Masa 2018 : Were Were Liking questionne la place des marionnettes africaines

C’est la problématique au centre de la 9ème édition du Kiyi village experiences, qui se tient à Abidjan du 11 au 17 mars.

Les marionnettes n’attirent pas autant les publics en Afrique que la musique, la danse ou encore la peinture. Pourtant, l’animation de ces représentations occupe une une fonction sociale, voire politique dans différents contextes, en plus de l’esthétique recherchée à travers ces formes et ces visages figés.

D’après Were Were Liking, femme de culture d’origine camerounaise basée à Abidjan en Côte d’Ivoire, les marionnettistes ont la latitude de faire dire aux objets qu’ils manipulent, des choses qu’ils ne diraient pas dans la vie ordinaire. Qu’il s’agisse de la dénonciation ou de la sensibilisation, les marionnettes sont un instrument social fort, soutient la promotrice du village Kiyi Mbock.

En Afrique, Were Were Liking fait partie des acteurs culturels qui militent pour l’essor des marionnettes du continent. Aussi, la 9ème édition du Kiyi village experiences qu’elle organise du 11 au 17 mars 2018, s’interroge sur la place de la marionnette africaine dans le marché mondial.

La biennale, greffée au Masa 2018 (off), sera un moment de réflexion sur les possibilités de faciliter les déplacements des compagnies africaines pour la conquête des marchés européens, américains et pourquoi pas asiatiques. Car oui, l’argent reste le nerf de la guerre. Mais, avant cela, il faut que les spectacles proposés soient bons et donc, à la hauteur des attentes des différents publics.

A l’occasion du lancement du Kiyi village experiences ce dimanche 11 mars 2018, diverses nationalités africaines et européennes étaient justement réunies dans la salle de spectacles du village artistique. Juste assez pour les apprenants du Kiyi Mbock, les Ki-Yi puppets, de montrer ce qu’ils ont dans le ventre. Ils ont proposé deux spectacles. Le premier, intitulé « Elevation », appelle les humains à aller toujours plus haut malgré les obstacles de la vie, à toujours se relever des chutes pour mieux rebondir. Une métaphore assez claire matérialise le message de fond. Plus les minutes s’égrainent, plus le spectacle gagne en intensité, plus les marionnettes s’élèvent vers le ciel.

Polygamie

Le second spectacle proposé dimanche, par les apprenants du Kiyi Mbock, traite d’une problématique officiellement partagée par de nombreuses sociétés africaines. « Polygamie : un amour de buffle ». Oui, parce que les animaux ont leur mot à dire sur la question ! Et même chez ces mammifères (en marionnettes, évidemment), on a beau avoir quatre pattes, ce n’est pas pour autant que l’on peut prendre deux chemins différents en même temps. Cette figure de style résume les conflits liés au choix de la polygamie, autant pour le mâle, que pour ses femelles.

Abidjan, le 11 mars 2018. Une scène de « Polygamie : un amour de buffle » au village Kiyi .©Journalducameroun.com

Les prestations de ce dimanche 11 mars n’étaient qu’un avant-goût. Dès le lundi 12 mars 2018, la scène du Kiyi va accueillir un autre groupe de marionnettistes : Ivoire marionnettes, deux fois médaillé en or des Jeux de la Francophonie (2013 et 2017). D’autres arts sont invités au Kiyi village experiences, notamment les chants et danses patrimoniaux et l’humour.

Cette édition connaît la participation des membres de l’institut international du théâtre et a pour invitée d’honneur, Anne Françoise Cabanis, directeur général du festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville Mézières en France.