Cameroun-vie chère-crise anglophone : K-Tino : « Arrêtez de traumatiser le peuple »

Dans une vidéo devenue virale sur la toile et datant du 10 décembre, « la femme du peuple » exhorte au retour de la paix au NOSO, entre autres.

Alors que le monde s’apprête à entrée dans l’année 2023, la patronne du « Quartier poto poto » à travers un vidéo sur son compte Facebook dit qu’il est temps que la guerre dans la partie anglophone du pays cesse. L’artiste musicienne déclare ne pas être « d’accord avec la guerre au NOSO » avant de s’interroger : « ça profite à qui ? ».

« Ce sont des femmes qui ont porté ces hommes qui meurent ». Elle appelle à « la paix au Cameroun » et demande à « tous les artistes » de lever la voix pour que le Cameroun retrouve la sérénité dans toutes ses zones.

 Par ailleurs, la chanteuse du titre à succès « Watafufu » s’interroge sur le niveau de la cherté des produits sur le marché alors que le pays produit tout ce qu’il consomme. « Non, ce n’est pas bon. Arrêtez ça. Arrêtez de traumatiser le peuple (…) Vous voulez que nous mourons pourquoi ? », proteste-t-elle, réclamant l’école et les soins de santé pour tous.

Crise anglophone

Les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le théâtre depuis cinq ans d’un conflit meurtrier entre l’armée camerounaise et des groupes armés. Ces derniers réclament l’indépendance d’un Etat qu’ils appellent l’Ambazonie.

Le conflit a fait plus de 6.000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon l’International Crisis Group. Les rebelles comme les militaires et les policiers sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l’Onu de commettre des exactions et des crimes contre les civils.

Cameroun : les incohérences du projet de loi des finances 2023

Le projet de loi des finances 2023, si elle est votée en l’état, contient des avancées réelles, mais aussi des incohérences susceptibles d’annuler les incitations prévues pour lutter contre la vie chère en 2023.

La politique de l’import-substitution qui est la politique du gouvernement pour l’industrialisation par substitution des produits importés suppose l’augmentation des droits d’accises sur certains produits importés et l’attribution des incitations pour les produire localement. A ce sujet, le gouvernement prévoit de fixer à 10% le Tarif Extérieur Commun (TEC) sur certains produits importés dont le riz et le poisson (article cinquième), de supprimer le taux réduit de 5% sur certains produits comme le maïs (article cinquième) et d’offrir cinq ans d’exonération fiscale à certains exploitants agricoles (individus, GIC, Coopératives) en phase d’exploitation (article 122).

Par équité, nous demandions d’offrir 7 ans comme dans la filière banane, mais nous n’en avons eu que 5. Pas grave ! Bien que ce soit une avancée, l’on peut regretter la discrimination instaurée parmi les exploitants agricoles. En l’état, les gros investisseurs sont renvoyés à la loi de 2013 sur les incitations à l’investissement qui attribue l’obtention de tout avantage au bon vouloir (choix arbitraire) du ministre des finances (clientélisme) expliqué avec désinvolture devant les députés ce 19 novembre 2022 à l’Assemblée Nationale.

Ce faisant, le gouvernement camerounais échoue encore à l’essai de transformer le tissu économique devant partir des petites exploitations qui dominent de nos jours aux grandes exploitations capables de fournir abondamment le marché et d’inverser la tendance inflationniste du coût de vie (qui progresse depuis au moins 30 ans).

L’on note aussi qu’un abattement de 30% sur trois ans sur les droits d’accises est prévu pour la production des boissons locales en cas d’achat des matières premières au niveau local (article 124). Cela est de nature à booster la commande locale de maïs, du sorgho ou de fruits de saison et donc, à garantir le marché à la production nationale. Toutefois, pourquoi limiter cette mesure aux boissons ? Par équité, il faut viser l’ensemble des industries agroalimentaires pour garantir le marché à l’ensemble des acteurs de la transformation locale.

