Kenya: La justice suspend plusieurs articles de la loi antiterroriste

La justice kényane a suspendu vendredi plusieurs articles clés, en raison de risques pour les droits de l’homme

La justice kényane a suspendu vendredi plusieurs articles clés d’une nouvelle loi controversée en matière de sécurité, dans l’attente d’un examen complet de cette législation récemment adoptée dans la plus grande confusion au Parlement.

Le juge George Odunga de la Haute cour a annoncé que huit sections de la loi anti-terrorisme seraient suspendus en raison de risques pour les droits de l’homme. Le tribunal avait été saisi par l’opposition qui a dit craindre que la loi ne transforme le Kenya en régime dictatorial.

La législation avait été adoptée le mois dernier au Parlement dans la plus grande confusion: après un débat chaotique et un début de pugilat entre députés de l’opposition et de la majorité. Elle a été promulguée ensuite par le président Uhuru Kenyatta.

Le gouvernement kényan, sous le feu des critiques pour son incapacité à endiguer la multiplication des attentats menés par les islamistes somaliens shebab sur son territoire, considère cette loi indispensable pour assurer la sécurité du pays.

Mais opposition et défenseurs des droits de l’homme estiment qu’elle porte atteinte aux libertés fondamentales garanties par la Constitution de 2010.

Le texte – qui modifie une vingtaine de lois existantes (Code pénal, de procédure pénale, du travail, des étrangers etc.) – porte notamment de 90 à 360 jours la durée durant laquelle la police peut, avec l’autorisation d’un juge, détenir sans inculpation un suspect « d’actes terroristes ». Il allonge également les peines de prison et facilite les écoutes téléphoniques.

Est également désormais passible de trois ans de prison, la publication d’articles ou reportages qui « gênent l’enquête ou des opérations liées à la lutte contre le terrorisme » ou d’images de « victimes d’attaques terroristes » sans l’accord de la police.

Les articles suspendus vendredi comprennent les menaces sur la liberté de la presse, un plafond fixé au nombre de réfugiés autorisés au Kenya et les définitions de ce qui constituerait un soutien au terrorisme.

L’opposant Raila Odinga salue la suspension d’articles controversés d’une loi sur la sécurité, le 2 janvier 2015 à Nairobi
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Kenya: Une attaque terroriste fait une cinquantaine de morts

Au moins 48 personnes ont été tuées dimanche soir dans l’attaque de la localité côtière de Mpeketoni, dans l’est du Kenya. Attaque attribuée aux Shebabs somaliens

« Le bilan est passé à 48 morts », a indiqué la Croix-Rouge sur son compte Twitter, révisant à la hausse un précédent bilan de 34 morts. Selon un policier sur place ayant requis l’anonymat, le bilan est encore susceptible de s’alourdir car « la recherche d’autres corps est toujours en cours », après l’attaque lancée dimanche soir et qui s’est poursuivie dans la nuit.

Cette opération, qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, est la plus meurtrière et la plus spectaculaire depuis l’attaque du centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, revendiquée par les shebab et qui avait fait au moins 67 morts.

Une cinquantaine d’hommes ont attaqué dimanche soir la localité de Mpeketoni, à une centaine de km de la frontière somalienne et une trentaine de km de la ville touristique et historique de Lamu, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Des tirs se sont poursuivis jusque tard dans la nuit mais le calme était revenu lundi matin, selon des responsables locaux.

« Il y avait une cinquantaine d’assaillants lourdement armés, dans trois véhicules. Il portaient le drapeau des shebab et parlaient en somali. Ils criaient +Allah ô Akbar+ (Dieu est le plus grand) », a déclaré le préfet adjoint du département, Benson Maisori. Plusieurs bâtiments, dont des hôtels, des restaurants, des banques et des administrations, ont été détruits par le feu. La Croix-Rouge a indiqué procéder à « un décompte du nombre de maisons, véhicules, hôtels et restaurants incendiés ».

Le Kenya a été le théâtre d’une série d’attaques depuis que son armée est entrée en Somalie en octobre 2011 pour y combattre les shebab, après plusieurs incursions des islamistes sur son sol. Les attentats, visant notamment des bus et un marché, se sont multipliés depuis mars.

L’attaque de Mpeketoni porte à au moins 76 le nombre de personnes tuées depuis le début de l’année au Kenya dans des attentats attribués au shebab ou à leurs sympathisants.

Des rebelles shebab près de Mogadiscio
45enord.ca)/n