Les grosses cylindrées des présidents africains

Désormais, au Burkina Faso, au Niger et ailleurs sur le continent, les ministres exigent des Mercedes classe S, des Citroën C6 lorsqu’ils ne jettent pas leur dévolu sur des BMW série 7

De son vivant, l’ancien chef de l’Etat burkinabé Thomas Sankara (1984-1987) avait imposé à ses ministres la R5 Renault comme voiture de fonction. Lui-même avait choisi cette modeste automobile française comme véhicule présidentiel afin que le train de vie de l’Etat reflète les réalités du Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres de la planète. Il n’y avait alors rien de choquant, au « pays des hommes intègres », à voir un sous-préfet se déplacer sur sa Mobylette de fonction.

Pour les mêmes raisons, au Niger voisin, le président Seyni Kountché (1974-1987) avait imposé aux agents de l’Etat bénéficiaires de voitures de fonction de les ramener chaque vendredi soir dans les garages administratifs. Les voyages à l’étranger des ministres étaient alors soumis à autorisation préalable du chef de l’Etat pour éviter des « missions de convenance personnelle », trop coûteuses pour le Trésor public.

Mais MM. Sankara et Kountché sont décédés depuis bien longtemps et avec eux le souci d’une parfaite adéquation entre le train de vie de l’Etat et les réalités économiques de leur pays respectif.

Mercedes, première classe et champagne à gogo
Désormais, au Burkina Faso, au Niger et ailleurs sur le continent, les ministres exigent des Mercedes classe S, des Citroën C6 lorsqu’ils ne jettent pas leur dévolu sur des BMW série 7. Dans certains pays, on retrouve dans le parc auto d’un ministre un ou plusieurs véhicules 4X4, de préférence huit cylindres, vendu 50 millions de francs CFA (76 000 euros) prix catalogue.

Sans craindre le ridicule, au Nigeria, sénateurs et députés avaient arraché de l’Etat le paiement d’une prime d’habillement annuelle chiffrée en milliers de dollars. Quand elle voyage aux frais de l’Etat, cette nomenklatura exige surtout des billets de première classe et ne boude pas le plaisir du champagne en service continu. Un ministre des transports d’Afrique de l’Ouest avait fait scandale, en 2008, sur un vol d’Air Sénégal assurant la liaison Dakar-Niamey via Bamako, pour exiger de l’équipage le surclassement de sa collègue de la santé qui a eu l’idée saugrenue de voyager en classe économique. Un autre ministre d’Afrique centrale avait, quant à lui, tempêté en 2015 à bord d’un avion en partance de Paris pour Yaoundé pour manifester son mécontentement d’effectuer le trajet non pas en première classe mais « seulement » en « business ».

Triangle d’or des palaces parisiens
Quand ils débarquent à Genève, Londres, Paris ou Washington, après leur traversée aéroportée grand luxe, les princes qui gouvernent l’Afrique choisissent les palaces avec, pour certains, des nuitées pouvant monter jusqu’à 6 millions de francs CFA (9 000 euros). A Paris, le Gabonais Ali Bongo Ondimba établit habituellement son quartier général à l’hôtel George V, non loin des Champs-Elysées, tandis que son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso préfère Le Meurice. Pour sa part, le Guinéen Alpha Condé a ses habitudes à l’hôtel Raphaël. A Genève, le Camerounais Paul Biya fait partie des fidèles clients du Grand Hôtel, qui lui offre confort, tranquillité et charmes du lac Léman.

D’autres présidents africains « se contentent » d’hôtels particuliers étatiques ou personnels. C’est le cas du Nigérien Issoufou, qui réside fréquemment à l’hôtel particulier de son pays à la Celle-Saint-Cloud, près de Paris, du Djiboutien Ismaël Omar Guelleh, qui habite pendant ses séjours parisiens avenue Henri-Martin, dans le 16e arrondissement. De son côté, l’Ivoirien Alassane Ouattara prend ses quartiers français dans sa propriété de Neuilly-sur-Seine ou dans sa résidence secondaire de Mougins, dans le sud de la France.

