Afrique centrale : un chercheur explique la recrudescence du Ver de Guinée au Tchad

Le sociologue Jacob Mbaihondoum donne des raisons qui sous tendent cette résurgence dans sa thèse de doctorat qu’il vient de soutenir à l’université de Yaoundé 1.

Le Ver de Guinée ne quitte pas le Tchad. Malgré les stratégies déployées dans le pays, la maladie disparaît et réapparaît. Les statistiques montrent que après 9 ans sans notification de cas humains entre 2001 et 2009, la maladie est réapparue au Tchad en 2010. Des cas et infections ont été notifiés chez les humains et animaux dans plusieurs villages. D’où l’interrogation sociologique de l’auteur « pourquoi, malgré l’existence des politiques de santé et les dynamiques d’acteurs mobilisées, la dracunculose connaît encore une recrudescence remarquable en milieu rural au Tchad ? »

En réponse à cette question, le jeune docteur a procédé par une analyse qui s’étend sur six chapitres répartis en trois parties. Ces analyses démontrent que les politiques de santé et dynamiques d’acteurs mobilisées dans la lutte contre la dracunculose se limitent aux interventions sporadiques et dysfonctionnelles qui ne favorisent pas une réelle accessibilité du traitement et du contrôle de l’éradication de la maladie.

Plus loin dans les détails, selon le sociologue, ce qui favorise le retour régulier de la maladie, c’est un ensemble de pratiques liées à la négligence et à l’insouciance qui constituent la difficulté réduisant la capacité du programme à agir avec efficacité.

Il invoque le relâchement de la surveillance épidémiologique, l’insuffisance des moyens d’actions, de la démotivation du personnel de santé et des difficultés logistiques. Pour lui, l’accès à l’eau potable est un problème crucial pour les ménages des zones endémiques. Les bonnes pratiques liées à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement ne sont pas observées chez les populations des zones endémiques. Des pratiques culturelles freinent la lutte contre le ver de Guinée en milieu rural tchadien.
Ces différentes analyses ont valu la mention très honorable à Jacob Mbaihondoum. C’est ainsi pour ce chercheur de 34 ans, le couronnement des plusieurs années de recherche entamées à la suite de son master en sociologie rurale obtenu en 2015 dans la même université. Une institution universitaire qu’il intègre après sa licence en sociologie obtenue en 2013 à l’Université de N’Djamena au Tchad.

Cameroun : 100.000 FCFA de récompense pour qui déclare un malade atteint du ver de Guinée

L’annonce a été faite à Yaoundé le 28 octobre 2021  par le docteur Phanuel  Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun.

Le ver de Guinée a refait surface au Cameroun. L’organisation mondiale de la santé (l’Oms), se montre préoccupé par la résurgence de cette maladie.

Jeudi dernier dans la cours du ministère de la Santé publique, le docteur Phanuel  Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun a promis 100 000 FCFA à toute personne qui rencontrerait un malade atteint du ver de Guinée. Le malade doit être signalé dans un hôpital.  Sa récompense lui sera versée par le ministère de la Santé publique.

Encore appelée Dracunculose, elle est une maladie parasitaire qui se transmet lorsqu’une personne boit de l’eau stagnante contaminée par des copépodes (puces d’eau) infestés. Elle est rarement mortelle, mais les personnes touchées peuvent souffrir d’invalidité pendant des semaines. La maladie sévit dans des communautés rurales défavorisées et isolées qui sont essentiellement tributaires de points d’eau superficiels non aménagés, comme des étangs, pour s’approvisionner en eau de boisson.

Selon l’Oms, le ver de Guinée  avait été éradiqué  au Cameroun en 2007. Mais depuis 2019, la maladie a refait surface. Principalement dans une partie de l’Extrême- Nord, précisément  le long du fleuve Logone et Chari. Un malade en provenance du Tchad avait été détecté. Il pourrait y avoir de nouveaux cas ces temps-ci.