Simon Ndoungla: «Notre mission est de rendre un hommage à tous les jumeaux»

Le président de l’Association des parents jumeaux revient sur la fête des jumeaux qui s’est célébrée le 23 juillet à Koupa Matapit

Qu’est – ce qui justifie le choix de Koupa Matapit ?
Avant Koupa Matapit, nous avons été à Bamendjou et à Babadjou. C’est vrai que de part et d`autre, nous n’étions pas des acteurs principaux de la célébration. Non ! Ce qu’il faut dire ici, c’est que nous avions à célébrer la Paix et la Solidarité fondées sur les valeurs culturelles des jumeaux en Afrique. Ça aurait bien pu être à Kye- ossi, à Mbangassina, Penka Michel à Doumé ou à Moundourou. et pourquoi pas à Kolofata ! Notre choix s’est porté sur Koupa Matapit et je pense que nous n’avons pas été déçus tant sur le plan culturel que sur celui de l’expression des vocables solidarité et paix en rapport avec la culture des jumeaux. Autrement dit Koupa Matapit s’est présenté comme un comité véritablement pilote. C’est un comité local structuré qui a bien voulu abriter ces festivités. Nous les remercions d’ailleurs pour la réussite desdites manifestations.

Votre séjour a consisté en quoi concrètement ?
Il s’agissait une fois de plus de la célébration des jumeaux comme chantres da la paix et de la solidarité dans les us et coutumes en Afrique. Et cette fois-ci, la fête des jumeaux s’est célébrée concomitamment avec la Journée Internationale des Jumeaux pour la Paix et solidarité dans le Monde (la première édition). Plusieurs activités ont meublé les festivités notamment l’expression culturelle autour des rites consacrés aux parents et à la naissance des jumeaux. Nous avons vécu ici un autre modèle de la solidarité autour des rites gémellaires chez les Bamoums : « Le CHA’ PAM ». N’est ce pas là l’essence même de la solidarité qu’incarne les jumeaux et parents assimilés ? A la suite de ces actes, les manifestations ont connu l’organisation d`un tournoi de football Chantal Biya pour la paix et la solidarité. Nous avons bouclé l’événement par des dons aux malades du centre de santé intégré de Koupa Matapit.

Qu’avez- vous laissé là bas comme souvenirs et peut on avoir une idée chiffrée des dons?
Notre meilleur souvenir, c’est d’abord d’avoir pu permettre la réhabilitation des valeurs sacrées qui jadis rythmaient le vécu des peuples Bamoums. Selon les déclarations des notables d’ici, les célébrations autour des jumeaux étaient une tradition inaliénable du palais. Ils regrettent d’ailleurs que certains jumeaux sont sacrés « «NJI » sans passer par les rites du palais « Fa’a » et donc à travers cette célébration, nous avons restauré les cérémonies de « Fa’a » au palais royal (cérémonies consacrées au baptême des jumeaux par le roi. Ensuite, lors des cérémonies de « CHA’PAM » vous avez vu que nous nous sommes portés en donateurs (remplissant ainsi tous les sacs des parents et jumeaux de présents entre autres : le savon comme ingrédient base de la pureté physique; de l`argent comme élément de base de la subsistance au quotidien). Tous les parents et jumeaux sont rentrés contents, contents d’avoir réinscrit dans les consciences une pratique vouée à l’oubli. Enfin il y’a eu un important don à l’hôpital de Koupa Matapit. Sans nous lancer sur une évaluation chiffrée, je pense que l’objectif est atteint : Solidarité- Paix – Traditions et Progrès .

Après Koupa Matapit, quelle est la prochaine destination et quand ?
D’après notre chronogramme des activités, nous avons encore deux pôles d’actions : dans les jours qui suivent nous allons d’abord nous atteler à l’organisation d’un colloque international sur la Paix et Solidarité dans les universités d’Etat du Cameroun. Ensuite, au début du quatrième trimestre probablement, nous lancerons une grande action de solidarité en direction des jumeaux, mais aussi de leurs parents et cadets ; pour le site, on en reparlera.

Comment se fait le choix des localités?
Ce sont des propositions des membres de L’APJ/PSM qui sont adoptées à l`Assemblée Générale du comité international. Pour nous, le site ou la localité importe très peu. Ce qui importe ce sont les actions, la solidarité, la paix. etc.

