Des douaniers camerounais formés au contrôle de l’origine des marchandises

Les personnels de la Douane ont entamé mercredi une formation de sept jours, au terme de laquelle ils devraient être capables de distinguer les marchandises originaires de l’Union européenne

La direction de la Douane camerounaise veut prévenir d’éventuelles fraudes sur les marchandises importées. Elle a soumis son personnel à une séance de formation, afin de les familiariser aux règles d’origine et les méthodes de coopération administrative applicables aux marchandises en provenance de l’Union européenne.

Ladite formation s’est ouverte mercredi, 02 novembre 2016, à Douala, et devrait s’achever le 08 novembre. Placé sous le thème : «L’accord d’étape Cameroun-Union européenne et ses implications douanières», cet atelier est centré sur des questions liées au «contrôle de l’origine» et à la «certification de l’origine». Il sera également fait, une représentation générale de l’accord d’étape vers l’Accord de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et l’Union européenne entré en vigueur le 03 août 2016, après un décret par lequel le chef de l’Etat Paul Biya en fixait les modalités.

Selon ce texte présidentiel, les marchandises visées de la mention «déclaration d’origine» et accompagnées d’un certificat de circulation des marchandises EUR.1-CMR délivré par les autorités douanières et les organismes des deux parties sont libres de circulation entre le Cameroun et les pays membres de l’Union européenne.

Ces marchandises doivent cependant avoir été entièrement obtenues dans les territoires cités ou posséder des matières qui n’y ont pas été entièrement obtenues, mais qui y ont été transformées. Il s’agit, entre autres, des : animaux vivants qui y sont élevés, les produits minéraux extraits de leurs sols ou fonds de mer ou d’océan, les produits fabriqués à bord de leurs navires-usines, les produits du règne végétal qui y sont récoltés.


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Les partenaires de la Centrafrique en conclave à Yaoundé

Cette rencontre regroupant les agences du système des Nations Unies, l’Union Européenne, la Banque Mondiale, les missions diplomatiques, sera focalisée sur des besoins prioritaires du pays

Yaoundé, la capitale du Cameroun, abrite la sixième rencontre des partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine qui s’ouvre ce mercredi, 12 octobre 2016.

Cette rencontre regroupant les agences du système des Nations Unies, l’Union Européenne, la Banque Mondiale, les missions diplomatiques, sera focalisée sur des besoins prioritaires du pays avant le démarrage de la table ronde des bailleurs de la Centrafrique qui aura lieu à Bruxelles en Belgique au mois de novembre prochain.

Selon le représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies pour la République Centrafricaine, Fabrizio Hochschild, «Il y aura un grand nombre du corps diplomatique assez important à Yaoundé, ainsi que des représentants de beaucoup de pays qui depuis cette ville réfléchissent sur la situation en Centrafrique.

L’idée c’est de les sensibiliser, sur la nouvelle stratégie du gouvernement de la République centrafricaine pour le relèvement et la stabilisation du pays», a indiqué Fabrizio Hochschild.


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Cameroun: 57% de l’aide publique au développement vient de l’UE

L’information est de l’Organisation de coopération et de développement économique qui indique dans un rapport publié jeudi que l’UE a octroyé plus de 28 104 milliards F en faveur du Cameroun

L’Union européenne (UE) et ses Etats membres fournissent 57% de l’aide publique au développement (APD) du Cameroun avec un total de 487 millions de dollars (plus de 28 104 milliards de FCFA), selon un rapport publié jeudi, 22 septembre 2016, par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Le document, intitulé : «Répartition géographique des ressources financières allouées aux pays en développement 2016», recense les chiffres non seulement de ladite aide bilatérale, mais aussi du soutien multilatéral.

En terme de répartition, le premier bailleur bilatéral du pays demeure la France (167 millions US) suivie de la Grande Bretagne (88,2 millions US), de l’Allemagne (87,4 millions US), des Etats-Unis (40,7 millions US) et du Japon (25,1 millions US).

Il est à noter que la Chine, qui n’est pas régie par le cadre OCDE et n’octroie presque jamais d’aide qui ne soit pas conditionnée, n’apparaît pas dans ce classement 2016.

En 2015, cette organisation indiquait déjà que la France était le premier donateur bilatéral du Cameroun avec près de 175 millions de dollars US (48% de l’APD), talonnée par l’Allemagne 84 millions de dollars US), le Japon (41 millions de dollars US) et les Etats-Unis (35 millions de dollars US).


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Le Cameroun représenté à un atelier régional de formation en Environnement

Les travaux, ouverts mardi 20 septembre 2016 à Brazzaville au Congo, s’inscrivent dans le cadre du programme triennal global évalué à plus de 8 milliards F, financé par l’Union européenne

Un atelier régional de formation en « Environnement, Communauté, Santé et Sécurité » dans le secteur des minéraux de développement négligés ou minéraux à faible valeurs en Afrique, a ouvert ses travaux mardi, 20 septembre 2016, à Brazzaville.

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du programme triennal global d’un montant de 13,1 millions d’euros (environ 8,6 milliards F CFA), financé par l’Union européenne et qui vise à soutenir le secteur des minéraux à faible valeur dans 40 pays d’Afrique, des Caraïbes et du pacifique (ACP), dont plus de 28 se trouvent sur le continent.

Mis en uvre par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cette rencontre vise à renforcer les capacités des principales parties prenantes du secteur, à savoir les organismes de réglementation et les gouvernements locaux ; les acteurs du secteur privés notamment les petits exploitants miniers, les entreprises de construction, les organisations des artisans miniers et des carriers ; ainsi que les centres de formation, les universités, les organisations de la société civile et les communautés hôtes.

Il mettra par ailleurs l’accent sur la formation et le renforcement des capacités, l’octroi de petites subventions, le développement du partenariat pour la mise à niveau des chaînes de valeur dans le secteur, la facilitation du dialogue public-privé et l’appui au renforcement de la réglementation sur l’environnement, la sécurité et la santé.

« L’Union européenne appuie le développement du secteur des minéraux de développement négligés par ce que ce sont des intrants uniques pour le développement économique national, des infrastructures, de l’industrie, de la construction ou encore de l’agriculture », a indiqué pour sa part, l’ambassadrice de l’UE au Congo, Saskia de Lang.

Selon des statistiques, plus de 8 millions de personnes en Afrique participent à ce secteur, parmi lesquelles les femmes contribuent à plus de 40% de la force de travail. Cependant, peu d’attention sont accordé à ces minéraux tant dans les politiques que les initiatives de développement du secteur minier en Afrique malgré le potentiel de développement qu’ils représentent.

Les participants à cette formation de trois jours, organisée en partenariat avec l’Union africaine et la CEEAC, sont venus du Cameroun, du Gabon, de Madagascar, du Congo-Brazzaville et de la République démocratique du Congo (RDC).

Lancé en juillet 2015 à Bruxelles en Belgique, ce programme ACP-UE est déjà mise en uvre dans six pays cibles, le Cameroun, la Guinée, l’Ouganda et la Zambie pour l’Afrique ; les Iles Fidji pour le Pacifique et la Jamaïque pour les Caraïbes.


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Cameroun: les autorités évoquent un faible impact des APE sur l’économie

Sur les 108 déclarations d’importation enregistrées en un mois, le manque à gagner est estimé à quelque 51,5 millions FCFA, avec une perte moyenne par déclaration d’environ 476

Les autorités camerounaises évoquent un faible impact résiduel sur l’économie du pays de l’Accord de partenariat économique (APE) intérimaire avec l’Union européenne (UE) dont l’entrée en vigueur est effective depuis le 4 août dernier.

Selon le comité de mise en uvre de ce processus en effet, sur les 108 déclarations d’importation enregistrées en un mois, le manque à gagner est estimé à quelque 51,5 millions FCFA, avec une perte moyenne par déclaration d’environ 476 714 F CFA par opération.

Pendant la période considérée, 59 importateurs camerounais ont bénéficié de la préférence UE avec un abattement des tarifs douaniers de l’ordre de 25% pour des produits aussi divers que les machines, engins mécaniques, pièces détachées et autres appareils électriques.

Pour le président dudit comité de mise en oeuvre, Jean Tchoffo: « c’est bien la preuve que les opérateurs économiques font confiance aux autorités, au vu du nombre de dossiers qui sont traités et qui vont croissant ».

Dans le même espace de temps et selon le directeur général des Douanes, Fongod Edwin Nuvaga, huit cargaisons de marchandises en provenance de l’UE et ayant satisfait aux conditions d’éligibilité du régime préférentiel, sont entrées au Cameroun à partir du port autonome de Douala (PAD).

En termes d’écueils liés à la nouvelle zone de libre-échange entre les parties, plusieurs opérateurs économiques signalent toutefois la non-vulgarisation des preuves de l’origine par les pouvoirs publics, la non-disponibilité de certaines dispositions portant sur les règles y relatives ainsi que des retards accusés dans la mise en oeuvre de la coopération administrative.

Avec un taux d’abattement de 25% sur quatre ans sur des marchandises préalablement listées, l’APE intérimaire prépare au démantèlement tarifaire complet au bout de 09 et 13 ans selon les cas.

Parmi les marchandises non libéralisables, figurent les produits issus de l’agriculture et de l’élevage, mais également d’autres provenant de secteurs industriels jugés stratégiques.


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Aux donneurs de leçons de soi-disant «démocratie et gouvernance»

Par François Zoomevele Effa

Messieurs et Dames les dirigeants de la France et de certains pays de l’Union Européenne, vous avez de très mauvaise habitudes, des réflexes et tares coloniales et esclavagistes issus d’un complexe raciste de soi-disant supériorité. Vous êtes convaincus d’être la norme, le modèle et le seul chemin, l’unique voix, la seule référence. Dieu ayant créé l’homme à son image, vous façonnez les civilisations, les modes de pensée, d’économie, de gouvernance, de vol au col blanc bref le monde et ses valeurs sont ce que vous décidez !

Je vous écris ces mots pas sympathiques certes, mais réalistes et vrais. Vous avez installé des dictateurs, des tyrans – que vous choisissez souvent pas très futés – au pouvoir dans vos anciennes colonies africaines, afin qu’ils servent vos intérêts. Vous continuez ainsi de voler et de piller toutes les richesses de ce continent comme vous le faites depuis le temps de la traite des nègres.

Vous avez légitimé la traite négrière en disant que les noirs n’avaient pas d’âmes, donc n’étaient pas tout à fait des hommes. Souvenez-vous de votre Napoléon qui, malgré l’abolition de l’esclavage, a remis ça. Vous avez poussé le bouchon si loin, amis perfides de la gouvernance française, que vous avez imposé une amande en milliard d’euros (équivalence) à Haïti, pour avoir osé proclamer son indépendance, et vous priver des revenus de cette traite honteuse.

Vous avez légitimé votre expansion coloniale en Afrique, sous prétexte de pacifier ces peuples barbares. Cette pacification continue jusqu’à ce jour avec votre présence militaire dans les pays africains où vous provoquez des guerres, et comme par hasard, ces pays sont riches en sous-sol.

La liste est longue, celle de vos exactions morbides, mais arrêtons-nous un instant aux présidents africains de père en fils que vous soutenez. Certains ne sont plus obéissants comme leurs parents, à l’instar de Ali Bongo, et c’est la catastrophe!

Lavez déjà votre propre linge sale, celui qui pue chez vous. Vous avez à l’horizon de vos échéances électorales, et, pensez déjà à appeler les observateurs africains pour venir compter les bulletins de votes. Les Africains, bien que subissant les racistes et les islamophobes ambiants, vous laissent en paix dans vos médiocrités qui frisent le ridicule.

Vous avez la mémoire courte très courte même. Sur les plages africaines, les femmes, musulmanes ou pas, ne sont pas aussi dénudées que les touristes occidentales. Mais qui a sorti quel décret à la connerie raciste?

Vous prétendez au nom de la laicité, formater les enseignements théologiques musulmans des Imams et autres, comme si vous aviez votre mot à dire dans l’enseignement dans les facultés de théologie protestantes et catholiques de France, je ne parle même pas du cas des Juifs. Ne savez-vous pas que beaucoup de pasteurs et de curés en France viennent de pays étrangers, et particulièrement d’Afrique, car il n’y a plus de vocations en France. Et vous, vous voulez interdire les dons et les Imams étrangers!!!!

Quand vos curés et vos bonnes s urs sont venus évangéliser en Afrique avec leurs tenues religieuses qui, pour les autochtones, étaient des accoutrements, qui leur a dit quoi? Et vous-mêmes là, vos pantalons, vos chemises, cravates, mini robes et strings, croyez-vous que tout cela soit conforme aux bonnes m urs des pays africains? Mais on vous fiche la paix parce que vous êtes… comme ça.

Alors, vos démocraties, vos bonnes gouvernances, votre françafrique, vos dictateurs et tyrans au règne sans fin, de père en fils et à la noix de coco, vos m urs imposées comme le mariage pour tous alors que vous ne voulez pas de polygamie dans vos institutions, laissez-nous un peu tranquille.

Votre morale, vos gouvernances, vos démocraties et vos droits de l’homme ..blanc, nous n’en voulons plus. Vous comprendrez que je n’aie nulle envie de vous saluer, non je ne vous salue point


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D’après un ancien responsable de l’AFD, la bureaucratie de l’UE freine l’aide contre Boko Haram

Serge Michailof pointe la lourdeur de la bureaucratie bruxelloise et le parcours de transit prévu pour l’appui de 50 millions d’euros promis depuis mai 2016 à la Force multinationale mixte

Les pays membres de la Commission du bassin du Lac Tchad (Cblt) – Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad et Bénin – à l’initiative de la création de la Force multinationale mixte contre Boko Haram, attendent toujours le soutien financier promis par la Commission de l’Union Européenne (UE) en mai 2016. Pour rappel, au sortir d’une réunion sur la sécurité régionale, tenue le 14 mai dernier à Abuja, l’UE avait annoncé la mise à disposition d’une somme de 50 millions d’euros, soit 32,8 milliards F CFA, pour appuyer les ressources des contingents nationaux composant cette Force.

En cause, d’après le site Atlantico.fr: la lourdeur de la bureaucratie bruxelloise et le parcours de transit prévu pour ces fonds (UE, puis Union africaine, puis CEDEAO, puis CBLT). Ce que corrobore Serge Michailof, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) enseignant à Sciences Po, et ancien directeur des opérations de l’Agence française de développement (Afd). Ce dernier met en cause la lourdeur des procédures présentes dans les agences multilatérales de développement comme la Commission de l’UE.

« Ces tutelles et leurs représentants, qui sont bien éloignés du terrain, croient naïvement que l’on peut éliminer les détournements par une multiplication des procédures, qui au bout du compte se substituent au bon sens et freinent considérablement l’action. L’aide européenne est sans doute la championne en termes de lourdeur procédurale et de rigidité pour sa programmation qui est ainsi négociée tous les 5 ans, ce qui fait qu’il lui est difficile de répondre à des urgences ou des modifications dans l’environnement politique ou autre. Sur ce plan, les aides bilatérales, qu’il s’agisse de l’aide française, allemande ou britannique, longtemps décriées, ont des procédures de contrôle non moins efficaces mais plus simples et beaucoup plus rapides », explique-t-il.

« Le grand défi posé aujourd’hui à ces agences multilatérales est l’intervention dans des pays en crise ou en proie à des problèmes urgents et rapidement évolutifs comme l’insécurité régionale ou l’émergence de rébellions, le cas de Boko Haram étant sur ce plan exemplaire. Il est donc paradoxal de constater que l’Union Européenne, qui la première parmi les agences d’aide multilatérales a eu l’audace de s’attaquer à ces questions de stabilisation sécuritaire, est actuellement largement paralysée face à des tempêtes par des procédures conçues pour des périodes de beau temps », ajoute Serge Mikailof.

Les pays africains en général et ceux du Sahel en particulier ne peuvent réaliser efficacement leurs programmes de développement avec les contraintes budgétaires actuelles liées aux dépenses de sécurité. Pour le chercheur, la prise en charge actuellement assumée par l’Union Européenne ne doit pas seulement se limiter à la formation et à donner un peu de matériel. « Il s’agit de payer les salaires, réformer la gestion des ressources humaines et d’équiper entièrement les unités », relève-t-il.

« Financièrement, cette prise en charge est tout à fait possible. Equiper, former et financer pendant un an un bataillon sahélien coûte environ 15 millions de dollars. Rappelons que le montant du XIème FED couvrant la période 2014-2020 est de 30 milliards d’euros. Une telle prise en charge serait justifiée pour trois raisons : 1) cela coûtera infiniment moins cher qu’une intervention militaire européenne qui va sinon vite devenir inéluctable et nous conduirait de toute manière à une impasse ; 2) la sécurité de ces vastes régions constitue un bien public régional voire mondial, et à ce titre justifie une prise en charge mutualisée ; 3) c’est la seule manière crédible d’assurer la sécurité de ces régions et d’éviter une « afghanisation » du Sahel », estime Serge Michailof.


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Appui de l’Union européenne pour l’électrification rurale au Cameroun

L’institution a annoncé l’octroi d’une enveloppe de 1,7 milliards de FCFA pour le projet «Développement de l’électrification rurale, dans le département des Hauts-Plateaux»

La délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun a alloué une enveloppe de 1,7 milliard de francs CFA pour la mise en uvre du projet «Développement de l’électrification rurale, dans le département des Hauts-Plateaux», dans l’Ouest du pays.

Le déblocage de ce financement intervient dans le cadre du 10e Fonds européen de développement (FED).

Selon l’institution européenne, ce projet a permis depuis 2013 à plusieurs communes de la région de l’Ouest de se connecter au réseau électrique permettant ainsi à de nombreux ménages d’accéder à l’électricité.

A terme 150.000 habitants seront bénéficiaires de cette initiative.

Sur un montage financier global estimé à 2,2 milliards de francs CFA, l’UE s’est engagée dans ledit projet à apporter 74 pour cent des fonds à travers le programme «Facilité Energie pour les pays ACP», au compte du 10e FED.

Au Cameroun, le déficit en énergie constitue une sérieuse préoccupation pour le gouvernement et pour ses partenaires d’autant que 86 pour cent de la population rurale du pays n’a pas accès à l’électricité.


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Quand la bureaucratie européenne freine la lutte contre le terrorisme au Sahel

Par Seidik Abba chroniqueur Le Monde Afrique

Sur le papier tout a été parfaitement réglé depuis plusieurs mois : l’Union européenne financera à hauteur de cinquante millions d’euros la force mixte multinationale (FMM) créée par les pays membres de la commission du bassin du lac Tchad (CBLT: Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) et le Bénin pour lutter contre la secte extrémiste nigériane Boko Haram.

Mais à ce jour, pas le moindre centime n’a atterri dans les caisses de la CBLT en son siège à N’Djamena, la capitale tchadienne. Et il est même à craindre que cette aide européenne ne soit pas libérée avant la fin de l’année, en raison des lourdeurs et des dogmes bureaucratiques bruxellois.

En effet, alors que l’urgence de la lutte contre les attaques répétées de Boko Haram dicte que l’aide soit décaissée directement au plus vite en faveur de cinq pays contributeurs de la FMM, l’UE entend la faire transiter par les caisses de l’Union africaine (UA), son homologue pour le continent africain.

Il reviendra ensuite à l’UA de convoyer les fonds vers la Commission économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) puis vers la CBLT. En mettant ensemble le maquis bureaucratique de chacune des institutions, on pourrait craindre que l’arrivée effective de l’aide européenne à la FMM ne prenne encore quelques années.

Promesses non tenues
La décision de l’UA de faire transiter son aide par Addis-Abeba, où la présidente de la Commission, N’Kosazana Dlamini-Zuma, et ses commissaires sont en fin de mandat, est d’autant plus surprenante que l’UE s’était engagée en novembre 2013 à Bamako, aux côtés d’autres institutions internationales telles que la Banque mondiale, l’ONU, la Banque africaine de développement (BAD), à mettre en place des procédures dérogatoires pour les pays du Sahel.

