier 2017, que sur les trois enquêtes ouvertes devant la justice française, une seule était toujours en cours. Par ailleurs, ce mardi également, le site Médiapart publie un long reportage, témoignages détaillés à l’appui, sur ces accusations de viols contre des militaires français.

L’ex-force Sangaris fait face à trois dossiers distincts ouverts par la justice française concernant des affaires d’agressions sexuelles. D’abord, celui révélé par l’ONU portant sur des soupçons de viols d’enfants du site de déplacés de Mpoko à Bangui tout près de la base française. Ensuite, des accusations contre des militaires français à Dékoa dans le centre du pays. Et une enquête portant sur une accusation de viol d’une jeune femme, à Boda à l’ouest de la capitale.

Revenant notamment sur ces trois affaires, Médiapart, qui a pu consulter un document de l’Inspection générale des armées, nous apprend par exemple qu’en août 2014, des gradés français signalent la « porosité » de la base militaire française qui rendait possible la prostitution des déplacés parfois très jeunes, venus du site de Mpoko tout proche, en quête de moyens de subsistance.

Médiapart, qui a eu accès également au PV de synthèse des gendarmes prévôtaux, démontre aussi le manque d’empressement de l’armée française à coopérer avec les enquêteurs, qu’ils soient Français ou dépêchés par l’ONU. Une enquêtrice onusienne évoque ainsi un « blocage » du commandement de Sangaris. Contacté par RFI, le ministère de la Défense n’a pas souhaité réagir.

Pourtant, ce mardi, on apprend de source judiciaire que les investigations concernant les accusations de viol sur des enfants de Mpoko ont été closes le 20 décembre, faute d’éléments probants, et que personne ne devrait être mis en examen. Une des deux autres enquêtes a été classée sans suite fin novembre. La troisième est toujours en cours.


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La France rapatrie la logistique de « Sangaris » par le port de Douala

Les matériels et véhicules de l’opération de paix française «Sangaris» en RCA seront bientôt embarqués à bord d’un navire affrété au port de Douala, d’après l’ambassade de France au Cameroun

Les matériels et véhicules de l’opération de paix française «Sangaris» en République centrafricaine (RCA) seront bientôt embarqués à bord d’un navire affrété au port camerounais de Douala, selon un communiqué publié mardi par l’ambassade de France à Yaoundé.

Avec l’accord des autorités camerounaises, ladite logistique, conduite sous escorte de la gendarmerie locale, est actuellement transportée par voie aérienne entre Bangui et la base aérienne 201 de Douala.

Selon des sources introduites, d’autres convois de matériels, notamment des véhicules et engins lourds, seront acheminés par voie terrestre vers la métropole économique camerounaise.

Selon Paris, le retour progressif de la paix et de la stabilité en RCA, ainsi que le déploiement effectif de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), «permettent d’entamer le désengagement des forces françaises de l’opération Sangaris».

Conformément à la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et à la demande des autorités centrafricaines de transition, l’opération Sangaris a, selon la France, «contribué depuis décembre 2013 à protéger les populations centrafricaines face à la violence des milices confessionnelles et à rétablir les conditions d’une paix durable» dans le pays.

Des militaires français de Sangaris en Centrafrique. Photo pour illustration
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RCA: la justice française enquête sur de nouveaux témoignages de viols

Deux enfants affirment avoir été abusés sexuellement par des militaires de la force française Sangaris

La justice française enquête sur de nouvelles accusations de viols par des soldats français en Centrafrique. Deux enfants affirment avoir été abusés sexuellement par des militaires de la force française Sangaris selon des témoignages recueillis par l’ONU et transmis au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui a saisi la justice. Deux nouveaux témoignages qui viennent s’ajouter aux investigations déjà ouvertes contre quatorze militaires français soupçonnés d’avoir abusé de leur autorité pour violer des enfants centrafricains.

Une s ur et son frère racontent. Ils ont entre 7 et 9 ans, et en échange de fellations sur des militaires français pour l’instant non identifiés, ils auraient eu droit à une bouteille d’eau et à un sachet de biscuits.

Un chantage, toujours le même, une nouvelle fois raconté à des agents de l’ONU, il y a quelques semaines.

Les faits se seraient produits en 2014 pendant la guerre civile en Centrafrique. Les forces françaises Sangaris contrôlent l’aéroport de Bangui, la capitale. Et c’est tout proche, dans le camp de déplacés internes de M’Poko, qu’auraient eu lieu des viols sur les enfants centrafricains.

Cinq soldats français ont déjà été entendus en décembre dernier. Sans suite, car ils ont nié tout abus sexuel. Et les investigations n’ont pas permis pour l’instant de trancher entre leur parole et celle des enfants.

