La 7ème édition de ce grand rendez-vous des formes et des couleurs a démarrée vendredi à Douala
Au total, ils sont cinquante cinq artistes présents au rendez-vous cette année. Des peintres, sculpteurs, photographes, célèbres ou non, venus de divers horizons, du Nigéria, du Bénin, de France et du Cameroun. Mille et une couleur, symbole de diverses émotions se donnent à voir, en un seul lieu. C’est le restaurant Le Boj qui accueille les exposants et non plus la maison du parti de Bonanjo, une délocalisation qui s’explique sans doute par la grande fréquentation que connait le premier site. Dès l’entrée, le visiteur se laisse chatoyer par les couleurs et les formes qui jonchent les murs et le sol. De la peinture sur contre-plaqué, sur planche ou sur tissu, de la sculpture en tôle ou en fer, on y retrouve tous les matériaux. Les objets de notre quotidien lance Elolongue Weti, qui lui, se sert de capsules de bière pour ses créations.
Des émotions à la toile
Sur leurs uvres se profilent de multiples thèmes. Les artistes expriment à la fois les beautés de la nature (les oiseaux du paradis de Sabastiene Berenyny); les difficultés et les sauvageries de la vie (la solitude de He Zoul, ou encore la représentation d’Haïti de Joe Kessy), la joie de vivre, bref, les réalités du quotidien, le commun des mortels. Entre joie et tristesse, la transition se fait sans détour. Ce qui est justement le rôle de l’artiste: Retranscrire la vie, affirme Justin Ebanda Ebanda, jeune peintre camerounais. L’art plastique c’est l’ensemble des émotions et sensations que l’artiste perçoit, puis retransmet sur la toile. Pour cet étudiant de l’institut des Beaux-arts de l’Université de Douala, The Last Pictures Show est une grande opportunité pour nous les jeunes de rencontrer les aînés du métier et d’en tirer des conseils qui vont nous permettre d’améliorer notre travail. Un avis que partage George Davidson, autre jeune peintre qui depuis une dizaine d’années et en autodidacte tente de se faire sa place au soleil. Aujourd’hui le résultat est visible, le fait d’être présent à cette exposition me donne confiance et me permet de juger le niveau de mon travail et tout le chemin qui me reste à faire. En plus de ses toiles, le mystérieux George propose aux visiteurs une installation baptisée No comment, représentative du processus d’accès au paradis céleste. On dirait qu’il y a déjà fait un tour, tant ses explications semblent réelles. Immanquablement, le visiteur se promène à travers les chemins tantôt sarcastiques, tantôt bourrés de splendeur et de douceur que tracent les peintres, ces fous tels que certains les qualifient. Des fous qui pour la plupart sont passés par le palais de l’UNESCO à Paris pour se retrouver au Last Pictures Show. Certains pour la première fois, d’autres pour la deuxième, la troisième, voire la sixième ou la septième fois. Toujours avec le même engouement rappelle Jean-Marie Ahanda, un habitué des lieux.
Le débat sur l’ouverture et la survie de l’artiste
C’est l’occasion de saluer un artiste comme Barthélémy Toguo qui a toujours refusé d’être catégorisé dans la sphère art ou artiste africain, affirme Laure Malecot, journaliste, artiste peintre et critique littéraire de passage au Cameroun pour assurer une formation aux journalistes culturels locaux. Et c’est dans cette logique que s’aligne The Last Picture Show, l’une des plus grandes, sinon la plus grande plate-forme d’expression des artistes plasticiens au Cameroun, d’après Jean-Marie Ahanda. Le défi avoué de Catherine Pitet, promotrice de l’exposition, est de permettre aux artistes africains d’être présents sur les scènes internationales, pour ainsi briser les barrières continentales qui existent ci et là, et sortir l’artiste africain du rayon artistes africains qui lui est souvent dédié dans les expositions internationales car de là transparait la survie même de l’artiste. A ce sujet justement, le débat est houleux. Pour les uns, dont le légendaire Jean-Marie Ahanda, la première finalité de l’artiste n’est pas de vendre. L’artiste a pour mission première de dire les réalités de sa société. Il ne doit pas avoir les préoccupations du genre, comment je fais pour payer ma maison, nourrir mes enfants, etc?.Auquel cas il devient un vendeur et perd sa valeur d’artiste martèle t-il. Du berger à la bergère, étant donner que c’est un métier, il faut bien pouvoir en vivre soutient pour sa part Laure Malecot, et puisque ce n’est pas évident de vendre des tableaux, je fais un autre métier qui me permet de joindre les deux bouts poursuit-elle. Quoi qu’il en soit, le Last Picture Show est une tribune ouverte qui permet aux artistes de présenter leurs dernières créations, d’échanger entre eux et surtout avec le public qui ne demande qu’à se régaler.