« Visa étudiant », le documentaire signé Francis Taptué

Producteur, réalisateur, auteur de bande dessinée et artiste plasticien d’origine camerounaise, il a voulu raconter des réalités vécues difficilement pas les étudiants

Quelle est la trame de votre film « Visa Etudiant »?
C’est un film documentaire de 52 minutes sur les conditions de vie des étudiants qui quittent l’Afrique avec un visa étudiant pour l’Europe ou l’Amérique et qui sont confrontés aux problèmes de vie, d’intégration et d’adaptation dans leurs pays d’accueil.

Qu’est-ce qui vous a motivé dans la réalisation de ce film?
Nombreux sont les étudiants qui rêvent d’émigrer en Europe et aux Etats-Unis pour un meilleur cursus dans les grandes écoles et universités. 98% de ces étudiants n’ont jamais quitté leur pays natal avant le baccalauréat. Ils n’ont pour idée de leur pays d’accueil que l’image idéalisée véhiculée par les chaines de télévisions. Image bien loin de la réalité qui les attend. Aujourd’hui en Afrique, rares sont les supports pédagogiques qui préparent, de manière générale, « l’émigré étudiant » aux conditions de vie, d’adaptation et d’intégration à l’extérieur du continent. Une fois le visa étudiant en poche, la seule chose que l’étudiant a à l’esprit c’est partir. Bien à tort. Certains étudiants pensent se contenter d’un bout de matelas chez un oncle, une tante, un frère, une s ur ou des amis, mais une fois sur place, après quelques mois il faut vite travailler pour participer au loyer, aux courses, aux factures. Et ça en Afrique on n’y est pas habitué. La 1ère année est toujours facile, c’est à partir de la deuxième année que le plus dur commence avec le renouvellement de titre de séjours. Le film tente de répondre aussi à la question du dilemme qui se pose à ces étudiants à la fin de leurs études : travailler dans le pays d’accueil ou rentrer dans le pays d’origine. Que faire après les études ? Rester et chercher du travail ou rentrer en Afrique pour participer à la construction du continent ?

Visa Etudiant, de Francis Taptué
TFMEDIAS)/n

Comment se porte le film depuis sa sortie et quelles sont les perspectives?
Le film se porte très bien. J’ai reçu une importante commande des centres et bibliothèques américains en Afrique. La production TFMEDIAS est en négociation avec TV5 Afrique et d’autres chaînes du continent. Nous sommes ouverts à une discussion avec toutes les chaînes qui souhaiteraient acquérir les droits de diffusion sur le continent africain. Nous sommes également ouverts à des discussions avec des centres culturels, ou des associations d’étudiants africains en Europe ou aux USA pour des projections. Ce documentaire veut montrer aux parents et familles en Afrique, à ces parents qui attendent beaucoup de ces étudiants, un aperçu du quotidien de leur progéniture. Pour certaines familles, le départ d’un enfant à l’étranger est synonyme de « réussite sociale », de retraite assurée, un gage de revenu, et l’étudiant porte alors sur ses épaules le destin de sa famille. Une responsabilité qui amène certains à abandonner les études, le 1er objectif, pour se retrouver à errer « sans papier », condamné à vivre caché, condamné à travailler au noir, condamné à se livrer à la prostitution, condamné à dealer. afin de subvenir aux besoins des siens.

Quelles difficultés rencontre t-on quand on tourne un film comme le vôtre?
La seule difficulté fut le temps et les moyens. Je n’ai reçu aucune aide étatique ou autre pour réaliser ce projet. J’ai mis 5 ans à le réaliser avec mes fonds propre. 5 ans à faire des allers et retours entre l’Europe et les Etats-Unis.

Et là, vous travaillez sur quel projet ?
Je travaille sur un nouveau documentaire « Le visage du silence » c’est un film documentaire sur les révélations, visage découvert, des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Un film qui se déroule au Cameroun, en France en Thaïlande et au Etats-Unis. Un extrait du tournage en cours est visible sur ce lien Et par ailleurs, je termine un nouvel album de bande dessinée, « Magie Noire à la Maison Blanche ». Mes bandes dessinée sont signées au nom de Chrisany.

Jusque là, on vous connaissait comme un « multi-arts » plasticien et auteur de bande dessinée. Comment vous retrouvez-vous dans le monde du cinéma?
J’ai toujours baigné dans le monde du cinéma, la bande dessinée que je pratique depuis 20 ans n’est autre que du cinéma. du cinéma sur papier. La mise en scène, le cadrage, les plans. c’est la même chose qu’au cinéma. J’ai juste changé d’outil, je suis juste passé du crayon à la caméra.

Francis Taptué: Producteur, réalisateur, auteur de bande dessinée et artiste plasticien
TFMEDIAS)/n

Bande annonce de « Visa Etudiant », cliquer pour lire