La location des voitures pendant les séjours privés ou officiels représente l’autre chapitre dispendieux du grand train des élites africaines au pouvoir. En effet, outre les véhicules affectés par les ambassades, les délégations ressentent l’impérieux besoin de louer d’autres véhicules dont l’usage s’avère finalement sans commune mesure avec le coût de location. Avec une certaine malice, le chauffeur d’une voiture louée par une délégation africaine raconte avoir passé une journée entière garé devant un palace parisien avant d’être prié de rentrer chez lui le soir et de revenir le lendemain. A ces dépenses-là il faut ajouter le shopping effectué dans les magasins chics de Washington, Londres, Paris et Genève. Le responsable du protocole d’une ambassade africaine raconte ainsi avoir raccompagné à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle un ministre d’Afrique centrale qui s’était offert 2 000 euros de parfum payés rubis sur l’ongle.

Tapis rouge et salon d’honneur
Or cette même nomenklatura, qui ne se prive décidément de rien, exige de ses concitoyens des sacrifices au nom de la baisse des recettes publiques. Elle n’hésite pas à rogner sur les bourses des étudiants, à retarder le paiement des salaires de leurs fonctionnaires, à ajourner sine die des investissements publics d’intérêt général. On peut comprendre, sans l’excuser, la posture de ces dirigeants africains qui appliquent jusqu’à la démesure l’adage qui dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

En revanche, le profil bas des institutions de Bretton Woods sur le grand train des élites au pouvoir est pour le moins surprenant, voire choquant. Mieux que quiconque, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale connaissent les frasques budgétivores des élites africaines. Ils préfèrent cependant les passer par pertes et profits, sacrifiés sur l’autel de bonnes relations avec les régimes concernés. Résultat : chaque mission du FMI ou de la Banque mondiale dans un pays africain se voit déployer le tapis rouge, passe ensuite par le salon d’honneur de l’aéroport avant d’être parfois escortée par des motards. Et, lorsque c’est la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qui se déplacent, ils ont droit à un accueil de chef d’Etat. Avec le protocole, la courtoisie et l’animation musicale qui sied à leur rang.

Au prétexte qu’elles ne se préoccupent que de gouvernance économique, ces deux institutions sont restées aphones sur les présidentielles controversées qui viennent de se tenir dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. La vérité, c’est que derrière cet argument d’attachement à leur domaine réservé pointe le souci de ménager les régimes en place. Disons-le très clairement : en Afrique plus qu’ailleurs, la gouvernance économique ne peut être séparée de la gouvernance politique, qui inclut forcément la tenue d’élections libres et transparentes.

En choisissant de ne pas dénoncer ces dépenses somptuaires d’Etats par ailleurs nécessiteux et de se prononcer sur l’absence de transparence des élections, le FMI et la Banque mondiale se trompent. Ils avaient déjà fait fausse route en Afrique subsaharienne dans les années 1980 avec les fameux Programmes d’ajustement structurels (PAS). Mais, cette fois, leur erreur sera moins pardonnable aux yeux d’une jeunesse africaine épanouie par les réseaux sociaux.


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Le Cameroun a produit 12,3 millions de barils de pétrole entre janvier et avril 2016

La production de pétrole a augmenté de 19,42% par rapport à la même période en 2015. C’est ce qu’a indiqué mardi le président du conseil d’administration de la SNH, Ferdinand Ngoh Ngoh

La production pétrolière du Cameroun entre janvier et avril 2016 se chiffre à 12,3 millions de baril, soit une augmentation de 19,42% par rapport à la même période de l’année écoulée. La société nationale des hydrocarbures (SNH) a publié ces chiffres mardi, 07 juin 2106, au terme d’une assemblée générale dédiée à la présentation de ses activités.

Selon le Président du conseil d’administration de la SNH, cette hausse est due au «développement complémentaire du champ Iroko et de l’optimisation de la production d’autres champs».

«La production gazière, pour sa part, s’élève à 4 286,6 millions de pieds cubes au 30 avril. Une baisse de 5,77% comparativement à la même période de l’année précédente, en raison de la baisse de la demande de la centrale thermique de Kribi», indique-t-il.

La SNH a par ailleurs vendu 8,185 millions de barils de pétrole et 3 017,13 millions de pieds cubes de gaz. Ce qui a permis de transférer au trésor public la somme cumulée de 82, 44 milliards de FCFA à la auxquels s’ajoutent les 10,88 milliards de FCFA générés par le pipeline Tchad/Cameroun au titre de du droit de transit.


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Budget public: le Cameroun à la quête de plus de 200 milliards de F

Selon le ministre des Finances, ces fonds permettront de compléter l’enveloppe budgétaire 2016 en vue de financer des projets de développement

Le Cameroun se tournera bientôt vers le marché international dans l’optique de lever 300 milliards de FCFA sur le marché des capitaux, afin de compléter l’enveloppe budgétaire 2016 en vue de financer des projets de développement, a annoncé vendredi, le ministère des Finances.

