Cameroun : ce que révèle la mission de l’expert allemand sur les lions en divagation

Sur fond de tensions entre agriculteurs et éleveurs, la mission menée par le Dr Hans Bauer, du 8 au 20 avril 2019, a révélé que les deux lions mâles sont partis de la région de l’Adamaoua, à plus de 300 km de leur terrain de chasse actuel.

Sous financements de la Born Free Foundation (Angleterre) et avec la logistique de la GIZ (coopération allemande), une mission de huit experts – parmi lesquels trois Camerounais – est allée sur les traces des fauves repérés dans les environs de la petite ville de Ntui, département du Mbam et Kim, région du Centre du Cameroun.

Quelques semaines auparavant, les populations ont rapporté des attaques de fauves sur les élevages, notamment sur les pâturages en itinérance des peuples Mbororos. En 2017 et 2018 déjà, des attaques avaient été enregistrées dans la zone.

La dernière en date est identifiée dans la savane de Ndimi, à 70 km de Ntui. « Une mission pour établir les faits dans la région a été organisée rapidement », explique le Dr Hans Bauer, spécialiste allemand de la conservation des lions dans son rapport.

Il faut dire que la savane du Cameroun n’est pas inconnue de cet expert. Durant les 25 dernières années, le Dr Hans Bauer a en effet séjourné plusieurs fois au Cameroun, participant à la formation et au counseling des organisations gouvernementales et non gouvernementales évoluant dans la préservation de la nature.

Pendant plusieurs jours, l’équipe va poser des tracking composé de 15 caméras, de 11 stations d’appels et d’appareils d’analystes des empreintes, entre autres, pour identifier les fauves. Ce qui leur permettra d’établir qu’il s’agit de deux lions mâles. « Nous avons observé deux lions mâles au poste d’appel le 17 avril de 18h 30 à 21h00 dans la savane de Meloke. Ils sont restés à une distance d’environ 50 et 100 m de la voiture pendant plusieurs heures ».

« Nous avons spécifiquement examiné le comportement des lions dans la perspective d’une opération d’immobilisation », rapporte le Dr Hans Bauer.

Pour ces experts, les deux lions viennent probablement du parc national du Faro, à plus de 300 km de là, dans la région de l’Adamaoua. Les fauves ont transité par le parc national de Mpem et Djim à des kilomètres au nord de Ntui.

« Déjà 50 bœufs et une dizaine de chèvres tués en moins de 02 mois », informe Jean Robert Onana, chargé de la communication au ministère des Forêts et de la Faune. « Il y a admiration face à ces félins qui ne s’attaquent pas encore aux hommes selon les témoignages. Il de l’indignation face à leur cruauté. Sur les 50 bœufs tués, ces lions ne consomment que d’infimes parties », poursuit-il. Avant d’ajouter : « Cette propension à se nourrir des proies faciles n’est pas de bonne augure. Explication : les lions n’ont pas trouvé leur compte ailleurs. Les mâles n’étant pas reconnus comme d’habiles chasseurs, il faut leur trouver un habitat où ils trouveront des femelles mieux adaptées pour la chasse ».

Le rapport de l’équipe d’expert révèle cependant un élément des plus curieux : « beaucoup d’agriculteurs ont indiqué qu’ils étaient inquiets à propos de leur sécurité, mais certains ont mentionné un aspect positif de la présence des lions : ils espéraient les lions chasseront les Mbororo de leurs terres pour ne pas perdre leurs récoltes à cause du piétinement par le bétail. La zone a été divisée en zones de parcours et de terres cultivées, mais ce zonage n’est pas toujours respecté ».

Pour l’heure, la mission conduite par le Dr Hans Bauer a préconisé une « translocalisation » des lions dans le parc de Mpem et Djim, même si le rapport reconnait que c’est une opération délicate et couteuse.

En attendant, les populations sont appelées à la vigilance. Il est conseillé de limiter ses déplacements entre 18h et 6h, car les lions sortent de nuit pour chasser.