Incendie à la mairie de Besançon: Bertrand Teyou écope de cinq ans de prison

Réfugié politique camerounais en France, l’écrivain a été condamné le 25 septembre, par le tribunal correctionnel de Besançon, à cinq ans d’emprisonnement dont un avec sursis

Réfugié politique camerounais en France, Zéphirin Betrand Teyou (46 ans), à l’origine de l’incendie de l’hôtel de ville de Besançon le 25 juin 2015, a été condamné vendredi, 25 septembre, à cinq ans d’emprisonnement dont un avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Le tribunal correctionnel de Besançon a révoqué les quatre mois avec sursis qui lui avaient été précédemment infligés par le tribunal de Paris.

Le préjudice de l’acte posé par Bertrand Teyou a été évalué à 1,5 million d’euros (dont 400.000 ont déjà été engagés par la collectivité pour les premiers travaux de réfection), s’agissant d’un bâtiment classé datant du XIVe siècle. Comme l’ont souligné la partie civile et le parquet, l’homme «s’est attaqué à un symbole de la République et de la démocratie».

Il encourait une peine de 10 années de prison et 150.000 € d’amende, pour «destruction, dégradation ou détérioration volontaires d’un bien appartenant à autrui par l’effet d’une substance explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes».

Comme lors de sa première présentation en comparution immédiate en juin dernier, Zéphirin Teyou a revendiqué son geste sans exprimer aucun regret. Se disant écrivain, il reproche aux autorités de ne pas l’avoir aidé à créer une maison d’édition pour ses livres «demandés à des centaines de milliers d’exemplaires». C’est donc «au nom du droit d’expression» qu’il a revendiqué l’incendie.

Quelques jours après son arrestation, l’accusé, réfugié politique en France depuis février 2013, avait indiqué à la presse: «J’ai en réalité quitté un tombeau à ciel ouvert pour un sarcophage.» Ajoutant par ailleurs: «En foudroyant mille ans d’Histoire au milieu de la foule sans faire ni blessé ni victime, en érigeant un monument historique en monument martyr de la liberté, il s’agissait d’un acte politique contre des autorités françaises. (…) La façon dont la France noie dans la précarité l’exil politique de ses ressortissants africains est inacceptable.»

Le parquet avait demandé à la justice de soumettre l’individu, dont l’acte a été condamné par de nombreux Camerounais en France, à une expertise psychiatrique.

Le procureur adjoint de Besançon, Christian Molé, avait requis cinq ans de prison dont une partie avec sursis. A sa sortie de prison, Zéphirin Teyou devra travailler et indemniser les victimes et aura l’interdiction de se rendre dans le département du Doubs.

Bertrand Teyou
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France: le procès de Bertrand Teyou aura lieu le 25 septembre

Le réfugié politique camerounais, à l’origine de l’incendie de l’Hôtel de ville de Besançon le 25 juin, revendique son acte. Il a demandé, sans succès, à être jugé par un tribunal pénal international

Zéphirin Bertrand Teyou (46 ans), à l’origine d’un incendie survenu à l’Hôtel de ville de Besançon le 25 juin dernier, assume clairement son acte et se dit prêt à la réitérer.

Au cours d’une audience tenue au tribunal correctionnel de cette commune du département du Doubs le 29 juin, le réfugié politique camerounais a parlé d’« insurrection » dans un courrier remis au président du Tribunal, Olivier Mollin.

Le juge en a lu quelques extraits. Pour se défendre de son acte – deux bouteilles incendiaires lancées à l’accueil de la mairie après avoir ordonné au personnel présent de sortir – Betrand Teyou se retranche derrière son statut de réfugié politique, invoque la «convention de Genève» pour soulever «l’incompétence» du tribunal de Besançon, et réclame sa comparution devant un «tribunal pénal international».

La vice procureure Margaret Parietti a éclairé quelque peu sa lanterne en lui rappelant qu’en tant qu’auteur présumé d’un incendie volontaire, qu’il revendique de surcroît, la juridiction bisontine était parfaitement adaptée à son cas.

Le prévenu ayant souhaité un délai pour préparer sa défense et demandant une «mise en liberté inconditionnelle» (sic) la magistrate a requis son maintien en détention provisoire jusqu’au 25 septembre date de son procès. D’autant plus qu’il a clairement menacé en cas de sortie de commettre «d’autres actes plus retentissants» et qu’il pourrait donc réitérer.

Reste à la justice de s’assurer de l’état de santé mentale du prévenu. Son avocate, Me Caroline Espuche, qui supplée Me Yacine Hakkar, s’accorde avec le parquet sur la nécessité de le soumettre à une expertise psychiatrique. Les juges ont suivi les réquisitions en ordonnant un maintien en détention et la dite expertise.

Bertrand Teyou
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