On se serait attendu, au regard des ravages de la crise russo-ukrainienne, à ce qu’il y ait des mesures spécifiques pour la promotion des farines, notamment celle du blé susceptible d’être produite localement. C’est en tout cas ce qu’un gouvernement sérieux aurait fait pour inciter les investisseurs à mettre à profit les 10,3 milliards de FCFA offerts à l’IRAD pour la production des semences. Comme on pouvait s’y attendre, ils se sont limités à la promotion de la bière, l’opium du peuple !

Par contre, pour la transformation sur le territoire national des matières premières locales, le gouvernement prévoit un abattement de 50% au titre de l’acompte mensuel et de l’impôt sur le revenu (article 124A). Cette mesure pourrait concerner les producteurs de farine de tubercules par exemple. Mais, avant d’avoir les revenus à déclarer, il faut au préalable procéder à l’investissement et à l’exploitation.

Le défi demeure celui de la levée des fonds ou de la mobilisation du capital qui ne reçoit aucun soutien de la part du gouvernement. La question est donc : où trouver les fonds pour investir ? Il n’y a pas par exemple une mesure de défiscalisation des transferts d’argent qui aurait fait du bien.

Pour les réexpéditions ou les réexportations des marchandises comme le riz et le poisson (dans les pays voisins), le projet de loi prévoit le paiement de la douane au taux normal (article cinquième). En effet, le Cameroun était une plateforme d’Import-Réexport vers les pays voisins. Mais, cette disposition doit être accompagnée d’une résolution sur l’origine des produits pour être opérationnelle.

Une des incohérences majeures est que le même gouvernement augmente le coût de l’acquisition de la propriété foncière (chapitre troisième). Question : comment va-t-on augmenter la productivité locale lorsqu’il est plus difficile d’obtenir la propriété foncière ? Il n’y aura point d’investissement massif dans l’agriculture sans sécurisation du foncier.

Aussi, il n’aura point d’investissement massif au niveau local sans accès au capital. Le gouvernement doit défiscaliser l’obtention du titre de propriété pour augmenter le nombre de bénéficiaires susceptibles d’intégrer le système financier (banque et assurance agricole).

Par ailleurs, le gouvernement camerounais limite l’exonération de la TVA sur les achats des denrées alimentaires chez les producteurs aux seules entités publiques (article 128) : Why ? Ce serait une mesure fantaisiste et discriminatoire si l’on ne s’élargissait pas à l’ensemble des acheteurs, notamment les privés (hôtels, restaurants, etc.).

En temps normal, l’objectif du gouvernement devrait être d’augmenter la marge des producteurs actuellement sous la menace des intermédiaires et de réduire les prix sur le marché actuellement pris en otage par les spéculateurs. Pour ce faire, la loi devrait être dépouillée de toute forme de discrimination sur le marché susceptible même de tomber sous le coup de la concurrence déloyale.

Pire, la loi des finances 2023, si votée en l’état, favorise l’augmentation du secteur informel. C’est une carence de politique budgétaire. Selon l’INS, le Cameroun disposait de 2,5 millions d’Unité de Production Informelle en 2011. Ce nombre a dû doubler en 2022. Pourquoi ? Parce que chaque année, le gouvernement camerounais pousse les contribuables à migrer vers l’informel afin d’échapper à la pression fiscale.

En effet, la politique d’augmentation de l’assiette fiscale du gouvernement actuel est verticale là où il faut appliquer une politique horizontale. Cela signifie que le gouvernement surcharge le peu de contribuables qui restent dans le formel (chapitre troisième) au lieu de favoriser le retour de l’essentiel des contribuables qui sont réfugiés dans l’informel (près de 90%). Le gouvernement camerounais va donc soumettre aux députés un budget qui fournit « les ressources et charges de l’État » (article deuxième) sans politique réelle de création de richesse.

