Les deux parties ont donné jeudi 10 novembre à Douala, une conférence de presse conjointe
C’est dans un ciel sans nuage que semble voler la nouvelle compagnie aérienne Camair-co, et les mouvements de défense des droits des travailleurs. Ce jeudi, 10 novembre 2011, la direction générale de l’entreprise a réuni autour d’une même table à son siège à Douala, les différents mouvements syndicaux du transport aérien, au cours d’une conférence de presse conjointe. Conférence qui avait pour buts, « de faire le point sur les concertations faites entre la Camair-co et le collectif des syndicats (.), exprimer la vision partagée pour le développement des activités de la compagnie et la mise en place des bases de la coopération avec les syndicats », selon le département de communication de la compagnie aérienne. D’emblée, le Directeur Général de Camair-co Alex Van Elk, a tenu à préciser qu’il n’est nullement question pour les syndicats, de dicter à la direction, ce qu’elle doit faire. Mais il est plutôt question, « de se réunir pour le futur, de parler vaguement de notre équipage et aussi de parler de formation de personne qui veut entrer dans Camair-co. C’est beaucoup de possibilité pour travailler ensemble avec les syndicats. Je pense que les syndicats sont un meilleur institut au Cameroun pour les travailleurs, et c’est impossible de travailler sans parler avec les syndicats. Pour le futur, je suis sûre qu’on va développer beaucoup de projets pour Camair-co », affirme Alex Van Elk. Même son de cloche du côté des syndicalistes, qui réfutent fermement l’opinion des journalistes présents. Ils étaient nombreux à estimer que c’était désormais lu lune de miel parfaite entre eux et la direction de Camair-co, et craignaient alors que les syndicats ainsi « inféodés », ne puissent plus jouer leur rôle de contre poids. Faux, rétorque, Ekedi René Bernard, président confédéral de la confédération générale des travailleurs du Cameroun, CGT-Liberté. « Le syndicaliste défend les intérêts des travailleurs parce que nous sommes là pour la défense des travailleurs, et aussi pour défendre les intérêts de l’entreprise, parce que sans entreprise, pas de travailleurs. C’est pour ça qu’il y’a une bipartite entre les travailleurs que nous représentons et l’employeur représenté par celui là que le Président de la République a nommé par décret. Quand c’est une tripartite, l’Etat intervient, mais aujourd’hui, nous sommes dans le cadre d’une bipartite et nous défendons donc, non seulement les intérêts des travailleurs mais aussi ceux de l’entreprise. C’est pour ça que à notre corps défendant, nous sommes obligés d’aller vers la direction générale pour que nous puissions nous entendre ».
Pour René Ekedi, la conférence conjointe de ce jeudi, prouve uniquement que les syndicalistes ont une même vision que l’entreprise, quant à l’application de l’article 8. « Si nous n’avions pas une vision qui va dans le sens de l’application stricte de l’article 8 du décret présidentiel portant création de Camair-co, cet article pour lequel nous avons passé depuis le 8 juillet, tout le temps à des concertations, je crois que nous ne serions pas assis ici ». En effet, l’article 8 stipule que, pour le démarrage effectif de Camair-co, le recrutement sera fait prioritairement aux ex agents de la défunte Camair. « Comme le recrutement a commencé avant même que cette équipe soit là, à un moment donné, nous avons frappé et on a arrêté, mais c’est toujours parti, à travers la Lufthansa, etc. Lui-même (Alex Van Elk, ndlr), a été recruté dans ce cadre là. Maintenant que nous nous trouvons devant le fait accompli, nous ne pouvons que rentrer dans la négociation pour essayer de redresser la barre. Nous sommes d’accord pour accompagner la direction générale dans le cadre qu’il nous a défini, mais nous ne pouvons pas aujourd’hui vous donner des résultats, parce que le syndicaliste reste vigilent. Si c’est un marché de dupe, on le saura dans les jours qui viennent », précise René Ekedi.
En attendant, nombreux sont les anciens agents de Camair qui espèrent toujours être recrutés par la nouvelle compagnie aérienne, qui dans la foulée, annonce l’arrivée prochaine de trois nouveaux avions. Pour mémoire, la cessation d’activité de la défunte Camair en mai 2008, avait laissé sur le carreau, environ 800 employés. Mais jusqu’ici, seulement 35% de ce personnel a été recruté par Camair-co.