En temps normal, dix-huit mois pourraient facilement s’écouler entre le moment où un donateur annonce sa contribution et son arrivée effective dans les caisses de l’Etat bénéficiaire. Au Sahel et dans le lit du lac, ce délai freine les efforts nationaux de lutte contre les groupes armés djihadistes. Dans le cas précis de la FMM, le retard peut même remettre en cause les avancées significatives de la lutte contre Boko Haram.

Après avoir perdu du terrain dans son berceau au Nigeria, la secte a vu ses cellules dormantes démantelées, les unes après les autres, au Cameroun, au Niger et au Tchad. A ce revers militaire s’ajoute désormais la violente querelle de commandement entre l’aile historique incarnée par Abubakar Shekau et les tenants de l’affiliation absolue à l’Etat islamique en Irak emmenés par Abu Musab Al-Barnawi.

Les Etats membres de la CBLT et le Bénin entendent profiter de ce contexte favorable pour donner le coup de grâce à la secte islamique. Pour eux, l’aide de l’UE européenne doit arriver maintenant ou jamais.

Economies exsangues
Ils ne veulent surtout pas que des éléments de l’Etat islamique chassés par la déroute de l’organisation terroriste en Libye ne viennent donner une seconde vie à la secte extrémiste nigériane. La CBLT et le Bénin ont donc entrepris de puiser dans les maigres ressources de leur trésor public pour financer la FMM. Résultat, des coupes budgétaires ont dû être opérées dans des secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé ou les infrastructures. Au Niger, par exemple, les dépenses de sécurité ont atteint près de 15% du produit intérieur brut (PIB), entraînant des tensions de trésorerie aggravées par la baisse du cours de l’uranium, principal produit d’exportation du pays.

Le Tchad, qui a dépensé sans compter ses deniers publics pour envoyer des troupes au nord Mali, au Cameroun et au Niger, se retrouve avec une économie sous perfusion et des tensions sociales exacerbées par une crise post-électorale.

Même au Nigeria, la deuxième économie du continent après l’Afrique du Sud, la situation n’est guère plus brillante. Là-bas, la dévaluation de la naira, la monnaie nationale, et la chute du prix du baril de pétrole se sont ajoutées au détournement de plusieurs milliards de dollars affectés à la lutte contre Boko Haram pour grever le budget de l’Etat fédéral.

Par prudence, le Bénin, pour sa part, a décidé de revoir à la baisse sa promesse de contribution à la FMM, en ramenant son contingent militaire à 200 hommes.

De toute évidence, l’arrivée dans ce contexte de l’aide de 50 millions d’euros de l’UE aurait été une immense bouffée d’oxygène pour les pays contributeurs à la FMM. Elle aurait même permis la montée en puissance de cette force qui devait atteindre près de 8 700 hommes et permettre d’en finir militairement avec Boko Haram avant de s’attaquer aux défis de développement posés par la montée de l’islam radical dans le bassin du lac Tchad et au Sahel. Mais la bureaucratie européenne en a décidé autrement : elle ne change pas ses règles, même quand la menace terroriste est pressante.


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APE: les premières marchandises de l’UE arrivent au port de Douala

Il s’agit de huit cargaisons de marchandises qui ont été reconnues éligibles au régime préférentiel des APE et qui ont ainsi bénéficié d’un abattement de 25% sur les droits de douane

Suite au décret du président, Paul Biya, ordonnant l’application des accords de partenariat économique (APE) d’étape entre le Cameroun et l’Union européenne (UE), les premières marchandises débarquent au port de Douala.

Il s’agit de huit cargaisons de marchandises qui ont été reconnues éligibles au régime préférentiel des APE et qui ont ainsi bénéficié d’un abattement de 25% sur les droits de douane, d’après les termes du contrat.

Le démantèlement des barrières douanières vient donc de commencer. Le 4 août dernier, le chef de l’Etat camerounais a signé un décret par lequel il a donné le coup d’envoi à l’application des APE conclus par son pays avec l’UE.

Ce décret a suscité des réactions à l’intérieur du pays, mais aussi hors du territoire, notamment par la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, la Cemac qui est plutôt favorable à une stratégie régionale. Le ministre gabonais de l’Economie, Régis Immongault, a condamné, à cette occasion, la décision unilatérale du Cameroun qui est susceptible de remettre en cause «l’union douanière au sein de la Cemac». C’est une décision «inapplicable», a-t-il indiqué.

Le premier groupe de marchandises qui fait l’objet des APE entre le Cameroun et l’Union européenne est constitué principalement d’équipements industriels, bénéficiera d’un abattement de 25% sur les tarifs douaniers, chaque année à compter du 4 août 2016, jusqu’à atteindre un taux de zéro pour cent sur quatre ans. Deux autres groupes de marchandises seront concernés à partir de 2017.


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Union douanière Cemac: le casse-tête de la mise en uvre de l’APE Cameroun

Pour mettre en uvre son accord de libre-échange avec l’Union européenne, le pays a violé des dispositions communautaires

En débutant le 04 août la levée des barrières douanières sur ses importations en provenance de l’Union européen (UE), « le Cameroun traduit le respect qu’il affiche à l’égard de ses engagements internationaux », selon Jean Tchoffo. Dans une interview publiée jeudi de la semaine dernière par le quotidien gouvernemental Cameroon tribune, le secrétaire général du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), et non moins président du Comité chargé du suivi de la mise en uvre de l’accord de partenariat bilatéral Cameroun – Union européenne (CSMO-APEB/CAM-UE), répondait implicitement à la Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Tenue le 30 juillet à Malabo en Guinée Equatoriale, elle a recommandé au Cameroun de surseoir la mise en oeuvre du processus de démantèlement tarifaire jusqu’à la conclusion d’un accord régional.

Dédain
A l’observation, cette volonté affichée du Cameroun à respecter ses engagements internationaux est sélective. De fait, pour honorer son accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE), le pays a piétiné un texte de la Cemac. Il s’agit de la convention régissant l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac) signée le 05 juillet 1996 à Libreville au Gabon. Comme l’a d’ailleurs rappelé Pierre Moussa, le président de la Commission de la Cemac dans une correspondance datée du 02 août et adressée au Minepat, ce texte oblige tout Etat de la communauté qui souhaite déroger aux règles de l’union économique et de la politique commerciale commune à solliciter une autorisation du conseil des ministres (voir encadré). Le 04 août, sans avoir demandé encore moins obtenu cette permission, le pays a débuté, malgré tout, la suppression des droits de douane à l’importation sur les produits originaires de l’UE.

Selon les experts de la Cemac, cette opération est pourtant synonyme d’un renoncement à l’application du tarif extérieur commun (Tec) en vigueur dans l’union douanière Cemac pour ce qui est des produits en provenance des pays membres de l’UE. « Etant donné que le Tec/Cemac est un des acquis majeurs du processus d’intégration des pays de la Cemac, la dérogation du Cameroun à son application constitue une entorse importante, et donc une remise en cause profonde de la politique commerciale commune vis-à-vis de l’UE, et dont le Tec est un vecteur essentiel », lit-on dans une note présentée au ministre en charge des négociations de l’APE régional réunis à Douala le 17 juin dernier.

Ce mépris à l’égard des institutions communautaires a guidé toute la démarche du Cameroun dans son adhésion solitaire à l’accord de partenariat économique: « la procédure de négociation et de conclusion de l’APE d’étape (APE bilatéral Cameroun-UE NDLR) s’est faite en violation des procédures prévues par les institutions de la Cemac » faisait déjà observer Jacob Kotcho dans une tribune libre publiée en 2013. Selon l’expert en politiques commerciales et droit international du Commerce qui était à l’époque membre du CSMO-APEB/CAM-UE, « l’APE d’étape a été négocié et signé sans que ni la Commission de la Cemac, ni le secrétariat exécutif de la CEEAC ne soient associés ». Hors selon l’article 20 de la convention régissant l’Ueac, toute négociation d’un accord commercial avec un Etats tiers (non-membre de la Cemac) devrait se faire par la Commission de la Cemac, après approbation du Conseil des ministres, et à travers un comité mis en place par ledit conseil.

Impunité
Ces dispositions ont pourtant été prévues parce qu’« au sein d’une union douanière comme la Cemac, tout accord commercial signé individuellement par un Etat membre est susceptible d’avoir des incidences pour les autres pays membres de l’union », indique-t-on dans l’entourage du président de la Commission de la Cemac. Mais Yaoundé n’a pensé qu’à lui. Le Cameroun n’est cependant pas le seul pays à passer outre les traités et conventions communautaires. Le Gabon et la Guinée Equatoriale le font depuis, concernant par exemple le texte sur la libre circulation des personnes.

C’est que la répression de tels comportements n’est pas encore effective au sein de la Cemac. Une évolution a été en registrée avec l’adoption le 30 janvier 2009 à Libreville au Gabon du traité révisé de la Cemac. L’article 4 alinéa 2 nouveau de ce traité dispose en effet qu’« en cas de manquement par un Etat aux obligations qui lui incombent en vertu du droit communautaire, la Cour de Justice peut être saisie en vue de prononcer les sanctions dont le régime sera défini par des textes spécifiques ». Mais le texte spécifique en question est toujours attendu.

Rétorsion
Pour autant, le pays de Paul Biya n’est pas à l’abri de représailles. « En réaction à la décision du Cameroun, les autres pays de la Cemac pourraient par exemple rétablir les droits de douanes sur leurs importations en provenance du Cameroun », indique un membre de la délégation du président de la Commission de la Cemac présent le 30 juillet dernier au sommet extraordinaire des chefs de d’Etat à Malabo. Pour l’ingénieur financier Babissakana, cela relève même de l’évidence : « la suppression par le Cameroun du Tec devrait déclencher une modification du territoire douanier et la suspension de la libre circulation des marchandises entre le Cameroun et les cinq autres Etats membres de l’union douanière », soutient-il dans un rapport intitulé « Le Cameroun face à l’APE avec l’Union européenne : Menace ou opportunité », publié en novembre 2015. En conséquence, prévient encore le rapport, « les échanges commerciaux avec les autres pays membres de la Cemac vont subir un choc important par le renchérissement des produits découlant de l’application du Tec ».

Au niveau sous régional, l’ingénieur statisticien, Samuel Yemene, qui conseille le gouvernement du Cameroun sur les questions d’APE, projette une baisse des échanges intra-régionaux de 3% pour les importations et 1,8% pour les exportations.

Un tel scénario représenterait un coup dur pour le pays. Car concrètement, explique, le fondateur de la firme d’intelligence Prescriptor, « il y aurait réduction substantielle des exportations à destination des pays membres de la Cemac qui viendraient faire chuter la production (croissance du PIB) des unités locales ». De plus, bien que le commerce avec la Cemac ne représente qu’environ 5% de l’ensemble de ses échanges extérieurs, la communauté est l’un des pourvoyeurs du pays en devises. Selon des experts du ministère camerounais des Finances, la Cemac est en effet la seule région au monde avec laquelle le pays affiche une balance de paiement excédentaire.


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Paul Biya attendu au sommet extraordinaire de la Cemac

Au menu de la rencontre convoquée samedi prochain à Malabo, la reconstruction de la RCA et les négociations sur l’Accord de partenariat économique entre pays de la Cemac et l’Union européenne

Les chefs d’Etat des pays membres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), se réuniront en sommet extraordinaire samedi, 30 juillet 2016, à Malabo en Guinée Equatoriale, a annoncé mardi l’institution sous-régionale dans un communiqué.

Sont attendus dans la capitale Equato-Guinéenne, les chefs d’État, Denis Sassou N’Guesso du Congo, Idriss Déby Itno du Tchad, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Faustin-Archange Touadéra de Centrafrique, Paul Biya du Cameroun, et leur hôte Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, pour la cérémonie d’ouverture, qui devrait être suivie de discussions en plénière et à huis-clos.

Ce sommet se tient sur convocation du président en exercice de la Cemac, le président de la Guinée Equatoriale, Obiang Nguema Mbasogo.

La reconstruction de la Centrafrique et les négociations sur l’Accord de partenariat économique (APE) entre pays de la Cemac et l’Union européenne seront à l’ordre du jour de la rencontre de Malabo.

Egalement au menu des échanges des dirigeants de la Cemac, la conjoncture économique et financière qui fragilise les Etats de la sous-région.

Paul Biya, chef d’Etat camerounais (photo archive).
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APE régional: les chefs d’Etat face au jeu trouble de l’Union européenne

Dans un courrier adressé au président de la Commission de la Cemac, Bruxelles exprime son refus de reprendre les négociations, estimant l’issue d’une reprise des négociations «tout à fait incertaine»

Une lettre de la Commission européenne s’est imposée à l’ordre du jour de la 15e session du Comité ministériel des négociations de l’Accord de partenariat économique (Comina), configuration négociante Afrique centrale tenue à Libreville au Gabon le 22 juillet dernier. Le courrier, reçu à la représentation de la Cemac du Gabon le jour même de l’ouverture du Comina, est une réponse à la lettre datée du 28 mai de Pierre Moussa, le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), demandant la reprise des négociations en vue de la conclusion d’un APE régional Complet. « Nous pouvons vous assurer que l’Union européenne à beaucoup investi dans les négociations d’un tel accord au cours des treize dernières années et qu’elle a tout mis en uvre pour parvenir à un véritable accord commercial, à la fois porteur de développement durable et promoteur d’intégration régionale. Cependant force est de constater qu’aujourd’hui les progrès accomplis jusqu’à présent sont peu nombreux, que la liste des questions restant ouvertes est longue, que les points de désaccord sont importants et, par conséquent, que l’issue d’une reprise des négociations est tout à fait incertaine », écrivent conjointement Cécilia Malmström et NevenMimica, membre de la Commission de l’UE respectivement en charge du commerce et de la coopération internationale et du développement.

Dans cette correspondance, les commissaires européens estiment que « les récents courriers et analyses de la partie Afrique centrale au sujet de l’APE en négociation et les propositions de l’Afrique centrale qui y sont nombreuses, tant en ce qui concerne le taux d’ouverture du marché de l’Afrique centrale, la clause de non-exécution et la clause de la nation la plus favorisée, que la demande d’un engagement additionnel chiffré de l’Union européenne sur la dimension développement, montre à l’évidence que les conditions pour parvenir à la conclusion d’un accord ne sont pas réunies». Pour eux, « l’APE déjà mise en uvre actuellement entre l’UE et le Cameroun constitue une réelle alternative permettant à tout pays ou groupe de pays de votre région de bénéficier rapidement des avantages d’un APE. (.) C’est pourquoi nous tenons à vous assurer de l’entière disponibilité de nos services pour négocier de telles adhésions de façon à garantir dans les meilleurs délais, l’accès à un partenariat avec l’UE à tout pays de la région prêt à rejoindre l’accord. »

Confusion
Que faut-il comprendre de cette lettre de la Commission de l’Union européenne ? Un fin connaisseur du dossier, présent à la réunion de Libreville, estime que « les Européens ne veulent plus négocier ». Et de poursuivre : « ils suggèrent aux autres pays d’adhérer à l’accord d’Etape du Cameroun et le sentiment général ici est qu’il risque ne pas avoir un accord régional ». Mais ce n’est pas visiblement la même compréhension qu’ont les ministres. Ils demeurent dans la logique de la reprise des négociations pour la conclusion d’un APE régional complet à partir de l’accord d’étape du Cameroun sortie de l’interprétation d’un autre courrier de l’Union européenne lors de la 14e session du Comina tenue le 17 juin dernier à Douala au Cameroun.

« Les ministres félicitent le Comité régional qui a élaboré un projet de texte juridique suivant les orientations données et dans les délais prescrits. (.) Les ministres prennent acte des positions de l’UE contenues dans la correspondance des commissaires européens du 21 juillet 2016 adressée au négociateur en chef de la région, qui réitèrent leur suggestion aux autres Etats de la sous-région d’adhérer à l’accord d’étape du Cameroun. A cet effet, les ministres prescrivent aux négociateurs en chef de transmettre la version validée du projet de texte juridique à la partie européenne et au parrain en vue de la reprise des négociations conjointes », lit-on dans le rapport sanctionnant leurs travaux (voir ci-dessous). La session extraordinaire du sommet des chefs d’Etat de la Cemac (élargi à la République démocratique du Congo et à São Tomé et Principe consacrée aux questions liées aux négociations de l’APE), programmée pour le 30 juillet à Malabo en Guinée Équatoriale, permettra certainement d’y voir clair.


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Plus d’un milliard de F d’aide humanitaire en faveur du Cameroun

Les fonds annoncés par l’Union européenne va permettre de répondre aux besoins fondamentaux de la population, lutter contre la malnutrition et fournir de la nourriture aux personnes vulnérables

L’Union européenne annonce l’octroi d’une aide humanitaire de 2 millions d’euros (1,311 milliards de FCFA) en faveur du Cameroun. Cette aide rentre dans le cadre d’un fond prévu en faveur de sept pays du Sahel, notamment le Cameroun, le Niger, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et le Tchad. Montant total plus de 145 millions d’euros.

Selon la Commission européenne, cette aide financière a pour objectif de répondre aux besoins immédiats provoqués par les conflits et la malnutrition aiguë, et de contribuer aux efforts de renforcement de la résilience des populations les plus vulnérables.

«Notre nouvelle enveloppe humanitaire permettra de fournir des soins nutritionnels et de santé élémentaires aux jeunes enfants et à leurs mères, de l’eau, du matériel d’assainissement et d’hygiène ainsi que de la formation et un soutien aux centres de santé» a indiqué le commissaire Christos Stylianides, en mmarge d’un voyage au Niger pour évaluer des projets d’aide financés par l’UE.

La région du Sahel reste confrontée à une crise alimentaire et nutritionnelle. Les perspectives pour 2016 sont «préoccupantes» au vu des études menées en 2015 indiquant une augmentation continue du nombre d’enfants souffrant de malnutrition grave dans de nombreux pays de la région.

«Les besoins d’urgence au Sahel persisteront si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition et que la résilience des populations les plus vulnérables n’est pas renforcée», souligne la Commission européenne.


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Apprendre de la crise de l’Union européenne pour renouer avec son devoir historique

Par Thierry Amougou, Fondateur et animateur du Crespol

L’aspiration n° 2 de l’agenda 2063 de l’UA réaffirme son devoir historique : « un continent intégré, politiquement uni, fondé sur les idéaux du panafricanisme et la vision de la Renaissance africaine ».

Quels enseignements l’UA peut-elle tirer de la crise multifactorielle de l’UE afin que l’agenda 2063 ne soit pas qu’un classeur supplémentaire dans la bibliothèque panafricaine des projets rêvés mais non réalisés ? Comment s’inspirer de la crise de l’UE pour que l’UA ne fasse plus chambre à part avec son devoir historique de faire de l’Afrique un continent maître de son destin ?

Il peut paraître surprenant de penser un réveil de l’UA par le biais d’une crise de l’UE. Une telle surprise n’est pourtant que superficielle lorsqu’on sait que l’UE occupe une place de choix pour ne pas dire principale dans le financement du budget de l’UA et la mise en uvre de plusieurs de ses politiques. Que seraient devenus aujourd’hui le Mali et la Centrafrique sans l’intervention de l’UE via la France ? Que vaut l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité sans moyens d’action fournis par l’UE ?

Pas besoin d’être un grand clerc pour conclure, quelles que soient les réponses à ces questions, qu’être capable de jouer au gendarme en Afrique, un des éléments de base du Panafricanisme et de la Renaissance africaine, demeure une ineptie tant ce sont les anciennes puissances coloniales qui l’assurent. D’où la question de la crédibilité d’une Renaissance africaine comme objectif clé d’une UA adossée financièrement à une UE elle-même en crise multifactorielle.

Le premier aspect de notre questionnement est lié à cette incompréhensible acceptation des responsables africains de subsumer l’UA – au sens de projet d’affirmation politique, économique, social et culturel d’une Afrique postcoloniale -, à la construction du projet européen axé sur le développement économique et commercial comme moyen de construire une paix durable en Europe après la seconde Guerre mondiale. Non seulement il est inconséquent de placer le projet de Renaissance d’une Afrique jadis majoritairement colonisée par d’anciennes puissances coloniales européennes entre les mains de celles-ci, mais aussi, s’accommoder de la dépendance financière que cela implique fait de la dynamique de l’UA une variable endogène de l’UE. C »est-à-dire une variable dépendante des soubresauts conjoncturels de la construction économico-financière européenne.