Une nième incohérence est de prévoir l’augmentation des prix du carburant (essence, gasoil, gaz) à travers l’institution d’une taxe spéciale (article 229). Cette action malheureuse engendrera l’augmentation du coût de production et du transport et donc, l’augmentation des prix de vente sur le marché. C’est une très mauvaise nouvelle pour le consommateur qui achètera à coup sûr plus cher en 2023.

En conclusion, nous voyons que les mesures prévues dans le projet de loi en circulation sont inopérantes et seront sans impact sur le coût de la vie en 2023. Il y a manque de cohérence et surtout d’une ingénierie financière susceptible de permettre que les incitations prévues engendrent les effets escomptés. Il est à préciser que ce brouillon en circulation reste très incomplet et pernicieux dans la mesure où le gouvernement a tenu à remplacer toutes les pilules difficiles à avaler par des tirets ou des points interrompus courts. Cela montre le mépris avec lequel le gouvernement traite la Représentation nationale devant qui il est supposé être responsable.

Disons que c’est la patate qui avait accepté d’être mangée crue. Les députés et autres sénateurs n’ont qu’à se faire respecter.

 

Cameroun : les gouverneurs en ordre de bataille contre la vie chère, faux médicaments, etc.

Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a demandé aux gouverneurs de lutter contre ces problèmes qui perturbent la tranquillité des populations.

« Le chef de l’Etat vous instruit de lutter contre la vie chère et les pénuries artificielles, afin que les populations puissent payer le juste prix des biens et  services dont elles ont besoin ». C’est la première recommandation du ministre de l’Administration Territoriale (MINAT), Paul Atanga Nji, aux gouverneurs, à l’issue de leur première conférence semestrielle hier à Yaoundé. Ce dernier a noté que l’inflation enregistrée ces derniers temps avait des conséquences néfastes sur les populations.

Et même si la conjoncture internationale défavorable s’y prête, le MINAT a relevé que des commerçants véreux procèdent parfois à la spéculation  au mépris des lois en vigueur. A en croire Cameroon tribune, les gouverneurs sont alors invités à lutter efficacement contre ce type de pratiques, de concert avec les équipes du ministère du Commerce, pour garantir la paix sociale. Un appel en résonance avec le thème qui a guidé ce conclave : «Autorités administratives et défis sécuritaires en période de contraintes socio-économiques».

Les gouverneurs doivent également accorder une attention particulière à la situation sécuritaire, surtout que le pays n’est plus qu’à quelques semaines de la rentrée scolaire. Sur le terrain, malgré une certaine amélioration de la situation, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, l’Extrême-Nord et l’Est restent en proie à la menace sécessionniste et terroriste, ainsi qu’au défi humanitaire, avec des tentatives de propagation dans les régions voisines.

Et sur l’ensemble du pays, la lutte contre le grand banditisme demeure un problème à résoudre. D’autant plus qu’il est exacerbé par la consommation de drogues et la vente de faux médicaments. Le Minat a également mis en garde contre le jeu trouble de certaines associations et partis politiques. D’après lui, « les autorités administratives doivent continuer à suivre leurs activités, afin d’éviter des débordements, souvent provoqués par certains politiciens en quête de notoriété, qui n’ont pour seul souci que des projets personnels n’ayant rien à voir avec l’intérêt général ».

De même, il faut garder un œil ouvert à l’activité des moto-taxi, laquelle est infestée de parasites qui commentent divers actes criminels. Le ministre Atanga Nji a par ailleurs insisté sur la question foncière et domaniale source régulière de problèmes susceptibles de causer des troubles à l’ordre public. Ce dernier a demandé aux autorités administratives «de lutter contre l’accaparement des terres. A cet égard vous veillerez à ce que les titres fonciers des communautés ne soient établis aux noms des individus qui, au demeurant, se livrent à la spéculation foncière ».