Le texte signé par le président de la République, Paul Biya, vient en régularisation des opérations de lever de fonds déjà lancées par le Trésor public camerounais dans le cadre de l’exercice budgétaire 2016.

Il s’agit notamment des opérations sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et dont 57 milliards de FCFA pourraient être mobilisés au cours du premier trimestre.

D’après le gouvernement, les émissions de titres publics du Cameroun cette année se situent à 370 milliards de FCFA, mais 70 milliards de FCFA serviront à rembourser des emprunts de court terme contractés sur ce même marché ce qui laissera en fin d’année, un encours de 300 milliards de FCFA, comme le stipule du reste la loi de Finances 2016.


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Gabon: près de 800 étudiants en colère paralysent le Trésor public

Près de 800 étudiants de l’ Université Omar Bongo de Libreville ont manifesté vendredi devant le Trésor public du Gabon pour réclamer le paiement immédiat de leur bourse

Près de 800 étudiants de l’ Université Omar Bongo (UOB) de Libreville ont manifesté vendredi devant le Trésor public du Gabon pour réclamer le paiement immédiat de leur bourse, a constaté un correspendant de Xinhua. « Tant que notre bourse ne sera pas payée aujourd’hui, aucune personne ne percevra son argent dans ce Trésor en notre présence », a déclaré un étudiant aux allures de meneur de ce mouvement de protestation.

Quelques clients du Trésor et ceux qui venaient pour des situations administratives à la solde (administration affilée au Trésor public, NDLR) trouvés sur place ont été chassés par les étudiants très menaçants.

Les agents de sécurité du Trésor public ont vite baissé la grille et verrouillé tous les accès aux locaux. Les étudiants ont profité de cette fermeture précipitée pour poser quelques barricades empêchant les voitures d’entrer ou de sortir du bâtiment.

La police anti-émeute est intervenue assez rapidement pour disperser les manifestants. Le Trésor public est cependant resté fermé sous bonne protection des policiers.

Au Gabon, les étudiants manifestent souvent dès le moindre retard dans le paiement de leurs bourses. Par contre, c’est pour la première fois qu’ils sortent du campus pour exprimer leur colère devant le Trésor public, un endroit hautement sécurisé.

Les étudiants réclamaient également la libération de leurs camarades détenus à la prison centrale de Libreville pour avoir organisé des grèves dans le campus.

Des étudiants gabonais en grève
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Le Trésor public veut constituer ses réserves d’or

Le gouvernement camerounais a mobilisé un milliard de F CFA qu’il a mis à la disposition du Capam pour les opérations d’achat d’or dans la région de l’Est

Le Cameroun, qui envisage de constituer des réserves d’or à son Trésor public avant la fin de cette année 2014, a déjà engagé le processus sur les différents sites dans la région de l’Est du pays, a appris la PANA, ce jeudi, de source autorisée.

Le Coordonnateur du Cadre d’appui à l’artisanat minier (CAPAM), Jean-Marcel Essomba, qui en a fait la révélation, explique que le processus consiste au rachat de l’or aux artisans miniers par la structure qu’il dirige.

«Cette opération de rachat de l’or aux artisans miniers camerounais a démarré depuis quelques années sous l’appellation «Opération Gold». Elle a pris un coup d’accélérateur cette année où le CAPAM a été autorisé à prélever directement sur les différents sites, 15% de la production de tous les artisans et des industriels opérant dans les champs miniers du Cameroun», rappelle Jean-Marcel Essomba.

Le Coordonnateur du CAPAM précise que «c’est cette provision d’or sur les sites est logée au Trésor public camerounais pour y constituer les réserves».

Pour appuyer l’action du CAPAM sur le terrain, le gouvernement camerounais a mobilisé la somme d’un milliard de FCFA qu’il a mis à la disposition de cette structure pour ces opérations d’achat de l’or.

Le CAPAM est un programme du gouvernement camerounais financé au départ sur le fonds Pays pauvres très endettés (PPTE), placé sous la tutelle du ministère des Mines, afin de canaliser dans le circuit formel, plus de 100 kg d’or officiellement produits au Cameroun chaque année, mais dont 90% de la cargaison est écoulée dans les circuits informels, notamment à cause des trafiquants qui sévissent dans les sites miniers.

Le CAPAM installé dans les zones de production est chargé de racheter l’or aux artisans miniers, de les regrouper en Groupements d’intérêts communs (GIC) et de les encourager à s’entraider à travers la création de caisses communautaires.