Cela est, après la période coloniale, une façon de confier une fois de plus son destin à l’arbitraire, à la discrétion et aux satisfécits venus d’ailleurs alors que la Renaissance de l’Afrique dépend largement de leur endogénéisation totale par l’UA. Comment s’est imposée cette situation ? Ceux qui dirigent l’UA s’en accommodent-ils parce que l’UA a été transformée en un simple tremplin pour la conquête du pouvoir suprême après avoir étoffé son CV à sa tête ?
Le deuxième aspect du questionnement, à condition de sortir de la dépendance sus évoquée, concerne les enseignements que l’UA peut tirer de la crise de l’UE.

De prime abord, il faut noter que si l’UA se confirme comme un appendice de l’UE, alors la priorité à elle accordée par l’UE en crise sera aussi celle d’un appendice par rapport aux problèmes majeurs du projet européen : une charité bien ordonnée ne commence toujours que par soi-même et non par le sort de la cinquième roue d’un carrosse !

Le premier enseignement que l’UA peut tirer du Brexit est que des reflux sont possibles dans la construction d’une intégration régionale parce que celle-ci n’est pas facile. Dans la mesure où on choisit de lier son destin politiquement, culturellement et économiquement à celui des autres, le grand ensemble mis en place se doit de fournir à ses populations un degré de protection en termes de gains de bien-être, supérieur aux marges de souveraineté auxquelles chaque peuple renonce. Au moindre doute factuel sur la supériorité de ce qu’on gagne en bien-être par rapport à ce qu’on perd en souveraineté au sein d’une intégration régionale, des reflux sont possibles : les peuples supportent mieux les malheurs qui proviennent d’eux-mêmes que ceux causés par d’autres.

Cependant, si un des griefs faits à l’UE par une frange de la population européenne est le dessaisissement démocratique à elle infligé par les institutions européennes supranationales, l’UA semble de son côté subir les incartades et les incuries des Etats africains non démocratiques. Que vaut par exemple une cour de justice panafricaine dans un continent où la démocratie et l’Etat de droit peinent à se faire une place comme règles communes de gouvernance ?

La prééminence des interrogations politiques dans le processus de construction de l’UE montre qu’il est important de réfléchir si l’UA doit se matérialiser au préalable par un marché commun et une monnaie commune tel que l’a fait l’UE, ou alors via la mise en place de projets politiques et culturels susceptibles de renforcer en premier l’identité panafricaine. Il faut le reconnaître, l’Euro et le marché européen n’ont pas réussi à construire une identité politique et culturelle européenne. Ils n’ont pas non plus permis – et les résultats du Brexit le démontrent -, à unifier villes et campagnes puis jeunes et vieux dans le projet européen. Les jeunes et les grandes villes du Royaume-Uni ont voté pour l’Europe contre les vieux et les zones rurales qui ont opté pour le Brexit. L’UA dont l’utilité peine à être plausible aux yeux de nombreux Africains peut-elle, en cas de référendum sur son opportunité, se targuer du soutien des jeunes, des villes, des villages et des vieux ? Rien n’est moins sur.

D’où la nécessité et l’urgence d’une réflexion sur les voies et moyens d’accrocher les jeunes, les villes et les zones rurales au projet panafricain : il faut plus que jamais associer les peuples africains à la construction de l’UA si on veut éviter des scénarii à la Brexit liés au fait que des institutions supranationales surplombent des peuples qui en attendent en vain les bienfaits.

Outre ces dimensions politique, générationnelle et culturelle, la crise européenne apporte d’autres enseignements à l’UA.
Dans le champ monétaire, une monnaie panafricaine, afin qu’elle évite les dysfonctionnements constatés au sein de la zone Euro, doit, le cas échéant, être mise en place conjointement avec une harmonisation fiscale panafricaine afin d’éviter une concurrence fiscale déloyale entre pays africains, avec un trésor panafricain comme personnification financière de l’UA capable de mutualiser les dettes souveraines, avec une Banque centrale panafricaine gardienne d’une politique monétaire panafricaine, avec un gouvernement économique panafricain pour orienter l’économie panafricaine et avec des minima sociaux harmonisés pour éviter le problème des 2000.000 d’Européens qui, en 2016, sont des travailleurs détachés traités suivant les systèmes sociaux de leurs pays d’origine différent des pays européens où ils travaillent : plusieurs Roumains travaillent en France et en Belgique suivant les traitements salariaux de la Roumanie ! Le dumping social qui en résulte fait une UE de façade sur le plan social.

L’équation à résoudre par l’UA n’est pas facile au regard de la crise de l’UE. Il s’agit à la fois d’inventer plus d’UA par des politiques panafricaines crédibles, et moins d’UA par le renforcement du principe de subsidiarité afin d’éviter de devenir une superstructure écrasante pour les peuples africains. Par ailleurs, les dirigeants de l’UA doivent être conscients du fait que l’orientation des politiques panafricaines futures dans tous les domaines ne peut échapper aux luttes d’influences, aux oppositions et aux conflits entre les leaderships sud-africain, nigérian, marocain, Algérien et égyptien..

À ce club de pays africains leaders sur le plan économique de donner une dynamique concertée et d’avenir à l’UA. Tout le mal que l’on peut souhaiter à l’UA est de trouver des leaders habités de la mystique panafricaine de laquelle ils puiseront un esprit capable d’apprendre de la crise de l’UE pour renouer avec un devoir historique mis en forme en 1963 par les pères fondateurs.


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Lutte contre les épidémies: un nouveau dispositif mis en place au Cameroun

Le Projet 48 de l’Union européenne regroupant les experts de 11 pays d’Afrique a été lancé mercredi à Yaoundé

Le ministre de la Santé publique (Minsanté), André Mama Fouda, a présidé mercredi, 29 juin 2016, à Yaoundé, la cérémonie de lancement du Projet 48 en vue de l’amélioration de la gestion régionale des crises épidémiques pour les pays partenaires des Centres d’excellence de l’Union européenne, pour réduire les risques nucléaire, radiologique et chimique. « Les épidémies sont des événements extraordinaires qui entraînent un risque majeur de décès et de handicaps. Ceci en raison de leur ignorance ou de la faiblesse du système de santé dans la zone touchée ou des zones menacées. Et il faut à chaque fois qu’il y ait une réponse multisectorielle, coordonnée et rapide pour arrêter, circonscrire et faire reculer une éventuelle propagation de l’épidémie », a déclaré le Minsanté.

Le Cameroun ayant notamment connu, ces dernières années, une grosse épidémie de choléra, des inondations dans certaines régions septentrionales, et en ce moment l’épizootie de la grippe aviaire hautement pathogène à savoir le virus H5N1, sans oublier l’épidémie d’Ebola qui a sévi aux frontières du pays, « il est plus que jamais important pour les pays durement touchés d’apporter des réponses efficaces. Ceci en vue d’éviter des pertes en vies humaines, des bétails et même une désorganisation du tissu sociopolitique et économique », a expliqué André Mama Fouda.

Le Projet 48 ambitionne donc de regrouper les experts de 11 pays d’Afrique (Benin, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Conakry, Liberia, Maroc, etc.,) de recruter des experts nationaux pour former une équipe régionale pour les pays suscités. De façon à ce que tout le monde puisse être au même niveau en matière d’amélioration de la gestion des épidémies.


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À qui la faute si des centaines de migrants meurent en mer?

Par Benoît Rayski, Historien, écrivain et journaliste

L’histoire est d’actualité. Une jeune femme se met en tête d’avoir un enfant qui ressemblerait à Karim Benzema. Ce dernier étant inaccessible, elle s’adresse à un organisme qui propose des étalons masculins sélectionnés. Elle fait part de ses desiderata. Et on lui promet de trouver l’oiseau rare. Le jour dit, à l’heure dite, on sonne à sa porte. Elle ouvre et tombe nez à nez avec un grand blond aux yeux bleus. « Il doit y avoir une erreur », balbutie-t-elle. « Pas du tout », répond le reproducteur. « Laissez-moi faire, vous serez satisfaite ».

Les choses se font.

Neuf mois plus tard, la jeune femme accouche d’un joli bébé qui ressemble à Karim Benzema. Éperdue de reconnaissance, elle appelle le reproducteur. « Bravo. Mais comment cela a-t-il été possible? ». Le monsieur répond: « Quand je rentre chez moi, à la radio on parle de Karim Benzema, à la télévision on parle de Karim Benzema, les journaux ne parlent que de Karim Benzema. Alors vous comprenez, Karim Benzema j’en ai plein les c. ! ».

La même histoire peut se raconter avec Black M. Pendant des semaines, on nous a empoisonnés avec les élucubrations et les éructations de deux types un peu connus parce qu’ils gagnent de l’argent, l’un en tapant dans un ballon, l’autre en rappant dans un micro. Ils ont aussi en commun de cracher sur la France. Alors oui, on en a plein les c. Il est peut-être temps de se nettoyer en parlant de millions d’anonymes pour lesquels la France et l’Europe en général demeurent une terre désirée et désirable.

La Méditerranée charrie par centaines leurs cadavres. Des hommes, des femmes et des enfants. Des dizaines de petits Aylan. Mais cette fois-ci pas de photo symbolique pour remuer les tripes et les c urs des dirigeants et des populations européennes. D’ailleurs, s’il y avait des photos, croit-on qu’elles seraient publiées? L’implacable loi du « déjà vu, et ça lasse » dicte en maître sa conduite à la routine de l’information.

Alors ils meurent en silence et dans une glaçante indifférence générale. Oubliés – c’est la vie et c’est la mort – les torrents lacrymaux et compassionnels qui coulèrent impétueusement il y a quelques temps en Europe. Au baromètre des émotions qui mesure la mauvaise conscience européenne, la valeur du migrant est en chute libre. À qui la faute si des migrants périssent en essayant de gagner l’Italie, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne?

Le bon sens commun qui pave tous les chemins de la platitude de ses idées reçues nous indique que les migrants fuient la guerre, les massacres, la faim et la maladie. Et que les responsables de la tragédie sont à chercher parmi les factions sauvages qui déchirent la Syrie et l’Irak. Cette évidence paresseuse a toute la saveur fade d’une lapalissade. Les migrants, bien sûr, ne quittent pas leur pays de gaieté de c ur.

L’Europe (en tout cas la plupart des pays européens) a pleuré, hypocrite, toutes les larmes de son corps sur le destin de ces personnes déplacées. Elle leur a dit « Venez, venez, on vous attend » dans toutes les langues et sur tous les tons possibles. Dans cette compétition émotionnelle, c’est Angela Merkel, la chancelière allemande, qui a gagné la médaille enviée des bons sentiments.

Tous ces appels ont été entendus par des millions de pauvres gens. Et ils se sont mis en route par mer et par terre.

Sur leur chemin, ils ont laissé des morts, des blessés, des malades. Ils avaient entendu qu’on voulait d’eux. Et l’appel du Pape dans ce sens les a fortement encouragés. Alors, ils meurent par centaines sur la route de ce qu’ils croyaient être le bonheur et qui n’est plus qu’un chemin de croix.

Aucun des dirigeants européens n’ose leur dire la vérité. « Non, vous n’êtes pas les bienvenus ». « Non, nous n’avons pas les moyens de vous accueillir ». « Venez si vous y tenez, mais nous vous renverrons chez les Turcs, que nous payons grassement pour qu’ils vous parquent chez eux ». En se taisant lâchement, les dirigeants européens portent la responsabilité de morts tragiques et d’infinies détresses humaines.

L’honnêteté (mais ce mot existe-t-il encore en français?) voudrait qu’on dise aux migrants de se ruer vers les frontières de l’Arabie Saoudite. C’est à côté. Pas de mer cruelle à traverser. Il y a là-bas non loin de La Mecque, dans une localité nommée Mina, une gigantesque ville de tentes climatisées.

Elles peuvent accueillir jusqu’à 4 millions de personnes. Pourquoi pas 4 millions de migrants? Parce que ces tentes sont là pour les pèlerins du Hadj, qui chaque année pendant 5 jours viennent tourner autour de la Kaaba. Cinq jours seulement ! Au regard de la tragédie vécue par des millions de musulmans victimes des abominations syriennes et irakiennes, peut-être que les autorités saoudiennes pourraient, à titre exceptionnel, suspendre le Hadj et laisser les tentes à ceux qui en ont le plus besoin. Allah est miséricordieux, non? Et il doit quand même aimer les siens?


Marina Militare)/n

Présidentielle anticipée, Immigration, APE, visas.séduction, bluff et coups de gueule des ambassadeurs européens à Yaoundé

Au cours d’une conférence de presse conjointe tenue le 04 mai 2016 dans la capitale du Cameroun, les diplomates de l’Union européenne ont été à la peine

Verbatim de la conférence de presse accordée par les ambassadeurs de l’Union européenne le 04 mai 2016 à Yaoundé.

Madame l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, excellences mesdames et messieurs les ambassadeurs, monsieur le chargé d’affaire, distingués invités, c’est ainsi un honneur et un privilège pour la presse francophone de vous accueillir dans le cadre de cette plateforme d’échanges avec le club de la presse de l’UPF.

Il y a une année, presque jour pour jour, nous étions dans cette même salle pour un enregistrement dont le retentissement médiatique a fait entrer cette émission dans une nouvelle dimension. En inscrivant ce «coming out» de l’Union européenne dans une logique de feuilleton, nous pouvons parler d’une mise à risque du deuxième épisode après le premier de l’année dernière, dans une unicité de lieu, de temps et d’action. La valeur informative de cette production n’échappe à personne. Car, si l’Union européenne nous est familière, sa perception n’est pas la même pour tous dans l’imaginaire collectif des Camerounais: terre d’espérance pour les uns, improbable eldorado pour les autres, partenaire stratégique, acteur de développement pour certains, cours de miracle, pour d’autres encore, relation partenariale ou asymétrique.

Ce type d’échange permet assurément de dire et de redire ce que l’Union européenne est et ce qu’elle n’est pas; ce qu’elle fait et ce qu’elle ne fait pas; ce qu’elle peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire. Une certitude avec un volume d’importation et d’exportation qui dépasse la barre des 40%, l’Union européenne se positionne comme le premier partenaire économique du Cameroun. Il en découle une communauté d’intérêts à préserver et un socle de valeur commune à exalter tout en respectant nos diversités. La télévision, comme le disait le Français Hervé Bourges, est une focale où s’ordonne la diversité des expériences du monde. C’est donc aussi la fonction de ce club de la presse de l’UPF qui se veut un véhicule d’images de la coopération fructueuse entre le Cameroun et l’Union européenne.
Aimé-Robert Bihina, président de l’UPF section Cameroun

Joseph Emmanuel Ba’ana
C’est une nouvelle édition du club de la presse que nous vous proposons. Une édition qui coïncide avec deux célébrations importantes à savoir: la journée mondiale de la liberté de la presse et la journée de l’Europe qui se célèbre le 09 mai de chaque année, date anniversaire de la déclaration de Schumann.

En effet, le 09 mai 1950, Robert Schumann, alors ministre français des Affaires étrangères, propose, dans un discours qualifié d’historique prononcé à Paris, une nouvelle forme de coopération politique pour l’Europe qui rendrait impensable toute guerre entre les nations de ce continent. Et c’est cette célébration qui nous vaut la présence sur ce plateau, pour la seconde fois, de madame Françoise Collet, ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun; de madame Christine Robichon, ambassadrice de France au Cameroun; de madame Samuela Isopi, ambassadrice d’Italie au Cameroun; de monsieur Jorge De Orueta Pemartin, ambassadeur d’Espagne au Cameroun et de monsieur Christian Meerschman, chargé d’Affaires de l’ambassade de Belgique au
Cameroun.

Il va sans dire qu’au cours de notre échange, nous ne saurions éluder un sujet lié avec notre actualité imminente et qui concerne l’avenir de l’Europe à savoir le référendum qui doit se dérouler le 23 juin 2016 en Grande-Bretagne. Un référendum qui porte sur le maintien ou non de ce pays au sein de l’Union européenne. De ce résultat, dépendra l’avenir de l’Europe. Ce sera un entretien courtois, franc et sincère entre vous et les journalistes de la place triés sur le volet. Le club de la presse est une initiative de la section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone (UPF). Ce club de la presse met donc en lumière des hommes et des femmes qui font l’actualité au Cameroun. Pour vous interroger, Yvonne Eloundou, journaliste à la CRTV. Elle évoquera les grands défis mondiaux, les changements climatiques, la Cop 21 et son processus de ratification dans certains pays dont le Cameroun. Ensuite, Georges Alain Boyomo, rédacteur en chef au quotidien «Mutations». Il parlera de nos préoccupations communes: la résolution des crises. Quant à Roger Betala, également journaliste, il parlera des perspectives économiques, de commerce entre autres.

Pour commencer, je voudrais poser à Françoise Collet, la question sur cette Europe qui est célébrée ce 09 mai 2016. Quel est le sens de cette célébration? S’agit-il d’un simple rappel historique?
Françoise Collet: Merci beaucoup de nous offrir l’opportunité d’échanger avec vous non seulement sur l’Europe, mais aussi sur le Cameroun et l’Afrique. Et donc sur nos attentes mutuelles, nos espoirs et peut-être nos défis. Je tiens tout de suite à souligner que l’Union européenne, c’est bien 28 Etats membres, mais c’est aussi plus que ça: ceux qui sont ici en ce moment et ceux qui sont résidents au Cameroun, à l’exception de l’Allemagne et du Royaume-Uni qui se sont excusés. L’Europe est une très grande construction juridique et institutionnelle avec un conseil, avec une juridiction, avec un parlement, avec une cour des comptes, une cour de justice et cela va au-delà. Puisque nous avons aussi construit l’espace Schengen au-delà même de l’Union européenne. Donc, il me paraît très important de le rappeler. Nous vous remercions encore une fois de nous offrir cette opportunité d’échanges.

Alors, vous m’interrogez sur le sens de la célébration de l’Europe. Nous ne sommes pas passéistes. Nous sommes tournés vers le futur, nous sommes tournés encore vers notre construction parce que la construction de l’Europe est un chantier ininterrompu. Mais, il est vrai aussi que cette déclaration très célèbre de Robert Schumann nous rappelle combien il est aussi important d’avoir des hommes politiques, des leaders visionnaires. Ce qui me frappe le plus dans cette déclaration, c’est cette vision qu’avait Robert Schumann. Si vous me permettez, je vais juste vous donner quelques idées. Nous sortions de la deuxième guerre mondiale qui avait vu combattre des Etats. Ceux-ci sont aujourd’hui des Etats membres de l’Union européenne. Nous sortions de la plus grande tragédie de l’histoire, d’un génocide.

Mais, n’oublions pas ce qui s’est passé au cours de la deuxième guerre mondiale. Et il y a des hommes et des femmes qui ont décidé qu’il n’y aurait plus jamais cela en Europe et ils l’ont construite. Et la manière dont ils l’ont faite, est tout à fait originale parce qu’ils ont commencé par ce qui était des instruments de la guerre. C’est-à-dire le charbon et l’acide. Et ça, c’est quand même une très grande vision. Bien sûr, on n’est pas arrivé à tout où certaines des ambitions n’ont pas été accomplies. Mais, on est allé bien au-delà. Je pense à ce qu’on avait en tête et on n’avait pas oublié aussi le continent africain. Vous pouvez relire dans les déclarations que le continent était présent évidemment dans d’autres circonstances. On n’était pas encore à l’époque des colonies. En tout cas, le développement du monde sur le combat de valeurs partagées, du respect du droit humain, du droit à la vie étaient vraiment des fondamentaux à l’Europe dès ce moment-là.

Joseph Emmanuel Ba’ana: J’imagine qu’une célébration comme celle-là vous donne l’occasion de vous projeter vers de nouvelles perspectives de programmation y compris, comme vous l’avez dit, avec le Cameroun
Françoise Collet: Absolument! Comme vous le voyez, nous sommes présents dans le pays. Nous avons six Etats membres résidents au Cameroun. Nous avons bien d’autres Etats membres accrédités au Cameroun et nous sommes unis par un partenariat en particulier l’accord de Cotonou (qui vise aussi l’ensemble des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique). Mais au-delà, nous avons également d’autres accords et d’autres dimensions de notre partenariat avec le Cameroun. En particulier, sur le partenariat économique mais également des accords en matière de commerce, par exemple le bois. Également, au-delà des intérêts politiques, des valeurs communes. Et encore une fois, nous partageons avec le Cameroun des ambitions au plan mondial y compris pour les grands défis internationaux.