Cameroun-Mgr Abraham Kome : « Beaucoup de nos compatriotes sont mécontents »

Le président de la Conférence épiscopale nationale attire l’attention des forces vives sur le mécontentement de certains Camerounais. Les évêques invitent les uns et les autres à prendre leurs responsabilités dans la vérité.

 

 

Nombreux sont les sujets qui préoccupent les évêques du Cameroun. Crise de la vie chère, violences conjugales, crises sécuritaires, difficultés d’approvisionnement en eau, coupures intempestives d’électricité sont autant de tourments dans lesquels la société camerounaise est noyée aujourd’hui. Ils ont été dénoncés par la Conférence épiscopale nationale à l’occasion de l’ouverture des travaux de sa 47è Assemblée plénière le 26 avril 2022 à Mvolyè à Yaoundé.

Le conclave que préside Mgr Abraham Kome n’entend pas prendre part à la négligence du mécontentement de certains Camerounais causés par ces différentes préoccupations. « Beaucoup de nos compatriotes sont mécontents. Il faut le savoir. Nous prions toutes les forces vives de notre pays, de ne pas sous-estimer le mécontentement de la grande majorité de nos compatriotes, de façon sourde ou active, exprime leur soif de vivre », alerte le président de la Cenc

Parmi les sujets évoqués, la montée en puissance de la violence en général et des violences conjugales en particulier retient davantage l’attention des prélats. « Nous voulons inscrire notre profond regret suite à la rechute dans l’opprobre de la violence de certains Camerounais, notamment envers les femmes. Ces comportements barbares doivent être tenus pour inacceptables et réprimandés de la façon la plus ferme, surtout quand ils aboutissent à la mort des victimes », insiste l’évêque de Bafang, président de la Cenc.

Au regard de ces problèmes, le président de Conférence épiscopale interpelle la société camerounaise. Il s’inquiète de l’affaiblissement de l’éducation aux valeurs telles que la sacralité de la vie et le respect de la dignité humaine. Pour trouver la solution, il indique la voie.

« On a souvent tendance à jeter les responsabilités sur les uns et les autres. Mais, ce que nous souhaitons c’est que chacun à son niveau, y compris l’église, que nous prenions notre responsabilité dans la vérité. Parce que si on nie la vérité, la solution s’éloigne. Il faut faire un état des lieux franc et sincère », propose Mgr Abraham Boualo Kome qui préside la dernière session plénière de son mandat qui s’achève.

Vie chère au Cameroun : la police interpelle des syndicalistes en pleine préparation d’une grève

Au moins cinq membres de syndicats ont été  arrêtés dans la matinée du 05 avril 2022, alors qu’ils donnaient une conférence de presse pour annoncer la tenue d’une grève.

La société camerounaise fait face à la vie chère depuis le début de l’année 2022. Avec le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, la situation devient de plus en plus difficile. Alors que le gouvernement demande de se serrer les coudes pour mieux faire face à la flambée des prix sur le marché camerounais, les syndicats entendent porter la voix de certains Camerounais affectés par la situation. C’est ainsi que les leaders syndicalistes entendent observer un mouvement de grogne devant les institutions à Yaoundé.

En prélude au démarrage de cette manifestation annoncée, les leaders syndicalistes ont organisé ce mardi matin, une conférence de presse. Cette rencontre avec les médias était prévue à la Bourse du Travail sis au quartier Messa, dans le 2è arrondissement de la ville de Yaoundé. Mais, à peine commencé, la conférence de presse recevra la visite des hommes en tenue. Contre toute attente, les forces de maintien de l’ordre ont interrompu la séance.

Au moment où le collectif des acteurs de la société civile s’apprêtait à délivrer son propos liminaire, des policiers ont fait irruption. Sur ordre de commissaires, au moins cinq personnes ont été arrêtées. Il s’agit des leaders syndicalistes suivants : Yimga Moussa, Ngon, Elouna, Avidi, Kaldjob. Célestin Bama, secrétaire général de la Centrale syndicale des travailleurs du Cameroun, aurait aussi été arrêté, puis tous ont été embarqués vers une destination encore indéterminée, informe nos confrères de Camer.be.