En tout cas, suite à ces nouvelles allégations, le parquet de Paris a étendu son enquête pour y ajouter ces deux témoignages qui viennent alimenter les scandales à répétition découverts ces derniers mois.

Une dizaine de soldats de Sangaris sont donc sous le coup de nouvelles enquêtes judiciaires. Mais d’autres enquêtes visent des militaires de l’Eufor, la force de l’Union européenne, et de la Minusca, la Mission des Nations unies.

Un militaire français à Bouar, le 7 décembre dernier lors du premier passage des forces Sangaris dans cette ville à leur arrivée du Cameroun.
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L’armée française obtient l’accord du gouvernement pour se déplacer en territoire camerounais

Un détachement de la Force Sangaris, précédemment établie en RCA, transitera par le Cameroun les 25 et 26 septembre

«Un détachement français de la force française «Sangaris», précédemment établie en République centrafricaine transitera par le territoire camerounais les jeudi 25 et vendredi 26 septembre 2014 à destination de N’Djamena, la capitale du Tchad, rapporte un communiqué publié par le ministre de la Communication ce mercredi. Selon les «instructions» du «chef de l’Etat», il sera escorté par des unités de la gendarmerie nationale.

Ce détachement, composé de 125 militaires et 35 véhicules, transitera en territoire camerounais «depuis la ville de Garoua-Boulaï (porte d’entrée) à l’Est du Cameroun, jusqu’à celle de Touboro (porte de sortie) par le Nord-Est du territoire, avec pour intermédiaire Ngaoundéré, chef-lieu de la région de l’Adamaoua», précise Issa Tchiroma Bakary. Ces militaires vont rejoindre la nouvelle force française basée en Afrique, Barkhane. Elle est opérationnelle depuis le 1er août avec le quartier général basé au Tchad.

Le détachement français qui quitte la RCA a participé à la sécurisation de l’ouest de ce pays aux côtés du bataillon camerounais de la Misca, relève le communiqué. La France quitte la Centrafrique du fait du passage de la force de l’Union africaine, la Misca, à une force de maintien de la paix des Nations Unies baptisée Minusca. Ce réaménagement est intervenue depuis le 15 septembre 2014.

La force française Sangaris va rejoindre le dispositif Barkhane au Tchad
metronews.fr)/n

RCA: Nécessité d’un « cessez-le-feu » selon le ministre français de la Défense

Jean-Yves Le Drian estime qu' »il n’y a pas d’avenir pour la Centrafrique s’il n’y a pas de cessez-le-feu » entre les différents groupes armés qui s’affrontent

« Il n’ y a pas d’avenir pour la Centrafrique s’il n’y a pas de cessez-le-feu », a jugé M. Le Drian dans un entretien diffusé mardi par la radio nationale centrafricaine, après avoir longuement discuté avec la présidente centrafricaine lundi soir à Bangui. « A Bangui, a-t-il ajouté, la présence de Sangaris (force française), de la Misca (force africaine) et de l’Eufor (force européenne), a permis à la sécurité de devenir presque bien. Presque bien. Je le vois bien au fur et à mesure de mes déplacements ».

Mais en province, « dans l’Est, la situation reste tendue », a-t-il rappelé, soulignant qu’il faut éviter qu’il « y ait des affrontements entre des groupes qui ne recherchent que la haine et la vengeance ». « Donc, il faut que ces groupes-là acceptent un processus de paix, qu’ils acceptent d’abord le cessez-le-feu qui est indispensable à une évolution sereine de ce pays », a poursuivi M. Le Drian.

Arrivé lundi en fin d’après-midi dans la capitale centrafricaine, Jean-Yves Le Drian s’est rendu mardi à Bambari (centre) où sont déployées des forces Sangaris et de la Misca.

Plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines blessées ces derniers jours dans le centre et le Nord dans des attaques de l’ex-rébellion Séléka à majorité musulmane et de milices anti-balaka à dominante chrétienne, notamment le jet d’une grenade dans une mosquée en plein ramadan. Depuis le début des violences intercommunautaires à grande échelle en décembre 2013, la Centrafrique, qui compte près de 5 millions d’habitants, déplore plusieurs milliers de morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés.

ean-Yves Le Drian lors d’une visite à Bangui en février 2014.
Reuters)/n

Centrafrique: L’engagement des responsables politiques africains souhaité

En visite en RCA samedi, le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, a estimé que l’Afrique doit prendre plus d’initiatives

La situation en Centrafrique reste « extrêmement fragile », a estimé samedi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, pour qui il faut « reprendre des initiatives » dans le sens de la pacification et c’est « aux responsables politiques africains de le faire ».

