Inauguration officielle du musée communautaire case patrimoniale de Bangoua le 05 novembre 2011

Il aura deux parties, l’une consacrée à l’histoire et aux fondements de la chefferie, l’autre à la chasse et à ses pratiques rituelles et magiques

Le samedi 05 novembre 2011 à partir de 9h, le Programme Route des Chefferies (PRDC), en compagnie de ses nombreux partenaires et de toute la communauté Bangoua, procèdera à l’inauguration officielle de la case patrimoniale de Bangoua dont le thème de l’exposition est : « Art, chasse et traditions ». Scindée en deux parties, celle-ci présente dans un premier temps l’histoire et les fondements de la chefferie avec un point fort sur les rites du kak, de la chaise et du Nzou. La seconde partie est consacrée à la chasse, thème cher à la chefferie et à son peuple de chasseurs, et à ses pratiques rituelles et magiques à l’échelle des Grassfield, du Cameroun et de l’Afrique Noire en général.

Cette inauguration s’inscrit dans le cadre de la célébration de la fête du macabo, qui se déroule du 29 au 05 novembre 2011 à Bangoua, chefferie traditionnelle située dans le Département du Ndé, Région de l’Ouest Cameroun. C’est en 1949 que fut célébrée la première fête du macabo, commémorant ainsi le retour à Bangoua du Roi NONO TCHOUTOUO de Dschang, après 18 ans d’exil. Elle fut par la suite transformée par Sa Majesté WANTONG NONO Zacharie en fête biennale pour célébrer la réalisation d’un projet de la communauté. La toute première de l’ère DJAMPOU TCHATCHOUANG Annick Julio, au trône depuis 2001, vient ainsi couronner les actions de développement de la communauté Bangoua et un grand moment d’exaltation de sa richesse culturelle.

L’ouverture de la case patrimoniale de Bangoua démontre ainsi l’engagement du chef, signataire de la charte Route des Chefferies depuis 2006, dans le développement de son groupement avec le soutien du CONADEB (comité de développement). Il témoigne surtout du dynamisme du PRDC dans la mise en uvre de ses missions de préservation et de valorisation du patrimoine culturel. Après ses nombreuses réalisations telles que le Musée des Civilisations à Dschang, les cases patrimoniales à Bamendjou, Bamendjinda et Bandjoun, les cases d’hôtes à Foto et Keleng, les inventaires du patrimoine culturel et touristique, les diverses publications, etc., le PRDC affirme ici sa volonté de poursuivre le développement culturel et touristique de la région de l’Ouest. De nombreuses personnalités du gouvernement camerounais et des corps diplomatiques, les chefferies traditionnelles, les partenaires du PRDC et plus de 10 000 personnes sont attendues à cette grande fête culturelle.

Le musée communautaire de Bangoua sera inauguré le 05 novembre 2011
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Bangoua: Danse autour du Macabo

Le peuple Bangoua dans l’Ouest-Cameroun célèbre ainsi le retour d’exil d’un de ses plus illustres rois, Sa Majesté Nono Tchoutouo

Le macabo est un tubercule qui, tous les deux ans ou presque, fait courir les Bangoua. 20.000 âmes mobilisées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour parler unité et développement. Deux thèmes majeurs déclinés en activités culturelles (danses initiatiques, chants et autres), mais également sociales et sportives. La fête de Macabo est aussi l’occasion de se souvenir de Foh Nono Tchoutouo, ce roi qui imprima d’une marque indélébile l’histoire du groupement, le deuxième en superficie et en populations dans le département du Ndé. Mais pourquoi le macabo, plante plutôt rare à Bangoua, est-il l’objet de tant de célébration ?

Sa Majesté Nono Tchoutouo (1854-1957) était fier de lui et jaloux de son indépendance. Le 19ème roi de la dynastie Bangoua ne tolérait aucune ingérence dans les affaires de son « pays », bien qu’il avait des rapports courtois avec l’administration coloniale. Pour elle, il collectait les impôts. Comme tout roi de son époque. Bangoua, riche royaume engrangeait beaucoup de francs, le trésor était jalousement gardé par le souverain. En 1931 Foh Nono Tchoutouo perd son ainé et unique frère. Le triste événement le marque profondément. Meurtri de chagrin, il décide d’organiser des obsèques à la mesure de l’amour qu’il portait au défunt. Il oint la tombe d’huile de palme, produit rare et très prisé à l’époque, et, sacrilège, enterre son frère avec l’argent des impôts. La nouvelle parvient aux oreilles de l’administration coloniale à Bangangté, qui ne tarde pas à se rendre à Bangoua. La sanction tombe, Sa Majesté Nono Tchoutouo doit être exilé à Foto près de Dschang, alors chef lieu de la région de l’Ouest.

L’exil dure 18 ans. Des années au cours desquelles le roi déchu reste populaire auprès des siens. Il reçoit de la visite au quotidien. Les Bangoua vivant dans le département du Moungo se distinguent particulièrement. A chacun de leur voyage à Dschang, ils gardent comme présent au roi du macabo qui pousse en abondance sur leurs terres volcaniques. Une partie de la récolte du macabo est vendue pour acheter des produits tels que le savon, l’huile de palme, le sel et autres commodités. Le roi est donc bien servi par ses fils et filles du Moungo. A son retour d’exil en 1948, il décide de leur rendre hommage en décrétant une fête annuelle qui scellera la réconciliation et la paix entre les Bangoua.

Tradition respectée par ses successeurs, les rois Wantong Nono Zacharie et Tchatchouang Wantong Paul. Sur le trône depuis 2001, l’actuel roi, Djampou Tchatchouang Anick Julio, 27 ans, n’avait jamais honoré le rendez-vous. Dix ans d’attente qu’il a mis à profit pour poser des actes de développement dans son groupement : adduction d’eau potable, création d’établissement scolaire, construction d’une case patrimoniale, développement du tourisme. Des actions qui sont au c ur de cette édition de la fête de Macabo. Ouverte samedi 29 octobre dernier à Bangoua par un culte cuménique et des activités culturelles et sportives, la fête connaîtra un pèlerinage à Foto et une foire agropastorale avec en bonne place le macabo. L’apothéose, samedi 05 novembre 2011 avec la danse initiatique « Nzou » qui n’est exécutée qu’à des occasions exceptionnelles.

Djampou Tchatchouang Anick Julio, chef supérieur des Bangoua
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