Interview Arice Siapi, directrice de FIFMI: « Je suis heureuse mais on aurait pu faire mieux. »

Elle dresse le bilan de la 2e édition du Festival International du Film Mixte qui s’est déroulée du 8 au 12 janvier à Ngaoundéré

Mme Arice Siapi, vous êtes la directrice du FIFMI de Ngaoundéré dont la deuxième édition vient tout juste de tirer sa révérence et on a plutôt l’impression que les choses se sont bien déroulées par rapport à la première édition. Comment est-ce que vous avez pu réussir un tel exploit?
Je ne sais pas si c’est un exploit, c’est une idée qui est née il ya longtemps et qui se bonifie avec le temps, comme du vin qui vieillit. J’ai toujours eu ce rêve là de voir la population du Nord vivre le cinéma en direct et non en différé comme elle a l’habitude à travers les écrans. Parce que pour moi c’était évident que c’est en vivant les activités, que c’est en touchant tout du doigt qu’on pouvait avoir la possibilité d’émettre un avis et de prendre de l’expérience. Après la première édition dans laquelle on avait consacré beaucoup plus de temps à étudier des choses telles que le financement des films, l’implication des médias dans l’essor du cinéma, les problèmes de coopération entre les professionnels du cinéma, il était évident qu’il fallait que les choses soient beaucoup plus pratiques.

Alors quelle aura été la particularité de cette 2e édition par rapport à la première?
Cette édition est le foisonnement des personnes qui ont été là et aussi des ateliers. Nous avons eu quatre ateliers en imprimerie, en sérigraphie, en musique de film et en audiovisuel. Et ces ateliers ont drainé pas mal de monde de toutes les générations confondues. Ce qui est beaucoup plus surprenant c’est qu’on se rend compte que les gens passent facilement d’un atelier à un autre. Ça veut dire que les gens ont un peu touché tout du doigt avant de se fixer quelque part. Mais le constat est que tout le monde a trouvé que tous les ateliers étaient intéressants et que c’était dommage de n’avoir pas pu participer à un atelier de façon complète. Ce qui nous amène maintenant à réfléchir sur une méthode à savoir comment faire pour que les choses soient beaucoup plus complètes de manière à ce que tous ceux qui ont envie de pratiquer une activité puissent la pratiquer et non venir grignoter petit à petit ? Donc on est en train d’envisager avec les invités ici présents comment est-ce que cela va se perpétuer.

Au niveau des participants, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
La convivialité, de tout le monde s’entend. Je n’ai jamais constaté de coups de gueule, ni de sottes d’humeurs. Tout le monde a toujours été dans la joie. Les gens ont communiqué et c’est cet esprit d’échange qui doit primer.

Rendue à la fin du Festival, peut-on dire que vous êtes une directrice comblée?
Ce que je peux dire avec certitude c’est qu’à la fin, je suis heureuse mais on aurait pu faire mieux.

En guise perspectives, rendue à la deuxième édition, vous pouvez affirmer avec certitude que le FIFMI va vivre et qu’il va se perpétuer?
C’est ce qu’on souhaite. Mais est-ce qu’on est persuadé ? Ça je ne le sais pas parce que c’est les financements le problème. Jusqu’à présent, on a eu très peu de financements. Je ne sais pas si je dois annoncer les accords et les prix, mais c’est vraiment très ridicule ! Personnellement, je ne veux pas jeter l’opprobre sur certaines structures, mais ce qu’on a eu ne peut vraiment pas nous permettre de travailler.

Y a-t-il quelques regrets que vous tenez à exprimer?
On a des légers problèmes dans l’organisation et on va, pour les éditions prochaines, s’atteler à plus de communication. Parce qu’on a eu un problème de communication.

Cyrille Masso a par exemple fait son coup de gueule par rapport au fait que les médias aient boudé ce Festival, est-ce que c’est dans le même sens que vous voulez abonder?
Je ne sais pas si Cyrille Masso a fait un coup de gueule. S’il l’a fait, peut-être il a ses raisons. Mais je dois avouer que les médias n’ont pas suivi. Malheureusement je ne peux pas dire dans cette interview toutes les démarches qui ont été entreprises et les conclusions sur lesquelles elles ont abouti. Il y a eu des démarches et c’est regrettable qu’il y’ait pas eu d’aboutisement. Nous espérons que les gens vont aimer la culture et l’aider à juste titre comme il se doit pour qu’elle soit perpétuée.

