Cameroun – taxe sur le téléphone : l’Observatoire du développement social demande au Minpostel de sursoir à sa mesure

Dans une déclaration publiée ce 17 octobre 2020, l’association estime que la mesure prise par le ministre des Postes et télécommunications profite aux hommes d’affaires, à des pontes de l’administration mais asphyxie le  » pauvre consommateur  » qui ne s’est encore remis des répercussions de la pandémie de la Covid-19.

L’Observatoire du développement social (ODS) dit non à la taxe sur les téléphones et tablettes numériques imputée aux utilisateurs. Dans une déclaration faite ce 17 octobre 2020, son coordonnateur général Lilian Koulou Engoulou demande au ministre des Postes et télécommunications Minette Libom Li Likeng de sursoir à cette mesure.

Pour l’ODS, la mesure qui voudrait qu’on impute 33%  du prix des téléphones et tablettes numériques est dommageable pour de nombreux Camerounais. Précisément 70% des sans emplois ou exerçant dans l’informel et dont les revenus étaient déjà dérisoires avant la pandémie de la Covid-19.

L’ODS pense que la mesure du Minpostel favorise les importateurs de téléphones et certains cadres de l’administration. Par conséquent, pense-t-elle  ‹‹ une mesure orientées vers les intérêts égoïstes ne saurait légitimement prospérer ››.

L’entrée en vigueur de la taxe sur le téléphone devait entrer en vigueur le 15 octobre dernier. Cela n’a pas été le cas. Mais le gouvernement compte la mettre en application pour notamment contourner le trafic des frais  de douane, dont certains importateurs de téléphones et de tablettes numériques se sont rendus coupables.

L’ODS estime que dans un contexte de pandémie, le moyen de contour de l’État ne tient pas compte du contexte de pandémie actuelle.

 

Droits de douane sur les téléphones : « L’Etat paresseux […] ne doit pas s’acharner sur le citoyen ordinaire » Cabral Libii

Par Cabral Libii, président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN).

Le rôle de la douane n’est pas prioritairement de percevoir des recettes, cette mission fiscale est naturellement dévolue au service des impôts qui, reçoit en cette matière, l’appui de la douane. La mission de la douane est principalement économique en ce sens qu’elle travaille a régler le flux des marchandises pour protéger le territoire camerounais dont certains produits pourraient être menacés par l’importation. Dans cette même perspective, la douane lutte contre la fraude (contrefaçon, contrebande…).

La taxation sur les téléphones qui n’est évidemment pas une invention camerounaise (parce que ça été inventé dans les pays qui fabriquent les téléphones pour protéger leurs téléphones), révèle tout simplement une fois de plus, le visage rentier de notre État.

Nous ne cessons de le dire, l’Etat paresseux, permissif et aux abois ne doit pas prioritairement s’acharner sur le citoyen ordinaire pour noyer son inertie et sauver sa face. Les vraies niches fiscales sont énormes et volontairement abandonnées par l’Etat. Elles sont entretenues par la corruption sophistiquée et les passe-droits dans la haute administration.

L’acheteur du téléphone dans la boutique du coin est en fait comme qui dirait prosaïquement « le moins cher ». Le taxer ça se comprend sur le principe. Mais le cibler lui avec rigueur, alors que les « gros poissons » qui peuvent potentiellement payer dix fois plus, jouissent d’une inexplicable complaisance, est inique et dommageable pour notre économie.

Dotons la douane des moyens pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle. La douane n’est pas un comptoir. C’est un levier de puissance.