Installé dans la ville de Kribi depuis 30 ans, cet inlassable et pugnace investisseur est selon des statistiques, le plus grand pourvoyeur d’emploi du coin
Connu sous plusieurs cieux alors qu’il n’est pas adepte des voyages hexagonaux et américains, seuls les fruits de son travail font de lui un homme respectable. De toutes les façons, il fait partie de ceux qui du bout des doigts, ont su dompter le temps et l’espace en offrant le meilleur d’eux-mêmes pour la postérité. A la tête d’un groupe qui porte son nom, celui que Kribi appelle « l’homme fort » a su tirer son épingle du jeu. Entre fermes, établissements hôtelier, immobilier et société de gardiennage, la jeunesse locale trouve bien son compte. Un verger de plus de 4 hectares regorgeant citrons, orangers pour ne citer que ces agrumes, alimentent chaque matin, les marchés locaux et environnants. De ses fermes, la production mensuelle de poulet de chair s’élève à 5 000 spécimens. Plus de 800 porcs sont élevés dans deux unités de production et une d’engraissement. Des cochons entretenus par une main d’ uvre aguerrie sous le regard rigoureux et méticuleux du maitre des séances. Celui-ci veut offrir à sa clientèle, un produit de qualité, made in Cameroon.
Ce ne sont pas certainement les projets qui manquent. Mais en homme réfléchi et visionnaire, Jean Célestin Watat envisage consolider l’existant, en lui donnant une envergure singulière. Avec le développement de la ville de Kribi devenu ville-chantier, les lendemains pour ce groupe s’annoncent plus dense, avec une plus-value sur l’emploi et donc, de l’économie locale. D’ailleurs, les employés rencontrés sur les différents sites où sont implantées ses différentes activités, n’ont qu’une pensée positive pour celui qui sait manier aussi bien la carotte que la chèvre. « Nous n’avons pas de retard dans nos payements de salaire » indique une employée, visiblement la trentaine sonnée. Je suis affilié à la Cnps dixit, tout joyeux, un employé qui y est depuis une décennie. Il se dit dans la ville qu’il est l’un, sinon le meilleur employeur du coin. Ses employés sont les rares à qui les salaires sont, non seulement payés à temps, mais régulièrement confie Simplice T., un originaire des lieux. Homme très ouvert, il est apprécié des siens qui lui demandent d’ores et déjà de briguer le poste de maire dans la localité de Kribi2. Celui vers qui ces doléances sont orientées reste bouche bée et n’ose pas se prononcer. On lui reconnait à la fois, les qualités de manager, d’homme rassembleur et surtout, de visionnaire mais également de celui qui n’a pas sa langue dans la poche.
Politiquement, la ville apparait comme une eau pleine de crabes. Y pratiquer la politique surtout lorsqu’on est venu d’ailleurs est une véritable gageure. L’on ne saurait citer à profusion les accueils dont il est victime : décisions de justice non appliquées, attaques homophobe et tribaliste, tentatives d’assassinat etc. L’on se souvient que tout récemment, alors qu’il voulait construire un restaurant les pieds dans l’eau, le dispositif mis par les maçons a été enlevé par des âmes malveillantes. Idem pour les jeunes plants de sa plantation qui sont nuitamment déterrés. Malgré tous ces faits ostensibles et dont les témoignages ne tarissent pas de propos à cet effet, l’on semble percevoir un silence de la part des personnes et personnalités en charge du règlement de ce genre de litige. Quoiqu’il en soit, un mécanisme de protection des investisseurs s’impose surtout en direction de ceux qui sont rejetés par leurs pairs qui redouteraient quelques choses.
Mais à dire vrai, Jean Célestin Watat ne saurait souffrir des affres d’une frange aussi minime de la population. En 30 ans, il a su être accepté par la grande majorité qui croit en lui. Une aventure qui dans le rétroviseur, présente des moments d’histoire qui pour lui, relèvent d’une philosophie de vie. D’ailleurs, il se plait souvent à dire qu’ » il ne faut jamais faire comme les autres ». Pour dire qu’il ne faut pas rendre un mal, parce que c’est cette attitude stoïque qui nous permet d’avancer. Né le 28 janvier 1959 à Obala dans la région du Centre, Jean Célestin Watat n’a pas beaucoup connu Bangangté son village d’origine. Il fait son parcours scolaire et secondaire dans ce qui était à l’époque, la province du centre. Il dépose ses valises dans la ville de Kribi où il est fait pour la première fois, chef d’agence de l’Union camerounaise des brasseries (Ucb). Ses déboires commencent dans cette structure lorsqu’il est connu par le feu Pierre Tsanqué, promoteur de Nobra et par ailleurs, ancien président de la chambre de commerce du Cameroun. Après avoir passé deux jours de garde à vue au commissariat du 6ème à Douala, il en sortira avec la ferme conviction de ne plus travailler pour Kadji et déposera finalement ses valises à Nobra. Il ouvrira le centre de Dschang. A la faveur du prix d’excellence de la rentabilité, il sera renvoyé à Kribi pour challenger Ucb qui mourira de sa plus belle mort. Après un dépôt de compte de Nobra, voici Watat en chômage. Que de se convertir dans la débrouillardise, il embrasse une carrière de manutentionnaire aux brasseries du Cameroun après deux ans de standby. Puis, celle de gardien de nuit dans une société de gardiennage de Kribi. Econome, il va démissionner de cette société pour créer la sienne. Eprit de progrès et de persévérance, il construit une auberge appelée sécurity. C’est cette structure d’hébergement qui deviendra ce qui est appelé aujourd’hui, hôtel le Paradis à la faveur de sa rencontre avec Dieu, l’un des fleurons de l’hébergement sur les berges de l’océan Atlantique à Kribi. Progressivement, vient la ferme puis sa société immobilière et enfin, la prospérité.
Lorsque vous aborder le sujet de la jeunesse avec lui, c’est avec un ton de peine qu’il vous parle. Pour lui tout ce qu’on dit de la jeunesse est vrai. Avant de poursuivre, la jeunesse n’a plus de repère, elle doit se constituer, se donner une vraie valeur en croyant en son pays. Ce père de cinq enfants connait si bien les problèmes de la jeunesse locale et partant, ceux de la nation tout entière. C’est pourquoi, celui qui connait toutes les décorations du pays, croyant au principe qu’il faut agir localement pour construire globalement, ne ménage aucun effort dans l’encadrement de ces jeunes. Seul l’emploi décent tel que suggéré par l’Organisation internationale du travail (Oit) apparait pour lui, comme le début de solution aux questions du travail.