Sur le plan sécuritaire, « malheureusement, la situation n’est pas encore stabilisée, parce qu’il y a beaucoup de haine, des volontés de représailles et de vengeance, des groupes armés qui ne sont attirés que par des règlements de comptes de court terme », a déclaré M. Le Drian à des journalistes à La Teste-de-Buch (Gironde), à l’occasion d’un meeting aérien.

Il a rendu hommage aux 2.000 militaires français de l’opération Sangaris, déployés depuis décembre 2013 pour enrayer les violences interconfessionnelles, et qui « accomplissent une mission qui exige beaucoup de sang-froid, beaucoup de vigilance ». Mais leur rôle, a-t-il rappelé, est « d’assurer le relais » jusqu’au déploiement de la force de l’ONU « à partir du mois de septembre ».

Le ministre a souhaité que « Catherine Samba Panza, la présidente de transition, et les chefs d’État concernés, et l’Union africaine, puissent établir les conditions d’une pacification interne et d’une réconciliation nationale. C’est ça l’essentiel ».

« Peut-être qu’il faut reprendre des initiatives, ce n’est pas à la France d’être en première ligne sur ce point, c’est aux responsables politiques africains de le faire », a ajouté M. Le Drian, qui estime que « beaucoup d’entre eux en sont conscients ».

Le ministre de la Défense participait à la Base aérienne 120 à un meeting pour les 80 ans de l’Armée de l’air, avec démonstrations d’avions tel que Rafale, Mirage F1, A400M, rencontrant les personnels, avant une démonstration de la Patrouille de France.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian sur la base militaire de Cazaux le 21 juin 2014
AFP)/n

L’ONU accepte la création d’une mission de maintien de la paix en Centrafrique

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en RCA (Minusca) comptera 12.000 casques bleus

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté jeudi une résolution créant une mission de maintien de la paix en République centrafricaine, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en RCA (MINUSCA), qui comptera 12.000 casques bleus. Selon la résolution, « à compter du 15 septembre 2014, la MINUSCA comprendra initialement un effectif militaire de 10.000 hommes, dont 240 observateurs militaires et 200 officiers d’état-major, et un effectif de police de 1.800 hommes, dont 1.400 membres d’unités de police constituées, 400 policiers et 20 agents pénitentiaires. »

Plusieurs personnes que le Réseau des journalistes pour les droits de l’Homme en République centrafricaine (Rjdh-RCA) a contactées ont exprimé leur satisfaction, au sujet du vote. Ambroise Zawa, ancien député de Bozoum et conseiller national de transition s’est dit satisfait par cette nouvelle et pense que cet envoi constitue une réponse «à l’absence de neutralité qui a caractérisé certains contingents des pays voisins placés sous mandat de l’Union Africaine». Selon lui, certains contingents ont brillé par la partialité dans leurs opérations. Il espère que les troupes des Nations Unies «viendront corriger cette situation ce qui pourra rassurer tout le monde et apaiser la tension».

Gervais Lakosso, président du Groupe de travail de la Société Civile, note quant à lui, que «c’est un combat que la société civile a mené depuis le début de la crise. Car pour nous, les Casques bleus rassurent parce qu’ils auront plus de moyens et leur mandat sera plus ferme». La société civile émet toutefois des réserves sur le commandement de la future force. Pour garantir l’efficacité de la mission, Gervais Lakosso propose que cette fonction soit confiée à non Africain ou un non ressortissant de l’Afrique Centrale. Il estime en outre qu’ «il faudrait écarter de ces forces, les contingents des pays voisins de la Centrafrique, car ils ont des intérêts dans le pays».

Du côté de l’ex coalition Séléka, c’est le même sentiment de satisfaction, mêlé d’une certaine prudence. Le général Abdel Kader Kalil, leader militaire de la coalition, dit attendre le résultat du travail de la MINUSCA avant de la juger. «L’essentiel est que ces forces apportent un mieux dans la situation du pays. Nous les verrons à l’ uvre puis le jugement viendra. Pour le moment nous restons vigilants et prudents».

Idriss, un commerçant du KM5, déclare au RJDH à ce propos que «s’ils viennent pour corriger la partialité des soldats français vis-à-vis de nous, nous les soutiendrons». Narcisse, un réparateur de moto, dit aussi être rassuré par ce déploiement: «cela nous rassure parce que la MISCA est dépassée et n’arrive plus à contrôler tous les coins où se trouvent les extrémistes. Les Nations Unies viendront ramener la paix, je suis confiant».

La force des Nations Unies en Centrafrique sera constituée de 12 000 hommes et son déploiement devrait être effectif d’ici mi-septembre prochain. La MINUSCA prendra le relais de la MISCA, qui avait elle aussi succédé à la FOMAC (Force Multinationale de l’Afrique Centrale).

Des casques bleus de l’ONU en Ethiopie
AFP /Stuart Price)/n