Cameroun : un ouvrage démontre comment la tolérance administrative musèle les médias

Le livre de Simon Ngono (2021), qui vient de paraitre aux éditions L’Harmattan, décrypte le flou qui caractérise le système de régulation des médias au pays de Paul Biya.

L’ouvrage de 202 pages fait remarquer qu’au Cameroun, hormis la radio et la télévision publique nationale (CRTV), aucun des médias audiovisuels camerounais n’est en règle. Ce qui n’est point un hasard selon Simon Ngono,  auteur de l’ouvrage intitulé : « Médias audiovisuels et tolérance administrative au Cameroun. Enjeux communicationnels et logiques d’acteurs », récemment paru chez l’Harmattan à Paris.

Il démontre que la tolérance administrative qui consiste à laisser les médias exercer sans remplir toutes les conditions, notamment le paiement des frais exigés pour mettre en service une radio ou une télévision,  est une technique de musellement des acteurs médiatiques jugés hostiles à l’establishment. « Le rationnement de l’attribution des licences est le corollaire de ce pouvoir, autorisant ainsi, certains médias audiovisuels privés à émettre. L’enjeu pour l’État est de tirer les ficelles en ce qui concerne la qualité et la quantité des informations qui circulent dans le pays », analyse Simon Ngono.

L’enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de La Réunion en France, regrette que l’écart tende à s’ériger en norme.  Il n’absout cependant pas les patrons des médias. Son ouvrage établit que quelques-uns tirent profit de l’opacité juridique entretenue par le pouvoir politique, afin de se déjouer du contrôle étatique. Ceux-là deviennent «  implicitement des personnalités apparentées au système en place ».

« Médias audiovisuels et tolérance administrative au Cameroun. Enjeux communicationnels et logiques d’acteurs », s’inscrit dans le domaine de la sociologie politique des médias, du droit de la communication. L’auteur de « La Communication de l’Etat en Afrique, discours, ressorts et positionnements », paru en 2020, range par ailleurs son nouvel ouvrage dans l’analyse communicationnelle des régimes de continuité autoritaires. Il coûte 13 500 FCFA (environ 21 euros).  Simon Ngono le recommande à tous les passionnés de la communication, les consommateurs des produits médiatiques aussi.