Georges Alain Boyomo: Parlant de valeurs communes, en ce qui concerne la paix et la sécurité. Et là, nous allons attaquer par une actualité brûlante, celle de la visite du président camerounais au Nigeria. Pour vous, après celle du président nigérian qui a eu lieu en juillet 2015, vous considérez cela comme un pas décisif dans la lutte contre Boko Haram?
Christine Robichon: Le commentaire que je peux faire c’est que nous, Européens, nous sommes solidaires au Cameroun et à des autres pays de la région qui sont menacés, atteints et subissent les exactions du groupe terroriste Boko Haram. Nous européens, nous avons aussi été attaqués. Vous avez tous en tête les attentats perpétrés à Paris et à Bruxelles. Nous connaissons tout ce qui s’est produit dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun. Nous sommes ensembles, solidaires, face à cette énigme qui est l’ennemi de la démocratie, l’ennemi de la liberté et qui cherche aussi bien en Europe qu’en Afrique, à affaiblir les institutions, à déstabiliser, à créer des tensions, des divisions, des ruptures au sein des nations. Nous avons donc des raisons multiples qui tiennent à la fois à nos valeurs mais aussi, à nos intérêts. Parce que la sécurité dans le monde, c’est l’intérêt de tous. Donc, nous avons pour toutes ces raisons des liens forts, des liens de solidarité. Et nous constatons que la guerre contre Boko Baram a régressé, que l’armée camerounaise, par sa capacité à protéger le territoire du Cameroun des incursions, y a joué un grand rôle. Nous sommes aux côtés des forces des différents pays de la région: le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria. Et nous avons, depuis deux ans, à la fois en tant qu’Européens et aussi en tant que France, encouragé les pays de cette région à coordonner davantage leur action face à cet ennemi commun. Nous avons vu que cette coordination a fait des progrès. Nous apportons notre soutien aux forces engagées contre Boko Haram. S’agissant du Cameroun et de la France, ce soutien prend essentiellement deux formes: la forme de renseignement et de formation très spécifique à la guerre asymétrique et à la lutte contre les engins explosifs.

Georges Alain Boyomo: Si vous permettez madame l’ambassadeur, qu’on vous relance sur la question. Nous sommes justement deux ans après la déclaration de la guerre du Cameroun contre Boko Haram au terme du sommet de Paris. Est-ce que vous estimez que la contribution de la France a été suffisante dans l’éradication de Boko Haram au Cameroun?
Christine Robichon: Ce que nous disons à nos amis camerounais, c’est que la contribution de la France, à travers le renseignement et la formation est appréciée, qu’elle est jugée utile. Elle n’est peut-être pas très visible. Ce qui a été peut-être le plus visible, c’est un don de matériel de 11 véhicules armés et équipés. Mais, pour ce qui est de la partie non visible de l’iceberg et qui est vraiment important pour les militaires camerounais, c’est donc cet appui renseignement et formation spécialisée. Nos interlocuteurs camerounais nous expriment leur satisfaction et ne nous demande pas autre chose. Et nous avons tout à fait confiance dans la capacité de l’armée camerounaise à protéger le territoire, à jouer son rôle. Il n’est pas question d’envoyer des soldats français dans la région. Notre rôle est donc d’appuyer les armées de la région qui selon nous, ont la capacité et l’ont montré. Puisque depuis deux ans, Boko Haram qui a largement étendu son territoire, contrôlé la force, a été affaibli du fait de la réaction coordonnée et efficace des pays de la région.


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Joseph Emmanuel Ba’ana: Toujours pour comprendre le fonctionnement de l’Europe, nous savons qu’il existe une diplomatie européenne qui se déploie à travers le monde dans le domaine militaire. Est-ce que l’Europe n’a pas un autre fonctionnement qui lui permet d’évoluer en groupe ou alors à ce stade, ce sont ces Etats membres qui interviennent de manière sporadique dans
certains Etats?

Françoise Collet: L’Europe, d’abord, n’a pas d’armée. Elle n’a pas d’armée permanente et c’était l’une des grandes questions sur la création de l’Europe. La communauté européenne de défense qui a échoué, soyons très clairs, était très compliquée et reste très compliquée. Donc, ça nous différencie effectivement avec d’autres grandes puissances. Par contre sur le continent africain, l’Europe est de très loin le premier supporter de la paix et de la sécurité. Via sous l’égide de l’Union africaine et pour laquelle nous avons déjà dépensé 1,8 milliard d’euros et pour laquelle nous nous engageons encore à hauteur de 900 millions d’euros dont 50 millions d’euros dédiés uniquement à la lutte contre Boko Haram pour les pays du Bassin du Lac Tchad. Donc, notre rôle est d’intervenir sur le terrain sauf dans le cadre des missions civiles et militaires parfois élaborées sur d’autres champs. Mais, par contre, nous sommes très présents pour la formation des militaires également, pour la reconstitution des Etats. Nous avons besoin par exemple des pouvoirs judiciaires, des services de police dont les services sont nécessaires aux Etats. Nous avons intérêt aussi à avoir des Etats stables, à avoir des Etats solides. Bien sûr, le terrorisme effectivement, est une grande menace pour nous.

Georges Alain Boyomo: La question des réfugiés intéresse particulièrement l’Europe. Quelle a été la contribution de l’Europe sur ce volet-là ? On sait qu’il y a un flot des réfugiés sur la dorsale Est du Cameroun du fait des incursions des rebelles centrafricains mais également dans l’Extrême-nord, du fait de la guerre contre Boko Haram. Comment cette question est-elle gérée au mieux de l’intérêt de l’Europe et du Cameroun?
Françoise Collet: Je pense que là aussi, nous avons été extrêmement présents. Ce ne sont pas que des mots. Nous sommes présents sur le terrain. En ce qui concerne l’Est, nous avons été les premiers à intervenir. Nous intervenons en particulier, quand je parle de nous, je parle de l’Union européenne et les Etats membres qui sont intervenus via notre bureau humanitaire, le Humanitarian Office. Ce bureau est de très loin le premier organisme humanitaire du monde et qui, à l’Est du Cameroun en particulier, a été le premier à intervenir en délivrant notamment des services sociaux aux réfugiés, aux populations locales, en rétablissant par exemple les services tels que l’éducation, la santé. Nous avons également créé spécifiquement un compte que nous avons appelé le compte Becout pour la Centrafrique et également pour les pays voisins. Et le Cameroun a fait partie des bénéficiaires.

En ce qui concerne l’Extrême-nord du pays, nous y sommes tout à fait présents et vous le savez sans doute. Nous avons eu ce très grand privilège d’ouvrir officiellement le bureau régional Becout cette année. Celui-ci est installé à Yaoundé Rien que pour le Cameroun, le budget Becout annuel a été doublé. Donc, nous sommes extrêmement présents dans toutes sortes d’intervention. Je tiens d’ailleurs à dire que, pour des raisons à la fois de sécurité et d’organisation, nous ne délivrons pas en direct, nous confions généralement la délivrance à des organismes; soit à des organisations non gouvernementales, soit à des agences onusiennes. Nous travaillons également de concert avec la Croix-Rouge, y compris la Croix-Rouge camerounaise.

Georges Alain Boyomo: Je vais aborder un autre aspect qui est relatif à la démocratie. Alors, le contexte au Cameroun est aux appels et contre appels à la candidature du président Paul Biya, vous vous dites qu’il s’agit d’une démocratie à l’africaine? Ou alors, vous vous dites qu’il s’agit d’une spécificité purement camerounaise, et dans la foulée, j’aimerais que vous réagissiez sur l’annonce d’une supposée ou réelle modification de la constitution. Quelle est la position de l’Europe sur ce sujet?
Françoise Collet: Il n’y a pas de démocratie à l’africaine. Il y a la démocratie. Et cela se définit par des conventions internationales, par des chartes auxquelles le Cameroun y est partie prenante. Il y a la charte africaine, la déclaration des droits de l’homme en particulier. Et je vais me répéter, la démocratie, c’est le pouvoir et le contre-pouvoir. Donc, nous comptons beaucoup sur les Etats et les institutions pour faire respecter les droits de l’homme et la démocratie. Les élections dans la sous-région, comme vous le savez, nous les avons observées et nous avons produit des commentaires.
Parfois, nous observons en envoyant une mission d’observation électorale. Mais, dans tous les cas, nous rappelons que nous sommes souvent invités.

Georges Alain Boyomo: La révision constitutionnelle, par exemple au Cameroun, vous incommode-t-elle?
Françoise Collet: Les peuples sont souverains. Donc, il n’appartient pas aux diplomates de commenter les décisions souveraines des peuples et des parlements d’Etats tiers.

Georges Alain Boyomo: La France, c’est la même chose j’espère.
Christine Robichon: La France ne peut que confirmer. La France est dans le rang de la menace terroriste d’aujourd’hui qui s’est globalisée et qui s’étend. Pour que les Etats, les nations, les peuples résistent, ils ont besoin d’institutions solides. Les constitutions sont des pierres angulaires des
institutions et c’est au peuple d’en modifier, s’ils estiment que c’est dans leur intérêt. Et s’ils souhaitent les modifier, c’est important que ce soit fait après un débat, qu’il y ait un consensus. Et ce consensus est essentiel pour qu’une constitution soit solide et protège le peuple contre les divisions qui peuvent être aspirées par l’ennemi. Donc, c’est au peuple camerounais de décider à travers un débat démocratique.

Georges Alain Boyomo: Il y a une opinion au Cameroun qui met sur votre compte un certain nombre de man uvres. On voit des leaders d’opposition manifester ces derniers temps, c’est vrai qu’en face, il y a des restrictions. Est-ce que certaines chancelleries man uvrent et ont pour mains opérationnelles ces leaders d’opposition?
Christine Robichon: Cette question me donne l’occasion de tordre le coup à des rumeurs et à des fantasmes qui existent encore dans l’opinion publique et même dans la classe politique camerounaise. Et je suis heureuse de dire et d’affirmer que la France n’a pas de candidat dans les élections, ni sur aucun continent, pas sur le continent africain, pas au Cameroun. On lui prête beaucoup n disant qu’elle avait un candidat en République Centrafricaine, ou qu’elle en aurait un ou plusieurs au Cameroun. Tout cela, c’est absolument faux. La France n’a pas de candidat. La France considère que, pour être légitime et ce qui fait la légitimité d’un chef d’Etat ou d’un gouvernement, c’est l’élection. Et pour que des institutions soient fortes, il faut une légitimité forte. C’est la meilleure garantie contre une fragilité et c’est encore plus important aujourd’hui à cause des menaces que nous connaissons. S’agissant des élections, elles permettent au peuple de s’exprimer à travers des scrutins transparents, justes et libres.

Joseph Emmanuel Ba’ana: La dernière question qui
se rapproche d’une certaine façon à la précédente, c’est généralement la saison des rapports qui sont finalement accablants à l’encontre du Cameroun. Je me fais l’écho du ministre de la Communication qui dit que ces rapports découlent d’une coalition entre les forces exogènes et les forces endogènes. Là également, est-ce qu’il y a un agenda caché derrière ces rapports?

Christine Robichon: Les rapports, il y en a dans tous les pays. Il y en a en France et c’est un moyen de montrer, d’analyser des faits et de faire des recommandations en vue d’une amélioration. Voilà ce que je peux dire.

Roger Betala: Pour parler des relations économiques entre l’Union européenne et le Cameroun, je vous propose trois centres d’intérêts: d’abord les accords de partenariats économiques, ensuite la coopération économique à travers l’aide publique au développement et de façon globale, les échanges entre l’Union européenne et le Cameroun. Le 04 août 2016, doivent entrer en vigueur les accords intérimaires entre l’Union européenne et le Cameroun. Pour les citoyens camerounais qui nous écoutent, il y a souvent eu un problème de terminologie entre le gouvernement et l’Union européenne sur certaines définitions. L’accord intérimaire que le Cameroun a signé, qu’est-ce qu’il signifie pour l’Union européenne?
Françoise Collet: Il signifie un partenariat approfondi, pas seulement commercial, mais également axé vers le développement. Les APE, nous les avons négociés partout dans le monde. En tout cas, avec la partie du monde concernée, de celle qui relevait en particulier de l’accord de Cotonou. Nous avons été contraints de la faire afin de se mettre en conformité avec les règles commerciales internationales de l’OMC. Nos régimes en fait, les régimes que nous avons accordés sont extrêmement favorables et ne pouvaient perdurer sous cette forme. Donc, je le disais, nous avons été contraints de revisiter les règles commerciales de l’accord de Cotonou. Ces accords ont été conclus avec quasiment l’ensemble du monde.

Roger Betala: Si vous nous donnez directement la définition d’accord intérimaire, nous aurons l’occasion de nous étendre ou de parler de l’arrivée même des APE après l’accord de Cotonou. L’accord intérimaire entre le Cameroun et l’Union européenne, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Françoise Collet: L’accord intérimaire signifie encore une fois la conclusion d’un accord de partenariat commercial et de développement avec la Cameroun. Et le Cameroun étant le pays économique leader de cette sous-région. Donc, nous pensons que c’est mutuellement bénéfique et je sais que le Cameroun partage cette appréciation parce qu’il ne faut pas croire que les négociateurs camerounais n’étaient pas avisés. Le Cameroun a compris où était son intérêt, et a signé. Et a non seulement signé cet accord, mais la également a ratifié et s’apprête à le mettre en uvre. Donc, c’est un instrument d’intégration sous régionale mais et également, une opportunité de renforcement des relations commerciales au-delà du développement. C’est ainsi pour l’APE ensuite les accords avec l’union européenne.

Roger Betala: Lorsque vous parlez de relance, de renforcement de la coopération, mais on se rend compte que le Gabon et le Congo ont décidé de ne pas s’associer à l’accord intérimaire. Est-ce que l’Union européenne ne va pas démanteler totalement ce qui reste de la coopération de la Cemac en mettant en uvre dès le 04 août 2016, l’accord intérimaire avec le Cameroun?
Françoise Collet: Je reviens d’un séminaire régional à Libreville et j’ai eu l’occasion de m’entretenir à la fois avec des dirigeants de la Cemac et de la CEEAC. Et le constat qui est partagé est que, ces institutions régionales ne se portent pas déjà très bien aujourd’hui et si l’on considère le commerce régional et les chiffres, l’on se situe entre 1 et 3%. Donc, je doute fort que l’APE ait un apport négatif sur un chiffre qui est déjà extrêmement minime. Et au contraire, l’APE vise à renforcer l’intégration régionale, promouvoir le rôle du Cameroun dans la coopération sous régionale.

Le panel des diplomates
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Joseph Emmanuel Ba’ana: Que pense madame Samuela Isopi qui semblerait avoir un avis sur la question?
Samuela Isopi: Je voudrais tout simplement compléter en mettant l’accent sur un aspect que madame l’ambassadeur Françoise Collet a mentionné tout à l’heure sur l’APE. Ce n’est pas seulement un instrument de commerce mais, c’est pour nous un outil de développement. L’aide au développement, c’est quelque chose de très positive pour le Cameroun, pour tout le monde. Mais, ce n’est pas l’aide au développement qui va faire du Cameroun un pays émergent. Ce qui va faire du Cameroun un pays émergent, c’est le développement de l’économie et du secteur privé. Et nous pensons qu’à travers cet accord, on peut effectivement aider le Cameroun vers cela. Je crois qu’il y a eu une communication négative sur l’APE, peut-être pour un manque de compréhension. Donc, il n’y a pas un understanding correct sur les APE. Les APE donnent au Cameroun la possibilité d’avoir accès à un marché de plus de 600 millions de consommateurs en Europe, sans droit de douane. De l’autre côté, l’Europe peut bien sûr apporter au Cameroun. Mais, ce qui est important pour nous, c’est d’offrir au Cameroun notre technologie, notre équipement. C’est ça donc la première étape des APE, c’est-à-dire offrir au Cameroun les outils qui sont nécessaires pour son développement.

Jorge De Orueta Pemartin: Je suis tout à fait d’accord avec mes collègues de la France, d’Italie et de l’Union européenne. Mais, je voudrais ajouter une chose très importante. Par exemple, l’UE est devenue le deuxième client du Cameroun après la Chine à cause des APE. C’est-à-dire qu’on importe des quantités de choses. Les exportations du Cameroun vers l’Espagne sont maintenant montées véritablement en croissance. En d’autres termes pour le Cameroun, c’est un injecteur d’argent et de commerce favorable. Alors, il n’y a que des avantages sur les APE. Une chose est sûre, si on va apporter la technologie de l’Europe, où va être le problème?

Roger Betala: [b Mon objectif est que les uns et les autres comprennent les enjeux qui sont tellement importants. Toujours sur les APE, qu’est-ce que cela représente pour vous, qu’est-ce que cela peut avoir comme conséquence sur le Cameroun? Lorsque l’UE parle des accords de Cotonou pour les APE, elle a donné comme raison l’OMC qui le dit. Mais, quand vous allez à l’OMC, elle vous dit: «non! Nous n’avons pas demandé à l’UE de passer des accords de Lomé, de Cotonou aux APE».] Quelle différence fondamentale y a-t-elle entre le système préférentiel généralisé qui existait et les APE? Quels sont ses avantages?
Françoise Collet: L’avantage des APE est l’intégration sous régionale et de l’aspect développement. Nous avons remarqué que nous vous avons offert un marché sans aucune limitation, ni tarifaire, ni quantitatif. Ceci était déjà offert en particulier aux autres pays moins avancés. Vous le savez. C’est ce régime qui est le plus favorable du monde. Juste par comparaison de la douane avec les États-Unis, il y a moins de 50% des lignes douanières, des portes qui sont ouvertes. L’UE, c’est tous les produits, tous les services, que des avantages et aucune limitation de services. Qu’est-ce qu’on a remarqué? Les Etats ne sont pas en mesure de bénéficier d’un tel régime favorable. Et cela nous désole. Et nous avons réfléchi, nous avons voulu construire quelque chose sans doute qui soit en rapport avec ce que nous avons fait en Europe. Là aussi, c’est quelque chose que nous répétons à satiété. Les premiers partenaires commerciaux des Européens ou des Européens entre eux, ou de la Suisse, c’est évidemment ses voisins. Et en ce sens-là, nous nous félicitons de la visite du président Paul Biya au Nigeria et de l’accord commercial qui a été signé. Le développement, la croissance, la richesse se produisent aussi par l’ouverture, non pas par le protectionnisme, ou alors un protectionnisme bien conçu comme l’a fait le Cameroun par exemple dans le cas de l’APE. Mais, le commerce en lui-même crée des richesses. Et le commerce, vous le faites d’abord avec vos voisins. Voilà ! L’APE c’est ça aussi.

Roger Betala: Parlons maintenant de l’accord d’étape avec le Cameroun. L’APE, c’est généralement trois choses: les délais de mise en uvre, les produits éligibles à l’APE et le financement de la mise à niveau des entreprises que vous appelez financement de regroupement après la signature. On a l’impression qu’ici au Cameroun, vous avez été un peu plus durs qu’avec les pays de l’Afrique occidentale. Je crois qu’au Cameroun, ça doit être 20/80 alors qu’ailleurs, c’est 30/70. Pourquoi le délai de mise en uvre est plus court ici et le nombre de produits éligibles?
Françoise Collet: Nous sommes entre partenaires, c’est
une négociation. L’APE c’est le résultat d’une négociation entre l’Union européenne et le Cameroun à un moment donné. Le délai de mise en uvre était extrêmement long. Nous avons mis en uvre le délai en 2008. Vous bénéficiez déjà de l’APE de notre côté. Cela a déjà eu des résultats extrêmement bénéfiques. Et encore une fois, pour l’opinion publique camerounaise, la balance commerciale avec l’Europe est bénéficiaire, donc excédentaire de votre côté, pas de notre côté. Et nous nous en félicitons et je vous donne un exemple même s’il n’est pas représenté en tant que tel. Mais, le Cameroun est devenu le premier producteur ACP de banane plantain en 2015. Et je suis personnellement très heureuse des résultats parce que nous avons créé l’industrie de la banane plantain au Cameroun et évidemment, le marché européen, le premier consommateur de banane plantain camerounaise. Nous nous en félicitons. Sur les produits éligibles, c’est le Cameroun qui a fixé le cadre des négociations avec l’Europe. Il a compris son intérêt encore une fois. Protéger ses produits agricoles et comme nous le soulignons, nous ne sommes pas en concurrence, nous sommes complémentaires. Les produits que vous importez de l’Europe ne sont pas similaires à ce que vous exportez vers l’Europe. Donc, il est très important de comprendre que c’est un mécanisme gagnant-gagnant puisque nous ne sommes pas en concurrence. Nous ne sommes pas en compétition sur les produits, parce que nous accordons un régime asymétrique. Vous avez pris des mesures de protection de vos industries décentes les plus importantes pour vous.