Plus de 100 kg d’or sont officiellement produits au Cameroun chaque année
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Dépenses publiques: La Banque mondiale confond le gouvernement

Un document publié par l’institution montre que l’Etat du Cameroun ne respecte pas toujours ses engagements, contrairement aux récentes affirmations du ministre de la Communication et du DG du Trésor

« Nous payons les prestataires dans un délai de 60 jours.» Cette déclaration est du directeur général du Trésor, de la Coopération financière et monétaire au ministère des Finances. Sylvester Mohz Tangongho réagissait, dans une interview au canard gouvernemental Cameroon tribune édition du 10 avril 2014, à cette une du quotidien privé Le jour: «Trésor public: L’Etat est†il en faillite?» Dans cet article, des prestataires se plaignaient d’avoir des factures impayées datant, pour certaines, de deux ans. Cette déclaration du directeur du Trésor de la Coopération financière et monétaire, reprise au nom du ministre des Finances par le ministre de la Communication quelques jours plus tard, s’avère relever aujourd’hui d’un mythe que d’une réalité.

Augmentation de la dette
Dans la première édition des «Cahiers économiques du Cameroun », sa revue semestrielle d’évaluation de l’économie camerounaise, la Banque mondiale s’inquiète en effet de l’augmentation de la dette publique du pays. Selon le document publié le 24 avril dernier et non contesté à ce jour par le gouvernement, «le stock des arriérés de la dette publique et autres obligations de paiement a augmenté, passant de 3,9% du PIB en 2011 à un niveau inquiétant de 6,7% du PIB en 2013 (soit un montant d’environ 900 milliards F Cfa NDLR)». Pour l’inspecteur principal du Trésor, cette accumulation des arriérés serait le fait des prestations «non engagées», «sans crédit» et non du non respect par l’Etat de ses engagements. Mais la Banque mondiale soutient le contraire. Parmi les principales raisons de l’augmentation des arriérés et obligations de paiements, l’institution cite notamment «les limitations de la gestion de trésorerie qui donnent lieu à des dépenses engagées mais non ordonnancées (Deno) et l’augmentation des obligations résiduelles». Et le détail de cette dette (voir tableau) montre bien que les Deno et les obligations résiduelles représentent plus de 43% de cette dette.

Lors de la présentation du plan d’urgence au cours du Conseil de cabinet du mois d’avril, le ministre de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi, a indiqué que «les crédits publics n’ont été absorbés qu’à hauteur de 66,92% de liquidations contre 85,92% d’engagements et 70,20% de réalisations physiques»; soit un gap, pour la seule année 2013, de 181.83 milliards de F Cfa entre les engagements et les liquidations et pire d’un peu plus de 31 milliards de F entre les réalisations physiques et les liquidations. En 2012 déjà, première année au cours de laquelle le gouvernement s’est engagé à régler ses prestataires en 60 jours, les engagements non réglés ont approché 200 milliards de F Cfa selon le rapport n° 13/279 du Fonds monétaire international.

«Il y a des affaires qui sont en justice. Donc, à tout moment, vous aurez toujours quelque chose en instance» se défend cette fois, Mohz Tangongho Sylvester. Un fonctionnaire en service à l’inspection national des services du Trésor, rompu au contrôle de la dépense publique, évoque une tout autre raison: «la rétention administrative de trésorerie». Elle serait due au fait que «L’Etat ne se comporte pas encore comme un vrai acteur économique et se joue de ses prérogatives de puissance publique pour ne pas respecter ses engagements». «Les dépenses liées aux déplacements du chef de l’Etat par exemple sont prioritaires sur toutes les autres» renseigne le fonctionnaire qui ajoute : «Quand on paie les salaires tous les autres paiements sont arrêtés au moins pour deux semaines». La situation est telle que, le président de la République lui†même, dans sa circulaire du 30 juillet relative à la préparation du budget 2014, a instruit le gouvernement de «réduire le délais de paiement des décomptes et factures».


