La camerounaise Liliane Tetsi présente les journées Bami-trad

Elle parle aussi de son association Europe Cameroun Solidarité et de son militantisme

Vous organisez cette fin de semaine, une nouvelle édition des Bami-trad. Que signifie ce concept?
Les Journées Bami-Trad sont des Journées des traditions Bamiléké ou Lièze Kô Pe Grasfield en langue bamiléké.

Ces journées sont organisées par Europe Cameroun Solidarité. Un mot sur l’association?
Europe Cameroun Solidarité est une Organisation Non Gouvernementale qui intervient essentiellement au Cameroun et accessoirement dans tous les autres pays où son objet est requis. Les actions de l’association appelées entraide prennent la forme de soutien financier, matériel, intellectuel et/ou technique. L’association uvre en faveur de la santé (Médecine et chirurgie, prévention, éducation), de l’enfance (Aide aux mères, orphelinat, pouponnière, éducation, maternelle), la jeunesse (Education, sauvegarde, rééducation, apprentissage), les personnes âgées, l’aménagement local, privé ou public et la culture (Maintien des cultures régionales, sauvegarde du patrimoine local, échanges culturels).

Quels sont les partenaires de cette édition?
Nos partenaires sont les structures locales qui nous sollicitent, car nous nous occupons des projets pour lesquels nous sommes saisis, procédons à une analyse très fine. A partir du moment où le projet nous paraît justifié et est destiné à l’intérêt collectif, nous essayons de participer à la réalisation du projet. Nous suivons la réalisation de celui-ci avec les partenaires locaux. Nos partenaires par ailleurs peuvent être les collectivités territoriales (les régions, les départements, les communes, l’Etat, il en est ainsi de la Région Alsace, du Conseil Général du Bas-Rhin, de la Ville de Strasbourg.) voire d’autres associations. Nos partenaires permanents pour diverses animations sont Femmes du 3ème Millénaire et Wietchip (Association des descendants de la cour de Bangoua).

Quel souvenir gardez-vous de la première édition?
Un souvenir d’une manifestation d’une grande qualité, de l’avis même de tous ceux qui nous ont fait l’honneur de leur présence. Des rois de l’Ouest du Cameroun étaient présents. Comme cette année, les intervenants sont entre autre, le maire de Strasbourg Monsieur Roland Ries et le Député du Bas-Rhin Monsieur André Schneider qui a été anobli par la cour de Bangou. Tous deux ont procédé à l’ouverture des Journées. Cette 2ème édition sera clôturée par le Député André Schneider et la Députée européenne Catherine Trautmann.

Vous êtes conseillère municipale dans la ville de Strasbourg. Racontez nous votre aventure politique?
Mon engagement date de longtemps, très engagée et très tôt (soit déjà au cp1 à l’école primaire, au collège aussi bien qu’au lycée au Cameroun), j’intervenais auprès des maîtres, professeurs chaque fois que je pensais que leurs agissements n’étaient pas juste. J’ai gardé cette capacité d’être indignée, d’être révoltée par ce qui ne va pas. Un de nos maîtres à l’université Louis Pasteur de Strasbourg avait coutume de nous dire: il faut rester enfant le plus longtemps possible. Cela me convenait tout à fait et j’ajouterais qu’il faut garder la capacité de résister. La résistance doit nous aider à nous dépasser et à aller de l’avant pour que la cause de l’humain soit entendue. Il faut donc être en résistance pour essayer de rendre sans effet donc inopérante toute action dirigée contre l’humain et bien entendu cette action de résistance doit toujours être guidée par le sens de l’intérêt général et donc collectif pour faire avancer l’humain dans le respect strict de sa dignité et de la reconnaissance de ce qu’il est.

Liliane Tetsi de Europe Cameroun Solidarité
Journalducameroun.com)/n

Vous avez donc un parcours de résistante?
Résister a toujours était très important tout le long de mon parcours. Je me suis engagée dans le syndicalisme en tant que citoyenne parce que j’ai estimé que la cause des salariés valait la peine d’être défendue ou que l’on s’y implique. J’avais constaté que dans ce domaine les relations relevaient souvent pour ne pas dire toujours du «pot de terre contre le pot de fer». Je me suis alors dit qu’il fallait tenter d’inverser la tendance et qu’il n’y avait de fatalité en la matière pas plus que d’autres domaines. Avant, il s’agissait donc d’apporter une modeste contribution à des règles de jeu plus justes entre employeurs et salarié. C’était un acte citoyen qui me tenait à c ur. Aussi, «le virus du social l’emporta-t-il sur celui de la recherche» domaine dans lequel je faisais mes études comme a coutume de dire un de mes Maîtres quand on l’interroge sur qui je suis. Mon engagement politique a été dicté par la même logique. Là encore, parallèlement à ce militantisme et engagement syndical, je milite politiquement pour les mêmes raisons. Ce qui me fait courir à chaque fois: la cause de l’être humain et je pensais que la politique au sens noble du terme est le domaine par excellence de l’application d’un engagement citoyen. Tout ce que l’on fait devant toujours concourir à l’intérêt général. Tout combat que je mène en la matière a pour fil conducteur la même logique.

Quels sont les autres projets de votre association?
S’occuper des problèmes de santé, de la problématique de l’eau car un apport aussi minime soit-il en eau potable donc fut-ce de quelques m3 est un point marqué contre les maladies hydriques et c’est autant de vies sauvées. Contribuer à la lutte et à la prévention contre la pandémie du sida étant entendu que cela passe par l’éducation, ce qui nous amène tout droit vers nos actions en faveur des écoles, des collèges etc. La question de la formation des jeunes et de la qualification des personnes et de la sauvegarde des métiers anciens nous tient à c ur. Aussi, nous envisageons des solidarités entre les femmes d’Afrique qui pourraient se déplacer dans d’autres pays pour partager leur savoir-faire. Nous avons une attention particulière pour les structures qui s’occupent de l’accouchement. L’idée de réduire la mortalité des femmes en couche me taraude depuis toujours et nous devons tout faire pour inverser la tendance pour que vouloir donner la vie ne soit plus synonyme de la perdre. L’Afrique doit décoller et l’avenir se fera avec elle ou ne se fera. Les femmes, la jeunesse et les autres sont et doivent être les piliers de ce nouveau départ.

Et le Cameroun, vous y retournez souvent?
Le Cameroun, je n’y retourne pas souvent mais je suis en lien permanent avec le Cameroun et avec l’Afrique. Se déplacer pour aller s’installer à un autre grand point de espace planétaire qui s’offre à nous n’est et ne doit pas être synonyme d’oublier d’où on vient.