Roger Betala: Après le 04 août 2016, à quoi va ressembler le marché camerounais pour les produits venant d’Espagne, de France, d’Italie et de Belgique?
Christian Meerschman: Je veux d’abord remercier l’ambassadeur de l’Union européenne qui a pris ses compétences et je suis tout à fait d’accord avec ce qu’elle dit. En ce qui concerne l’avenir des échanges, nous sommes la plus grande mission commerciale existant depuis longtemps. Je parle du fait que nous sommes intéressés pour apporter des minerais et des bananes par le port de Kribi, le port de Limbé et le port de Douala, même comme nous sommes en rude compétition avec la France pour les bananes qui arrivent sur le port français et les bananes caribéennes qui arrivent aux côtes belges. Je pense qu’il y a un grand avenir pour le commerce bilatéral.

Samuela Isopi: Comme je venais de le dire, dans notre perspective, ces accords sont des grandes opportunités de développement pour le Cameroun et surtout dans la première étape d’avoir accès à la technologie pour le développement de l’industrie camerounaise. Comme vous le savez bien, l’Italie est la deuxième économie manufacturière européenne après l’Allemagne et le cinquième au niveau international. Notre premier secteur de production n’est pas les «made in Italy», ou bien les produits agroalimentaires. Mais, c’est la mécanique, les équipements pour le développement industriel. Nous avons déjà de bons échanges et donc, nous comptons surtout sur le développement de cette filière. Le gouvernement nous a demandé d’organiser une mission économique ciblée sur le développement de certaines filières surtout les petites et moyennes entreprises. On a ciblé les secteurs comme l’agro-industrie. Comment transformer vos produits? Le Cameroun c’est un pays qui exporte ses produits alimentaires dans d’autres pays mais, importe tout ce qui est produit manufacturé ou transformé. Et c’est important pour la création d’emplois. Donc, c’est ça notre target et notre objectif. La balance commerciale, les échanges, on est encore parmi les dix premiers partenaires commerciaux du Cameroun. La balance commerciale est encore excédentaire en faveur du Cameroun.

Jorge De Orueta Pemartin: Pour l’Espagne, je l’ai déjà dit, nous sommes le deuxième client du Cameroun après la Chine et vous pouvez voir que nous tenons, au lieu du 17ème rang, finir 15ème. Alors, s’il n’y a plus de produits espagnols ici, ce sera bon pour le Cameroun, ce sera bon pour l’Espagne aussi.

Joseph Emmanuel Ba’ana: Donc après le 04 août2016, le marché va exploser?
Jorge De Orueta Pemartin: Non! Pourquoi exploser. Enfin, s’il y a la possibilité d’importer les produits de l’Union européenne à de meilleurs prix, ce serait bon pour le consommateur camerounais et dans tous les sens. C’est-à-dire, qu’est-ce que le Cameroun va apporter qui soit mauvais pour le Cameroun. Il va y avoir une compétition. L’Espagne est un pays producteur agroalimentaire très important, c’est une compétition avec le Cameroun. N’oublions pas que l’Espagne est le seul pays producteur de banane au sein de l’UE aux Canaries. Cela a déjà affecté négativement nos productions de Bananes. C’est que la banane camerounaise est très bonne, donc c’est la concurrence. Alors, pour l’Espagne, ce sera une opportunité d’investir. Par exemple au Cameroun, ce sera une opportunité pour les entreprises de transformation espagnole de venir et investir au Cameroun, d’apporter notre technologie et ce sera gagnant-gagnant.

Roger Betala: L’industrie métallurgique du Cameroun ne contribue que pour 18% du PIB. C’est-à-dire de manière très faible. Alors, comment cette industrie faible va-t-elle se comporter d’ici 2023? Est-ce qu’elle ne sera pas totalement étouffée par l’ouverture du marché national du fait de cette éligibilité défavorable au Cameroun dans l’APE qui est de 20/80? Quand est-ce que le Cameroun bénéficiera de l’APE qui doit financer la mise en uvre au niveau des entreprises?
Françoise Collet: Je suis un peu surprise de vous voir citer la métallurgie. Parce que si vous regardez ce secteur, il n’est pas aussi développé qu’en Europe. Je pense qu’il faut se tourner du côté de l’Asie, s’il faut parler de métallurgie. Comme les autres, nous avons déjà eu notre révolution industrielle qui n’est pas allée dans le sens que nous n’aurions pas souhaité. Vous le savez très bien que nous avons perdu nos parts d’industrie. En revanche, nous avons gagné sur d’autres secteurs. Par exemple, le secteur tertiaire et les services. Et nous sommes extrêmement forts et tout est vraiment fort dans le domaine agricole. Donc, ce n’est pas pour faire une concurrence déloyale. Il est question que chacun trouve sa place. Il est très important de comprendre une seconde fois que ce mécanisme ne vise pas à affaiblir le Cameroun. Bien au contraire, il est déjà appliqué et extrêmement favorable surtout qu’il permettra à l’industrie camerounaise de se développer de façon particulière avec les machines agricoles qui pourraient être importées sans taxes. Et donc, c’est un bénéfice pour les entreprises et les consommateurs. Plus vous produirez, plus vous élargirez également votre assiette fiscale et plus vous aurez des dépenses et des recettes publiques pour l’investissement. Donc, c’est cela qui est en jeu.


Roger Betala: Où est la différence avec le laisser-faire? Où est la marge d’ uvre entre les APE et la théorie économique que vous connaissez qui est le laisser-faire? Quelle est la marge de man uvre là-dedans?
Françoise Collet: Nous préférons être dans un monde régulé. Nous sommes les grands défenseurs des mécanismes internationaux de régulation. Nous sommes parmi les plus grands défenseurs de l’OMC. Là aussi, l’OMC ne se porte pas spécialement bien. Mais, nous restons très attachés aux mécanismes multilatéraux notamment dans le règlement des conflits quels qu’ils soient, y compris les conflits commerciaux. Et nous estimons que l’OMC par exemple, protège en particulier les pays en voie de développement et on est extrêmement attaché à cela. Je ne suis pas sûre que cette vision soit partagée par d’autres grandes puissances que je ne nomme pas. Mais, ce n’est pas une position partagée et pour nous, c’est extrêmement important. Nous sommes extrêmement attachés au développement de l’Afrique et pour cela, nous estimons qu’il faut un monde régulé et non pas le laisser-faire. Et avec le laisser-faire, vous auriez une concurrence sauvage et qui ne serait pas nécessairement favorable à l’Afrique.

Roger Betala: J’aurai voulu savoir le montant de l’aide accordée aux Etats qui signent les accords intérimaires. Quel est le montant pour le Cameroun et comment sera débloquée l’aide publique au développement? Quels sont les contours que cette aide publique va prendre avec les APE et avec tout ce que nous savons des problèmes de l’UE sur ses propres comptes publics?
Françoise Collet: Malgré ces problèmes, l’UE se présente non seulement comme le premier partenaire économique et commercial du Cameroun. Nous sommes non seulement le contributeur humanitaire mais aussi, le premier donneur d’aide dans le monde et de très loin. Et une chose qui est extrêmement rassurante pour nous tous est que, cette enquête publique très récente sur les citoyens européens a confirmé à 90% qu’ils étaient favorables à l’aide au développement malgré la crise que connait l’UE. Ceci est un signe. Et pourquoi il y a une telle attitude? Parce que les citoyens européens font le lien entre croissance, développement, commerce et également crise migratoire et sécurité. Ils veulent pour cela que les pays en difficulté se développent pour que leurs citoyens puissent vivre avec des standards acceptables pour qu’ils n’aient pas à migrer pour des raisons économiques. C’est aujourd’hui l’une des opinions européennes.

L’aide publique au développement est énorme. Pour le Cameroun, rien que pour le programme national, c’est 250 millions d’euros sous le FED, c’est-à-dire près de 27 milliards de F CFA. Mais au-delà, nous avons d’autres instruments de coopération. Nous avons les coopérations bilatérales avec la France par exemple sur les C2D. Peut-être même l’ambassadrice va dire un mot sur ce qui est à venir. Mais également, nous avons un programme régional dont j’ai parlé. Et pour lequel j’étais à Libreville tout récemment. Malheureusement, nous constatons que le programme régional est très peu engagé, évidemment de l’ordre de plus de 200 milliards de F CFA. Et enfin, lorsque nous serons en rythme de croisière, nous avons un programme qui s’appelle le Prada. C’est effectivement un programme d’appui pour les pays qui ont signé les APE. Ce sera pour l’ensemble de la sous-région Afrique centrale. Mais également, nous avons déjà des programmes en faveur de la mise à niveau des entreprises que nous réalisons soit nous-mêmes, soit en partenariat avec l’Onudi. Tout ceci existe et est déjà présent. Nous contribuons à la mise à niveau.

Une vue de l’assistance
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Yvonne Eloundou: La dernière partie de notre entretien sera portée sur les grands défis mondiaux. Nous en avons retenus deux: les changements climatiques et les problèmes de migrations. Pour parler des changements climatiques, en décembre 2015, l’accord de Paris a été adopté. Et depuis avril 2016, on est encore à faire une ratification à New York, au siège des Nations unies pour l’entrée en vigueur en 2020. Pour ceux qui ne savent pas ce qui s’est passé à Paris, madame l’ambassadeur de France puisque c’est la France qui portait le sommet, qu’est-ce qu’on peut retenir de cet accord?
Christine Robichon: L’accord de Paris est un moyen qui a été négocié et par l’ensemble des défis du monde pour protéger l’ensemble du monde des effets négatifs des perturbations du changement climatique et essentiellement, la hausse de température sur notre planète. Ce qui a des conséquences: désertification, inondations, cyclone, etc. Des conséquences qui sont très négatives pour les hommes, pour l’économie, pour la nature elle-même. La conscience a donc été prise par tous de la nécessité de contenir, de limiter ce réchauffement climatiques de façon à ce que, entre l’ère industrielle et 2030, que la température n’augmente pas de plus de 2°C et si possible 1,5°C. Ce qui implique de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Donc, l’accord a été conclu. Il prend en compte les intérêts qui sont différents selon les pays, selon qu’ils sont industrialisés, selon qu’ils sont en développement ou selon qu’ils sont insulaires. Il y a les risques particuliers pour les petits pays insulaires. La conférence a été un lieu d’échanges qui ne se sont pas d’ailleurs tenus à Paris seulement. Paris a été le point final. Il y a eu de nombreux exercices qui ont précédé et ont fait progressé tous les négociateurs vers un accord agréé et ouvert à la signature depuis le 22 avril. Et par cet accord, les pays s’engagent, chacun en fonction de son propre objectif, à réduire, selon des degrés et des pourcentages, leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020.

Yvonne Eloundou: Nous savons très bien qu’en matière de réchauffement, on ne va pas se voiler la face, ce sont les pays industrialisés qui sont les premiers pollueurs de la planète, alors que les pays en développement polluent moins. Lorsque vous dites que cet accord est une demande pour que les pays s’engagent. Cela va rester un simple engagement? Si c’est le cas, où est la différence avec ce qui s’était passé avant? Cet accord n’a-t-il pas d’originalité, c’est-à-dire un aspect contraignant juridiquement les Etats, du moins, les plus pollueurs?
Chistine Robichon: Il a un aspect contraignant. C’était un des objectifs de la présidence française. C’était aussi un objectif de l’UE. Ce caractère contraignant met en place des mécanismes pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques; à lutter contre la désertification chez eux et à financer aussi les adaptations nécessaires à leur vie et leurs économies.

Yvonne Eloundou: Au niveau de la ratification, chaque pays européen ratifie en tant qu’Etat et l’UE ratifie en tant que groupe. Quelle est la situation de l’état de la ratification? Combien d’Etats ont ratifié aujourd’hui?
Christine Robichon: Le Cameroun a signé !

Yvonne Eloundou: Quel est le nombre de signatures déjà obtenues au niveau de l’UE?
Françoise Collet: Au niveau de l’UE, nous sommes une construction unique parce que nous avons été les premiers à mettre sur la table les propositions communes. Elles ont été débattues au nom de l’UE et avec un engagement unilatéral de nos Etats. Donc, il n’y aura aucune difficulté pour la ratification. C’est déjà un acquis.

Yvonne Eloundou: Pour l’instant, que pouvons-nous
retenir ce soir? Quel est l’état de ratification à l’UE ? Sur les 28 Etats membres?

Françoise Collet: Ce qu’on peut dire, c’est que nous ne sommes pas encore au niveau de la ratification.

Yvonne Eloundou: On donne un an au départ pour signer. Je voudrais savoir combien de pays européens ont déjà signé?
Christine Robichon: Je n’ai pas de comptes. Mais la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique ont signé. Et la France a fait campagne et j’ai porté ce message ici au Cameroun en tant que ambassadrice de France au Cameroun. La France a fait campagne dans le monde entier pour que plus de pays signent et le Cameroun a signé. Étant donné que nous avons fait campagne dans des pays non européens pour qu’ils signent, j’en déduis que pour ce qui est, c’est madame Collet qui est mieux placée pour parler des engagements pris depuis de longues dates par l’Union européenne. Je n’ai pas de doute que tous les pays européens ont signé. Maintenant, on en est à l’étape de la ratification.

La ratification renvoie souvent des délais importants dans les pays entre la date de signature et la date de ratification. Et c’est le cas pour certains accords au Cameroun. Le président qui a joué un rôle en participant à la conférence à Paris pour inciter toute la région Afrique centrale, a d’ores et déjà annoncé qu’il présenterait à la session de juin au vote des parlementaires, le projet de loi portant ratification. J’espère que les parlementaires adopteront cette loi. Ce qui est important, c’est que la France, qui assure la présidence de la Cop 21 jusqu’au mois de novembre prochain avant de passer le relais au Maroc, agit beaucoup avec ces partenaires européens, auprès de tous ces amis étrangers pour une ratification rapide. Parce que pour que cet accord entre en vigueur, il y a des dispositions très particulières. Il faut qu’il soit ratifié par au moins 55 pays représentant 55% des Etats d’émissions des gaz à effet de serre. Et à ce moment-là, il entrera en vigueur et tous les dispositifs prévus seront mis en uvre pour aider les pays qui ont besoin d’adaptation et de soutien pour tenir leurs engagements.

Yvonne Eloundou: Parlons d’aide justement, que faut-il attendre de cet accord par rapport à la disparition du Lac Tchad? Depuis des décennies, le Lac Tchad ne fait que se vider de ses eaux. Il faut attendre quelque chose de cet accord pour le sauver?
Françoise Collet: Je suis désolée de devoir intervenir à ce stade. Mais, le Lac Tchad ne se vide pas. Il monte et il descend. Cela a été démontré par une équipe de scientifiques européens et en particulier français, camerounais et tchadiens. Et c’est une très bonne nouvelle pour tout le monde. C’est un système assez compliqué, mais le Lac Tchad n’est véritablement pas en danger. D’ailleurs, en ce moment, il remonte. Le Lac Tchad ne disparaîtra pas, il peut être invisible. C’est une excellente nouvelle pour tout le monde. Mais, nous nous préoccuperons au-delà du Lac Tchad. Nous nous préoccupons de la préservation en particulier de la forêt du Bassin du Congo. Et ici, nous sommes extrêmement actifs et l’UE a repris effectivement la présidence de cette initiative sur les forêts du Bassin du Congo en concert avec la Comifac pour co-présider cette initiative. Ainsi, des pays du monde sont réunis, pas seulement les Européens, pas seulement les Américains mais également le Japon et bien sûr les pays de la sous-région concernée. Et dernièrement, la Norvège, si je ne me trompe pas, a annoncé la mise à disposition d’un montant de 200 millions d’euros, rien que pour la préservation des forêts du Bassin du Congo. Nous y sommes extrêmement actifs là aussi.

Yvonne Eloundou: Concernant les problèmes migratoires actuels. Depuis 2012 et depuis plusieurs années, nous voyons ces flots de personnes qui frappent aux portes de l’Europe. On a l’impression que, malgré toutes les dispositions prises pour l’instant par les Etats, ces flots ne font qu’augmenter et d’ici peu, l’Europe a décidé d’autoriser officiellement un nombre de personne, surtout l’Europe de l’ouest, à entrer officiellement. Est-ce que cela ne réduit pas les chances des Africains qui pourtant, vont en Europe pour étudier, pour travailler?
Jorge De Orueta Pemartin: Pour moi, c’est une question très intelligente. Mais, je dis non. Les Africains qui veulent aller en Europe régulièrement ne vont jamais être affectés. C’est-à-dire, les étudiants qui vont en Europe avec des visas, des travailleurs qui y vont, ceux qui sont en train de vivre régulièrement en Europe ne vont jamais être affectés. Il n’y a aucune préoccupation de ce point de vue. La politique européenne, les visas Schengen, les visas bilatéraux continueront à être les mêmes comme pour quelqu’un qui veut aller travailler en Europe.

Yvonne Eloundou: L’impression qu’on a c’est que l’immigration clandestine semble être organisée. C’est-à-dire, on connait bien les passeurs, les cargos affrétés, il y a même des villes: Tanger, Seoutar, etc. Mais, pourquoi est-ce qu’il n’y a pas une action forte? Au contraire, on crée des foyers pour accueillir ces gens, notamment en Italie.
Samuela Isopi: Je pense que c’est un problème très complexe et surtout, il faut comprendre que ce n’est pas un problème nouveau. C’est un problème qui se porte depuis des années et s’est posé au moins pour l’Italie qui est la porte d’entrée de l’Europe. Le problème s’est aggravé ou détérioré.

À notre avis, pour plusieurs raisons. Et surtout qu’il y a une situation d’instabilité, pas seulement en Syrie ou en Irak qui sont les pays d’origine des flux migratoires utilisant la route orientale. Il y a aussi la situation de la Libye qui avant, pour l’Italie, était un partenaire avec qui on avait une coopération dans le domaine même de la migration et de réadmission. Pour nous, nous pensons que le phénomène migratoire n’est pas quelque chose de nouveau. Mais surtout, c’est quelque chose qui va durer et qui va même augmenter dans le futur. Même si on règle les problèmes de crises qu’on vient d’évoquer, il y a une réalité à laquelle il faut faire face. Ça fait un an, en Europe, on n’avait que l’Italie et Malte qui avaient ces problèmes et qui essayaient aussi de passer ces problèmes à Bruxelles. Nous reconnaissons que dans les derniers 12 mois, beaucoup de choses ont changé. On n’est pas encore arrivé à une solution idéale. L’Europe a mis en place des instruments.

Nous soutenons les initiatives qui ont été prises et qui ont été annoncées. C’est-à-dire, la création d’une garde côtière européenne annoncée par l’UE. Nous y avons récemment déposé une proposition. L’Italie, oui. Simplement comme point de départ pour une discussion pour stimuler et continuer à stimuler cette discussion. C’est-à-dire que les mesures qu’on a mises en place jusqu’à ce moment, sont des mesures pour répondre à la situation d’émergence et d’urgence. La crise migratoire n’est pas simplement une situation d’urgence. Il faut aussi avoir une mission et se doter des outils et des instruments qui sont nécessaires pour maîtriser le phénomène migratoire dans le futur. Nous espérons que les mesures prises vont aussi être mises en place dans tous les Etats qui affectent surtout la dimension interne. Et il y a aussi une dimension externe c’est-à-dire à l’extérieur. Donc, la coopération avec les pays d’origine et de transit. On a signé cet accord avec la Turquie qui a aussi obligé les discussions.

