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Trop de dysfonctionnements à la prison principale de Nanga Eboko

Cette maison d'arrêt située dans la région du centre, manque de personnel, de véhicules cellulaires pour le transport des détenus…

Cette maison d’arrêt située dans la région du centre, manque de personnel, de véhicules cellulaires pour le transport des détenus ainsi que de médecin qualifié capable de prendre en charge des détenus

En plus de son isolement, la prison principale de Nanga Eboko située dans la région du centre, fait face à de nombreuses difficultés. La maison d’arrêt ne dispose pas de la logistique nécessaire pour surveiller les prisonniers qu’ils soient gardés en cellule ou lorsque ceux-ci sont conduits au tribunal. Ajouté à cela, l’insuffisance du personnel pénitentiaire. Mais ceux qui y travaillent, sont dotés du minimum lié à leurs fonctions, selon Apollinaire Nguimeya, qui fut le régisseur de la prison de Nanga Eboko, « disons que, il y’a sa tenue réglementaire, il y’a les menottes, il y’a les armes, qui sont utilisés par rapport à des évènements bien particuliers, à des périodes particulières. Par exemple par rapport aux armes, c’est pour la garde et les escortes. Les menottes, c’est pour se rassurer, par exemple quand on emmène quelqu’un au parquet ou au commissariat, qu’il ne peut pas s’enfuir. Contrairement à certaines prisons camerounaises, celle de Nanga Eboko ne dispose pas du moindre véhicule pour transporter les détenus. Apollinaire Nguimeya explique : « Ici, nous ne disposons pas de véhicules comme dans les autres prisons. Dans certaines prisons de la république il faut l’avouer, ils disposent d’un véhicule cellulaire pour emmener les gens au tribunal, et d’autres des pick-up et même des petits véhicules. La difficulté, c’est celle que toute la ville connaît, il y’a le délestage qui sont presque concomitants avec le problème d’eau. Quand la lumière s’en va, il n’y a pas d’eau et dans un milieu aussi confinée que le nôtre, quand il n’y a pas d’eau, il y’a des problèmes. Le deuxième, c’est la vétusté de nôtre pompe manuelle que vous savez bien, qui est utilisée par presque tout le quartier administratif ». A cet effet, l’absence des véhicules spécialisés pour escorter les détenus, favorise les tentatives d’évasion. Et en essayant parfois de rattraper un détenu évadé, les gardiens de prison se retrouvent blessés dans la course poursuite. Ndjeben Salomon, gardien chef principal des prisons à Nanga Eboko affirme à ce sujet, « il y’a d’abord ce problème d’évasion qui est un problème très difficile pour le gardien, ensuite aussi des agressions, des injures qu’on peut recevoir lors de l’exécution de nos missions à l’extérieur avec des détenus, par ce qu’il y’a certains qui ne comprennent pas franchement le système pénitentiaire au Cameroun. Nous sommes regardés comme ça, toujours dans le négatif. Actuellement le personnel est réduit, nous n’avons plus d’effectif, c’est pour ça que vous voyez actuellement des fois pour l’escorte au parquet, on peut se retrouver avec un plus grand nombre de détenus par rapport aux gardiens. Certains détenus qui se rebellent souvent, il te dit carrément que chef, bon maintenant je ne travaille plus, faîtes de moi ce que vous voulez. Il te dit carrément comme ça. Si peut-être il peut tromper la vigilance du gardien, il dit chef je voudrais faire mes besoins ici, il disparaît. On a eu des cas ici comme ça. Il entre là, si vous ne le mettez pas à l’aise, il disparaît. Des cas d’agression physique. L’autre qui s’est évadé dernièrement au parquet, il a cassé la tête d’un camarade. Ça, c’était en le poursuivant. Il est allé s’arrêter, il s’est armé d’un gourdin, il lui a cassé sur la tête ».

Pas de médecin qualifié
Insuffisance du personnel pénitentiaire, manque de véhicules cellulaires, la prison de Nanga Eboko ne dispose pas de structures spécifiques pour le traitement des détenus malades mentaux, encore moins de médecin qualifié ayant des connaissances en psychiatrie. « Pour le cas de la prison principale de Nanga Eboko, la plupart des malades mentaux qui sont là, ont été plusieurs fois conduits devant les médecins psychiatres pour prouver leur état de malade mental. L’handicap, c’est que nous n’avons pas toujours eu la chance que les dossiers aboutissent rapidement. Le traitement à proprement parler, l’infirmier de la prison n’a pas la capacité de gérer ce genre de cas », indique Apollinaire Nguimeya. Des cas qui occasionnent parfois des tensions entre les détenus malades mentaux et ceux qui ne le sont pas, comme confient sous anonymat certains pensionnaires de cette prison. « Au quartier féminin, il y’ a d’abord 2. Il y’a ngangwa et ondomo marie louise. On essaie de vivre avec eux, mais parfois, c’est souvent de façon débordée qu’on ne peut pas supporter. Souvent, elles « dégamment », dit une détenue. « Nous les prenons avec le même tempérament qu’au quartier féminin, par ce que nous sommes sous le suivi des mêmes conseils du chef d’établissement. Quand le malade mental veut bouillir un peu, on essaie de l’éviter », poursuit un autre détenu. Ce qui n’est pas chose facile. Tout comme il n’est pas aisé pour les détenus de la prison principale de Nanga Eboko, de pratiquer des exercices physiques et des activités récréatives. En effet, la prison ne dispose pas des terrains de jeux et des espaces d’apprentissage plus ou moins réglementaires, ou devraient être organisés plusieurs types de loisirs pour les détenus. Ce qui constitue une grave violation de la loi relative au divertissement en prison. De même, l’ensemble des règles minima de traitement des détenus adopté il y’a plus d’un demi siècle par les Nations Unies, stipule que « chaque établissement pénitentiaire doit disposer au moins des services d’un médecin qualifié, qui devrait avoir des connaissances en psychiatrie. Les services médicaux devraient être organisés en relation étroite avec l’administration générale du service de santé de la communauté ou de la nation. Ils doivent comprendre un service psychiatrique pour le diagnostic et, s’il y a lieu, le traitement des cas d’anomalie mentale ». Cette convention précise aussi que le transport des détenus dans de mauvaises conditions d’aération ou de lumière, ou par tout moyen leur imposant une souffrance physique, doit être interdit. « Le transport des détenus doit se faire aux frais de l’administration et sur un pied d’égalité pour tous », ajoute le texte. Autant de dispositions légales qui tardent encore à être appliquées à la prison de Nanga Eboko, voire dans plusieurs prisons au Cameroun.


africapresse.com)/n

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