Que gagne l’Association à travers ces actions ?
L’adhésion et l’attachement des parents, des jumeaux, cadets des jumeaux et assimilés, de toutes les élites intellectuelles, administratives et culturelles du monde entier à des grandes valeurs que sont la solidarité et la paix qui sont nos idéaux de base.

Simon Ndoungla
Journalducameroun.com)/n

Stéphane Kameugne… Un an déjà que le jeune camerounais a été retrouvé mort

Une marche de soutien aura lieu le 19 décembre à Paris. Son père revient sur l’avancée de l’enquête.

Il a fallu trois autopsies pour que la thèse du meurtre soit énoncée par la justice. Est-ce que selon vous il y a eu des manquements au départ de l’enquête ?
Evidemment si la première autopsie était bien faite, on n’aurait pas eu besoin de faire les autres. La troisième autopsie était un complément parce que les 2 premières avaient des points de contradiction.

Avez-vous reçu du soutien de l’école dans vos démarches ?
Je n’arrive toujours pas à comprendre l’attitude de l’école. A la première marche en décembre 2008, les élèves ont voulu participer mais l’école a refusé. Mais les étudiants ont quand même participé plus pour eux-mêmes. Le sujet de la mort de mon fils est tabou et l’administration de l’école a interdit de parler de ça.

Aujourd’hui il y a un site internet qui existe, donc il y a une mobilisation qui s’est faite, est-elle exclusivement familiale ou alors les amis de votre fils sont impliqués ?
J’ai informé ceux dont j’avais les coordonnées parmi ses camarades qui étaient aux Etats-unis et ici en France à Chalon, mais ils sont occupés et on verra samedi, ceux qui auront le temps de venir à la marche. Donc il y a un comité de soutien qui a été mis sur pied avec ses anciens camarades dans les différents endroits où il a fréquentés, il y a un site internet et tout le monde qui l’a connu s’investit comme il peut dans la mesure du possible.

Et la marche que vous organisez samedi, c’est pourquoi ?
Cette marche est organisée pour commémorer le premier anniversaire de sa mort, ou alors son assassinat. Vous savez l’affaire est aujourd’hui devant la chambre criminelle. Pour la première fois depuis la dernière autopsie, on parle de meurtre et non plus d’accident. Et pour y arriver beaucoup de gens ont bataillé dur donc, c’est en quelque sorte une marche pour dire merci déjà à tous ceux qui nous soutiennent dans nos démarches. La marche est organisée pour attirer l’attention des gens et que les criminels puissent épargner la vie des autres enfants.

Nous sommes conscients qu’on ne fait jamais complètement le deuil d’un être cher. Mais est-ce que pour vous l’issue de l’enquête aidera à tourner cette page triste ?
Déjà la vérité et trouver les auteurs permettront de répondre à beaucoup de nos questions. On a cette peine toujours qui ne nous quitte pas depuis ce fameux 07 décembre 2008. Je ne souhaite à personne de se trouver dans notre situation, parce que ce n’est pas une vie, parce qu’on subit et on culpabilise à la fois. Nous voulons savoir ce qui s’est passé et ce que ces gens lui reprochaient. D’un autre coté cela épargnera la vie des autres enfants. L’autre jour, j’ai quelqu’un qui m’a appelé pour me dire que ses deux enfants étaient morts dans les mêmes conditions que mon fils. La seule chose qui vraiment dans le dossier de mon fils m’a beaucoup embêté c’est qu’au départ, si on avait opté pour la piste criminelle, on aurait trouvé les auteurs plus rapidement ; et aussi je dis que si l’école n’avait rien à se reprocher, la mort de mon fils ne serait pas un sujet tabou. Dans une école où le mot fraternité est la devise, leur attitude me surprend énormément, et je suis persuadé qu’à l’école on sait ce qui s’est passé. Et cinq jours après la deuxième autopsie, le directeur de l’école a été affecté et l’école est restée avec un dirigeant intérimaire jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pourquoi ? Est-ce que ce n’est pas en rapport avec la mort de mon fils ?

Vous avez porté plainte contre l’école ?
Non ce qui nous importe aujourd’hui c’est de rétablir la vérité, c’est le plus urgent pour l’heure.

Vous avez quelque chose à ajouter, un message à faire passer ?
Je voudrais remercier tous ceux qui nous soutiennent et qui nous apportent leur concours dans notre recherche de la vérité. J’espère que nous y parviendrons.

Stéphane Kameugne
www.francesoir.fr)/n