Mais, la coopération avec les pays africains est très importante. On n’a pas seulement le problème de la Libye parce qu’on sait que c’est un problème politique. Et on soutient l’action des Nations unies pour essayer de régler la question libyenne. Il y a aussi la question des migrants économiques. Nous connaissons bien la situation de l’Afrique, l’explosion démographique qu’il y aura aussi dans les années à venir, les changements climatiques. La proposition que nous avons faite qui va dans la direction des conclusions de l’UE du sommet de la Vallette, où on a déjà à notre avis, posé des bases sur cette coopération, est le fait de trouver des formules et des instruments innovants pour voir comment on peut encourager cette coopération. C’est-à-dire, trouver des formes de financement innovantes pour être concrets. L’UE a déjà plusieurs instruments. Pour devoir mieux les utiliser, on propose de faire aussi des reload bind pour les crises migratoires.

De l’autre côté, ce qu’on demande aux pays partenaires, c’est un engagement plus fort et des mesures plus fortes dans les admissions, dans le rapatriement et dans les accords. C’est donc des propositions qui sont en discussion. Ce qui est sûr, cela ne peut pas arriver d’ici un jour. Je crois qu’il faut retenir deux choses: premièrement, beaucoup de choses ont changé, si on pense seulement à la tragédie de Lampedusa d’avril 2015. Il y a cette prise de conscience en Europe. Il y a des discussions parce que c’est un sujet qui est sur toutes les réunions et sur toutes les tables des sommets. Et la deuxième chose, c’est aussi la ligne de l’UE. Nous donnons la priorité à la dignité humaine et au sauvetage des vies humaines. Les journaux, peut-être, n’en parlent pas. Mais, on a continué à sauver des vies humaines. Concernant les réseaux de trafiquants, là aussi, il faut que les deux côtés travaillent ensemble. L’UE a créé une mission qui a pour mandat de lutter contre la migration illégale. Là aussi, je crois que la Libye représente encore un problème parce qu’on n’a pas la possibilité d’entrer. Car, ce sont des opérations qui ne peuvent pas dépasser les frontières.

Yvonne Eloundou: Madame l’ambassadeur de France au Cameroun, l’office français de l’immigration offre un retour digne, dit-on, à ceux qui veulent rentrer et auxquels peuvent s’ajouter une aide financière. J’aimerai savoir au Cameroun, combien de personnes avez-vous fait rentrer dignement?
Christine Robichon: Je n’ai pas de chiffres en tête, quant aux personnes qui, Camerounais en situation irrégulière en France revenus au Cameroun. Le chiffre que j’ai en tête c’est celui des personnes appartenant à cette catégorie des ressortissants camerounais en situations irrégulière en France qui sont rentrés dans leur pays et qui ont sollicité et obtenu une aide pour se réinsérer dans la société et dans l’économie camerounaise en créant une micro entreprise. Là, j’ai un ordre de grandeur en tête, c’est quelques dizaines chaque année. Ce n’est pas énorme mais, c’est très réconfortant de voir la capacité qu’ont ces personnes à monter un projet, à le mener à bien grâce à une subvention qui est apportée par la France à travers un mécanisme spécialement conçu où on voit des petites entreprises agricoles, des petites entreprises liées aux nouvelles technologies. Et c’est une démonstration de l’utilité pour les pays qui vont profiter de l’économie de ces personnes. Les personnes qui tentent l’immigration illégale parce qu’elles y sont poussées par des passeurs et des mafias qui cherchent à leur prendre de l’argent en exposant leurs vies, sont souvent des jeunes qui ont souvent de l’énergie, de la vitalité, débrouillards et qui, en quittant leur pays, font perdre des capacités à leurs pays. Et ce petit programme leur permet de se prendre en main parce qu’une fois rentrés, ces jeunes peuvent se réinsérer, gagner leur vie et contribuer au développement
économique du pays.

Yvonne Eloundou:] Je ne saurais clore ce débat sans évoquer nombres de visas délivrés mais, également l’accueil. Est-ce que vous êtes conscients que dans vos ambassades, l’accueil n’est pas bon.
Christine Robichon: On nous dit le blanc et le noir. Cela dépend de l’interlocuteur. Certaines personnes se plaignent, d’autres s’en félicitent. Je vous rapporte les témoignages que je reçois. Nous faisons des efforts. Nous avons des projets d’aménagement de nos locaux. Je parle des sections de visas à Yaoundé et à Douala. Elles ne sont pas ce que nous pouvons avoir de mieux et nous faisons aussi beaucoup d’efforts, nous apportons beaucoup de vigilance aux comportements de nos employés. Quand ce sont des cas compliqués pour éviter qu’il y ait des situations, le chef de la section des visas reçoit personnellement. Les efforts sont là. La situation s’améliorera lorsqu’on aura fait des travaux.

Samuela Isopi: C’est vraiment intéressant de savoir ce que les gens disent. Du côté italien, depuis mon arrivée, on a même changé le siège de l’ambassade pour avoir des locaux plus appropriés et pour avoir une section visas.

Yvonne Eloundou: Il s’agit de la courtoisie. Lorsque quelqu’un vient à l’ambassade pour demander un visa, la manière de le recevoir, c’est la suspicion. On vous traite comme des immigrés clandestins.
Samuela Isopi: Je peux vous dire non. Nous avons une agence, nous avons aussi forcé des agences à Douala et à Yaoundé, à déménager pour avoir des structures que nous avons en commun avec les Espagnols où il y a des Africains qui travaillent. Mais, on n’a jamais reçu de plainte. On ne doit pas confondre courtoisie et la décision finale sur le visa. C’est important le rôle des médias qu’il n’y a pas de barrière, il faut avoir des bons dossiers et des dossiers solides. Il y a des règles madame. Nous avons effectivement une agence qui reçoit le public. Mais, il y a des horaires qui sont publiées sur les sites ou sur internet. Mais, moi je reçois beaucoup de communication.

Christine Robichon: Nous apportons des formations à des personnes que nous employons pour faire ce travail. Nous insistons auprès des chefs de section de visas pour qu’ils soient vigilants, ils le sont. Et ce qu’ils disent, c’est que beaucoup de personnes confondent la courtoisie et le résultat final. Surtout, beaucoup de personnes vivent mal et psychologiquement, on peut le comprendre. Qu’on soit dans l’obligation qui impose le droit de leur demander de justifier certaines choses, qu’on vérifie leur salaire. Ce n’est pas agréable mais, c’est comme cela. Les personnes qui demandent un visa doivent produire un certain nombre de choses. Ce qui est exigé par les textes pour obtenir ce visa. Je comprends que c’est un phénomène qui est plus ou moins mal vécu. J’ajouterai aussi que, l’une des grosses difficultés que nous avons, c’est qu’il y a des personnes qui viennent demander le visa en présentant de faux documents. Et souvent, elles ne sont pas très à l’aise parce que psychologiquement, elles ont peur de se faire prendre. Vous voyez! Ce sont des observations factuelles. Nous accordons des visas à 70% à ceux qui nous les demandent, compte tenu des documents qu’on nous présente et des lois à observer. Là, la moitié des personnes qui nous présentent des faux documents auraient pu nous présenter les vrais documents. Mais, ces personnes se laissent abuser par des intermédiaires qui leur vendent des faux documents. Ce qui fait que, nous leur refusions les visas alors qu’elles auraient pu en bénéficier si elles avaient expliqué leur situation en disant la vérité.

Christian Meerschman: Nous délivrons 5 000 visas par an et nous donnons la priorité aux étudiants et qui réussissent d’ailleurs très bien. Ce qui nous fait plaisir. Et là aussi, ceux à qui on refuse, c’est pour des faux diplômes et il y a une personne spécialement de L’UE qui vérifie systématiquement tous les diplômes et les actes d’états civils. Du point de vue de la courtoisie, je crois que nous n’avons pas de problème. Nous avons un agent belge qui est dans la salle de visa, derrière les guichets. Donc en principe, nous sommes au courant du moindre incident.

Les interviewers au premier plan
Intégration)/n

Des enseignants-chercheurs de l’Uds ont participé à un projet financé par l’UE

Le Programme d’Appui au secteur de la justice (PAJ), exécuté du 07 avril 2010 au 06 avril 2014, a bénéficié de l’apport des plénipotentiaires de la Faculté des Sciences juridiques et politiques

Quelques enseignants de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université de Dschang ont apporté leurs savoirs et savoir-faire au Programme d’Appui au secteur de la Justice, financé par l’Union européenne et exécuté du 07 avril 2010 au 06 avril 2014. L’on citera par exemple les Professeurs Yvette Rachel Kalieu Elongo, Célestin Keutcha Tchapnga, François Anoukaha, Doyen de 1999 à 2011. L’on peut également mentionner les Drs Edouard Gnimpieba, Forbin Éric Ngwa et Landry Nguena Djoufack.

Le PAJ, doté d’une enveloppe globale de 11 milliards F CFA, a été pensé pour accompagner le gouvernement camerounais dans la lutte contre les lenteurs judiciaires, notamment dans le secteur de la justice commerciale et administrative. Son objectif global était d’améliorer le climat des affaires et de consolider l’Etat de droit au Cameroun. De façon spécifique, il s’est agi de «renforcer les capacités du personnel judiciaire, de faciliter l’accès à la justice, d’améliorer le fonctionnement des juridictions commerciales et administratives.»

Opérationnalisation
Dans la mise en uvre du programme, les enseignants-chercheurs de la FSJP de l’Université de Dschang ont surtout contribué dans le volet de la recherche et de la formation. En ce qui concerne la recherche, trois revues ont été mises en place dans le cadre du PAJ: Revue de Droit administratif, Revue de Droit des affaires OHADA, Revue de Droit et jurisprudence CEMAC. Les deux dernières citées étaient respectivement coordonnées par les Professeurs François Anoukaha et Yvette Rachel Kalieu Elongo. Les autres ont publié des articles dans différents numéros des trois publications scientifiques.

Sur le plan pédagogique, les enseignants de l’Uds, spécialistes de droit public, ont fait partie des formateurs des magistrats camerounais en contentieux administratif. Ce sont : Prof. Célestin Keutcha Tchapnga, Dr Edouard Gnimpieba, Dr Forbin Éric Ngwa. Quant au Prof. Yvette Rachel Kalieu Elongo, elle avait la charge de la conception, de l’animation et la supervision des séminaires de formation des professionnels du droit dans le secteur du droit des affaires. Les différentes sessions qu’elle a animées ont respectivement porté sur: «Les sûretés, base du crédit dans l’espace OHADA» (Novembre 2011), «La résolution des litiges entre associés en droit» (Mai 2012), «Le contentieux de la dissolution et de la liquidation des sociétés commerciales en droit OHADA» (Novembre 2013).

Au total, les enseignants-chercheurs de l’Uds ont mis à profit ce programme pour traduire leurs connaissances épistémologiques et théoriques en savoir-faire transmis aux professionnels du secteur de la justice au Cameroun. Ce faisant, ils ont contribué à faire de l’Union européenne un partenaire privilégié du Cameroun en matière d’amélioration de la gouvernance. D’où l’espoir du Recteur, Prof. Roger Tsafack Nanfosso, de voir l’UE appuyer davantage l’Uds.

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Françoise Collet reçoit un cadeau de l’université de Dschang, un tableau confectionné à l’Institut des Beaux arts de ladite université
Ulrich Tadajeu)/n

L’UE échange avec les étudiants de l’université de Dschang

Le chef de la délégation de cette institution au Cameroun, Françoise Collet, est venue parler de son action en Afrique et dans le monde, en matière de politique, sécurité, développement et commerce

Le chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, Françoise Collet, a échangé le 15 avril 2016, avec les étudiants de l’Université de Dschang. Cette conférence publique s’est tenue dans la salle des conférences et des spectacles de l’institution universitaire, de 14 h 30 à 17 heures. Sous la modération du Recteur, Prof. Roger Tsafack Nanfosso, la diplomate a tout d’abord délivré un propos liminaire en Français et en Anglais sous le thème: «L’action extérieure de l’Union européenne: les questions de sécurité, migration, et partenariat commercial.» Avant d’entrer dans le c ur de son sujet, l’ambassadrice a exprimé la joie qui est la sienne «de me retrouver à nouveau à Dschang, cette ville chargée d’histoire et dont la réputation sur le double plan touristique et agricole traverse les frontières.» Elle a tenu à féliciter l’institution pour son classement dans «le top 100 en Afrique selon un classement récent de Webometrics fondé sur la présence et les activités des universités sur Internet.»

Il ressort du propos liminaire de S.E. Françoise Collet que la diplomatie de l’UE à l’extérieur est coordonnée par le Service européen de l’Action extérieure (SEAE), organe créé par le Traité de Lisbonne de 2009. Deuxième puissance diplomatique dans le monde avec plus 140 représentations diplomatiques, l’UE se positionne comme le premier partenaire économique et commercial du Cameroun. S’agissant de la question de la sécurité, la diplomate a affirmé que l’organisation qu’elle représente souhaite une «forte coopération et une compréhension partagée des questions entre ses délégations, les pays d’accueil et d’autres organisations.» Après les attentats de Bruxelles, siège de l’UE, il est établi, a-t-elle indiqué, que personne n’est plus hors de portée du terrorisme. Pour le combattre, il faudra aller, d’après elle, au-delà de la «réponse traditionnelle sécuritaire». D’autres réponses se trouvent dans le développement local et la régulation des migrations. Pour le premier volet, l’UE appuie les projets de développement dans les zones rurales à travers le monde, afin de limiter l’exode rural. Sur la question migratoire, l’UE veut aider les pays pourvoyeurs de migrants à être stables. Car, en fin de compte, l’insécurité dans certaines régions du monde est à l’origine des flux migratoires vers l’Europe.

Questions-réponses
Trois jets de questions-réponses ont meublé la phase des échanges. Des interrogations sur les Accords de partenariat économique, promus par l’UE et déjà ratifiés par le Cameroun, ont été adressées à la diplomate. Les étudiants ont surtout voulu savoir si le Cameroun ne fragilise par son économie avec lesdits accords. La diplomate n’est pas de cet avis. Ces accords, qui prônent un démantèlement des barrières douanières dans les deux sens, «va permettre au Cameroun d’importer facilement les biens qu’il ne produit pas. Par exemple, les entreprises industrielles vont énormément en profiter. Puisqu’elles ne vont payer aucune taxe lorsqu’elles vont importer des machines pour leurs usines. En outre, ils vont booster le commerce intra-régional en zone CEMAC estimé aujourd’hui à 03%», a expliqué l’oratrice. De même, toutes les entreprises camerounaises pourront exporter librement et sans taxe sur toute l’étendue de l’UE, a-t-elle indiqué. Et pour leur permettre d’avoir la capacité de produire aux normes, «l’UE finance le bureau de mise à niveau des entreprises». Pour prouver la bonne foi de l’institution qu’elle représente, F. Collet a affirmé que «nous avons intérêt à ce que vous vous développiez. Car, nous avons besoin de votre croissance. Celle-ci produira la stabilité et un marché pour nous.»

La question de la sortie du Cameroun du «Franc CFA», monnaie perçue comme un instrument de survie du colonialisme, a été également adressée au chef de la délégation de l’UE au Cameroun. Pour elle, l’institution dont elle est l’ambassadrice, n’a de façon directe, aucun lien avec cette monnaie. En outre, l’UE n’a aucune position officielle sur la question. Françoise Collet a tout de même émis son point de vue personnel. Pour elle, cette monnaie dont la parité est adossée sur l’euro, présente un avantage: elle est stable. Elle reconnaît tout de même un inconvénient: sa non compétitivité au plan international.

Conférence du chef de la délégation de l’UE dans la salle des conférences de l’Université de Dschang et sous la modération du recteur
Ulrich Tadajeu)/n

Coopération universitaire
Sur la question des échanges universitaires, étudiants et enseignants-chercheurs ont posé le problème de l’accès aux bourses de l’UE. L’ambassadrice a expliqué que ni sa représentation, ni l’institution au niveau central, n’offre directement des bourses aux étudiants. Elle a tout de même indiqué qu’il existe des bourses Erasmus Mundus, qu’abritent de façon concertée, plusieurs universités européennes. Elle a promis de jouer un rôle de facilitation, en acceptant de recevoir des mails d’étudiants à la recherche de bourse, pour les coter à des organismes spécialisés en Europe. Elle a ajouté que les étudiants camerounais ont une très bonne réputation en Europe. Ils représentent la première communauté estudiantine africaine en Allemagne et en Italie, la deuxième en Belgique.

Enfin, Françoise Collet a surtout rappelé les deux grands axes de l’action de l’UE dans le monde : la gouvernance et l’appui au développement local. Pour ce qui est du premier volet, elle se déploie au Cameroun dans les secteurs de la démocratie, de la promotion du genre, des forêts et de la justice. Pour le second volet, l’UE appuie les initiatives de grande envergure devant déboucher sur l’amélioration des conditions de vie des populations qui vivent surtout en zone rurale ou périurbains. C’est dans ce sens que l’institution finance, depuis la fin de l’année 2014, le projet de Maitrise de la gestion et du traitement des déchets à la commune de Dschang. Etalé sur 04 années, ce projet, multi-bailleurs, est doté d’une enveloppe globale de 700 000 euros, soit 459 169 900 F CFA. L’UE fournit 51% de cette somme, soit plus de la moitié. A l’issue des échanges, l’ambassadrice a exprimé sa satisfaction à propos de la qualité des questions posées par les étudiants.

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Des étudiants très intéressés par les problématiques sur lesquelles travaille l’Union européenne
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L’Afrique centrale pourrait signer l’APE avec l’UE en juin 2016

Les pays de la Cemac, qui participaient mercredi à Douala à la 38e session du Comité de pilotage, ont renvoyé pour juin prochain leur décision définitive au sujet de la signature des APE

Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui participaient du 23 au 29 mars dernier à Douala à la 38e session du Comité de pilotage, ont renvoyé pour juin prochain leur décision définitive au sujet de la signature des Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne.

Après Douala, la série de travaux d’experts va se poursuivre en avril prochain à Brazzaville, au Congo, puis en mai 2016 à Sao Tomé avant le conclave des ministres pour fixer les termes de l’accord.

D’après Pascal Youbi-Lagha, commissaire du département du Marché commun à la Commission de la CEMAC, président du Comité régional de coordination des négociations APE, tout laisse croire que le Cameroun devra jouer un rôle important dans les trois assises décisives avant la réunion des ministres de l’Afrique centrale en juin prochain.

Cette réunion devra en principe voir les termes de l’APE régional complet fixés.

Et pour cause, «dans notre région (les six pays-membres de la CEMAC plus Sao Tomé et Principe et la République démocratique du Congo), seul le Cameroun dispose d’un accord d’étape», a-t-il souligné.

Les experts de la région ont notamment travaillé sur les instruments d’échange, sur la base des orientations du comité ministériel des négociations APE, au terme des assises de février dernier à Libreville au Gabon, dont les orientations étaient liées au commerce des marchandises, au projet du texte de l’accord.

Ainsi, il est question pour l’Afrique centrale, avec la série de réunions des experts et la rencontre des ministres, de parvenir à un document final à présenter à la partie en face.

Cela doit être fait avant l’entrée en vigueur, le 04 août 2016, de l’accord d’étape signé entre le Cameroun et l’Union européenne qui semble vouloir considérer l’accord d’étape de l’Etat camerounais comme document de référence pour des échanges avec la région.


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L’Union européenne s’apprête à adopter des sanctions contre le Burundi

Ces sanctions, que le Conseil doit formellement adopter jeudi, consistent en une interdiction de visa et le gel des avoirs dans l’UE, des personnalités responsables de la récente répression

Après les Etats-Unis, l’Union européenne devrait adopter jeudi, 1er octobre, des sanctions contre quatre proches du président burundais Pierre Nkurunziza. Ces sanctions ont obtenu l’accord de principe des 28 Etats membres de l’UE la semaine dernière, mais elles devraient formellement être adoptées jeudi par le Conseil de l’Union européenne. Elles consistent en une interdiction de visa et le gel de leurs avoirs dans l’UE, des personnalités responsables de la répression de ces derniers mois.

