Daniel Nguanou: « Les détenus ont aussi besoin d’être à l’aise »

Le coordonnateur de Step Ministry Cameroon révèle les mobiles des gestes de son association.

C’est quoi Step Ministry-Cameroon?
Nous sommes une organisation chrétienne qui a été créé en 2002. Nous sommes interdominationels. C’est-à-dire que nous travaillons avec toutes les organisations confessionnelles qui croient que quelque chose peut être fait dans la vie de ceux qui sont mis à part ou vulnérables. Et notre souci majeur c’est de les recentrer sur des valeurs spirituelles, morales et citoyennes. Pour ce faire, nous encadrons les jeunes en matière de sexualité, d’accompagnement spirituel des personnes infectées et affectées par le Vih/Sida. Nous accompagnons également les jeunes qui sont dans le milieu carcéral et même dans le milieu extra scolaire. En 2004 nous avons obtenu le prix du Commonwealth (Youth African Programm), soit deux ans après que nous ayons été légalisés. Et nous essayons de nous engager un peu plus tous les jours en travaillant à plein temps.

Quel est le champ d’activité de votre association en ce qui concerne les prisons?
Pour l’instant, le ministère nous a autorisé à travailler avec trois prisons: la prison de Yaoundé, la prison principale de Mfou et la prison principale de Mbalmayo. Nous menons des actions hebdomadaires dans toutes ces prisons. Nous avons tout un programme d’activité que nous avons déposé auprès des régisseurs de toutes ces prisons. Nous déroulons nos activités concernant la citoyenneté, les droits du citoyen, l’éducation à la citoyenneté, à la spiritualité. parce qu’en prison, on a plusieurs soucis. On se demande si on est encore de ce monde. Et très souvent nous permettons à ceux là de comprendre que malgré la situation dans laquelle ils vivent, Dieu est avec eux.

D’où vous viennent les moyens de vos actions?
Vous savez, quand on a la passion, quand on aime quelque chose, on est prêt à jeûner parce qu’on veut apporter des encouragements à un autre. Tout ce que je fais pour l’instant, c’est avec des moyens propres. Et je n’en ai pas assez. J’ai même des problèmes; mais je me fie à la Bible où Jésus dit, « j’étais en prison, vous m’avez rendu visite. Chaque fois que vous avez fait à un tiers, c’est à moi que vous l’avez fait ». C’est cette parole du christ qui est la motivation de l’action que nous menons.

Quelle est la nature et la valeur des dons que vous avez offert aux prisonniers aujourd’hui?
Nous apportons surtout des marmites. Car nous avons essayé d’évaluer les besoins de la prison. Nous nous sommes rendus compte que c’est l’une des priorités. Ces marmites ont coûté 70 000 FCFA. Nous pensons que ce n’est pas le montant, mais le geste. Ce n’est pas le premier don que nous leur offrons. Et ce n’est pas la première fois. Nous avions déjà apporté des marmites, du savon, du sel, du riz, des sandalettes.

Daniel Nguanou, coordonnateur de Step Ministry Cameroon
Journal du Cameroun)/n

Et après ces mois de soutien à la prison, sentez-vous des effets de vos efforts?
Lorsque qu’on a dit Step ministry, vous avez vu la réaction des détenus. Ils étaient tous fiers. C’est parce que nous sommes tous les jours ensemble. Nous essayons de les conseiller non seulement sur le plan spirituel et moral, mais nous essayons de leur dire qu’ils ne sont pas des éternels détenus. Et que lorsqu’ils vont sortir, ils seront des hommes comme nous car bon nombre d’entre eux sont innocents. Nous prenons les numéros de téléphones et appelons les parents de ceux là dont on ne sait pas qu’ils sont en prison. Nous avons fait une étude sur la vulnérabilité des prisonniers et nous nous sommes rendus compte que beaucoup de jeunes n’ont même pas de visite. Or ces problèmes, la prison ne peut pas les résoudre avec ses moyens modiques.

Quelles sont vos doléances?
Il y a juste deux mois que nous avons eu l’autorisation pour exercer dans les prisons. Et quand nous voyons ce qui a été fait, depuis octobre jusqu’à ce jour, je crois que ce n’est pas rien. Par rapport à une organisation qui ne vit qu’avec ses moyens propres, en attendant que certains ouvrent des portes, où que des partenaires s’associent à notre vision. Les trois prisons, c’est un début. Mais, parce que les détenus ont besoin d’un encadrement qui puisse leur permettre de se sentir véritablement à l’aise comme s’ils étaient dehors. Notre v u c’est que le ministère puisse nous appuyer afin qu’on puisse continuer ce ministère avec joie et efficacité. Nous sommes ouverts à tous ceux qui peuvent mettre leurs énergies pour apporter un plus à ceux qui souffrent. Parce que le problème n’est pas seulement physique, il est même mental et spirituel. Il s’agit de leur apporter un espoir, de leur faire comprendre que le Christ est au centre de leur vie et que le désespoir ne devrait pas les amener à décrocher

Communion de Step Ministry avec les prisonniers
Journal du Cameroun)/n