Comment Vincent Aboubakar s’est imposé à Porto

Après des passages à Valenciennes puis au FC Lorient, le Camerounais a pris la direction du FC Porto l’été dernier. Gros plan sur sa saison

Une année et puis s’en va. Bien évidemment, le passage de Vincent Aboubakar au FC Lorient ne se résume pas à cela. Après 3 ans à Valenciennes, le Camerounais a été l’une des bonnes pioches du mercato d’été 2013. En 38 matches toutes compétitions confondues avec les Merlus la saison dernière, il a planté 17 buts dont 16 en Ligue 1. Il avait d’ailleurs terminé deuxième meilleur buteur du championnat à égalité avec Cavani, Gignac, Ben Yedder et Salomon Kalou. C’était sa meilleure saison au plus haut niveau. De quoi taper dans l’oeil de grands clubs tel que le FC Porto qui s’est attaché ses services. Une opération qui devait coûter la bagatelle de 10 millions d’euros. Mais suite à un incident lors de la visite médicale, ce transfert a été conclu pour 3 millions d’euros, avec une clause de départ fixée à 50 millions d’euros.

Journaliste pour le site portugais Maisfutebol et spécialiste du FC Porto, Vitor Alvarenga revient sur cette arrivée: «On le connaissait bien, par rapport à ce qu’il faisait avec la sélection du Cameroun surtout. Il y a eu certains doutes à son arrivée en début de saison. Il y a eu un problème lors de son transfert à cause de sa visite médicale. Le président de Lorient l’a confirmé, Porto allait acheter la totalité des droits sportifs du joueur mais après le problème révélé lors de la visite médicale, l’accord a été renégocié. Tout cela a donc fait naître certains doutes sur sa capacité à être à 100% pour jouer».

Mais comme souvent en matière de recrutement, les Dragons ont eu le nez creux. Après des débuts mitigés, Vincent Aboubakar a claqué 6 buts en 15 rencontres avec le club portugais. «Jusqu’ici, le bilan d’Aboubakar est extrêmement positif, nous explique Vitor Alvarenga. On savait aussi qu’en France, à Lorient, il jouait dans un système différent, à deux attaquants. À Porto, il n’y a qu’un attaquant de pointe. Au début, il a d’ailleurs eu du mal à s’y faire. Maintenant, il s’est adapté aux exigences tactiques du style de jeu des Dragões. Et même s’il n’a pas la classe de Jackson dans ses déplacements et sa technique, il a déjà rendu de fiers services à Porto».

Ses qualités ont d’ailleurs fait mouche en Liga Sagres mais également sur la scène européenne: «Il a une force physique incroyable et une puissance de frappe remarquable, ce qui s’est vu en Ligue des Champions contre Bâle surtout. Selon moi, ce sont les deux qualités qu’il apporte en plus à l’équipe. Même s’il est parfois un peu maladroit balle au pied, il reste efficace. Il a malgré tout un défaut dans les petits espaces. Il est un joueur de profondeur et se lance souvent à l’attaque sans attendre de soutien, même s’il a progressé là-dessus depuis son arrivée».

Dans l’ombre de Jackson Martinez
Si certains comme Yacine Brahimi se sont directement imposés, pour Vincent Aboubakar l’adaptation a été un peu plus longue. Outre son absence pour cause de CAN, l’attaquant âgé de 23 ans était surtout barré par la concurrence de Jackson Martinez, buteur indétrônable des Dragons avec 28 buts en 41 matches cette saison. Une situation que le Camerounais vit plutôt bien comme il l’a confié récemment à Record: «Porto est une équipe avec énormément de concurrence. Quand un joueur a l’opportunité d’entrer sur le terrain, il ne pense qu’à prouver qu’il peut jouer plus régulièrement. Nous travaillons tous avec de l’envie de nous améliorer tous les jours. L’entraîneur est exigeant avec tout le monde».

À force de patience, le Camerounais a su profiter des occasions qu’il avait pour se montrer sous son meilleur jour. Il reste d’ailleurs sur deux buts lors des trois derniers matches de Porto. «Ces derniers temps, il a prouvé qu’il était totalement prêt physiquement. Il a dû attendre sa chance longtemps parce qu’il est très difficile de déloger Jackson Martinez. Aujourd’hui que le Colombien est blessé, il a su prendre pleinement sa chance, même s’il est un joueur très différent. Quand Jackson reviendra de blessure, il reprendra sa place. En termes de qualités pures et d’importance dans le groupe, Jackson est au-dessus. Il est capitaine d’équipe et un repère pour ses partenaires. Il sait mieux faire jouer l’équipe autour de lui».

Courtisé par les plus grands clubs, le Colombien a de fortes chances de quitter le club lusitanien l’été prochain. L’arrivée d’Aboubakar était d’ailleurs en prévision d’un départ de Jackson Martinez rappelle Vitor Alvarenga: «L’idée de Porto a toujours été de préparer l’après-Jackson avec Aboubakar. Jackson est, pour moi, l’un des meilleurs attaquants du monde et restera dans l’histoire du football portugais. Mais avec encore quelques mois de travail, il n’y a aucun doute sur le fait qu’Aboubakar puisse devenir la machine à marquer dont Porto aura besoin la saison prochaine».

Mais la concurrence sera forcément toujours présente d’après le spécialiste du FC Porto: «Porto mise beaucoup sur le jeune Gonçalo Paciência, fils de Domingos, ancien grand attaquant du club dans les années 90. Je crois que Gonçalo sera dans l’équipe première la saison prochaine. Connaissant le FC Porto, s’il peut investir, je pense qu’il cherchera un autre attaquant avec d’autres caractéristiques, plus mobile, comme Lisandro Lopez à son arrivée au Portugal par exemple. Aboubakar et Gonçalo seraient les deux joueurs de surface tandis que ce joueur de complément apporterait d’autres qualités. Si Jackson Martinez part cet été, ce qui sera sans doute le cas, Aboubakar deviendra très certainement le titulaire». À lui de saisir sa chance comme il a su le faire dernièrement.


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