Une vie palpitante. C’est le souvenir que l’on conserve de Sissi après la lecture du premier roman de la romancière camerounaise Reine Mbea
Sissi la serial loveuse, une jeune fille de 28 ans pour qui en matière d’hommes « l’abondance ne nuit pas ». Vile, opportuniste, indécise, et parfois sincère ; la jeune fille née sous une pluie de raphia au carrefour Cimetière à Yaoundé n’y va pas par quatre chemins pour parler d’elle. Tout au long des trente chapitres que compte le livre, on est très vite scotché par le quotidien trépident de cette fille pas très gâtée par la vie. Sissi se plait à lire les romans à l’eau de rose sans pour autant y croire, mais rêve néanmoins de trouver elle aussi son homme.
Sa vie, ses rêves, ses multiples aventures amoureuses et même ses « taper dos », Sissi abreuve le lecteur avec le style d’écriture de l’auteur fluide et égocentré et qui très vite nous semble familier. Les mots fortement influencés par le « parler camerounais » donnent une certaine identité camerounaise au roman sur le plan linguistique. Difficilement l’on s’ennuit à la lecture de ce roman. En effet, le débit de mot important, le rythme cadencé et l’intrigue nous permettent de comprendre le leitmotiv de l’auteur. A travers ce premier roman, Reine Mbea nous montre clairement qu’excéder par un quotidien lugubre, même une ampoule graillé du calibre de Sissi rêve d’une vie au soleil loin, des élobis, des sissonghos et des mapanes de Yaoundé. On n’est donc pas surpris lorsque celle-ci, sous le couvert de cet adage qui affirme que « le mari de ta s ur ou de ton amie est ton mari », elle fait un « taper dos » à son amie Ivy à qui elle arrache son petit ami Paul, lui qui vient d’un milieu aisé.
A lire le roman on serait tenter de croire que Reine Mbea nous raconte son histoire tellement le réalisme est poignant et cynique. Détrompez-vous, les aventures de Sissi dévoilent en réalité les problèmes quotidiens que vivent de nombreux jeunes africains et africaines de nos jours : la misère, la recherche d’une vie meilleure, la stigmatisation des classes sociales, ou encore l’amour etc. Et Reine Mbea s’est juste permis d’être une chroniqueuse de son époque à travers sa belle plume.