Les discussions ont été longues pour établir la liste des quatre. Selon des sources diplomatiques, il s’agit de fonctionnaires ayant un poste à responsabilité dans les services de sécurité, des personnalités considérées comme directement impliquées dans les violences de ces derniers mois.

«Il ne s’agit ni de personnalités politiques, ni d’exécutants, mais bien de donneurs d’ordres», précise une source diplomatique européenne. «On est dans le registre du symbolique», commente toutefois un autre diplomate européen, reconnaissant qu’il était peu probable que les personnes visées aient des comptes en banque à l’étranger ou l’intention de voyager.

Article 96 de l’accord de Cotonou
La décision de principe de prendre des sanctions cette semaine a surpris plus d’un diplomate à Bujumbura. Certains estiment qu’il aurait peut-être été plus judicieux de commencer par l’autre procédure lancée par l’Union européenne, à savoir l’ouverture de discussions autour de l’article 96 de l’accord de Cotonou. Cet accord fixe la coopération entre l’Union européenne et les pays tiers. Ces discussions pourraient aboutir à la rupture de toute coopération si des progrès notables n’étaient pas enregistrés en termes de respect des droits de l’homme, des libertés publiques et d’ouverture démocratique.

Pourquoi prendre des sanctions avant de proposer des négociations? Les deux procédures auraient pu coïncider, mais le commissaire européen chargé de la coopération internationale, Neven Mimica, avait renvoyé la décision sur l’article 96 à la mi-octobre toujours selon des sources diplomatiques, le temps d’obtenir un complément d’information. Neven Mimica souhaitait également en discuter avec les chefs d’Etat de la région. Il était au Rwanda, en Ouganda et au Kenya mi-septembre.

Le président Nkurunziza avec ses deux vice-présidents, le 20 août 2015.
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Kolatier: la 8ème édition annoncée au Cameroun

Pour sa saison 2015, le marché des musiques d’Afrique bénéficiera d’un financement ACP-Union européenne. Une célébration qui s’inscrit du 07 au 10 octobre prochain sous le signe de la compétitivité

Du 07 au 10 octobre 2015, c’est à Yaoundé que se tiendra la 8ème édition du marché des musiques d’Afrique dénommé «Kolatier».

Cette année, l’évènement enregistre une innovation. Il s’agit notamment de la signature d’une convention de partenariat avec le Conseil international de la musique, dans le cadre du programme de développement de la musique africaine, financé en grande partie par des fonds ACP-Union européenne.

Un partenariat qui permettra au Kolatier de mettre l’accent sur le marketing de la musique et sa rentabilité. De quoi permettre aux administrateurs, managers et autres chargés de gérer les groupes musicaux, de savoir promouvoir les artistes, les orienter sur internet et d’en générer des gains.

Pendant les quatre jours de festivités, des rencontres professionnelles seront privilégiées afin de permettre aux acteurs, artistes et Etats africains de savoir comment bénéficier directement des retombées de la musique du continent noir. Des rencontres «B-to-B» sont également annoncées entre artistes et professionnels de la musique.

Des spectacles artistiques seront aussi au programme, occasion pour des jeunes talents de se révéler aux potentiels producteurs.

A ce rendez-vous musical, une vingtaine d’artistes camerounais et africains sont attendus.

La musique se fait valoir.
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Cameroun: l’UE note «quelques progrès» dans les relations entre la société civile et le gouvernement

La Délégation de l’Union européenne au Cameroun s’est félicitée en fin de semaine des résultats obtenus à l’issue d’un programme d’appui à la société civile, mis en uvre sur quatre ans

La délégation de l’Union européenne au Cameroun s’est félicitée jeudi, à Yaoundé, des résultats obtenus dans le cadre de la mise en uvre du Programme d’appui à la société civile (PASC). Rentré dans sa phase opérationnelle en janvier 2012, avec une enveloppe de sept millions d’euros (4,5 milliards de F CFA), le PASC a été clôturé les 26 et 27 août 2015 au cours d’un atelier organisé à la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA).

Outre les statistiques officielles sur le nombre de subventions octroyées aux Organisations de la société civile (OSC), les principaux intervenants dans le cadre de ce Programme ont surtout souligné l’impact du Programme dans le dialogue société civile – gouvernement.

«Nous avons fait quelques progrès dans la mise en place d’une véritable société civile partenaire de l’Etat», a déclaré Bertin Lukanda, le régisseur du PASC.

Reprenant le discours du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), ordonnateur du PASC, le point-focal du Programme au niveau de ce département ministériel, Yves Tantchou, a exhorté les OSC à être des «caisses de résonnance» pour le gouvernement.

Propos qui ont immédiatement suscité des réactions dans la salle où se tenait l’atelier. «Nous ne sommes pas une caisse de résonnance», a vivement réagi la promotrice d’une organisation.

M. Tantchou Yves a dû demander à nouveau la parole pour préciser son propos. En parlant de «caisse de résonnance», le point focal du PASC au Minepat a expliqué que c’était une invite aux OSC à «faire écho» des préoccupations des populations à la base ; et de faire également écho sur la gouvernance des ressources mobilisées par le gouvernement pour les populations. «La société civile et le gouvernement doivent être des partenaires pour l’amélioration des conditions de vie des populations», a-t-il affirmé. «Que la caisse de résonnance ne soit pas interprétée de manière péjorative».


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Le PASC faisait suite au PASOC dont l’objectif était la structuration de la société civile camerounaise. Financé par l’Union Européenne, le PASC visait, entre autres, à valoriser la «participation citoyenne» à travers les OSC et appuyer les «initiatives de gouvernance».

Les bénéficiaires ont souhaité que «la fin du PASC permette seulement de le remplacer par un mécanisme plus efficient».

Ils ont notamment proposé la «mobilisation des pouvoirs publics en vue d’une amélioration du cadre juridique des OSC»; la mise sur pied d’une «large concertation entre l’UE, le gouvernement, les OSC et les Collectivités territoriales décentralisées pour la préparation de la feuille de route du 11e Fonds européen de développement (FED)».


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La Délégation de l’Union européenne a assuré que l’évaluation du PASC sera utilisée pour la formulation d’un prochain programme en faveur de la société civile camerounaise. Journalducameroun.com a appris qu’il sera dénommé ProCivis et aura deux composantes : l’état civil et l’appui à la société civile. Il s’agira notamment d’améliorer le cadre légal des OSC au Cameroun, et favoriser le renforcement des capacités de ces dernières.

Bertin Lukanda, le régisseur du PASC – qui achève son contrat au Cameroun en janvier 2016 – a demandé à certaines OSC bénéficiaires de subventions d’apporter les documents requis afin de décaisser «le milliard» encore en souffrance dans les caisses de l’UE; avant le lancement du prochain programme.

Photo de famille prise à la fin de l’atelier de clôture du PASC, le 27 août 2015 à la CCIMA, à Yaoundé
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Cameroun: l’Union européenne clôture son programme d’appui à la société civile

Lancé en 2012, le PASC sera officiellement clôturé lors d’un atelier organisé à Yaoundé, du 26 au 27 août 2015. En quatre ans, près de 177 subventions ont été attribuées à des OSC camerounaises

L’Union Européenne et le gouvernement camerounais organisent, du mercredi 26 au jeudi 27 août 2015, à Yaoundé, l’atelier de clôture du Programme d’appui à la société civile (PASC). Ledit atelier se tiendra à la chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA). Il permettra aux différents parties prenantes d’établir le bilan, les perspectives et les engagements de ce Programme, mis en uvre depuis quatre ans au Cameroun, avec les financements de l’Union européenne.

Lancé en 2012, le PASC a assuré, selon les statistiques officielles produites par la Délégation de l’UE au Cameroun: la formation de 3000 membres d’Organisations de la société civile (OSC) ; l’octroi de 177 subventions à des OSC entre 2013 et 2015 pour un montant de près de 02 milliards de F CFA. Le Programme a par ailleurs permis, d’après les mêmes statistiques, la réalisation de trois études sur l’environnement de la société civile au Cameroun, dont une sur le cadre juridique.

L’atelier de présentation des résultats du PASC verra la présence de l’ambassadeur – chef de la Délégation de l’Union européenne au Cameroun, Françoise Collet.

Dans la perspective de cette clôture, Bertin Lukanda, le Régisseur du PASC, estime que la société civile camerounaise doit continuer à se construire. «Sur la voie de cette construction, les OSC gagneraient à intégrer le fait qu’elles ne sont pas les seuls occupants de l’espace public. Elles doivent de ce fait se positionner clairement face aux pouvoirs publics et aux partenaires au développement», conseille-t-il.

La restitution d’une étude de la société civile financée par le PASC. Photo pour illustration
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Afrique: un continent à la mer?

Par Roland Hureaux, Haut fonctionnaire et essayiste français

57 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, sans compter tous ceux qui sont arrivés par la Grèce et les Balkans. Les Etats européens – et pas n’importe lesquels : la France, l’Allemagne, l’Italie – se chamaillent sur la question de leur destination.

Après le naufrage qui avait entraîné la mort de près de 366 migrants clandestins au large de l’île italienne de Lampedusa le 3 octobre 2013, les Etats membres de l’UE avaient prévu, lors du Conseil européen des 24 et 25 octobre, d’adopter des mesures communes comportant le renforcement des moyens de Frontex et du bureau européen d’appui en matière d’asile.

Après le naufrage de plus de 400 autres migrants au large de la Sicile le 12 avril 2015, les chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union européenne se sont réunis en urgence pour un sommet exceptionnel le 23 avril. Ils ont décidé de tripler les moyens de l’opération de surveillance Triton, menée par Frontex, de saisir et détruire les embarcations transportant des migrants, d’intervenir militairement en Libye contre les réseaux de passeurs et de répartir 5 000 réfugiés syriens sur le territoire européen.

Depuis lors, la commission européenne a précisé la mise en uvre de certaines de ces mesures. Mais 300 personnes ont encore sombré le 18 mai.

On peut d’ores et déjà s’attendre à ce que d’ici quelque temps, à la suite d’une nouvelle noyade, le conseil européen se réunisse à nouveau pour prendre de nouvelles mesures. Etcetera.

Il y a en effet peu de chances qu’une solution de fond soit trouvée dans un délai proche à l’immense question de la poussée migratoire à partir de la Lybie, au moins aussi longtemps qu’elle sera traitée par l’Europe institutionnelle.

L’affaire est embrouillée à plusieurs nivaux.

D’abord dans la compréhension du problème. L’égoïsme des uns se conjugue avec les bons sentiments des autres pour que nous ne cherchions pas à comprendre ce qui se passe au sud de la Méditerranée. Les uns détournent le regard, les autres ne voient que l’aspect moral, pas de faits.

D’où viennent ces migrants ? On entend un peu tout sur ce sujet. Il semble qu’une majorité vienne de l’Erythrée et du Sud-Soudan. Si c’était vrai, ils seraient à moitié chrétiens. L’Erythrée est composée d’une moitié de chrétiens et connaît, hors de toute considération religieuse, une dictature effroyable qui a mis toute la nation sur le pied de guerre pour défendre le pays contre l’Ethiopie ennemie, dix fois plus peuplée. Les Erythréens, chrétiens ou musulmans, sont un peuple intelligent et instruit qui ne poserait pas de gros problème d’intégration.

Le Sud-Soudan est la partie chrétienne (en tous les cas non-musulmane) du Soudan, devenue indépendante en 2009 après cinquante ans de guerre. Libérés du joug islamique, les Sud-Soudanais sont entrés en guerre civile sur une base non plus religieuse mais ethnique.

Si ces gens-là étaient bien la majorité de migrants, il n’y aurait pas lieu de craindre une invasion musulmane (quoique des migrants musulmans aient récemment jeté à l’eau les chrétiens embarqués avec eux). Le mouvement migratoire ne serait pas non plus le trop plein indifférencié d’un continent en pleine croissance démographique mais la conséquence de la guerre qui sévit dans plusieurs pays, ce qui n’est pas la même chose.

Mais il se dit aussi que beaucoup d’immigrants viennent du reste du Sahel, jusqu’au Sénégal, voire de l’Afrique profonde. Combien? On ne sait pas.

Et puis, il y a aussi en attente dans les îles italiennes et en Grèce beaucoup de réfugiés de Syrie, un pays que la diplomatie de certains Etats européens (dont la France et la Grande-Bretagne) n’a pas peu contribué à déstabiliser. Si les efforts de M. Fabius pour renverser le régime d’Assad sont couronnés de succès, ce ne sont pas 20 ou 30 000 Syriens qu’il faudra accueillir mais 2 ou 3 millions.

Ce n’est pas seulement la compréhension du problème qui est embrouillée, c’est aussi la recherche de solutions.

La plus simple serait que l’Europe prenne le contrôle des principaux ports de départ sur la côte nord de la Libye. Cela aurait pu se faire dans la foulée de l’intervention qui a renversé Kadhafi en 2011, et qui a plongé ce pays dans le plus grand chaos, mais on ne l’a pas fait.

Parmi les mesures qui ont été évoquées par le Conseil européen le 23 avril, la principale est une nouvelle intervention militaire en Libye. Une telle action supposerait l’aval du Conseil de sécurité. Mais la Russie et la Chine ont eu l’impression d’avoir été trompées par les Occidentaux lorsqu’ elles ont donné cet aval à l’intervention de 2011. Il n’était prévu au départ que de sauver des populations ; or l’intervention a largement dépassé les termes du mandat, aboutissant au renversement et à l’assassinat de Kadhafi. Russie et Chine ont depuis le sentiment d’avoir été bernées et ne sont absolument pas prêtes à lever leur veto au Conseil de sécurité à toute entreprise du même genre. Il faudrait peut-être négocier avec la Russie, notamment en relâchant la pression sur l’Ukraine. Mais l’Europe ne semble pas disposée à faire sur ce front la moindre concession susceptible de rendre les Russes plus coopératifs.

On pourrait aussi encourager un pays voisin redevenu stable comme l’Egypte à intervenir, si elle le veut bien. Ce service vaut bien quelque Rafales à prix bradé. D’autant que l’Egypte a, depuis le temps des pharaons, des revendications sur le désert libyen.

Une autre solution serait que les forces spéciales de tel ou tel pays mettent hors d’état de nuire les passeurs. Si on procède de cette manière, on ne le dira pas. Mais c’est peu probable. En tout état de cause, il ne saurait s’agir d’une décision européenne, seulement d’un Etat.

Les sommets européens successifs auraient pu être l’occasion de poser le principe selon lequel, en cas de guerre ou d’oppression, ce sont les pays voisins qui ont les premiers vocation à recevoir les réfugiés, non l’Europe, mais que celle-ci serait prête à soutenir généreusement ces politiques d’accueil. On ne l’a pas fait. Cela serait contraire, dit-on, au principe de l’universalité du droit d’asile. Fort bien, en attendant, les réfugiés se noient.

Embrumée de bureaucratie et de grands principes, la Commission de Bruxelles n’est pas près de trouver une solution. Pas davantage que , quand elle a pris en main l’immigration à l’échelle européenne, elle n’a fait la preuve de la moindre efficacité.

Confronté à sa propre impuissance, M. Juncker s’est donc contenté de proposer de répartir les réfugiés entre les pays d’Europe en suivant des quotas : la Commission de Bruxelles a demandé mercredi 27 mai aux Etats de l’Union européenne de prendre en charge 40 000 candidats à l’asile syriens et érythréens arrivés en Grèce et en Italie, dont 20 000 immédiatement. Le quota français est de 6752.

Au temps de l’ Union soviétique, on savait que toute décision partant d’un a priori idéologique serait stérile. Rien ne sortait jamais des décisions du parti. Ce qui marchait, industrie de défense, lopins agricoles individuels, marchés kolkhoziens se faisait en marge ou en dehors de l’idéologie, voire contre elle.

A Bruxelles, c’est la même chose : le mieux qu’on puisse attendre d’une politique commune est qu’elle ne fasse pas trop de dégâts. Mais généralement, elle en fait. Ce qui marche – Airbus, Ariane – se fait en dehors des politiques européennes officielles et généralement sur la base de coopérations intergouvernementales à géométrie variable.

Il est probable que la question des migrations méditerranéennes ne sera résolue que quand les deux ou trois pays les plus concernés, parmi lesquels l’Italie, principal lieu de passage, et la France, destination la plus attractive se concerteront pour traiter la question et cela en liaison avec les Etats africains les plus impliqués. Il est clair qu’on n’en est pas encore là.


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Coup de pouce de l’Union européenne pour l’industrialisation de la Cemac

La Cemac, créditée d’un faible taux de 8% d’apport du secteur industriel à son PIB, va bénéficier de deux programmes de l’UE de plus de 12 milliards F CFA

Connue pour être la moins économiquement intégrée parmi les 5 régions du continent, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est créditée d’un faible taux de 8% d’apport du secteur industriel à son PIB, signe d’un bas niveau de compétitivité des économies de ses 6 pays membres que deux programmes d’appui européens se chargent de doper.

« Depuis près d’une décennie, la contribution du secteur industriel au PIB des pays d’Afrique centrale est restée faible, stagnant autour de 8% l’an et se situant ainsi à un niveau largement inférieur à la moyenne mondiale qui est de 18% », a regretté mercredi dernier, 10 juin, à Yaoundé le ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Emmanuel Bondé.

C’est une préoccupation exprimée lors d’une cérémonie de lancement de deux programmes de mise à niveau des entreprises et de promotion des infrastructures de qualité, au cours de laquelle le ministre Bondé a pointé un faible niveau de création de la valeur ajoutée dû à « une offre très réduite des produits manufacturés », pour justifier l’état de fragilité critique des économies de la CEMAC.

Instituée en 1994, après 30 ans d’ombres et lumières de l’Uniondouanière et économique de l’Afrique centrale (UDEAC), cette organisation régionale se compose du Cameroun, du Congo, du Gabon,de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine ( RCA) et du Tchad, pour une population totale estimée entre 35 et 40 millions d’habitants.

Parmi ces pays, seul le Cameroun, avec ses 40% de valeur économique régionale, est doté d’un tissu industriel relativement important. C’est aussi le seul à avoir conclu en 2009 avec l’Union européenne(UE) un accord commercial de libre-échange ou accord de partenariat économique (APE) à caractère intérimaire et censé s’étendre à l’ensemble de la région après aboutissement des négociations en cours.

Décrié par des experts et redouté par les populations comme une menace pour l’accentuation de la fragilité des économies de la région,cet accord, en application par le Cameroun depuis août 2014, a vocation à consacrer, par mesure de réciprocité, l’ouverture en franchise de douane de ces marchés aux produits européens par un démantèlement tarifaire progressif, notamment négocié.

C’est le principal enjeu du Programme d’appui au commerce et à l’intégration économique (PACIE) élaboré par l’UE au profit de ses partenaires de la CEMAC, pour un financement de 68 millions d’ euros(plus de 40 milliards de francs CFA), en marge du 10e Fonds européen de développement (FED) en cours d’exécution à destination des pays ACP(Afrique, Caraïbes, Pacifique).

La mise en oeuvre de ce programme donne lieu à deux autres, dans des domaines spécifiques, lancés mercredi à Yaoundé: le Programme régional de mise à niveau de l’industrie et le Programme infrastructure qualité de l’Afrique centrale, financés respectivement à hauteur de 6,3 et 5,8 millions d’euros (4,095 et 3,97 milliards de francs CFA).

Pour les objectifs, le Programme de mise à niveau de l’industrie « vise à contribuer au renforcement des capacités productives de l’Afrique centrale et ambitionne pour la sous- région et pour ses entreprises d’améliorer la compétitivité sur les marchés aussi bien intérieurs qu’extérieurs, en termes de prix, qualité et innovation en créant des chaînes de valeur transfrontalières », selon l’ambassadeur,chef de la délégation de l’ UE au Cameroun, Françoise Collet.

Quant au Programme infrastructure qualité, il est question, a en outre expliqué la diplomate, de « renforcer la compétitivité et la diversification des secteurs productifs à travers l’opérationnalisation des infrastructures de qualité régionales et nationales et leur mise en réseau ».