En rappel, après la flambée des prix de l’huile végétale, le prix du pain a augmenté de 25 francs CFA. En raison de cette situation et de l’inertie dans le système de gouvernance, le pays va de grève en grève. Au sein de la société camerounaise depuis le mois de février 2022, plusieurs mouvements de grogne et de grève sont en cours ou ont été maîtrisés. La grève des enseignants qui a paralysé le système éducatif ces dernières semaines a été suivie par des revendications d’autres corps de métiers, mettant le pays en ébullition.

Cameroun : vie chère et choléra, sujets majeurs du Conseil de Cabinet du 31 mars 2022

La flambée des prix des produits et la situation sanitaire du Cameroun ont été des sujets majeurs abordés à la rencontre présidée par le Premier ministre ce jeudi 31 mars 2022.

Les préoccupations de la société camerounaise depuis le début de l’année 2022 sont inévitables lors des rencontres de haut niveau. La vie chère, les pénuries, l’inflation, le retour de l’épidémie de choléra et le recul de la pandémie du Covid-19 ont fait l’objet de discussion ce jeudi 31 mars 2022 à l’Immeuble Etoile.

Le Conseil de Cabinet du mois de mars tenu en matinée sous la conduite du Premier ministre chef du gouvernement Joseph Dion Ngute a donné l’occasion aux ministres de s’exprimer.

Sur la vie chère, le ministre du Commerce explique. La flambée des prix, les pénuries, l’inflation et autres sujets de plaintes sur le marché découlent du conflit russo-ukrainien. En raison de cette guerre, le taux d’inflation est de l’ordre de 50% sur les marchés mondiaux et de 7% en Occident. Les prix du gaz, du pétrole et des céréales comme le blé (dont la Russie et l’Ukraine représentent près de 30% du volume global des  exportations mondiales),  sont en hausse.

Cette flambée des prix des produits alimentaires subie par les ménages et les entreprises n’a pas encore atteint le pic. Elle pourrait augmenter de l’ordre de 8 à 20%, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). C’est sans doute la raison pour laquelle le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana a demandé au Camerounais lors du point de presse le 30 mars, de revoir leurs habitudes de consommation et de se soutenir pour faire face à la nouvelle donne.

Sur le plan sanitaire, les statistiques du ministère de la Santé publique présentent une situation mitigée. Tandis que la pandémie du Covid-19 est en net recul, la résurgence de l’épidémie de choléra est à surveiller de près. Pour ce qui est de la maladie à coronavirus, le ministère dénombre 163 cas actifs, 3 hospitalisés dont un sous oxygène. Quant à l’infection diarrhéique, 2097 personnes ont été testées positives et 67 décès dénombrés. L’épidémie qui est en outre présente dans six des 10 régions du Cameroun, exige des actions efficaces permettant de la maîtriser.

Cameroun : le prix du pain augmente de 25 francs

Sans communication officielle, la baguette de pain se vend à 150 francs au lieu de 125 francs CFa dans les quartiers de Yaoundé et environs. Cette augmentation résulte de la flambée du prix de la farine de blé et autres matières premières sur le marché.

Ce n’est plus un secret pour certains. La baguette de pain coûte 150 FCFA depuis quelques jours. Et avec le silence des autorités, la pratique tend à s’ériger en norme au Cameroun au grand dam des ménages.

En effet, sous la douceur des rayons de soleil de la matinée du dimanche 13 février 2022, le petit déjeuner est froid pour Fabien et Rose, deux frères habitant non loin de la brigade de gendarmerie de Soa. En l’absence des parents, le prix du pain a cassé l’ambiance habituelle qui règne à l’heure du petit déjeuner dans cette famille.