Arice Siapi, directrice du festival du film mixte de Ngaoundéré
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Philippe Van Ravestyn: «Nous apportons un savoir-faire, on va comparer ces différentes façons de travailler ensemble»

Cet enseignant de l’IATA en Belgique est invité du festival du film mixte de Ngaoundéré

Vous êtes arrivé ce week-end à Ngaoundéré, dans quelles conditions vous avez voyagé et est-ce que vous avez été bien accueilli?
Oui! Très bon accueil je peux le dire avec des personnes du FIFMI qui nous accueillent et qui prennent ça vraiment à c ur et on le ressent. En gros, ça s’est relativement bien passé, c’est vrai maintenant que la distance que nous avons parcourue en train est finalement assez difficile suite aux différents retards et arrêts fréquents. C’est une façon aussi pour nous de découvrir l’Afrique aussi parce que c’est la première expérience en Afrique et ça nous permet un tout petit peu de voir les conditions de vie etc. Donc c’est très intéressant ici.

Est-ce qu’on peut savoir qu’est-ce qui vous mène à Ngaoundéré au Cameroun?
C’est le fruit d’un partenariat qui dure déjà depuis un an et demi entre le festival du FIF qui se passe à Namur et qui est le festival International du Film Francophone et le FIFMI, le Festival International du Film Mixte de Ngaoundéré dont la promotrice est Arice Siapi qui, il y a deux ans est venue nous rendre visite. Par la suite nous l’avons réinvitée dans notre école pour qu’elle voit un tout petit peu les différentes options etc, parce que nous avons entre autres principalement par rapport à ces activités là, une section en audiovisuel et donc forcément, nous sommes étroitement liés par cet aspect d’option.

Qu’est-ce que vous allez apporter au FIFMI et en retour, qu’est-ce que vous attendez?
Je crois que c’est avant tout un véritable échange. Nous apportons un savoir-faire et vous allez nous en apporter un autre. Donc on va comparer ces différentes façons de travailler ensemble et puis par rapport à ça, on en fera certainement ici pour cette édition-ci, une expérience très enrichissante.

Philippe Van Ravestyn, il y a quatre camerounais qui auraient également dû effectuer un voyage d’étude en Belgique. A la dernière minute, on annonce que le voyage a été annulé. Qu’est-ce qui s’est passé exactement?
Oui là, dommage! Tout était mis en place, nous avions vraiment préparé tout ça aussi, mais en dernière minute, l’ambassade de la Belgique a refusé les visas pour deux personnes qui devaient venir. Ils devaient venir à quatre, deux dames dont Arice Siapi et Agnès Yougang et deux jeunes hommes de 25 et 27 ans. Là, la Belgique refuse les visas pour les hommes principalement de peur que ces personnes ne reviennent plus dans leur pays. Et parlant de la clandestinité puisque c’est un phénomène assez difficilement gérable chez nous également, donc voilà! Le souci malheureusement.

Philippe Van Ravestyn
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Et là qu’est-ce qu’on fait? On baisse les bras, on dit c’est fini ou alors on remet cela pour une autre fois?
On va tout faire pour remettre ça. Nous avons déjà eu, quand nous avions fait toutes les démarches administratives de notre côté, de bon contacts avec l’ambassade de Belgique et qui attend notre retour, le feed-back sur l’expérience et nous a déjà dit que pour les deux dames, Arice et Agnès, ça devrait pouvoir très bien se réorganiser. Donc voilà! On va voir, j’espère qu’on va faire un tout petit peu le tour de cette expérience une fois que ce sera fini et je crois qu’on va tout remettre en uvre pour qu’elles viennent chez nous en Belgique et qu’elles vivent un festival, le FIF à Namur.

Comment est-ce que vous entrevoyez ce partenariat entre le Cameroun et la Belgique? Est-ce qu’on peut espérer avoir un avenir qui chante?
Oui en fait, nous sommes venus avec deux intentions aussi, de développer des activités annexes à l’audiovisuel au festival qui seront là pour médiatiser l’évènement. C’est ce que nous faisons en Belgique et c’est l’ensemble de ces synergies qui vont faire que ce soit un festival qui fait son chemin. Je le souhaite vivement, nous le souhaitons.

Un dernier mot à l’attention de nos lecteurs?
Un grand bonjour de la Belgique, vous avez quelque chose de très particulier, le sens humain et un accueil très chaleureux. Donc je crois déjà que c’est la première note sur laquelle on va démarrer.