En plus des six pays de la CEMAC, les deux programmes associent aussi, par extension à la Communauté économique des Etats de l’ Afrique centrale (CEEAC), la République démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé et Principe. Ils sont confiés pour leur exécution à l’ Organisation des Nations Unies pour le développement industriel( ONUDI).

Pour la circonstance, cet organisme a dépêché à Yaoundé son directeur général adjoint, Célestin Monga, qui a invité l’Afrique centrale à mettre un terme à son atonie pour se montrer conquérante face aux opportunités d’affaires offertes par le commerce mondial, où par exemple la Chine a réussi à s’imposer en quelques années grâce à une politique volontariste de réformes audacieuses.

Pour M. Monga en effet, « la Chine a fait quelque chose qu’on n’ a jamais vu dans l’histoire de l’humanité. En moins de 30 ans, elle a sorti 500 à 600 millions de personnes de la pauvreté », un résultat attribué à la création de « parcs industriels », plus connus sous l’appellation de zones économiques spéciales, incitatives pour l’attrait des investissements étrangers.

De tels progrès sont pour l’instant inimaginables en Afrique centrale, à cause d’un environnement des affaires peu propice qui fragilise les entreprises existantes, des coûts excessivement élevés des facteurs de production, l’insuffisance des services sociaux,l’accès difficile aux financements, l’étroitesse du marché intérieur,la fraude, la contrebande et la contrefaçon, admet le ministre Emmanuel Bondé.

Ces derniers temps, la région souffre d’une baisse de près de la moitié des recettes d’exportation de certaines matières premières dont le pétrole, produit par la quasi-totalité des pays membres de la CEMAC, à l’exception de la RCA. Aussi le commissaire en charge du marché commun à la Commission de la CEMAC, Pascal Youbi Laga,insiste-t-il pour que d’importantes réformes soient entreprises.

Selon celui-ci, dans un contexte par ailleurs marqué par la baisse de l’aide au développement, « ces réformes devraient se focaliser sur la mobilisation des ressources internes, à travers notamment l’élargissement de l’assiette [fiscale] et l’efficacité de la collecte, pour maintenir les volumes des ressources nécessaires au développement ».

Au nom de l’Union des patronats d’Afrique centrale (UNIPACE), Alain Blaise Batongué, secrétaire exécutif du Groupement interpatronal du Cameroun, a plaidé pour l’ouverture des frontières pour garantir la libre circulation des biens et des personnes, que le Gabon et la Guinée équatoriale rechignent à appliquer, et favoriser l’émergence d’un secteur privé compétitif.


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Près de 5 milliards de l’UE pour la sécurisation maritime dans le golfe de Guinée

Ce financement se traduit aujourd’hui par l’assistance à la mise en place à Yaoundé du Centre interrégional de coordination de la sûreté et de la sécurité dans le Golfe de Guinée (CIC)

Depuis 2013, l’Union européenne appuie, à hauteur de 4,5 millions d’euros (près de 3 milliards de francs CFA), la mise oeuvre d’un projet de formation et de renforcement des capacités pluridisciplinaire baptisé Critical Maritime Roads in the Golf of Guinea (CRIMGO) ou Routes critiques maritimes dans le Golfe de Guinée, en vue de la sécurisation de cette région.

Ce financement, prévu d’augmenter à 7,5 millions d’euros (4,875 milliards de francs CFA), se traduit aujourd’hui par l’assistance à la mise en place à Yaoundé du Centre interrégional de coordination de la sûreté et de la sécurité dans le Golfe de Guinée (CIC), selon l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, Françoise Collet.

Le renforcement des structures régionales de formation, en particulier les universités maritimes régionales (d’Accra au Ghana et d’Abidjan en Côte d’Ivoire), l’organisation de formations pratiques et la promotion de l’échange d’informations constituent d’autres domaines d’intervention.

Selon Eric Glotin, chargé de la formation maritime au sein de ce projet, deux cycles de formation de huit semaines ont déjà été organisées à Accra et à Abidjan.

« Nous formons 84 cadres de la sous-région, de la Côte d’Ivoire jusqu’au Gabon, dont 17 Camerounais.Et nous avons également des entraînements de gestion des crises maritimes pays par pays. On a fait le premier au Cameroun fin février. Nous en avons autrement au Togo, au Bénin, à Sao Tomé, au Nigeria ».

Ce sont principalement, a expliqué l’expert français, des cadres qui viennent des marines nationales, des marines marchandes, des polices maritimes, des ministères de l’environnement, des ministères des affaires étrangères et de l’administration de gestion des ports.

Ce choix de profils est justifié par le fait que « l’économie maritime est basée sur un certain nombre d’acteurs, qui travaillent dans le secteur public, la marine nationale, la marine marchande, les différentes polices maritimes, les douanes, ainsi qu’un certain nombre d’entités périphériques qui concourent à l’économie maritime ».

« Pour être efficace dans la piraterie, explique en outre l’expert,il faut que les acteurs, depuis ceux qui vont travailler sur le plan d’eau jusqu’à ceux qui vont mettre les criminels en prison, travaillent sur un tissu législatif qui soit cohérent. Il faut que les acteurs sachent intercepter, qu’ils sachent appréhender, qu’ils sachent transmettre les procédures dans les différentes étapes judiciaires et qu’à la fin le juge soit capable effectivement de mettre ces criminels en prison pour de nombreuses années ».

Parmi les phénomènes de criminalité et de grand banditisme observés dans le Golfe de Guinée, il estime que la pêche illicite « sera certainement un des grands thèmes qui sera traité dans cette région dans les prochaines années, parce que l’impact de la pêche et ses ressources halieutiques a des conséquences économiques et humaines pour les populations côtières ».

Selon les estimations mentionnées par Françoise Collet, la pêche illicite représente 37% des prises et un manque à gagner annuel de 1,3 milliard de dollars pour les pays ouest-africains.

« De grands pays et de grands bateaux sans licence de pêche arrivent au large de nos côtes, utilisant des moyens qui sont extrêmement importants, extrêmement ravageurs, parce que ramassant tout et ne permettant même pas à cette faune de pouvoir se reproduire correctement », déplore le colonel Abdourahmane Dieng, directeur exécutif du CIC.

« Nous nous organisons, se félicite-t-il toutefois. Par exemple, le Cap-Vert, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau s’organisent dans un ensemble commun et coordonné qui permet de mutualiser les moyens et de faire de la surveillance de pêche. Récemment, le Sénégal a arraisonné un bateau et l’amende a été extrêmement importante que ça a fait école ».

De l’avis de ce responsable militaire et institutionnel, face à l’étendue de l’ espace maritime et des écueils dus à la délimitation des frontières, la réponse aux problèmes de sécurité posés réside effectivement dans la mutualisation des efforts.

« Le processus de Yaoundé l’a mis en exergue. Il s’agit de préserver des ressources vitales non seulement pour nos économies, mais aussi pour le devenir de nos populations ».

Le projet CRIMGO, réuni en sa 3e session du comité consultatif les 16 et 17 avril dans la capitale camerounaise, projette d’organiser ses premiers exercices au niveau multinational d’ici la fin de l’année.

La lutte contre la piraterie maritime a enregistré des progrès notables en 2014 dans le Golfe de Guinée, où quelque 104 attaques ont été rapportées, un chiffre équivalent à une baisse de 18% de ces actes comparé aux statistiques antérieures et davantage assimilé à une criminalité qualifiée de plus alarmante concernant d’autres phénomènes tels les vols à main armée ou les drogues.


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Tragédie en Méditerranée: « c’en est trop » pour l’UE

L’Union européenne a admis lundi qu’elle devait enfin prendre à bras le corps la question des migrants en Méditerranée, qui a englouti plus de 1000 personnes entre dimanche et lundi

L’Union européenne a admis lundi qu’elle devait enfin prendre à bras le corps la question des migrants en Méditerranée, où un navire transportant plus de 300 personnes était en train de sombrer, au lendemain d’un autre naufrage qui fait craindre des centaines de morts.

« Nous n’avons plus d’alibi », a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant une réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur de l’UE. « Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c’en est trop », a-t-elle martelé.

La nouvelle du chavirement d’un chalutier dimanche au large de la Libye, avec potentiellement 950 personnes à bord selon un survivant, a choqué le monde entier.

Mais l’urgence est devenue encore plus évidente après que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé à la mi-journée avoir reçu un appel à l’aide d’une personne affirmant que son navire, avec 300 personnes à bord, était en train de couler dans les eaux internationales.

Vingt passagers sont déjà morts et deux autres bateaux à proximité sont également en difficulté, a précisé ce passager à l’OIM, qui a contacté les garde-côtés italiens. Selon l’OIM, ceux-ci « n’ont pas les moyens de les secourir maintenant » car ils manquent de ressources en raison du naufrage d’un chalutier tôt dimanche au large de la Libye, probablement lorsque ses occupants se sont précipités du même côté en apercevant un cargo portugais venu porter secours.

Seuls 24 corps et 28 survivants ont pu être repêchés alors que le chalutier de 20 mètres était capable de « transporter plusieurs centaines de personnes », selon les garde-côtes italiens. Les dépouilles des victimes ont été débarquées lundi matin sur l’île de Malte. Les rescapés sont attendus plus tard dans la journée à Catane, en Sicile.

Selon le récit d’un survivant, le bateau de pêche transportait quelque 950 personnes, dont une cinquantaine d’enfants et 200 femmes. Un autre a évoqué 700 passagers. Ces chiffres n’ont pas été confirmés de source officielle.

La chancelière allemande Angela Merkel s’est dit « bouleversée », affirmant que l’Europe devait « trouver des réponses ». Le pape François a appelé la communauté internationale à « agir avec décision et rapidité ».

« On a besoin de mesures immédiates de la part de l’UE et des Etats membres », a assuré Mme Mogherini, citant le renforcement de l’opération européenne de surveillance maritime Triton, mais aussi une meilleure répartition de l’accueil des migrants au sein de l’Union, alors que l’Italie, la Grèce, Malte et l’Espagne portent la quasi-totalité du fardeau.

Les Européens sont très réticents à renforcer le secours en mer et à accueillir plus de gens, craignant que cela ne crée un appel d’air alors que le flot de migrants n’a jamais été aussi élevé. Selon le Haut commissariat aux réfugiés, 35.000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l’Europe depuis le début de l’année, et 1.600 sont portés disparus.

« Pas de solution magique »
« La réputation de l’Union européenne est en jeu », a jugé le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni. A court terme, un renforcement de Triton se profile. « Il y a aujourd’hui 21 bateaux, quatre avions, un hélicoptère. Il faut des moyens beaucoup plus conséquents », a pour sa part souligné le ministre français, Harlem Désir.

L’UE veut renforcer la lutte contre les réseaux de trafiquants, « qui est une sorte d’esclavage du XXe siècle », selon M. Gentiloni.

Les Européens misent aussi sur la coopération avec les pays d’origine et de transit pour mieux réguler les flux. Ils pèsent de toute leur force sur les parlements libyens rivaux, qui négocient la formation d’un gouvernement d’union pour mettre fin au chaos dans le pays, où l’organisation Etat islamique (EI) s’est implantée.

La stabilité en Libye semble le seul moyen d’endiguer durablement les départs de migrants africains et de réfugiés syriens massés sur ses côtes, alors que les trafiquants profitent de la situation. L’UE promet un « soutien », mais reste vague sur les options envisagées.

Les négociations s’annoncent en revanche très difficiles sur l’accueil des migrants. Mme Mogherini a reconnu qu’il n’y avait « pas de solution facile, de solution magique », mais elle a en même temps appelé « tous les Etats membres » à la « responsabilité » pour mettre au point « une véritable politique migratoire ».

Le commissaire européen en charge de la question, Dimitris Avramopoulos, doit présenter à la mi-mai une « stratégie » européenne.

Mais le chef du gouvernement italien Matteo Renzi veut porter le sujet au plus haut niveau politique, et réclame un sommet des 28 chefs d’Etat dès cette semaine.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le 20 avril 2015, s’adresse à la presse avant la tenue en urgence d’une réunion après la mort d’au moins 700 migrants dans un naufrage
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Neuf propositions à l’Union européenne pour soutenir la démocratisation en Afrique

Par le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique

Paris, le 23 février 2015

Lettre ouverte à l’attention de:
– Mme Federica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité†, vice-présidente.
– Neven Nimica, commissaire au Développement de l’Union européenne.

Objet: 9 propositions à l’Union européenne pour soutenir la démocratisation en Afrique

Madame la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité†,
Monsieur le commissaire au Développement de l’Union européenne,

Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, à Paris, se mobilise depuis 2009 pour le soutien aux démocrates africains. L’observation des difficultés autour de la mise en place de processus électoraux le conduit à proposer des éléments d’améliorations pour une réforme des politiques françaises et européennes qui faciliterait la démocratisation en Afrique.

Lors de la journée des Droits Humains de l’Union européenne, le 10 décembre 2014, le Conseil de l’Union européenne et la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, annonçaient la mise à jour et le renouvellement en 2015 du Plan d’action associé au Cadre stratégique sur les droits de l’homme et la démocratie de l’Union européenne.

La liste des présidentielles et des législatives prévues en Afrique en 2015 et 2016 est longue : selon les fins de mandat et sans les reports, 10 présidentielles et 11 législatives en 2105, 16 présidentielles et 12 législatives en 2016, 21 en 2015 et 27 en 2016, 26 présidentielles et 23 législatives, 49 élections sur 2 ans dans 54 pays.

En raison de ces scrutins, ces deux années seront essentielles pour la démocratisation du continent. Le moment est venu pour relancer la relation Europe-Afrique autour de plus d’efficacité et de résultats dans le soutien à la démocratie par l’amélioration de la qualité des processus électoraux.

La question de la limitation du nombre de mandats présidentiels, souvent évoquée par la diplomatie américaine et abordée par le président français au Sommet de la Francophonie de Dakar le 30 novembre 2014, a été, fin 2014, reprise par l’Onu. Son secrétaire général, Ban Ki-Moon s’est clairement exprimé sur le sujet au dernier sommet de l’Ua, le 30 janvier 2015: «Je partage les craintes émises vis-à-vis des dirigeants qui refusent de quitter leurs fonctions à la fin de leur mandat. Les changements de Constitution non démocratiques et les vides juridiques ne devraient pas être utilisés pour s’accrocher au pouvoir».

L’angle d’observation de la longévité au pouvoir et de l’absence de possibilité d’alternance, associé à la prise en compte du manque de qualité des processus électoraux, permet de distinguer les chefs d’Etat les plus résistants à la démocratie, ceux qui veulent supprimer les limitations du nombre de mandats présidentiels des constitutions, au Burundi, au Congo Kinshasa, ou au Congo Brazzaville, ceux qui n’en ont jamais eu, en Gambie et en Guinée Equatoriale, comme ceux qui les ont déjà supprimées, en Ouganda, au Gabon, au Tchad, au Cameroun ou à Djibouti, tout comme au Togo où le chef de l’Etat refuse l’application de l’Accord Politique Global qui avait suivi son accession sanglante au pouvoir.

Suite à l’actualité africaine au Burkina Faso et en République Démocratique du Congo, dans l’anticipation d’autres confrontations ailleurs entre démocrates et pouvoirs inamovibles, face aux changements qui sont en train de structurer l’évolution politique future de l’Afrique, poussés par des populations, un positionnement européen est attendu, qui soit à la hauteur des moyens déjà engagés.

L’approche globale européenne est associée à une dispersion de budgets en particulier au travers du Fond Européen de développement. Cependant, la gestion des priorités entre les trois grands domaines «Paix et sécurité», «Développement» et «Démocratie et Etat de droit» est régulièrement déséquilibrée dans le sens d’une gestion des crises et de la politique de défense commune. La partie aide au «Développement» économique profite d’un certain consensus économique entre Union européenne et de nombreux pouvoirs africains. Un maillon faible de la politique européenne se trouve ainsi dans la difficulté à soutenir le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit, particulièrement dans les pays en début de démocratisation.

Pourtant, l’étude des conflits politiques et militaires montre qu’un facteur principal de l’arrivée de ces crises se trouve dans l’absence de démocratie et d’Etat de droit. De même, le sous-développement et l’absence de partage des richesses trouvent aussi une de leurs origines dans le maintien de régimes politiques illégitimes, réfractaires au progrès social et aux réformes démocratiques des institutions.

Pour la période 2014-2020, ce sont 30,5 milliards d’Euros qui seront alloués pour l’ensemble des Pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique au titre du 11ème Fonds européen de développement, dont près de 14 milliards destinés à soutenir les programmes nationaux des Etats africains. Les contribuables européens sont invités à participer au financement d’un développement basé sur des progrès réels de la démocratie et de l’Etat de droit, mais dans les dictatures les plus verrouillées, malgré plusieurs révisions des Accords de Cotonou, la politique européenne sous forme d’approche globale n’a pas prouvé son efficacité. L’argent du contribuable européen dédié à la démocratie ou à la bonne gouvernance y est dépendant du pouvoir de gouvernements et de chefs d’Etat qui ne sont pas issus de scrutins démocratiques, et est en partie gaspillé faute de solutions pratiques, tandis que les clans au pouvoir s’enrichissent au travers de la gestion des ressources naturelles. Le contribuable européen est légitimement en droit de demander une clarification et des améliorations, concernant les modalités pratiques du soutien à la démocratie dans les pays non-démocratiques, ainsi qu’une plus grande transparence et qu’une meilleure correspondance des résultats aux objectifs politiques initiaux.

Sur la base de ces constats et analyses, par ailleurs développés dans le dossier ‘Union européenne et élections en Afrique en 2015 et 2016: relancer la relation Europe – Afrique par un soutien accru à la démocratisation», soucieux d’une amélioration constante de la relation entre l’Europe et l’Afrique, attentif au renouvellement et la mise à jour prévus en 2015 du Plan d’action associé au Cadre stratégique sur les droits de l’homme et la démocratie de l’Union européenne, le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politique en Afrique, recommande de:

Redéfinir la politique européenne en accord avec les Etats membres, en rééquilibrant les trois grands pôles, politique de défense et sécurité, politique de développement économique et politique de soutien à la démocratie et à l’Etat de droit, dans le sens d’un soutien accru à la démocratie.

Soutenir les démocrates africains dans leur exigence de respect des constitutions au niveau des limitations du nombre de mandats présidentiels, et prendre position sur l’absence d’alternance et de qualité des processus électoraux dans les pays sans limitation du nombre de mandats présidentiels.

Face au nombre de scrutins en Afrique en 2015 et 2016, renforcer les moyens et les compétences de l’Union européennes dans les processus électoraux, au niveau des Missions d’observations électorales et surtout pour le soutien technique au processus électoraux en amont au niveau recensement, identification, fichier électoral.

Tenir compte des inversions de résultats des scrutins, présidentiels ou législatifs, de l’historique des élections, dans le traitement diplomatique et politique des processus électoraux et redéfinir les modalités de sanctions économiques pour rétablir une conditionnalité partielle de l’aide n’affectant pas directement les populations.

Conditionner la mise en uvre des programmes de «gouvernance démocratique» à des éléments d’un Etat de droit minimal, comportant la liberté d’expression, la liberté de réunion, le droit de manifester, le droit à une défense équitable devant la justice et l’absence d’arrestations extra-judiciaires, et la liberté de la presse.

Améliorer la mise en uvre des projets de «gouvernance démocratique» financés par les Fonds Européens de Développement en renforçant les cahiers des charges, le suivi et les évaluations, et en rendant indépendant du gouvernement du pays bénéficiaire le choix et le financement des partenaires.

Renforcer les contrôles sur l’utilisation de l’aide européenne et en particulier du Fond Européen de Développement dans les pays les moins démocratiques, en particulier en Afrique centrale, et rendre transparent l’utilisation de l’aide par une communication accessible localement.

Favoriser une harmonisation des politiques des Etats membres, diplomatiques, économiques et militaires, en particulier en observant et contrôlant les effets des coopérations militaires des Etats membres sur la démocratisation des Etats africains.

Soutenir l’évolution et les activités de l’Union africaine vers une politique de soutien à la démocratie axée sur la qualité des processus électoraux.


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