Péril sur la croissance
En attendant, le stock des arriérés de la dette publique et autres obligations de paiement handicape sérieusement les entreprises: «les crédits de la TVA de la dette intérieure (notamment) plombe la trésorerie des entreprises» n’a de cesse de se plaindre le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Au premier rang de ces entreprises se trouve la Société nationale de raffinage (Sonara). Ses créances auprès de l’Etat représentent près de 30% de la dette intérieure qui avoisine les 900 milliards de Fcfa. Ce n’est donc pas un hasard si «en 2013, les performances du secteur privé sont restées stagnantes, voir en régression » comme le soutient, André Fotso, le président du Gicam dans l’édition du mois d’avril du magazine Investir au Cameroun. Logique donc qu’«au rang de ces mesures décisives pour faire sortir les chefs d’entreprise de la déprime ambiante», le président du Gicam cite en tête «l’apurement des crédits de TVA». Le retour de la croissance en dépend. Car l’augmentation de la dette publique, en plus d’asphyxier les entreprises, est en partie responsable de la baisse du taux de la croissance passée de 5,1 en 2012 à 4,8 en 2013. Dans le calcul du taux de croissance, la variable dette figure en effet au dénominateur. Son augmentation (comme ce fut le cas en 2013) entraine de fait une diminution de la croissance. Le Cameroun qui projette, selon son plan d’urgence, un taux de croissance de 6% en 2014, soit une progression d’un 1,2% par rapport à 2013, sait ce qui lui reste à faire.

Alamine Ousmane Mey (au centre) et le DG du Trésor (à sa gauche), sur le gril
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Trésor public: l’Etat dément la faillite

Le Directeur général du Trésor public rassure que «la signature de l’Etat camerounais est crédible», au lendemain d’opinions émises dans la presse sur une probable cessation de paiement

Le Directeur général du Trésor, de la Coopération financière et monétaire au ministère des Finances, Moh Tangongho Sylvester, vient de réagir, 24h après la parution de trois articles dans le quotidien privé camerounais Le Jour, faisant état de tensions de trésorerie au Cameroun, avec pour illustration de longs délais accumulés par les prestataires de services pour recouvrer leurs engagements. Selon le directeur général du trésor, que le Jour indiquait, dans son édition du 09 avril 2014, n’avoir pas pu contacter, mais qui a toutefois pu être interrogé dans les colonnes du quotidien public «Cameroon Tribune» ce 10 avril : « Nous sommes à 60 jours pour le délai de paiement et nous respectons ce délai depuis deux ans [.] notre objectif c’est d’améliorer davantage cette performance, bien que la réglementation de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, ndlr] donne jusqu’à 90 jours pour payer les prestataires », assure-t-il.

Sur le plan de la situation des finances publiques, le directeur général du trésor explique que les recettes au 31 mars, marquant la fin du premier trimestre 2014, sont de 673 milliards de F, « soit un taux de recouvrement de plus de 95% ». Par rapport aux 594 milliards de F prévus en cash, détaille Moh Tangongho Sylvester, il y a ainsi un excédent de 79 milliards de F CFA.

D’après Joseph-Marie Eloundou, analyste économique approché par le quotidien Le Jour, dans son édition d’hier, pour étayer la thèse sur les difficultés de trésorerie : « nous sommes en train de repartir vers un ajustement structurel plus grave que celui de 1987 ». Joseph Marie Eloundou en voulait pour preuve le déficit du Cameroun dans sa balance commerciale : « Lorsqu’on regarde notre balance commerciale de 2007 à 2014, on remarque que son déficit est passé de 70 milliards à 1350 milliards de F CFA. Normalement nous devons être en cessation de paiement. Au regard d’une telle balance, aucun investisseur sérieux ne peux mettre ses capitaux au Cameroun », affirmait alors l’analyste économique.

Le directeur général du Trésor se veut serein face à ces constats en expliquant, dans l’interview accordée à Cameroon Tribune ce jour, que l’Etat emprunte pour l’instant sur le marché national à un taux de 2% alors qu’il a la possibilité de faire des tirages auprès de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac). « Si l’Etat était en difficulté, poursuit le DG du Trésor, il allait plutôt choisir d’aller tirer de l’argent sur ces avances statutaires de la Beac, qui ont un taux d’intérêt de 3%. Pour conclure, la signature de l’Etat camerounais est crédible». Moh Tangongo Sylvester va plus loin dans ses arguments afin de démontrer la « crédibilité » de l’Etat auprès des financiers. « Quand nous demandons 10 milliards de F, les établissements bancaires sont prêts à nous donner même 30 milliards de F. Mais nous ne retenons que les 10 milliards de F qui correspondent à ce que nous voulons », ajoute le Dg du Trésor. Le budget de l’Etat camerounais pour l’exercice 2014 est de 3312 milliards de F CFA contre 3236 milliards pour l’année 2013.

Le siège du ministère des Finances à Yaoundé
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