La querelle commence lorsque l’aîné âgé d’une quinzaine d’années, refuse de croire que sa sœur cadette a acheté une baguette de pain à 150 francs, au lieu de 100 francs comme ils le font chaque matin.

Dans la fureur, et malgré l’intervention des voisins, le garçon a renvoyé sa sœur chez le boutiquier du coin pour prendre la baguette correspondante. Arrivée à la boutique, la jeune fille se fait  plutôt rembourser. Le garçon qui ne comprend rien, décide d’aller raisonner le vendeur, lorsqu’il se heurte à la réalité. « Le prix du pain a augmenté partout. Le pain que je vendais à 100 francs, je le vends à 125. Ce que je vendais à 125 je le vends à 150 francs. Mes collègues y ajoutent 25 francs », explique le boutiquier.

Le garçon qui ne croit pas, se dirige vers un autre point de vente, avant de confirmer la nouvelle. Ne pouvant faire autrement, il achète deux baguettes de à 250 francs. Mais avant, le vendeur lui explique que « les livreurs ont changé les prix du pain. A la boulangerie, les prix ont aussi augmenté. C’est parce que le prix d’un sac de farine de 50 kg est vendu à 23 000 francs au lieu de 16 800 comme avant. Et personne ne veut plus tourner à la perte ».

A la boulangerie, en face du campus de Soa, les employés expliquent que la matière première connait une augmentation depuis des années malgré le maintien du prix de la baguette du pain à 125 francs. Ils ajoutent que les meuniers se plaignent aussi de la hausse du coût additionnel de la production du sac de farine de 50 Kg. Ce coût est passé de 4500 à 6500. Et déjà le secteur enregistre des pertes se chiffrant à environ cinq milliards de FCFA.

C’est donc toute la chaine, de la production jusqu’à la distribution, qui est confrontée au phénomène. La conjoncture internationale ne favorise pas non plus la résolution de la cette crise du fait des difficultés. Des quantités importées de la farine de blé baissent d’année en année, malgré l’augmentation observée des importations globales.  Entre 2018 et 2019, la hausse est de 97.000 tonnes, 2019-2020 (57.000 tonnes), 2020-2021(23.000 tonnes), révèle 237online.

Face à ces conditions, les acteurs du secteur demandent une augmentation de 50 à 75 francs sur la baguette de pain pour stabiliser les coûts. Au regard de ces contraintes, la Coalition camerounaise des consommateurs (Ccc) et le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) ont suggéré au gouvernement de prendre des mesures adéquates. Mais jusqu’à présent, la communication des ministres en charge du secteur reste attendue. Entre temps, la charge repose sur les ménages.

Cameroun : suspension des exportations de céréales et d’huiles végétales produites localement

Le Directeur général des Douanes, Fongod Edwin Nuvaga, a signé le 27 décembre une note portant suspension « temporaire » des opérations d’exportation des huiles végétales et des céréales produites au Cameroun.

« Le service et les usagers sont informés que les opérations d’exportation de céréales (arachides) et des huiles végétales (Mayor, Azur, Neïma, Diamaor, Star oil et Pacific oil) produites au Cameroun sont suspendues à compter de la date de signature de la présente note de service. »,  écrit Fongod Edwin Nuvaga dans un communiqué adressé aux chefs de secteur des douanes .

Selon la Douane, cette mesure intervient suite à une correspondance adressée le 3 décembre 2021 au gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakary, par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Il lui instruisait de prendre les mesures nécessaires pour interdire l’exportation des céréales (riz, maïs, mil, sorgho) vers les pays frontaliers. Objectif, freiner la flambée des prix sur le marché local, et garantir l’approvisionnement des populations.

A noter que pour les huiles végétales, le litre d’huile raffinée, qui coûtait il y a peu 1 150 FCFA s’achète actuellement 1 500 FCFA, soit une hausse de 350 FCFA. Il est question de ramener ces prix à la normale.