Le rapport GISWatch 2014 présenté à Yaoundé

Le document de l’observatoire mondial de la «société de l’information» consacre un chapitre aux «balbutiements de la surveillance des communications» au Cameroun

«Au Cameroun, il existe très peu d’éléments accréditant la thèse d’une surveillance des mails ou d’autres activités en relation avec Internet. Cependant, et comme sans doute partout à travers le monde, le gouvernement camerounais surveille bien les communications électroniques de ses citoyens», relève un récent rapport qui analyse les mesures restrictives imposées par les gouvernements dans la «société de l’information».

Le Global Information Society Watch (GISWatch) 2014 a été présenté samedi, 13 décembre à Yaoundé, au cours d’un événement organisé par l’association Protege QV, auteure du chapitre consacrée à l’Afrique en miniature dans ce rapport, sous le titre : «Les balbutiements de la surveillance des communications au Cameroun».

Le pays dispose d’une demi-dizaine de textes réglementaires, dont une loi promulguée en 2010 sur la cyber-sécurité et la cybercriminalité, mais n’hésite pas parfois à passer outre les dispositions juridiques pour limiter la liberté de communication de ses citoyens.

Les auteurs du rapport sur le Cameroun dans le Giswatch 2014 illustrent leur propos en rappelant la suspension du service Twitter de MTN Cameroon: «Méfiant quant au rôle joué par Twitter et les autres réseaux sociaux dans le succès des soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte, le gouvernement du Cameroun a suspendu le service Twitter de MTN pour des raisons de sécurité nationale». La suspension a duré 10 jours, du 08 au 18 mars 2011. «Aucun mandat judiciaire n’a été obtenu comme préalable à la suspension de ce service de MTN», relève le rapport.

La surveillance des communications au Cameroun s’établit aussi dans des cadres formels. Le lancement d’une campagne d’identification des abonnés aux téléphones fixes et mobile sur l’ensemble du territoire national en 2009 relève aussi de cette fin, selon Protege QV. Pour cette association, le monopole public de l’infrastructure des télécommunications qu’exerce le gouvernement à travers la Cameroon Telecommunications (Camtel) est également stratégique à cet égard.

«Le gouvernement devrait rendre public l’exercice de ses pouvoirs de surveillance sous la forme de rapports indiquant le nombre de demandes adressées aux opérateurs de télécommunications et autres fournisseurs de services Internet, de même que le nombre de citoyens impliqués dans le processus», propose les auteurs du rapport, à la suite de Human Rights Watch

Produit par Humanist institute for cooperation with developing countries (Hivos) et Association for progressive communications (APC), le GISWatch 2014 présente des études menées dans 57 pays sur les mesures de surveillance des communications mises en uvre par les gouvernements.

Page de couverture du GISWatch 2014
giswatch.org)/n

OSC et Sécurité numérique
Le Global Information Society Watch 2014 a été présenté samedi dernier, au cours d’un séminaire sur la «sécurité numérique» organisé à l’intention des Organismes de la société civile (OSC) qui uvrent dans le secteur des TIC et de la promotion d’Internet. Une vingtaine d’OSC ont pris part au séminaire ainsi qu’un représentant du ministère des Postes et télécommunications. L’Agence nationale des technologies de l’Information et de la Communication (Antic) était également conviée mais n’a pu y assister. Le séminaire, qui a eu lieu à la Fondation Muna, était organisé par Protège QV, une association de droit camerounais active dans le domaine de l’appropriation des TIC pour le développement.

La formation dispensée par un consultant en TIC était axée sur huit points principaux: Protéger son ordinateur contre les logiciels malveillants et les pirates ; assurer la sécurité physique de ses données ; créer et sauvegarder des mots de passe sûr ; protéger les données sensibles stockées sur son ordinateur ; récupérer des données perdues ; détruire définitivement des données sensibles ; préserver la confidentialité de ses communications sur Internet.

Dernier point et non le moindre, les OSC présentes au séminaire ont été édifiées sur les astuces permettant de contourner la censure sur le web. Le formateur a reçu de chaudes ovations des participants à la fin de son exposé. Le secrétaire général de Protege QV, M. Avis Momeni, a regretté néanmoins l’absence de l’Antic à ce séminaire, laquelle devait échanger avec les participants sur les dispositions de la loi camerounaise consacrée à la cybercriminalité et la cyber-sécurité.

Ce n’est que partie remise toutefois. D’après les explications de la présidente de l’association, Sylvie Siyam, la formation du 13 décembre était la première d’une série qui ciblera d’autres OSC sur la thématique de la sécurité numérique.

Le séminaire de Protege QV s’est tenu le 13 décembre à la Fondation Muna à Yaoundé
Journalducameroun.com)/n