Sonara: Au-delà du changement des hommes

Ibrahim Talba Malla qui prend les commandes hérite d’un morceau difficile, Charles Metouck qui en sort est dans l’incertitude…

Vendredi 15 février 2013, un décret du président de la République a changé le top management de la Société Nationale de Raffinage (SONARA), remplaçant Charles Metouck directeur de la structure depuis près de 10 ans, par Ibrahim Talba Malla, directeur général de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures, la CSPH qui est aussi actionnaire de la SONARA. Dans les médias locaux, les analyses sont partagées. Certains n’hésitent pas à parler de promotion pour Talba Malla et de déroute pour Monsieur Metouck. Avant même qu’il ne soit démis de ses fonctions, Charles Metouck a été longtemps classé par la presse au rang des personnalités susceptibles de faire l’objet d’une arrestation dans le cadre de l’opération d’assainissement de la gestion des biens publics au Cameroun. « le DG de la SONARA est dans le viseur de L’opération épervier depuis au moins 03 ans. Dans l’espace, l’homme, en même temps qu’une nuée de collaborateurs, a été entendu de multiples fois par la police et le Contrôle supérieur de l’Etat», pouvait-on lire dans le journal la Metéo du 18 juin 2012. De nombreux autres journaux, ont rapporté des faits, qui pour l’essentiel visent à établir que le désormais ex DG de la SONARA, ne s’est pas tourné les pouces. Tout y rentre, à l’exemple du journal Aurore Plus du 24 février 2012, qui parle de ventes fictives de carburant et de brut, de manque de volonté de transparence, et d’enrichissement personnel. Seule une opération judiciaire véritablement lancée permettra de confondre les avis des uns et des autres. Pourtant on lui reconnaît d’avoir redressé les finances d’une entreprise qu’il a prise en cessation de paiement. Son éviction ne le mettra pas au chômage, il reste au contrôle d’une entreprise de fabrique de matelas, et est cité dans l’actionnariat d’une banque locale.

Ibrahim Talba Malla quant à lui n’hérite pas d’un trésor, mais d’une entreprise qui fait face à de gros défis. La SONARA est considérée comme l’entreprise la plus endettée du Cameroun, en raison de nombreux crédits pris auprès des banques camerounaises pour financer sa mutation. Une mutation dont on ignore si elle suffira à remettre l’entreprise sur les rails de la compétitivité. La nomination de celui qui est aussi à la tête de la caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures n’est pas une surprise. La CSPH fait aujourd’hui partie de ceux qui constituent l’actionnariat de la SONARA. Il semblait donc logique dans l’objectif d’une révision de stratégie qu’on puisse avoir plus de maîtrise sur la chaîne de performance. La SONARA aujourd’hui fait l’objet d’un investissement de près de 350 milliards de FCFA. Officiellement il se dit que ce financement permettra à la structure de transformer le pétrole local. Un projet qui devrait permettre la réduction des coûts des hydrocarbures et de ses dérivés dans le pays. Rien n’est moins sûr. Dès sa création la SONARA faisait déjà face au défi de sa pertinence. Les experts de tous les bords expliquent que les produits raffinés par la SONARA coûtent plus cher pour l’économie que les hydrocarbures importés. Une observation qui se vérifie avec le marché de l’essence venue du Nigéria. On le retrouve dans les localités de l’extrême nord à environ 400 FCFA, loin derrière les 565 FCFA après subvention du gouvernement à hauteur de près de 240 FCFA. Cette absence de compétitivité, disent ces experts, est liée au design même du projet SONARA par rapport à son marché. Ibrahim Talba Malla aura donc la délicate tâche de rendre l’entreprise compétitive, tout en ne pas rompant avec les acquis de la maison. Une tâche très difficile à conduire.

Charles Metouck (à gauche) a été remplacé par Ibrahim Talba Malla (à droite) à la tête de a Sonara
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