Quelques étudiants festivaliers de Namur
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Cameroun: L’ouverture de la 2e édition du Festival international du Film Mixte a eu lieu à Ngaoundéré

Elle a eu lieu au collège Eugène de Mazenod en présence de tout le gratin politique et administratif de la région de l’Adamaoua

Il était 16 heures ce samedi 8 janvier 2011 lorsque le gouverneur de la région de la région de l’Adamaoua et ses proches collaborateurs ont foulé le sol du collège de Mazenod où ils ont procédé à l’ouverture officielle de la deuxième édition du Festival international du Film Mixte (FIFMI) de Ngaoundéré. Avant le discours d’ouverture du gouverneur Enow Abrams Egbe, il y a d’abord eu l’exécution du refrain de l’hymne national, immédiatement suivie par le mot de bienvenue de la directrice du FIFMI, Mme Arice Siapi. S’en est suivi la projection du film de Prince DUBOIS ONANA « sentence criminelle » en guise de bouquet d’ouverture. Un film fiction de 86 minutes entièrement tourné au Cameroun ayant pour intrigue, la justice populaire. Après le visionnage de ce long métrage qui a tenu le public en haleine et qui a crée de l’émoi dans la salle des fêtes archicomble du collège de Mazenod, la présentation des festivaliers venus de l’étranger a eu lieu. Ils sont environ une trentaine venus du Tchad, de l’Allemagne, de la France et surtout de la Belgique qui détient le plus grand contingent de festivaliers : trois enseignants de l’IATA, Cinq étudiants dans le domaine de l’audiovisuel, 3 dans le domaine de la réalisation et deux autres dans le domaine de l’imprimerie. Dans la soirée, des projections cinématographiques en plein air ont eu lieu à la place des fêtes, devant l’ancien cinéma le Nord et à l’esplanade de la gare ferroviaire de Ngaoundéré. Au programme, « Rape » de Naah Joyce NJEI (documentaire de 6 minutes) ; « Effet indésirable » de Jean BEKILE (fiction de 26 minutes).

La suite du programme du FIFMI s’annonce riche et varié. Dimanche a eu lieu des ateliers de formation en audiovisuel et en sérigraphie par les enseignants de l’IATA à partir de 9h30. Pour aller dans la droite ligne du thème de cette année qui porte sur « Cinéma et Musique », Christian LEROY a procédé également à des séances de formation dans un atelier de musique de Cinéma. Au programme de dimanche aussi, le documentaire de 26 minutes de Chantal Julie NLEND intitulé « Merveilleuse Marza » ; la fiction de 17 minutes de Gilbert BABENA intitulé « Atchaaba » et « Dans l’ombre d’une autre » de 86 minutes de Francine KAMENI.

La journée du lundi 10 janvier 2011 prévoit également des ateliers de formation en matinée et surtout une table ronde à partir de 10 heures sur « l’intervention de l’Etat dans l’essor du cinéma ». Les intervenants sont Paul Charlemagne COFFIE, WANG SONE et KLAUS BECKER. Les projections cinématographiques reprendront en soirée avec « Souraya » de Laminou TILIMDO (26 mn) ; le documentaire de 15 minutes de Edwige YEPMO intitulé « Ngokpeme » ; le long métrage de la béninoise Christiane CHABI-KAO intitulé « Les inséparables ». Le 11 janvier 2011 à partir de 9 heures 30, les mêmes ateliers de formation vont se poursuivre. Dans la soirée aux mêmes heures, on aura « Les sangs mêlés » de Pascaline NTEMA ; « Des villes plein la tête » de Zohra SOTTY ; « Clandos » de Gervais DJIMELI LEPKA. Pour boucler la boucle le mercredi 12 janvier 2011, il y aura la projection du film clôture au Collège Eugène de Mazenod de Ngaoundéré à partir de 16 heures 45 minutes. Les stagiaires qui se sont formés vont jouer un film muet avec en fond sonore une musique de Christian LEROY. A 19 heures à la place des fêtes, il y aura la projection du film « Jarke Boys made men » de Mohamadou Saliou. Durant tout le festival, des projections itinérantes auront lieu dans la salle d’attente de la gare voyageur de Ngaoundéré, à l’esplanade de l’ancien cinéma le Nord et à la guérite de l’Université de Ngaoundéré. Un programme fort chargé qui donnera à coup sûr le goût du cinéma aux populations de la région château d’eau du Cameroun.

Projection du premier film à Ngaoundéré lors du Fifmi
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